incivilité & compétence civique

[Parc LaFontaine, dimanche 11:45, au bas de l’escalier menant à la patinoire, dans l’édifice Robin des bois]

Le local avec les casiers pour y laisser ses bottes est fermé. Pas d’explication, rien. C’est décevant. Un autre utilisateur potentiel frustré se met à accuser Valérie Plante. Là, c’est trop. J’apostrophe le citoyen critique, l’accusant de sexisme… soulignant la complexité d’une ville comme Montréal, les arrondissements, les ententes… Je souligne à quel point la gestion de la ville s’est améliorée depuis l’ère de Drapeau !

Je ne sais plus si j’ai pu laisser entendre que mon interlocuteur était de la banlieue, toujours est-il qu’il était bien fier de se dire depuis toujours habitant du Plateau. Je n’ai pas eu la répartie assez vive pour lui dire qu’on pouvait habiter le Plateau et penser en banlieusard !

J’ai cherché ce qui m’agaçait dans ce discours « anti-mairesse ». Une part de sexisme, sans doute. Mais pas que. Il y a un individualisme un peu cynique, qui dénonce, critique, mais sans chercher de solution. C’est l’attente d’un leader-sauveur qui viendrait enfin mettre de l’ordre dans ce foutoir et fournir (enfin) aux « payeurs de taxes » des services accessibles, de qualité.

On est défenseur ou attaquant dans ce type de conversation. Je me suis demandé ce qu’il en coûtait en notoriété, en relations publiques à la Ville de fermer un tel service… mais difficile de mesurer de telles pertes. D’autant que chaque fois qu’un cône orange est installé sur une rue, c’est une friction de plus avec les usagers de la route… et une insatisfaction de plus. À moins qu’on puisse transformer ces lieux-moments de friction en symboles d’une ville responsable, d’un service rendu… qui ne sont pas toujours rendus par la Ville : électricité, gaz, téléphonie et cable ont tous des droits d’accès.

La première manière de réduire les frictions, en les transformant en occasions d’éducation civique, consiste à informer les usagers (de la route, de la toilette, du métro ou des casiers pour bottes) de la source de la friction : Ville-centre ? Arrondissement ? Service des parcs ? Bell ou Énergir ? Et ensuite, informer sur les délais avant le retour à la normale.

Plutôt que d’imposer, d’emblée, aux équipes de construction-réparation des obligations supplémentaires d’information, un système d’informations basé sur la localisation GPS des travaux serait plus facile d’implantation et de contrôle. Associé à une possibilité de laisser un commentaire, visible par les autres usagers, cela permettrait une saine discussion et un feed-back roboratif. Ces informations géocodées seraient disponibles en format ouvert, permettant aux citoyens et OSC1organisations de la société civile de suivre dans le temps l’efficacité et la réputation des fournisseurs, plutôt que de faire porter sur la mairesse (ou le parti au pouvoir) toute la friction imposée par les multiples agences intervenant sur le territoire.

Ça prendra plus qu’une (belle) application GPS et des tableaux en open-source pour transformer le sentiment de frustration et de non-responsabilité dominant actuellement. Comment mesure-t-on le sens civique d’une culture ? Henry Milner, dans Les compétences civiques scandinaves2un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves, nous introduit à différentes enquêtes qui permettent de comparer les pays de l’OCDE en la matière.

Ce que Milner entend par compétences civiques :

Les pays nordiques affichent des compétences civiques (capacité des citoyens à comprendre la réalité politique ainsi qu’identifier les alternatives en matière de partis et de politiques publiques proposées) supérieures à celles que l’on peut observer dans les pays d’Europe continentale et du monde anglo-saxon. Les compétences civiques s’acquièrent donc grâce à des politiques qui prônent la redistribution matérielle et surtout intellectuelle. L’éducation des adultes, les cercles de lecture, le soutien aux médias publics ainsi que les librairies populaires constituent des exemples de politiques entraînant une redistribution intellectuelle. 

Social-démocratie 2.0, p. 141

Cours d’éducation civique obligatoires dans lesquels on étudie et on débat des programmes des partis. Les Suédois lisent plus de journaux, suivent plus l’actualité politique… mais étudient plus longtemps (13% VS 3% des 30-39 ans sont aux études). Cependant la participation civique n’est pas liée au niveau d’éducation, même les populations avec peu d’éducation ont une culture politique. La représentation proportionnelle aide à la participation politique.

C’est un cercle vertueux : plus les gens sont informés et impliqués, plus les politiques et programmes sont adaptés aux besoins, ce qui renforce le désir, la motivation et l’engagement.


Je situe ce billet dans la suite de la réflexion suscitée par la lecture de Religion’s Sudden Decline: What’s Causing it, and What Comes Next?, que j’ai commenté récemment. L’auteur y identifiait un « modèle nordique » que j’ai voulu fouiller un peu plus grâce à cette comparaison Québec-Scandinavie cueillie au passage chez un bouquiniste. J’y reviendrai. Le chapitre sur la participation politique des femmes (47% des élus sont des élues en Suède) me permettra de poursuivre la réflexion sur les causes des attitudes anti-mairesse.

Notes

  • 1
    organisations de la société civile
  • 2
    un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves

propagande, pronostics, phares…

Liens vers les cinq parties : A. Traductions (8); B. Rapport, guide (3); C. Appels (2); D. Nouvelles du terrain (6); E. Mot de la fin.

A. Des articles qui valaient
(IMHO) d’être traduits


B. 1 article, 1 rapport, 1 guide

Les institutions manquantes

C’est le titre de la livraison du 9 janvier de la lettre Substack Vraiment Vraiment : Les institutions manquantes. Je vous invite à glisser sur la désagréable image qui flashe des couleurs vives et contrastées à l’arrivée. Le texte qui suit vaut d’être lu2Vous pouvez « Continuer de lire » et vous abonner plus tard, si vous le souhaitez. Pour son humour un peu décalé, et des réflexions pertinentes. Pourquoi les intentions et programmes liés à l’environnement et aux objectifs climatiques sont-ils si facilement abandonnés par nos politiciens dès que se présente une urgence ?

La stratégie « Zéro sans-abri » de la Finlande : Les leçons d’une réussite

[Rapport de l’OCDE] Le nombre de personnes sans domicile en Finlande n’a cessé de diminuer au cours des trois dernières décennies, passant de plus de 16 000 en 1989 à environ 4 000, soit 0,08 % de la population (Figure 1).

Il s’agit d’un chiffre très bas, surtout si l’on considère que la Finlande utilise une définition relativement large du sans-abrisme, qui inclut notamment les personnes vivant temporairement avec des amis et des parents dans son décompte officiel du sans-abrisme. En 2020, pratiquement personne ne dormait dans la rue une nuit donnée en Finlande.
Source : Finland’s Zero Homeless Strategy: Lessons from a Success Story

Référence de Kottke

Urban Bikeway Design Guide

Un nouveau guide de design des pistes cyclables en milieu urbain, reconnu par le ministère du transport américain (Department of Transport).

“Endorsed by the U.S. Department of Transportation, the Urban Bikeway Design Guide is used by hundreds of municipalities, state DOTs, and regional agencies across the U.S. and Canada to design streets that are safe and accessible for people biking.”


Continuer la lecture de « propagande, pronostics, phares… »

Notes

  • 1
    Ne pas oublier de me désabonner le 27!
  • 2
    Vous pouvez « Continuer de lire » et vous abonner plus tard, si vous le souhaitez

religion, démocratie, révolution

Dans ce premier « bouquet du lundi » de l’année, quelques traductions d’articles qui m’ont paru intéressants; une réflexion sur le « temps des fêtes » et la baisse de la religion; des suggestions de lecture…


Que 2025 vous apporte lumière, courage et détermination dans le tumulte qui s’annonce.

Notes

tradition, coutume, religion

Je comptais faire un billet sur, autour de la religion… le jour de Noël me semblait un moment approprié1Voir un des billets les plus populaire de ce blog : Repas de Noël avec les Bochimans. Mais Noël est-elle encore une fête religieuse ? Que reste-t-il des valeurs chrétiennes et catholiques dans la frénésie consommatoire du « Temps des fêtes » ?

Mais ce fameux « temps des fêtes » de fin d’année, ce creux de la lumière… il est plus vieux, plus ancien que la Nativité chrétienne. En fait celle-ci fut d’autant plus efficace et prégnante qu’elle a calqué ses rites et fêtes sur un calendrier civique ou culturel souvent lié aux moments saisonniers auxquels étaient associés des appels aux dieux (dieux des plantes et de l’agriculture; des cycles annuels des éleveurs et chasseurs; des mers imprévisibles et généreuses…).

nouvelles valeurs

Les familles rurales étendues qui se réunissaient à l’occasion des fêtes dans la grande maison. La distance et le peu de moyens de transport rendaient ces réunions exceptionnelles. Les familles urbaines, moins étendues, sont plus proches physiquement mais éloignées par leurs agendas chronométrés au quart d’heure. Ce qui rend aussi exceptionnel les réunions familiales.

La famille refuge, rempart de sécurité et de solidarité. Particulièrement dans les sociétés pauvres en services publics ? Le modèle des sociétés « nordiques », suivant la théorie de Inglehart, celles qui ont poussé le plus loin la lutte contre le sexisme et le paternalisme amenant un engagement politique des femmes sans pareil. Quarante-sept pour cent des élus sont des élues (en Suède). Le soutien public à la participation féminine ou égalitaire, grâce à un système de garderies, de congés parentaux obligatoires, de services aux ainés frêles… réduit la pression sur les familles tout en facilitant la participation des femmes au marché du travail.

La famille élargie aux amis, aux proches, aux personnes seules. La famille traversée de tensions politiques et culturelles dues aux écarts de générations, aux différences professionnelles et de fortunes. Tensions politiques soumises, aiguillonnées par les événements : élections, référendums, crises…

Moins de religion, de religiosité dans les coutumes… Les curés ne viennent plus fouiner dans les chambres à coucher, et c’est tant mieux. Mais une « société des choix individuels » qui ne compte que sur le marché pour répondre et soutenir ces choix, cette liberté, sera vite aux prises avec des niveaux d’inégalités insoutenables. Les « Cahiers de la bonne chanson » étaient aussi importants que les chants religieux dans les fêtes familiales. Des cahiers réalisés par un religieux désireux de promouvoir la « bonne chanson » et faire connaître et se préserver la tradition et le folklore francophone.

Les institutions, droits et programmes que nous avons créé depuis 75 ans afin de remplir les fonctions auparavant portées par des communautés religieuses et la charité chrétienne, ces institutions résultent de décisions collectives, politiques. Entre l’intention du législateur et la prestation de services de l’employé il y a une tension qui peut devenir conflictuelle. Pourtant les acquis historiques que sont les écoles, collèges et universités; ces hôpitaux, centres de soins et cliniques; ces réseaux de garderies, de clubs de sports, de groupes d’entraide et de soutien aux… enfants, mères seules, malades, vieillards, immigrants… ce sont ces institutions, ces services accessibles au quotidien qui réalisent, actualisent les nouvelles valeurs de nos sociétés a-religieuses.

Les Suédois sont les moins religieux mais aussi les plus généreux en aide internationale2La Suède consacre 1,36% de son revenu intérieur brut à l’aide internationale. Le Canada: 0,25%. Les plus égalitaires en termes de participation des femmes aux postes de pouvoir. Ce qui explique sans doute les avancées sociales en terme de soutien à la famille.

En tant que collectivités morales nous avons le devoir de punir, discréditer les comportements qui compromettent l’avenir collectif. Nous avons le pouvoir de réduire l’attractivité de certains produits, de certains avoirs et comportements. Si nous nous sommes débarrassés de la chape de plomb des soutanes et cornettes, ce n’est pas pour autant le « free for all« . Enfin ce ne devait pas l’être… le professionnalisme et la déontologie des infirmières et des travailleurs sociaux devaient remplacer les directives et principes qui orientaient les religieuses et religieux qui auparavant exerçaient ces fonctions.

Si le « temps des fêtes » est un temps de générosité et de partage… ces traditions ont été passablement frelatées par les pressions sociales et le consumérisme dominant.
« Il existe une forme de redistribution des richesses qui s’inscrit dans une démarche véritablement désintéressée. [Elle] repose sur un principe de solidarité collective : l’impôt. »

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Notes

  • 1
    Voir un des billets les plus populaire de ce blog : Repas de Noël avec les Bochimans
  • 2
    La Suède consacre 1,36% de son revenu intérieur brut à l’aide internationale. Le Canada: 0,25%

lectures de fin/début d’année

Quelques titres (12) cueillis au Salon du livre ou encore chez Gallimard, sur recommandation de mon libraire ou par le hasard des références.

vendre les biens d’une OBNL et empocher des millions !

Quelques 172 logements sociaux appartenant à une organisation à but non lucratif, le Faubourg Mena’sen à Sherbrooke, ont été vendus (18,5M$) à des acheteurs privés par les administrateurs de l’OSBL qui se sont ensuite partagé le magot !

Habituellement les OBNL (ou OSBL, comme on les appelle encore dans le secteur de l’habitation) ont dans leurs « lettres patentes » une clause de dissolution qui prévoit qu’en cas de dissolution les biens de l’organisation seront dévolus à une autre OSBL ayant vocation similaire. La loi oblige aussi les administrateurs à annoncer publiquement (dans les journaux) l’intention de dissolution. Les administrateurs de Faubourg Mena’sen avaient, au préalable, changé le nom de l’organisation pour « L’Orientation Éphémère », un nom qui n’avait jamais été utilisé par l’organisme. Ce qui fait que l’annonce de la dissolution n’a pu inquiéter les principaux intéressés : les locataires. Les mêmes administrateurs ont demandé la dissolution de l’organisme aussitôt que la vente des actifs a été complété. Le Registraire a officialisé la dissolution dès le lendemain.

Le juge Martin F. Sheehan a rendu un premier jugement le 9 décembre dernier qui reconnait la validité de la poursuite intentée et fait le compte rendu détaillé des gestes posés (amendements aux statuts…) par les administrateurs. C’est une première victoire pour les habitants du Faubourg Mena’sen. Mais il reste encore beaucoup de chemin avant que cette vente soit annulée et les personnes lésées soient indemnisées.

Pour plus d’information : Sauvons Mena’sen.

Je vous invite à soutenir financièrement cette lutte de David contre Goliath.

Des changements récents (2022) avec la Loi modifiant diverses dispositions législatives principalement en habitation devraient interdire ou rendre plus difficile de tels manoeuvres à l’avenir. Mais ces changements ne sont pas rétroactifs… aussi la lutte de Sauvons Mena’sen (page sur Facebook) doit se poursuivre.

développement durable, social; urbain; numérique…

bouquet du lundi

Développement social dans Memphrémagog

Le 21 novembre dernier, la Corporation de développement communautaire Memphrémagog (CDC), la Table de développement social de Memphrémagog (TDSM) et la MRC de Memphrémagog ont rendu disponible « La force d’agir ensemble », la toute première politique de développement social sur le territoire de Memphrémagog. Elles ont d’ailleurs compté sur l’appui des 17 municipalités pour mener à terme une démarche de deux ans.

Trois grandes orientations :

  1. Occuper notre territoire en préservant le vivant
  2. Favoriser le maillage social au sein de nos communautés
  3. Nous engager pour la santé mentale et physique des citoyens et des citoyennes
    [Source: MRC Memphrémagog]

Quel avenir pour l’autoroute Métropolitaine et les communautés riveraines?

L’Alliance pour l’innovation dans les infrastructures de mobilité (ALLIIUM) demande notamment aux pouvoirs publics de profiter du chantier à venir pour mettre en place des moyens inédits afin de :
– Prioriser la fluidité et l’efficacité des déplacements collectifs et actifs,
– Protéger la santé, la sécurité et la qualité de vie des populations riveraines,
– Améliorer et verdir substantiellement l’aménagement des abords de l’autoroute,
– Impliquer les collectivités riveraines dans la gestion du chantier et la réflexion sur le futur à long terme de l’aménagement et de la mobilité durables du secteur.

Source : CRE de Montréal, 10 décembre.

Des investissements en habitation durable de près de 2 G$ prévus à Québec

Québec, le 12 décembre 2024 – La Ville est fière d’annoncer le succès du Fonds pour soutenir les projets durables en habitation, une initiative issue du forum Développer la Ville autrement, tenu le 21 février 2024.

St-Jérôme : Un atelier de cocréation sur le développement du secteur ouest!

« En misant sur la création de milieux de vie inspirés par les principes de développement durable et par l’électrification des transports, ce quartier intègrera une nouvelle offre en logements, en pôles de quartier et d’emplois par l’arrivée d’industries innovantes dans un nouvel écoparc.
le conseiller municipal et porte-parole de la commission des parcs et des espaces verts, Mario Fauteux, est ravi que le développement du secteur ouest s’effectue dans le respect de l’environnement : « Près de 50 % des 18 millions de pieds carrés seront conservés, préservés et mis en valeur dans le but de bonifier le réseau municipal de parcs naturels, de lutter contre les ilots de chaleur et de créer un milieu de vie sain pour les résidents du secteur. »

Ensemble pour mieux soutenir le développement des enfants – cadre de référence du MSSS

« L’objectif du programme de favoriser l’accès, la continuité à des services de proximité intégrés et ajustés aux besoins des enfants présentant des retards de développement ou des troubles du neurodéveloppement et à ceux de leurs familles le plus précocement possible, est réitéré. Pour y parvenir, différentes orientations sont mises de l’avant, dont un modèle de prestation de services par paliers multiples et une approche d’accompagnement auprès des parents, des acteurs clés et des communautés. »
[Source : MSSS – 2024.12.13]

Rapport de l’OCDE Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE 2024

La phase la plus récente de la transformation #numérique se caractérise par des progrès technologiques rapides qui créent des possibilités et des risques pour l’économie et la société. Le Volume 2 des Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE 2024 porte sur les nouvelles orientations des priorités, des politiques et de la gouvernance du numérique dans les différents pays. On y analyse également l’évolution des conditions favorisant la transformation numérique, l’innovation et la confiance à l’ère numérique. Une annexe statistique complète ce volume.
[Source : Perspectives de l’économie numérique, OCDE 2024]

La co-direction-générale plus populaire

Au tour de Trajectoire Québec de se doter d’une co-direction générale. Projet collectif en a une, Québec solidaire aussi, le CPDC1Collectif des partenaires en développement des communautés quand à lui a deux coordonnatrices.


Aussi, sur Gilles en vrac… deux articles que j’ai traduits (avec DeepL mais corrigés par GB) et présentés brièvement dans ces billets :

déficit démocratique et financiarisation : Déficits démocratiques : Libéralisme, néolibéralisme et financiarisation

une autre vision du vivre ensemble : l’impact de la voiture sur la psychologie humaine

Notes

  • 1
    Collectif des partenaires en développement des communautés

déficit démocratique et financiarisation

Voici un article paru sous le titre Democratic Deficits: Liberalism, Neoliberalism, and Financialization dans la revue American Affairs. Alex Bronzini-Vender y décrit un processus de financiarisation de l’économie (et de la politique) à partir du terrain des villes ou municipalités qui avaient à négocier des conventions collectives dans le contexte d’inflation des années ’70, puis celui de la transformation de la gestion des fonds de pension des années 80-90…

Cet article est, en fait une longue présentation critique (review essay) du livre de Brian Judge paru en 2024 : Democracy in Default: Finance and the Rise of Neoliberalism in America, titre qu’on pourrait traduire par La démocratie en faillite.

Qui est Brian Judge ? Un prof ou ancien prof de science politique à l’Université de Californie à Berkeley, qui est aussi « policy fellow » au Centre pour une IA compatible aux humains (Center for Human-Compatible Artificial Intelligence). Tiré de la présentation (quatrième couverture) :

Brian Judge soutient que la financiarisation a été une réponse presque spontanée à une crise au sein du libéralisme. Il examine comment le libéralisme tend à ignorer le problème des conflits distributifs, ce qui le rend vulnérable lorsque ces conflits éclatent. Lorsque le moteur de croissance de l’après-guerre a commencé à ralentir, la finance a promis de sortir de l’impasse politique qui en résultait, permettant aux démocraties libérales de dépolitiser les questions de distribution et de maintenir l’ordre social et économique existant. Les élus n’ont pas été simplement capturés ou cooptés, mais ont volontiers adopté des solutions financières à leurs problèmes politiques. Le déclenchement de l’impératif financier de générer des rendements monétaires a toutefois inauguré une transformation globale. Des études de cas très concrètes – la faillite de Stockton, en Californie, la stratégie d’investissement du California Public Employees’ Retirement System et la crise financière de 2008 – illustrent la manière dont les priorités des marchés financiers ont radicalement modifié la gouvernance démocratique libérale. Refondant les transformations politiques et économiques du dernier demi-siècle, Democracy in Default offre un nouveau compte-rendu audacieux de la relation entre le néolibéralisme et la financiarisation.

La présentation détaillée que Bronzini-Vender fait de ce livre m’est apparue suffisamment intéressante pour que je la traduise en français et que je prenne ensuite le temps d’y insérer les 88 notes en bas de pages ainsi que les liens hypertextes que ces notes recélaient parfois. Quelques-uns des articles auxquels ces notes réfèrent : Socialize Central Bank Planning, The Crises of Democratic Capitalism

Voici donc, en format PDF : Déficits démocratiques : Libéralisme, néolibéralisme et financiarisation.


P.S. Je vous propose ce texte de quelques 40 pages avec ses 88 notes en format PDF, généré par Word, à partir d’un document composé avec iA Writer puis exporté vers Word . Ce détour par Word me permettait de maintenir les notes en bas de page plutôt qu’en fin de document comme le PDF généré par iA Writer le faisait plutôt.

une autre vision du vivre ensemble

Impact des voitures sur la psychologie humaine

Traduction DeepL, révisée par GB. Un article tiré d’une revue (Zagdaily – « The business of sustainable mobility ») que je ne connaissais pas, ni cette autrice d’ailleurs : Author Melissa Bruntlett on the impact of cars on human psychology. Mais j’ai trouvé ce parcours inspirant d’une canadienne de Vancouver qui s’expatrie avec sa famille vers la Hollande pour y trouver un milieu plus sain pour vivre et élever ses enfants. Deux livres publiés jusqu’ici, un troisième à venir sur la direction féministe vers des villes « soutenables ».


L’auteur Melissa Bruntlett parle de l’impact des voitures sur la psychologie humaine

Le parcours de Melissa Bruntlett pour devenir une promotrice de la mobilité urbaine a commencé il y a 14 ans avec la décision de vendre sa voiture familiale.

Vivant à Vancouver à l’époque, on lui demandait sans cesse comment elle faisait pour que le vélo soit son principal mode de transport avec des enfants âgés d’un et trois ans.

Plus de dix ans plus tard, Melissa vit avec sa famille dans le paradis mondial du vélo, les Pays-Bas. Avec son mari Chris Bruntlett, ils ont publié deux livres qui montrent comment des villes plus saines, plus heureuses et à taille humaine peuvent être le fruit de transports durables.

Zag Daily : Vous avez écrit votre premier livre, « Building the Cycling City : The Dutch Blueprint for Urban Vitality », avant de vous installer aux Pays-Bas. Quelle a été votre inspiration ?

Melissa : « Nous avons fait un voyage en famille aux Pays-Bas en 2016. En tant que défenseurs du vélo en Amérique du Nord, nous parlions souvent de ces exemples étonnants de villes cyclables et j’avais besoin d’en faire l’expérience par moi-même. Nous avons visité cinq villes néerlandaises au cours d’un voyage de cinq semaines et l’avons en partie financé en écrivant des articles pour des journaux locaux à Vancouver. Mais nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas raconter l’histoire en 1 500 mots. Nous avons donc lancé l’idée d’un livre qui examinerait comment le paysage cycliste néerlandais a vu le jour et comment il est appliqué dans les villes nord-américaines. Il y a toujours cet argument du « c’est Amsterdam, c’est les Pays-Bas, c’est Copenhague » pour dire qu’on ne peut pas faire la même chose en Amérique du Nord, mais nous voulions montrer que oui, c’est possible. Il ne s’agira pas d’une solution copiée-collée des Pays-Bas, mais on peut s’inspirer de leur processus de réflexion et l’appliquer à New York, Vancouver ou ailleurs.

Zag Daily : Quelle est l’action clé que vous avez trouvée aux Pays-Bas pour en faire un tel paradis pour les cyclistes ?

Melissa : « Il n’y a pas qu’une seule action. Quand on regarde les Pays-Bas dans les années 50 et 60, comme partout ailleurs, on constate un investissement rapide dans la mobilité de l’avenir – les voitures. Les villes élargissaient les routes, Utrecht par exemple enterrait un canal pour construire une autoroute, Amsterdam prévoyait de démolir un quartier juif pour construire une autoroute vers le nord. L’objectif était de créer des villes centrées sur la voiture, mais la confluence de deux événements a fait évoluer les mentalités. Le premier était que les voitures étaient perçues comme envahissant les rues néerlandaises et le second était la crise de l’OPEP. »

Zag Daily : Comment ces deux événements ont-ils fait évoluer la réflexion néerlandaise sur les transports ?

Melissa : « Avec de plus en plus de voitures dans les rues, une énorme crise de la sécurité routière a commencé à se produire aux Pays-Bas. Plus de 3 000 personnes mouraient chaque année dans des accidents de voiture et 450 d’entre elles étaient des enfants. Des parents, des enseignants et des personnes sincèrement désireuses de sauver des vies ont lancé le mouvement « Stop de Kindermoord », qui se traduit par « Arrêtez le meurtre des enfants ». Des gens ont manifesté dans les rues et d’autres ont sorti leur vélo pour faire une déclaration en faveur de l’amélioration de la sécurité routière pour les piétons et les cyclistes.

« Puis la crise de l’OPEP a frappé en 1973 et, pour gérer la pénurie de carburant, le gouvernement national a instauré les dimanches sans voiture. Cela signifiait qu’il était interdit de conduire le dimanche aux Pays-Bas afin de préserver le carburant disponible. Soudain, les gens ont envahi les rues à vélo et en patins à roulettes et ont pique-niqué au milieu des autoroutes. Cela a éveillé l’imagination des Néerlandais, qui se sont souvenus de l’usage qui était fait de l’espace public. Les dirigeants sont devenus plus enclins à utiliser leur volonté politique pour passer d’une planification des transports axée sur la voiture à une planification inclusive qui tient compte de toutes les façons dont les gens se déplacent. »

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