finance et économies alternatives

Des alternatives financières se pointent avec des principes écologiques, on parle d’économie écologique, de bioéconomie ou même de finance biorégionale. Le « développement durable » ou la « croissance verte » sont des concepts à oublier : il faut planifier la décroissance, dans le sens de réduire les flux de matières et d’énergies qui sont engouffrés dans l’actuel système de production/consommation.

Suite au Sommet sur l’économie sociale qui s’est tenu à Montréal les 14 et 15 mai dernier, un post annonçait la déclaration Vers une économie du bien commun, soutenue par différentes organisations : Multitudes, le Front commun pour la transition énergétique, la coalition Ensemble Pour la Suite du Monde, Virage Collectif, la Caisse d’économie solidaire Desjardins et le Chantier de l’économie sociale.

Je connaissais ces organisations, sauf Virage Collectif. Une organisation qui « aspire à une économie durable, qui répond aux besoins des communautés tout en respectant les limites de nos écosystèmes. » Elle se dit un pôle de solutions pour une finance axée sur le bien commun. Je trouve sur leur site web quelques documents, dont By disaster or design. Une sévère critique de l’état actuel de l’économie mondiale, et un appel à la décroissance, au financement « post-croissance » par l’Arketa Institute for post-growth finance. J’ai fait une traduction (avec DeepL) de ce document PDF (Par désastre ou dessein) mais avec un résultat mitigé, en particulier lors des changements de page1comme si le puissant moteur de traduction ne pouvait reconnaître qu’une phrase se poursuit sur la page suivante ! et certains titres de sections. Je vous conseille de garder la version originale en parallèle…

Cette plongée dans la finance « alternative » ou « post-croissance » m’a amené à poursuivre (ou commencer) la lecture de certains livres que j’avais en stock depuis quelques temps. Take Back the Economy – An Ethical Guide for Transforming Our Communities, publié en 2013 par J.K. Gibson-Graham, Jenny Cameron, et Stephen Healy, offrant des outils pédagogiques pour les formateurs et animatrices qui propose une vision élargie de l’économie (voir l’iceberg – en français – popularisé par le même centre Community Economies). L’économie, le marché, le travail, la propriété, la finance sont abordés dans un langage accessible, avec des exemples tirés d’expériences vécues en différents pays.

Building Tomorrow: Averting Environmental Crisis With a New Economic System, publié en 2023 par Paddy Le Flufy, présente en six chapitres (220 pages), les différentes dimensions d’une économie renouvelée. En commençant par le paradigme du beignet (donut). Pour un bon résumé en français de cette théorie des limites planétaires à respecter voir Bonpote : L’économie du donut – définition et analyse critique. Le Flufy décrit dans son deuxième chapitre l’économie circulaire, puis dans son troisième, les « gardiens du futur », comme nouveau modèle de gouvernance visant à servir l’ensemble des parties prenantes plutôt que seulement les actionnaires, s’appuyant sur les exemples d’entreprises comme Patagonia et Fairphone. Le chapitre quatre présente quatre « organisations régénératives » : Fab Labs, Transition Networks, Bendigo Comunity Banks et Open Source Ecology. Le cinquième chapitre (Sovereign Money) présente le système monétaire actuel qui impose la croissance, et introduit l’alternative de la monnaie souveraine, où les banques centrales auraient le contrôle sur la création de monnaie et pourraient orienter celle-ci vers les fins socialement souhaitables. Le dernier chapitre porte sur les monnaies locales et systèmes locaux d’échange…

Un autre livre issu du Community Economies me semble intéressant : The Handbook of Diverse Economies. Plusieurs chapitres sont disponibles sur cette page.

Je n’ai pas encore acheté le livre : à 100$, je vais m’assurer que j’y trouverai mon compte !

Des articles

J’ai rassemblé sur deux pages thématiques les articles qui me semblent intéressants pour alimenter ma plongée économique : Post-croissance, post-growth, décroissance et Finance et économie communautaires, alternatives, biorégionales.

Quelques-uns de ces documents m’ont semblé assez intéressants pour mériter une traduction : 

Si vous avez des suggestions dans la même veine, n’hésitez pas !
gilles.beauchamp [a] gmail.com


Tout ce travail devrait me permettre d’écrire prochainement quelques billets. En attendant, je reste sceptique quand à la capacité des économies alternatives ou communautaires à faire face aux Blackrock, Vanguard et State Street de ce monde… Sans doute faudra-t-il passer par le politique pour avoir quelque rapport de force, comme disait Daniel Schmachtenberger à la fin de sa conférence à Stockholm et dont je parlais il y a un an.

Faire du lobbying auprès des gouvernements, qui, eux, peuvent forcer les corporations et puissances de l’argent, alors que les seules forces d’opposition n’y arriveraient pas.

Notes

  • 1
    comme si le puissant moteur de traduction ne pouvait reconnaître qu’une phrase se poursuit sur la page suivante !

vendredi vrac (9)

Environnement, biodiversité, santé

Nature en santé = santé humaine

Renouons avec la nature pour notre santé, 22 mai 2025, Le Devoir.
De plus en plus d’études scientifiques le confirment. Notre bien-être est intimement lié à la qualité de nos milieux de vie. Il existe une relation d’interdépendance entre la santé humaine, la santé des écosystèmes et celle des espèces.

Un lieu vivant à aimer personnellement, et à défendre collectivement.

Extrait de L’inexploré, de Baptiste Morizot :

Commencer par un lieu vivant ou une lutte précise, territorialisée, plutôt que par des prises de position abstraites concernant la nature systémique de l’Ennemi (le système capitaliste, l’Homme, la mondialisation …) a des effets importants concernant le sésame de l’action, à savoir le sentiment de la puissance d’agir. Les luttes concrètes présentes, même si chacune apparaît dérisoire, sont très puissantes dans leurs effets : s’indigner sur Internet de l’omniprésence des lobbies ne met pas sur le chemin ; défendre un petit pan du monde qui nous fait vivre donne le sentiment que quelque chose, même modeste, est possible. C’est à mon sens l’effet affectif décisif de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (victoire qui n’a pas changé le monde) : elle nous donne du possible. Qu’on nous donne du possible, une bouffée de possible, et c’est le monde qu’on sent pouvoir changer.

Aussi, Baptiste Morizot et Suzanne Husky : Rendre l’eau à la terreAlliances dans les rivières face au chaos climatique, Actes Sud, octobre 2024

Les déterminants commerciaux de la santé, ou la mauvaise influence des entreprises privées

Depuis environ une décennie, des chercheuses et des chercheurs en santé ont mis de l’avant une catégorie particulière de déterminants sociaux de la santé : les déterminants commerciaux. Voir l’article de l’IRIS, 22 mai 2025

RNCREQ

Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) exprime ses vives inquiétudes concernant le projet de loi 97 sur l’aménagement durable du territoire forestier.

Le RNCREQ souligne un manque de cohérence entre ce nouveau projet de loi (PL) et les autres politiques gouvernementales, notamment en matière de protection de la biodiversité. Cette incohérence menace les efforts déployés par le gouvernement, pour préserver nos écosystèmes forestiers et respecter les engagements internationaux du Québec.

Action publique pour la biodiversité

Depuis 2022 des nouvelles pistes d’action des collectivités locales en faveur du vivant et des nouveaux modèles économiques pour financer ces projets (nous venons d’ailleurs de publier cinq vidéos très courtes – moins de 2 m. présentant ces propositions).

« la crise inédite qui affecte l’ensemble du monde vivant exige de renforcer l’action publique pour et avec la biodiversité »
https://biodiversite-administrative.fr

Manger du pneu

Jean-François Nadeau, Le Devoir, 20 mai

Le lien entre la gastronomie et la pétrochimie est plus direct qu’on ne le croit.

Sensibilisation à l’eau

Le COBARIC récompensé pour un projet innovant en sensibilisation à la qualité de l’eau. Le COBARIC, organisme de bassin versant de la rivière Chaudière est fier d’annoncer qu’il a été désigné lauréat de la bourse 2024 de la Fondation ESTEN, dans la catégorie « Projet innovant en sensibilisation et protection de l’eau ».

Cette reconnaissance souligne la pertinence d’un projet développé par Marie-Ève Théroux, géomaticienne et analyste de données au COBARIC : un outil interactif de vulgarisation des données sur la qualité de l’eau. Pensé pour les publics non spécialisés, cet outil rend accessibles des données scientifiques souvent complexes, dans le but de favoriser une meilleure appropriation des enjeux liés à la qualité de l’eau.

Mérite Terre-eau

McMasterville, le 26 mai 2025 – La MRC de La Vallée-du-Richelieu (MRCVR) annonce les premiers lauréats du prix Mérite Terre-Eau, un nouveau prix qui met en lumière des projets agricoles exemplaires ayant un impact réel sur la qualité de l’eau dans la région.

Urbanisme, droits sociaux, itinérance, démocratie

Pour les jeunes en région

Un nouvel investissement pour soutenir notre jeunesse – 21 M$ à l’organisme Place aux jeunes en région

Handicap et emploi

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a dévoilé les résultats d’une étude d’envergure :
Les obstacles à l’embauche, à l’intégration et au maintien en emploi des personnes en situation de handicap

L’État québécois s’était fixé comme cible d’avoir 2 % de personnes handicapées parmi ses effectifs en 1984. 40 ans plus tard, la représentation est seulement de 1,4 %.

Itinérance

Montréal – Plus de 25 M$ d’ici 2028 pour des mesures concrètes en itinérance.

Montréal bonifie le budget du programme Itinérance et milieux inclusifs (PIMI) pour le faire passer à environ 8 M$ par année.

Relations interculturelles à la MRC La Vallée du Richelieu

Extrait de la Déclaration « Dans un contexte de transformation démographique et sociale, nous sommes appelés à repenser nos pratiques afin de favoriser une inclusion réelle et une participation active de l’ensemble des résidantes et des résidants. Cette évolution constitue une richesse culturelle, sociale et économique pour notre MRC, tout en apportant son lot de défis, notamment en matière d’accès équitable aux services et aux opportunités. C’est pourquoi nous affirmons notre engagement à mettre en place des actions concrètes pour assurer une meilleure qualité de vie à toutes et à tous. »

Mobilité active ou collective

Québec – Les données d’achalandage de mobilité active maintenant accessibles au public, Ville de Québec.

Blogue Québec Urbain : Le comité exécutif de la Ville de Québec a entériné hier deux ententes représentant d’importants jalons opérationnels et administratifs pour l’avancement du projet TramCité.

Sécurité des enfants

Du 26 au 30 mai 2025, transformons nos rues pour la sécurité et la santé des enfants. Le Centre d’écologie urbaine invite les municipalités et les communautés scolaires du Québec à transformer leurs rues en espaces sécuritaires et actifs pour les enfants grâce à la toute première Semaine de la rue-école.

Trousse de la Semaine de la rue-école

Place des Montréalaises

Place des Montréalaises: des aménagements qui célèbrent la place des femmes

Située aux abords du métro Champ-de-Mars, la place des Montréalaises vient transformer le paysage urbain en reliant le centre-ville et le Vieux-Montréal. Découvrez cette nouvelle porte d’entrée vers le Vieux-Montréal.

L’IA peut-elle soutenir la démocratie ?


Dans les algorithmes (2025.05.27)

La politologue Erica Chenoweth est la directrice du Non Violent Action Lab à Harvard. Elle a publié de nombreux livres pour montrer que la résistance non violente avait des effets, notamment, en français Pouvoir de la non-violence : pourquoi la résistance civile est efficace (Calmann Levy, 2021)

De initiatives à suivre, selon Hubert Guillaud (Dans les algorithmes) mais sans se faire d’illusion : Le risque est fort de nous faire glisser vers une vie civique automatisée. Ajouter de l’IA ne signifie pas que les décisions demain seront plus justes, plus efficaces ou plus démocratiques. Au contraire. Le risque est fort que cet ajout bénéfice d’abord aux plus nantis au détriment de la diversité. L’enjeu demeure non pas d’ajouter des outils pour eux-mêmes, mais de savoir si ces outils produisent du changement et au profit de qui !

De la méritocratie à l’eugénisme

The meritocracy to eugenics pipeline, Cory Doctorow, 20 mai 2025

(…) Et pourtant, la richesse reste obstinément héréditaire. Nos allocataires de capitaux – qui, pendant l’après-guerre et l’ère post-New Deal, étaient souvent issus de familles ouvrières – sont aujourd’hui de plus en plus, et inexorablement, prédestinés à remplir ce rôle.

Pour les riches, c’est là l’origine du lien entre méritocratie et eugénisme. Si le pouvoir et les privilèges se transmettent par héritage – et c’est de plus en plus le cas –, alors soit nous vivons dans une société extrêmement injuste où les privilégiés et les puissants ont truqué le jeu, soit la main invisible a créé une sous-espèce d’humains pur-sang littéralement nés pour régner.

C’est la thèse des ultra-riches, la justification morale pour truquer le système afin que leurs fils et filles ratés donnent naissance à des petits-enfants et arrière-petits-enfants ratés, dont l’émergence des orifices les plus chanceux de l’histoire leur garantit un mandat à vie pour commander les autres. C’est la justification pour que certaines personnes naissent pour posséder les lieux où nous vivons tous, et que nous leur versions la moitié de nos salaires pour ne pas finir par dormir dans la rue.

Logement

Les grandes corporations font monter les prix des logements

Les recherches menées par l’Université de Waterloo montrent que les propriétaires immobiliers, notamment les sociétés de capital-investissement, les sociétés d’investissement immobilier cotées (REIT) et d’autres gestionnaires d’actifs, ont facturé des loyers 44 % plus élevés pour les logements multifamiliaux que le prix moyen pratiqué par les autres propriétaires pour le même type de logement entre 2022 et 2024. Voir suite de ma traduction de l’article du G&M,

Vous voulez des logements abordables ? Taxez les investisseurs immobiliers

« Il faut abattre le marteau de l’impôt sur les investisseurs immobiliers« 

Traduction de Want affordable housing? Drop the tax hammer on real estate investors, ROB CARRICK, The Globe and Mail, 27 mai 2025

le vieux débat CLSC-GMF

En relisant les billets déjà publiés suggérés par la « machine » au bas du dernier billet (médecin de famille & hypertension), je me rend compte qu’un des auteurs du rapport sur les services de première ligne que j’y cite, Mme Breton, a déjà publié sur la question : L’implantation du modèle des groupes de médecine de famille au Québec : potentiel et limites, en 2012 (cité en mars 2012 dans mon court billet les GMF +). Les conclusions de l’étude de 2012 sont assez semblables au rapport de 2025 ! Qu’est-ce qui peut nous faire croire que les suites seront différentes aujourd’hui ?

En 2018, dans mon billet la santé ou la médecine à l’acte ? je référais à un article de La Presse : La santé, un problème d’organisation ou de financement ? qui opposait les analyses de deux « thinktanks ». Le lendemain, Lagacé s’entretenait (anonymement) avec un urgentologue :

« Je suis d’accord avec la population. C’est indécent. On se fait lancer des tomates et on les mérite. Je gagne entre 3500 $ et 5000 $ par nuit de travail de sept heures. La majorité de mes collègues spécialistes font au-delà de 500 000 $ et moi aussi. On n’a vraiment pas besoin de plus d’argent. C’est pas le salaire, le problème. On veut travailler dans un climat sain, où on peut donner des soins qui sont accessibles et de qualité…

—  Donc, selon vous, vous gagnez… trop ?

— Je viens de la classe très moyenne. J’ai choisi la médecine par passion. La médecine d’urgence, même chose. Quand j’ai commencé, il y a une dizaine d’années, je n’en croyais pas mes yeux : 300 000 $ ! Puis, d’année en année, ça n’a pas cessé d’augmenter… »

« Au salaire qu’on te paie », La Presse 2018.02.17

Ce qui m’avait frappé dans l’article de Lagacé c’est que l’urgentologue référait aux patients dans les corridors: « Ils ont une moyenne de 80 ans. » Je me demandais quel type de « médecin de famille » ces personnes pouvaient avoir, alors que plusieurs d’entre elles habitaient dans des CHSLD ou des RPA, et étaient venues à l’urgence en ambulance (après que les pompiers soient venus comme « premiers répondants »). J’avais vu si souvent ce scénario se répéter à la résidence où ma mère a habité… Jean-Robert Sansfaçon, quelques jours plus tard dans un éditorial du Devoir Le tout-à-l’hôpital, soulignait à quel point les promesses de soutenir les services à domicile faites à répétition par les gouvernements avaient été détournées, vidées. Incidemment, CHSLD et RPA, ce sont les domiciles des personnes âgées qui y habitent.

On préfère mobiliser l’artillerie lourde d’un (immense) camion de pompiers « premiers répondants », puis d’une équipe d’ambulanciers pour emmener une personne âgée malade, frêle, venir passer des heures, des jours dans un corridor d’hôpital, afin de soigner une bronchite ou stabiliser sa médication (à moins qu’on ajoute simplement à celle-ci)… plutôt que d’assurer un service décent dans la résidence (collective) du malade.

La RPA est une entreprise privée dont les services de santé relèvent du CSSS (CIUSSS maintenant) mais pas les médecins, qui eux relèvent d’un GMF qui doivent minuter leurs interventions… alors c’est à l’hôpital qu’on envoie le patient: c’est un autre budget. Et puis, avec les plateaux d’examen, la chaîne de production bien huilée1et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps, c’est sans doute un environnement de pratique plus sécurisant pour le professionnel que de se retrouver seul (ou presque) dans une résidence de 150 personnes âgées et très âgées.

Le centre hospitalier pratique une médecine industrielle où le médecin généraliste peut compter sur la présente en continu d’une palette de spécialistes « de garde », alors que s’il devait intervenir dans le milieu de vie… son client serait peut-être le premier à lui suggérer de l’envoyer à l’hôpital ! Pourtant, si on renversait la perspective on pourrait faire de ces milieux de vie collectifs des points de livraison bien équipés pour les services de première ligne. Et, dans la mesure où ils sont mieux répartis sur le territoire que les hôpitaux, ils pourraient servir de « base » pour les services à rendre dans les domiciles plus individuels. Non ?

Quand je parle de « bien équipé », je ne parle pas d’avoir des scanners à chaque coin de rue, mais plutôt des équipes de première ligne qui connaissent leurs populations, ont accès à distance aux dossiers des clientèles, aux conseils des spécialistes de garde, et à des médecins qui peuvent se déplacer, ces derniers étant confiants que l’équipe ne les fera pas venir pour un rhume.

Un renversement de perspective qui ne passera pas par la simple mesure de la productivité médicale. C’est une équipe d’infirmières, de travailleurs sociaux, d’auxiliaires familiales stable et dédiée à une population connue qui est à la base de la productivité médicale. Tenter de gérer les deux séparément, c’est faire fausse route. Mais si la médecine à l’acte, avec ses milliers de page de codification, doit être abandonnée, comment l’approche populationnelle aurait aussi un effet sur l’orientation de pratique des autres professionnels ? Comment favoriser la collaboration entre auxiliaires-TS-infirmières, puis entre celles-ci et les médecins ?

Sans remettre en question les acquis et conditions des conventions collectives, les équipes de première ligne responsables de population devraient être, elles aussi, récompensées pour l’atteinte des objectifs. Pourquoi faut-il en rajouter ? Les conventions collectives devraient suffire, me dit mon oreille gauche. Pourquoi faut-il en rajouter pour les médecins ? Là il semble qu’on en a ajouter à tel point qu’on menace d’en enlever maintenant… C’est à ça que nous conduit la gestion à l’acte…

Dans les conditions actuelles, il s’agit moins de récompenser la performance que de susciter, encourager l’initiative et l’innovation.

Notes

  • 1
    et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps

vendredi vrac (8)

[NOTE: pour que les liens vers les sections fonctionnent il faut que tout le billet soit chargé – cliquer sur le titre…]

Liens vers les sections : 1. Démocratie municipale; 2. Économie sociale, finance communautaire; 3. Santé; 4. Climat, énergie, transport; 5. Culture – éducation – développement social; et à la fin, les derniers articles traduits.


Démocratie municipale

Élections municipales 2025

Vivre en ville propose les 12 travaux de nos collectivités, une plateforme d’engagements concrets destinée aux candidats et candidates municipaux en vue des élections du 2 novembre prochain. Avec sa plateforme Les 12 travaux de nos collectivités, l’organisme propose 12 engagements structurants, adaptables à toute plateforme électorale, pour répondre aux défis pressants de notre époque: crise de l’habitation, étalement urbain, verdissement, mobilité, climat.

Saint-Jérôme – participation

Le ville de Saint-Jérôme adopte sa première Politique de participation publique
« La participation publique est un pilier essentiel d’une démocratie vivante. En adoptant cette politique, nous réaffirmons notre engagement à écouter les voix de la communauté et à travailler ensemble pour coconstruire une ville qui reflète les aspirations des Jérômiens et des Jérômiennes », explique le maire Marc Bourcier.

L’ensemble des politiques de St-Jérôme. La politique de participation publique

Laval

La nouvelle Politique de consultation publique et de participation citoyenne établit les principes et les modalités en matière d’information, de consultation et de participation des Lavalloises et des Lavallois et constitue le fondement de la volonté de la Ville de mettre en place une véritable culture de la participation citoyenne.

Investir dans le pouvoir citoyen

Une première boîte à outils sur le budget participatif

Une feuille de route concrète pour les municipalités québécoises, par le Centre d’écologie urbaine

«Nos villes au front»: plus d’autonomie pour les villes à bout de souffle

Un essai de François William Croteau, ‌ Nos villes au front. Repenser la gouvernance locale pour faire face aux crises, article de Jeanne Corriveau, dans Le Devoir.

Économie sociale, finance communautaire

Le SOMMET 2025

Le Sommet de l’économie sociale s’est tenu les 14 et 15 mai 2025 à La Tohu, à Montréal, et rassemblait des participant·es provenant du mouvement de l’économie sociale, du milieu entrepreneurial traditionnel, de la société civile, des sociétés d’État, du municipal, des gouvernements du Québec et du Canada et des Premières Nations.
Le CRISES et le RRESS ont participé non seulement à un panel dédié à la recherche mais aussi dans le travail de préparation au Sommet.


Une des huit illustrations de projets liés aux thèmes du Sommet.

Rendre à la communauté plutôt qu’aux actionnaires

Grande entrevue — Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale. La Presse, 13 mai 2025
« Il est temps de faire le point sur notre rôle », estime Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale, qui organise cette semaine à Montréal le Sommet de l’économie sociale.

Trois ans après le Sommet sur l’économie et l’emploi, le Chantier de l’économie sociale a été officiellement créé en 1999 et on a souligné les 10 ans de l’idéation de l’organisme en réalisant un premier Sommet de l’économie sociale en 2006.
Près de 20 ans, donc, après leur dernière rencontre au sommet, plus de 1200 acteurs du monde des coopératives et des organismes à but non lucratif (ayant une activité marchande) de partout au Québec vont se réunir cette semaine à Montréal durant le Sommet de l’économie sociale pour y discuter des grands enjeux qui animent cette force économique.

Finance durable et obligations communautaires

Je me demandais, dans un billet récent qui présentait le programme du Sommet sur l’économie sociale : Pourquoi il n’y a pas de thème « finance solidaire »? J’ai appris le lendemain que se tenait en même temps que le Sommet économie sociale, un Sommet sur la finance durable ! Sûr que la « finance durable » ce n’est pas la finance solidaire… de même que le « développement durable » ce n’est pas la transition socio-écologique. Mais ça aurait été bien d’avoir un solide volet financier, avec Fondaction et le Fonds de solidarité, au Sommet sur l’économie sociale. Sans doute que la « finance durable » ne visait pas les même clientèles : à 900$ le billet (pour les 3 jours), ou 1500$ incluant le souper-bénéfice… pas sûr que les groupes d’économie sociale aurait été nombreux…

Par ailleurs j’ai soulevé à quelques reprises dans ce carnet la question des obligations communautaires comme une stratégie de financement de projets d’économie sociale, mais aussi comme stratégie de sensibilisation et d’empowerment des communautés. C’est une formule qui devient plus commune. J’ai vu passer, sur le fil de En commun, deux appels à contribuer à de telles obligations:

Une radio communautaire faisant appel à son public pour construire une Maison de la radio, je comprends. Par ailleurs, je ne connaissais pas l’existence de Brique par brique. Cela semble une organisation assez jeune, et ça m’a fait réfléchir. J’avais toujours imaginé des organisations bien implantées (genre SHAPEM, ou le groupe ACHAT) dans leur secteur comme celles faisant appel à l’épargne sous forme d’obligations communautaires. Comment fait-on pour évaluer la solidité, les chances de réussite d’un projet d’investissement communautaire ? C’est une question pour un prochain billet !

Continuer la lecture de « vendredi vrac (8) »

médecin de famille & hypertension

J’ai enfin été enregistré auprès d’un médecin de famille dans un GMF qui, incidemment, a ses locaux dans mon ancien CLSC, là où j’ai travaillé pendant 36 ans. À 73 ans je n’ai pas de maladie débilitante, sauf une tension artérielle sous surveillance (avec médication depuis… environ 5 ans). J’ai tout de même l’impression ces temps-ci d’être toujours chez un pro de la santé : denturologiste pour changer une prothèse trop vieille; ophtalmologiste pour opérer des cataractes; rendez-vous pour une prise de sang (partie de l’ouverture de mon dossier au GMF). Maintenant j’ai un médecin de famille qui m’a reçu deux fois en un mois, et une troisième fois la semaine prochaine, six semaines après notre première rencontre.

Bon, je ne me plaindrai pas tout de suite. Bien que… Non, pas tout de suite. Toujours est-il que j’ai reçu, sans même l’avoir demandé, les résultats de mon analyse sanguine, qui me sont accessibles en ligne. Enfin ! J’espère que tous les autres documents et analyses me seront aussi accessibles — ceux de l’ophtalmo, par exemple ?

  • Constats de cette analyse :
    • la Créatinine élevée : 120 alors qu’elle devrait se situer dans l’intervalle 52-110 µmol/L
    • le DFGe est bas à 51 – il devrait se situer >= (plus grand ou égal à) 60. Qu’est-ce que le DGFe ? Le débit de filtration glomérulaire estimé (lié au fonctionnement des reins),
    • Sodium, potassium, chlorure dans les normes
    • Le cholestérol à 6,55 est élevé. La norme se situant dans l’intervalle 3,20-5,20
    • Les triglycérides à 5,95 sont quand à eux très élevés ! La norme se situant entre 0,60 et 1,70

Il semble que je sois candidat pour un traitement de « dyslipidémie« .

Une dyslipidémie se définit par une élévation du cholestérol plasmatique, des triglycérides (TG) ou par un taux de cholestérol HDL (high-density lipoprotein [HDL-C]) bas, anomalies contribuant à l’apparition de l’athérosclérose

Extrait de la page Dyslipidémie du Manuel MSD

Suivant le tableau du risque cardiovasculaire, un cholestérol total de plus de 6,2 et un taux de HDL-C de moins de 1,0 (le mien est à 0,96) correspondent à un niveau de risque plus élevé. Il y a trois niveaux : risque moindre, à risque, et risque plus élevé.

Le prochain rendez-vous avec mon médecin devrait me permettre de statuer sur la stratégie à prendre pour réduire ce risque : médication ? programme d’exercices ? les deux ? Mais je veux d’abord voir si une nouvelle routine de 30-40 minutes de vélo par jour peut faire baisser ces indices. Je peux déjà constater un impact sur la tension artérielle. Est-ce que ça se traduira aussi sur les taux de triglycérides et de cholestérol ? Il me faudra persister jusqu’à un prochain prélèvement sanguin. Et persister par la suite, si cela suffit à ramener mes taux dans la norme. C’est plus exigeant que de prendre une pilule… mais depuis une semaine, c’est assez plaisant ! On verra les jours de pluie et l’hiver prochain 😉

J’ai fait deux tours du Parc Maisonneuve ce matin, ajoutant quelque 2-3 kilomètres au circuit de 11,8 km que je faisais depuis quelques jours.

L’évolution de ma tension artérielle depuis que je fais du vélo chaque jour (ou presque) est notable.

services de première ligne : un retour vers les CLSC ?

Dans le rapport (82 pages) d’un comité mandaté par le ministère visant Soutenir l’élaboration d’une politique de soins et services de première ligne (SSPL), la troisième des six recommandations se lit comme suit (version courte. 1 page) :

Mettre en place une gouvernance de proximité des SSPL alignée avec la responsabilité populationnelle et articulée de façon cohérente avec tous les échelons du système de santé et de services sociaux, afin d’assurer aux SSPL les leviers d’action nécessaires pour organiser et adapter les services en fonction des besoins de la population et des orientations provinciales
– Décentralisation au niveau des RLS ou des CLSC.
– Coordination territoriale avec les partenaires intersectoriels et les services spécialisés.
– Participation des usager(-ère)s à la gouvernance.

On peut rêver !


P.S. Ne vous inquiétez pas, je ne vous ferai pas connaître le détail des maux et prothèses qu’impose le vieillissement ! Je crois utile, cependant, d’ouvrir avec ce billet une porte sur la perception, l’expérience personnelle d’accès au réseau de première ligne. La haute tension artérielle (hypertension) étant un problème se santé chronique fréquent158% des Québécois de 65 ans et plus; 70% des canadiens de 80 ans et plus chez la population vieillissante, il m’a semblé pertinent de souligner (ou questionner) l’impact mesurable d’une habitude accessible comme la pratique du vélo… À quand l’abonnement gratuit à « bixi » comme prescription médicale ?

Notes

économie sociale, philanthropie

Les artistes vivent difficilement [de leur] travail. Ils continuent néanmoins dans leur pratique artistique avec une motivation qui défie souvent les critères de l’acteur rationnel. On gagnerait à écouter les artistes sur le sens qu’ils donnent à la vie. Pas seulement les artistes d’ailleurs, les aidants naturels, les travailleuses de l’éducation et les bénévoles aussi. Il y a partout des gens qui se donnent à fond dans des activités essentielles, mais non productives. 

Pascale Bédard, sociologue de la culture, citée par Stéphane Baillargeon dans Le Devoir

Le Devoir publiait en fin de semaine un cahier spécial Philanthropie (version PDF). Grands philanthropes et justes causes. Recherche universitaire et chaires spécialisées, ça m’a rappelé à quel point les fondations des universités (et celles des hôpitaux) sont importantes, financièrement1J’en parlais ici. Un des articles souligne avec raison qu’il ne faut pas être millionnaire pour faire des dons. Mais dans le contexte ça voulait surtout dire de contribuer à l’une ou l’autre des grandes fondations. Pourquoi pas des dons à des projets, d’économie sociale, de logement communautaire ? Des dons ou des obligations ! Des dons qui soutiennent, encourage l’épargne intelligente, patiente, volontaire, consciente. Des dons qui manifestent, matérialisent des changements de valeurs, des engagements.

Le Sommet sur l’économie sociale 2025

Les 14-15 mai se tiendra à La TOHU un sommet à la veille du 30e anniversaire de la naissance du Chantier de l’économie sociale lors du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996. Les thèmes abordés au Sommet 2025:

Même si vous ne pouvez participer à ce Sommet les différents cahiers thématiques valent certainement d’être lus. Un état de la situation et une description de la place de l’économie sociale dans chaque secteur, avec des exemples concrets. Des propositions et perspectives d’action concluent les cahiers. Des références et ressources « pour aller plus loin » font de ces documents des sommes à conserver et consulter.

Les trois cahiers que j’ai lu jusqu’ici tracent des portraits concrets et engageants. J’y ai même appris que le TIESS avait fait différents travaux sur la situation des aînés, en amont du cahier sur ce thème : Se sentir chez soi, un besoin élémentaire. Constats et faits saillants concernant l’habitation et l’hébergement; Du lieu de vie au milieu de vie. L’économie sociale, porteuse d’une approche intégrée; Coup de sonde sur le terrain. Bons coups et apprentissages de 11 expérimentations québécoises.

En regardant l’ensemble de la thématique, cependant, je me demande pourquoi il n’y a pas de thème « Finance solidaire » ?** Une question réservée aux spécialistes ? Pourtant il me semble que la mobilisation de l’épargne de la fameuse « classe moyenne » serait une manière non seulement d’obtenir des ressources supplémentaires (à celles obtenues de l’État et des fondations philanthropiques) mais surtout de faire de ces citoyens, ceux qui ne sont pas le plus souvent les premiers clients visés par les initiatives solidaires, des alliés et, finalement des acteurs d’un changement qui devra mobiliser toute la société.

En terminant, si vous souhaitez une perspective historique et « transformationnelle » sur ce Sommet, Benoît Lévesque2Professeur émérite en sociologie de l’UQAM et cofondateur du CRISES, publiait, à la demande du conseil scientifique du TIESS : Vers un grand sommet pas comme les autres. Il identifie deux enjeux pour la nouvelle génération de l’économie sociale, celle qui prend la relève après la génération qui se levait au moment du Sommet de 1996 : arrimage avec la société civile organisée et le processus d’institutionnalisation (et d’auto-institutionnalisation). Il dégage aussi des perspectives pour la recherche partenariale qui a accompagné l’émergence et la consolidation d’un écosystème de l’économie sociale.


** Je n’avais pas vu la publicité pour le Sommet sur la finance durable, qui se tiendra en même temps que le Sommet sur l’économie sociale !

Notes

Jancovici chez Hagens

Nate Hagens anime depuis plusieurs années The great simplification, où il invite des penseurs, activistes à réfléchir avec lui sur les grands enjeux. Jean-Marc Jancovici est un ingénieur français qui mène un combat pour préparer le monde au changement. Il est à l’origine et président du projet The Shift Project (« Le think tank de la décarbonation de l’économie »). Cet épisode diffusé sur Youtube a été visionné 19 000 fois depuis sa diffusion, il y a 5 jours !

Traduction des premières trente secondes de l’entrevue :

« Je distingue trois catégories d’économies d’énergie. La première est l’efficacité énergétique, que tout le monde apprécie car elle permet d’obtenir le même service ou le même produit avec une consommation d’énergie inférieure. La deuxième est ce que j’appelle la sobriété, qui consiste à renoncer délibérément à un service ou à un produit afin d’économiser de l’énergie. Vous êtes heureux parce que vous l’avez choisi. La pauvreté, c’est exactement la même chose. Seulement, vous ne l’avez pas choisie. Vous n’aimez pas la pauvreté, bien sûr, parce que vous pensez que quelque chose vous a été imposé. Donc, ce que nous ne parvenons pas à réaliser avec la sobriété, nous le réaliserons avec la pauvreté, et la pauvreté va déclencher des troubles politiques. »

NOTE : Dans YouTube en cliquant sur l’icône d’engrenage au bas de l’image vous pouvez faire apparaître la transcription de la conversation en traduction simultanée.

Un passage important : à partir de la minute 39:00.

Je ne sais pas si les premières conséquences du changement climatique seront suffisantes pour nous décourager d’utiliser les combustibles fossiles. Je ne crois pas que cela suffira. Malheureusement l’une des raisons du paradoxe est que l’énergie abondante est l’un des moyens de faire face aux premières conséquences du changement climatique. Avec une énergie abondante, vous pouvez transporter la nourriture de l’endroit où elle pousse encore vers des endroits où elle ne pousse plus. Vous pouvez reconstruire des infrastructures détruites par les évènements… apporter l’eau là où vous en avez besoin… Vous pouvez faire beaucoup de choses avec de l’énergie abondante. (…) Le paradoxe est qu’il sera tentant d’utiliser plus d’énergie fossile pour faire face aux premières conséquences d’une trop grande utilisation de cette énergie.

de savoirs et d’actions

Réaction spontanée (et échevelée) au billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? de Benjamin Allard, sur En commun.



Write the Docs : un blog de documentalistes passionnés.


le paradigme du document (extrait)

« À Projet collectif, nous défendons l’idée comme quoi il faut modifier notre rapport collectif à la production de savoirs, afin de tendre vers un nouveau paradigme où les savoirs sont ouverts par défaut. 

  • – Lorsque vous créez un nouveau document dans votre traitement de texte, vous ne vous demandez pas toujours si une partie des savoirs que vous prévoyez y consigner pourraient plutôt être créés de manière ouverte pour bénéficier à d’autres.
  • – Lorsque vous avez beaucoup d’informations ou de connaissances à consigner et à diffuser, il vous vient plus naturellement l’idée de créer un document avec une table des matières qu’une base de connaissances ouverte sur le web.
  • – Vos collègues vous regarderaient avec de grands yeux si vous leur proposiez de repenser la manière d’organiser votre production de savoirs de manière à privilégier les bases de connaissances ouvertes. »

Des bases de connaissances ouvertes, donc.

Mais vise-t-on le paradigme du document ou de la documentation, comme le suggère Benjamin Allard dans son billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? Ce que j’entends dans ce passage d’un paradigme à l’autre (du document [même comme base de connaissance] à la documentation), c’est le mouvement, la participation, la transformation de la connaissance.

De là mon malaise avec la conception de la collaboration autour d’un document (avec l’importance accordée aux versions, à la propriété) comme un travail visant à créer le document parfait, le plus adéquat, le plus fidèle ou efficace… c’est peut-être souhaitable pour un guide de l’usager d’un logiciel ou un recueil de textes pour un cours au cégep…

Alors que, dans le domaine social plutôt que du codage numérique, les documents sont fluides, ils se répandent et se transforment comme des tendances, des rumeurs, formant courants et évènements !


J’ai bien aimé la page sur l’Enquête conscientisante et ses références à l’éducation populaire. Le retour à l’enquête de Marx… oui mais John Dewey aussi aurait pu être inspirant. Mais le contexte syndical…

Entre la position syndicale de négociation sur un terrain délimité par le travail produit ou l’activité rémunérée et la position du « public » (celle de Dewey) qui peut évaluer le produit, définir ses attentes, ses besoins… Et l’action militante, communautaire ou civique, souvent liée, ancrée dans un territoire, à une communauté, cette dernière action se situe à mi-chemin entre le public et le syndicat.


En tant qu’usagers individuels, nous avons peu de prise sur les processus et décisions de Projet collectif. Est-ce que les membres corporatifs ou les collectifs-communautés en ont plus ? J’en doute même si, entre professionnels engagés dans les efforts de documentation et gestion des savoirs, les échanges ne se limitent pas aux espaces En commun. Chaque équipe, responsable de la doc dans les grandes et moyennes organisations a son bagage, ses principes… mais surtout des moyens limités pour des attentes démesurées de la part de ses clients-patrons. Pourtant plusieurs équipes, projets, organisations soutiennent une approche de partage du savoir comme un commun, appartenant à la collectivité de ses utilisateurs-producteurs. Des bases de connaissances ouvertes, peut-être ?

Quelle est la fluidité du savoir que nous désirons partager ? À qui appartient-il, ce savoir ? Qui est habilité à le mettre en oeuvre, le faire servir ? Il ne faut pas se cacher la part d’intérêt qui se joue dans l’accessibilité au savoir. L’intérêt de l’expert ou du professionnel qui a fait de cette « base de connaissances » son carré de sable ! Ou celui de l’organisation qui embauche ce professionnel et incorpore son savoir dans son « branding », son essence. Ou plus simplement dans son produit.

Des connaissances inutilisées cessent vite d’être des connaissances. De là le succès des communautés de pratique. Les utilisateurs de la connaissance s’en parlent… mais ils se parlent aussi, et se connaissent, se comprennent, s’entraident. La connaissance tacite ou la part d’ombre et de silence de la connaissance.

Il y a dans l’action, dans l’engagement social ou politique, une grande part de connaissances tacites et d’intuitions, de préférences et d’attachements. Finalement assez peu de connaissances explicitées, qu’on peut accumuler dans une BdC.

Par ailleurs la multitude de points d’ancrage et de vecteurs d’orientation que constitue la société actuelle nous demande des efforts de liaison et d’interface. Nous avons cru, au départ de l’initiative En commun-Praxis, que cet espace numérique « autogéré » allait contribuer à relier, « interfacer » cette multitude. Mais j’en doute, de plus en plus. La protection du code original et de l’espace commun contre les attaques et le « scraping » des moteurs de recherche semblent plus importants que la fluidité et la circulation de l’information. Si tel n’était pas le cas on se serait préoccupé depuis longtemps de rendre les flux d’infos compatibles avec le « fedivers » ou simplement avec les agrégateurs RSS.

Pourquoi les débats entourant ces questions sont-ils fermés ? Trop compliqué ? Pas le temps de rendre explicite toutes les raisons qui nous motivent ou nous freinent… de consigner l’expertise qui nous oriente ?

Pas le temps, pas les moyens… mais en ouvrant le débat un peu plus, ne pourrait-on mobiliser non seulement sémantiquement mais financièrement différents partenaires. Combien les organisations partenaires investiront-elles au cours de la prochaine année dans leur site, leurs interfaces, leurs « app » ? Et si on y mettait des moyens ensemble pour faire avancer cette fluidité et transparence ?

Ces considérations me semblent bien petites, pour ne pas dire mesquines, devant l’ampleur et l’urgence des menaces que font peser les propriétaires de nos espaces numériques et informationnels. Nous sommes les locataires d’espaces numériques appartenant à des impérialistes qui n’ont pas l’intention de reculer ou de perdre les avantages que nous, utilisateurs de leurs produits et réseaux, leur avons laissé prendre.

Il nous faudra se concerter à plus grande échelle que le Québec pour que notre initiative ait quelque chance de réussir dans la quête d’un espace numérique démocratique indépendant des GAFAM, et du MAGA !

La capacité d’échanger et de retenir la propriété de nos productions, liens et connaissances doit se jumeler à la capacité de mémoire, de référence et de construction : on a vu nos voisins faire disparaître des pans entiers de savoirs. Le prochain dirigeant de droite au Canada ou au Québec pourrait bien effacer lui aussi les infos et connaissances qui lui déplaisent ou contredisent sa vision du monde.

Derrière l’appel à la souveraineté numérique lancé par Cédric Durand et al. (Reclaiming Digital Sovereignty voir aussi mon billet Amazon, « panier bleu » et souveraineté numérique) il y a aussi cet impératif de consigner les datas et savoirs (les « piles publiques ») à l’abris des visées impérialistes et rétrogrades. Le TIESS 2.0, qu’en pensez-vous ? Mais c’est une autre discussion que nous pourrions avoir ici… ou pas.


En terminant, j’aimerais bien discuter un texte de Durand (The Problem of Knowledge in the Anthropocene. Hayekian Environmental Delusion and the Condition of Ecological Planning. 2025). Cet autre texte de Durand (2024), Planning beyond growth: The case for economic democracy within ecological limits j’en ai même fait une traduction en français [grossière au niveau des coupures de page à cause du traitement des PDF par DeepL].


Ce billet est d’abord paru sur mon carnet Praxis : transition, organisation communautaire, développement des communautés, le 23 février 2025

vendredi vrac (7)

Les MRC

Municipalités

Mascouche

100 logements sociaux et abordables supplémentaires pour aînés autonomes.

L’immeuble de 100 logements qui sera bâti à Mascouche représente un investissement gouvernemental de 21,5 M$, auxquels s’ajoutent la contribution de la Ville de Mascouche qui cédera le terrain et offrira certains congés de taxes et coûts de raccordements. L’Office municipal d’habitation de la Rive Nord (OMHRN) assurera la gestion de l’immeuble et la sélection des personnes qui y résideront.

AUSSI : La ville de Mascouche présente son Plan d’action 2025 à l’égard des personnes handicapées

Repentigny

À l’occasion du Jour de la Terre, la Ville de Repentigny présente une version actualisée de sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité. Cette mise à jour vise à verdir davantage le territoire et à mieux protéger les arbres, les espaces verts et la nature, afin d’améliorer concrètement la qualité de vie de tous les citoyens[1] et de renforcer la résilience collective face aux changements climatiques.

La Ville de Repentigny met à jour sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité pour renforcer sa transition écologique

Saint-Félix-de-Valois

La municipalité bonifie l’accès aux logements abordables

Le conseil municipal de Saint-Félix-de-Valois a bonifié l’enveloppe pour le programme de supplément au loyer (PSLQ) à 19 000 $ lors de l’adoption du budget 2025 le 11 décembre dernier.

Les locataires qui bénéficient de ce programme paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. La balance du loyer est couverte par le gouvernement via les Offices d’habitation (90 %) et les Municipalités (10 %).

« Cette enveloppe de 19 000 $ permet donc de financer jusqu’à 190 000 $ annuellement en loyer dans la communauté, ajoute Audrey Boisjoly. Ça a un effet levier vraiment intéressant et permet de soulager rapidement un grand besoin en logements abordables. »

Montréal

Budget participatif de Montréal : bilan de la troisième édition (2024-2025)

La Ville investit 45 M$ pour réaliser des projets proposés et choisis par la population. Plus de 880 idées ont été proposées et plus de 28 000 personnes ont participé au vote pour déterminer les projets à réaliser. Découvrez les 7 lauréats.

Sainte-Agathe-des-Monts

Une nouvelle entente intermunicipale en matière de loisirs pour favoriser l’accès aux sports et aux activités récréatives


DÉCLARATION DE RÉCIPROCITÉ (Qc)

concernant le nouveau partenariat entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de proximité


Guides – outils – interventions

Mission 1000 tonnes lancent un guide pratique de nettoyage des cours d’eau

Par Recyc-Québec

Chaises des générations

Rosemont-La Petite-Patrie, un arrondissement qui s’engage pour les générations futures!

Le regroupement des Mères au front, en collaboration avec l’école Sainte-Bernadette-Soubirous, offre à l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie une Chaise des générations décorée par les enfants afin qu’une place symbolique à la mairie d’arrondissement soit réservée à la prochaine génération.

C’est à l’occasion du Jour de la Terre, le 22 avril 2025, que les enfants de 6e année ont fait le don d’une Chaise des générations.

Aussi

LA MRC D’ARGENTEUIL DÉVOILE LA CHAISE DES GÉNÉRATIONS OFFERTE PAR LES ÉLÈVES DU PROGRAMME ALTERNATIF DE L’ENVOL-DU-COLIBRI

Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables

À l’occasion du Jour de la Terre, la MRC de Vaudreuil-Soulanges est fière de dévoiler son tout nouveau Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables, un outil concret, développé en collaboration avec les responsables de la gestion des matières résiduelles des 23 municipalités de la MRC et destiné à accompagner les organisateurs d’événements de petite, moyenne ou grande envergure.

Construction durable

Un outil innovant pour verdir les appels d’offres en construction
Cet outil de référence présente des clauses prérédigées et personnalisables à intégrer dans les documents d’appels d’offres facilitant ainsi le déploiement des mesures de détournement de l’élimination des matières résiduelles, par la réduction à la source, le réemploi, le recyclage et la valorisation.

Efficacité énergétique

Hydro-Québec déploie la trajectoire d’efficacité énergétique la plus ambitieuse de son histoire

Les bibliothèques aux ÉU

Un billet de La bibliomancienne
Fondée en 1848, la Boston Public Library (BPL) est la première grande bibliothèque municipale gratuite aux États-Unis. Dès son origine, elle a porté une vision profondément démocratique : celle de l’accès au savoir pour toutes et tous, indépendamment du statut social ou économique. Son inscription gravée sur le fronton — « Free to all » — est devenue un emblème puissant de la mission publique des bibliothèques américaines.


Urbanisme

Plus de 700 logements locatifs à venir à Montréal

Le projet est conçu avec une vision axée sur le développement durable, mettant en avant des normes exemplaires d’accessibilité aux logements. Le bâtiment intègre des espaces communs attrayants, comme une cour intérieure verdoyante, un hall d’entrée double hauteur vitré avec un espace détente, une salle de conditionnement physique, un chalet urbain et une terrasse au toit. Situé tout près de la station de métro et de la gare Vendôme, Station C offrira un accès rapide et pratique au réseau de transport en commun.

Densification urbaine et écosystème

Répondre à la crise du logement tout en préservant l’écosystème et en s’intégrant dans le patrimoine déjà bâti, c’est ce que propose un nouveau projet d’architecture à Sutton.

Beyond Congestion Pricing: Strategies for Revolutionizing Urban Mobility

How cities are leveraging data and technology to improve their transportation networks and reduce traffic.

Santé

Réseau de recherche CARES

Un réseau interdisciplinaire, piloté par l’INRS, pour un Québec et des régions en santé

« Un réseau québécois de recherche en santé consacré aux contextes spécifiques et besoins criants des régions rurales et éloignées, trop souvent ignorées ou oubliées. Le CARES prend donc toute son importance dans le contexte actuel d’iniquité touchant la prestation des soins de santé et de services sociaux dans ces régions. »

L’avenir de la santé publique est en jeu

Un article de David Wallace-Wells, du New York Times.
Que j’ai traduit (avec DeepL).

« Ce qui est le plus effrayant avec la rougeole, ce ne sont probablement pas les décès qui y sont liés, dont deux ont déjà été enregistrés cet hiver, les premiers aux États-Unis depuis dix ans. Ce n’est peut-être même pas le risque de paralysie irréversible à vie, connu sous le nom de panencéphalite sclérosante subaiguë, qui n’existe qu’une fois sur 10 000. Il s’agit plutôt de l’effet beaucoup plus courant que le virus peut avoir sur ce que l’on appelle la mémoire immunologique, créant une amnésie immunitaire qui peut anéantir votre capacité à lutter contre de futures infections. » Suite…

Écologie

Vers un contrat éco-social : l’Accord de gestion vivante, ma traduction de l’article de Dark Matter Labs (DML) : Towards an eco-social contract: the Living Stewardship Agreement, 7 avril 2025

Une proposition audacieuse visant à appuyer les mouvements qui souhaitent prendre soin de rivières et de places naturelles. On s’appuie sur la technologie pour renforcer et rendre publics les engagements pris par les membres de la communauté… Intéressant (très) malgré le malaise que j’ai avec un certain aspect.

C’est un article qui flirte avec la technologie de la chaine de blocs (blockchain) sans jamais la nommer… et soulève des questions concernant le respect de la vie privée dans ces réseaux « denses » qui mettent en relation et qualifient actants et agents en inscrivant dans des registres permanents leurs interactions et engagements.

Il me semble avoir noté ailleurs chez DML (mais je n’ai pu retrouver l’article en question) une ouverture, un intérêt pour la technologie blockchain. Je voulais comprendre mieux cette question, liée étroitement à cette des cryptomonnaies. La très longue (37) page de Wikipedia m’a introduit assez bien. Notamment sur les conséquences écologiques de la logique de computation de masse, supposément pour garantir la sécurité, la résistance aux « attaques de 51% ». (Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?)

Ma conclusion : le caractère inattaquable ou permanent des chaines de blocs est relatif; et son coût est prohibitif en énergie; des registres garantis par des structures humaines, comme l’État, pourraient être imaginés, construits, avec des coûts environnementaux plus légers. Plutôt que des chaines de blocs, ce sont des bases de connaissance évolutives mais qui doivent assurer leur pérennité. L’article mérite tout de même d’être lu !