le vieux débat CLSC-GMF

En relisant les billets déjà publiés suggérés par la « machine » au bas du dernier billet (médecin de famille & hypertension), je me rend compte que les auteurs du rapport cité, notamment Mme Breton, ont déjà publié sur la question : L’implantation du modèle des groupes de médecine de famille au Québec : potentiel et limites, en 2012 (cité en mars 2012 dans mon court billet les GMF +). Les conclusions de l’étude de 2012 sont assez semblables au rapport de 2025 ! Qu’est-ce qui peut nous faire croire que les suites seront différentes aujourd’hui ?

En 2018, dans la santé ou la médecine à l’acte ?, je référais à un article de La Presse : La santé, un problème d’organisation ou de financement ? qui opposait les analyses de deux « thinktanks ». Le lendemain, Lagacé s’entretenait (anonymement) avec un urgentologue :

« Je suis d’accord avec la population. C’est indécent. On se fait lancer des tomates et on les mérite. Je gagne entre 3500 $ et 5000 $ par nuit de travail de sept heures. La majorité de mes collègues spécialistes font au-delà de 500 000 $ et moi aussi. On n’a vraiment pas besoin de plus d’argent. C’est pas le salaire, le problème. On veut travailler dans un climat sain, où on peut donner des soins qui sont accessibles et de qualité…

—  Donc, selon vous, vous gagnez… trop ?

— Je viens de la classe très moyenne. J’ai choisi la médecine par passion. La médecine d’urgence, même chose. Quand j’ai commencé, il y a une dizaine d’années, je n’en croyais pas mes yeux : 300 000 $ ! Puis, d’année en année, ça n’a pas cessé d’augmenter… »

« Au salaire qu’on te paie », La Presse 2018.02.17

Ce qui m’avait frappé dans l’article de Lagacé c’est que l’urgentologue référait aux patients dans les corridors: « Ils ont une moyenne de 80 ans. » Je me demandais quel type de « médecin de famille » ces personnes pouvaient avoir, alors que plusieurs d’entre elles habitaient dans des CHSLD ou des RPA, et étaient venues à l’urgence en ambulance (après que les pompiers soient venus comme « premiers répondants »). J’avais vu si souvent ce scénario se répéter à la résidence où ma mère a habité… Jean-Robert Sansfaçon, quelques jours plus tard dans un éditorial du Devoir Le tout-à-l’hôpital, soulignait à quel point les promesses de soutenir les services à domicile faites à répétition par les gouvernements avaient été détournées, vidées. Incidemment, CHSLD et RPA, ce sont les domiciles des personnes âgées qui y habitent.

On préfère mobiliser l’artillerie lourde d’un (immense) camion de pompiers « premiers répondants », puis d’une équipe d’ambulanciers pour emmener une personne âgée malade, frêle, venir passer des heures, des jours dans un corridor d’hôpital, afin de soigner une bronchite ou stabiliser sa médication (à moins qu’on ajoute simplement à celle-ci)… plutôt que d’assurer un service décent dans la résidence (collective) du malade.

La RPA est une entreprise privée dont les services de santé relèvent du CSSS (CIUSSS maintenant) mais pas les médecins, qui eux relèvent d’un GMF qui doivent minuter leurs interventions… alors c’est à l’hôpital qu’on envoie le patient: c’est un autre budget. Et puis, avec les plateaux d’examen, la chaîne de production bien huilée1et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps, c’est sans doute un environnement de pratique plus sécurisant pour le professionnel que de se retrouver seul (ou presque) dans une résidence de 150 personnes âgées et très âgées.

Le centre hospitalier pratique une médecine industrielle où le médecin généraliste peut compter sur la présente en continu d’une palette de spécialistes « de garde », alors que s’il devait intervenir dans le milieu de vie… son client serait peut-être le premier à lui suggérer de l’envoyer à l’hôpital ! Pourtant, si on renversait la perspective et qu’on faisait de ces milieux de vie collectifs des points de livraison bien équipés pour les services de première ligne. Et, dans la mesure où ils sont mieux répartis sur le territoire que les hôpitaux, ils pourraient servir de « base » pour les services à rendre dans les domiciles plus individuels. Non ?

Quand je parle de « bien équipé », je ne parle pas d’avoir des scanners à chaque coin de rue, mais plutôt des équipes de première ligne qui connaissent leurs populations, ont accès à distance aux dossiers des clientèles, aux conseils des spécialistes de garde, et à des médecins qui peuvent se déplacer, ces derniers étant confiants que l’équipe ne les fera pas venir pour un rhume.

Un renversement de perspective qui ne passera pas par la simple mesure de la productivité médicale. C’est une équipe d’infirmières, de travailleurs sociaux, d’auxiliaires familiales stable et dédiée à une population connue qui est à la base de la productivité médicale. Tenter de gérer les deux séparément, c’est faire fausse route. Mais si la médecine à l’acte, avec ses milliers de page de codification, doit être abandonnée, comment l’approche populationnelle a-t-elle aussi un effet sur l’orientation de pratique des autres professionnels ? Comment favoriser la collaboration entre auxiliaires-TS-infirmières, puis entre celles-ci et les médecins ?

Sans remettre en question les acquis et conditions des conventions collectives, les équipes de première ligne responsables de population devraient être, elles aussi, récompensées pour l’atteinte des objectifs. Pourquoi faut-il en rajouter ? Les conventions collectives devraient suffire, me dit mon oreille gauche. Pourquoi faut-il en rajouter pour les médecins ? Là il semble qu’on en a ajouter à tel point qu’on menace d’en enlever maintenant… C’est à ça que nous conduit la gestion à l’acte…

Dans les conditions actuelles, il s’agit moins de récompenser la performance que de susciter, encourager l’initiative et l’innovation.

Notes

  • 1
    et l’obligation faite aux médecins d’y pratiquer un pourcentage de leur temps

vendredi vrac (8)

[NOTE: pour que les liens vers les sections fonctionnent il faut que tout le billet soit chargé – cliquer sur le titre…]

Liens vers les sections : Démocratie municipale; Économie sociale, finance communautaire; Santé; Climat, énergie, transport; Culture – éducation – développement social; et à la fin, les derniers articles traduits.


Démocratie municipale

Élections municipales 2025

Vivre en ville propose les 12 travaux de nos collectivités, une plateforme d’engagements concrets destinée aux candidats et candidates municipaux en vue des élections du 2 novembre prochain. Avec sa plateforme Les 12 travaux de nos collectivités, l’organisme propose 12 engagements structurants, adaptables à toute plateforme électorale, pour répondre aux défis pressants de notre époque: crise de l’habitation, étalement urbain, verdissement, mobilité, climat.

Saint-Jérôme – participation

Le ville de Saint-Jérôme adopte sa première Politique de participation publique
« La participation publique est un pilier essentiel d’une démocratie vivante. En adoptant cette politique, nous réaffirmons notre engagement à écouter les voix de la communauté et à travailler ensemble pour coconstruire une ville qui reflète les aspirations des Jérômiens et des Jérômiennes », explique le maire Marc Bourcier.

L’ensemble des politiques de St-Jérôme. La politique de participation publique

Laval

La nouvelle Politique de consultation publique et de participation citoyenne établit les principes et les modalités en matière d’information, de consultation et de participation des Lavalloises et des Lavallois et constitue le fondement de la volonté de la Ville de mettre en place une véritable culture de la participation citoyenne.

Investir dans le pouvoir citoyen

Une première boîte à outils sur le budget participatif

Une feuille de route concrète pour les municipalités québécoises, par le Centre d’écologie urbaine

«Nos villes au front»: plus d’autonomie pour les villes à bout de souffle

Un essai de François William Croteau, ‌ Nos villes au front. Repenser la gouvernance locale pour faire face aux crises, article de Jeanne Corriveau, dans Le Devoir.

Économie sociale, finance communautaire

Le SOMMET 2025

Le Sommet de l’économie sociale s’est tenu les 14 et 15 mai 2025 à La Tohu, à Montréal, et rassemblait des participant·es provenant du mouvement de l’économie sociale, du milieu entrepreneurial traditionnel, de la société civile, des sociétés d’État, du municipal, des gouvernements du Québec et du Canada et des Premières Nations.
Le CRISES et le RRESS ont participé non seulement à un panel dédié à la recherche mais aussi dans le travail de préparation au Sommet.


Une des huit illustrations de projets liés aux thèmes du Sommet.

Rendre à la communauté plutôt qu’aux actionnaires

Grande entrevue — Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale. La Presse, 13 mai 2025
« Il est temps de faire le point sur notre rôle », estime Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale, qui organise cette semaine à Montréal le Sommet de l’économie sociale.

Trois ans après le Sommet sur l’économie et l’emploi, le Chantier de l’économie sociale a été officiellement créé en 1999 et on a souligné les 10 ans de l’idéation de l’organisme en réalisant un premier Sommet de l’économie sociale en 2006.
Près de 20 ans, donc, après leur dernière rencontre au sommet, plus de 1200 acteurs du monde des coopératives et des organismes à but non lucratif (ayant une activité marchande) de partout au Québec vont se réunir cette semaine à Montréal durant le Sommet de l’économie sociale pour y discuter des grands enjeux qui animent cette force économique.

Finance durable et obligations communautaires

Je me demandais, dans un billet récent qui présentait le programme du Sommet sur l’économie sociale : Pourquoi il n’y a pas de thème « finance solidaire »? J’ai appris le lendemain que se tenait en même temps que le Sommet économie sociale, un Sommet sur la finance durable ! Sûr que la « finance durable » ce n’est pas la finance solidaire… de même que le « développement durable » ce n’est pas la transition socio-écologique. Mais ça aurait été bien d’avoir un solide volet financier, avec Fondaction et le Fonds de solidarité, au Sommet sur l’économie sociale. Sans doute que la « finance durable » ne visait pas les même clientèles : à 900$ le billet (pour les 3 jours), ou 1500$ incluant le souper-bénéfice… pas sûr que les groupes d’économie sociale aurait été nombreux…

Par ailleurs j’ai soulevé à quelques reprises dans ce carnet la question des obligations communautaires comme une stratégie de financement de projets d’économie sociale, mais aussi comme stratégie de sensibilisation et d’empowerment des communautés. C’est une formule qui devient plus commune. J’ai vu passer, sur le fil de En commun, deux appels à contribuer à de telles obligations:

Une radio communautaire faisant appel à son public pour construire une Maison de la radio, je comprends. Par ailleurs, je ne connaissais pas l’existence de Brique par brique. Cela semble une organisation assez jeune, et ça m’a fait réfléchir. J’avais toujours imaginé des organisations bien implantées (genre SHAPEM, ou le groupe ACHAT) dans leur secteur comme celles faisant appel à l’épargne sous forme d’obligations communautaires. Comment fait-on pour évaluer la solidité, les chances de réussite d’un projet d’investissement communautaire ? C’est une question pour un prochain billet !

Continuer la lecture de « vendredi vrac (8) »

médecin de famille & hypertension

J’ai enfin été enregistré auprès d’un médecin de famille dans un GMF qui, incidemment, a ses locaux dans mon ancien CLSC, là où j’ai travaillé pendant 36 ans. À 73 ans je n’ai pas de maladie débilitante, sauf une tension artérielle sous surveillance (avec médication depuis… environ 5 ans). J’ai tout de même l’impression ces temps-ci d’être toujours chez un pro de la santé : denturologiste pour changer une prothèse trop vieille; ophtalmologiste pour opérer des cataractes; rendez-vous pour une prise de sang (partie de l’ouverture de mon dossier au GMF). Maintenant j’ai un médecin de famille qui m’a reçu deux fois en un mois, et une troisième fois la semaine prochaine, six semaines après notre première rencontre.

Bon, je ne me plaindrai pas tout de suite. Bien que… Non, pas tout de suite. Toujours est-il que j’ai reçu, sans même l’avoir demandé, les résultats de mon analyse sanguine, qui me sont accessibles en ligne. Enfin ! J’espère que tous les autres documents et analyses me seront aussi accessibles — ceux de l’ophtalmo, par exemple ?

  • Constats de cette analyse :
    • la Créatinine élevée : 120 alors qu’elle devrait se situer dans l’intervalle 52-110 µmol/L
    • le DFGe est bas à 51 – il devrait se situer >= (plus grand ou égal à) 60. Qu’est-ce que le DGFe ? Le débit de filtration glomérulaire estimé (lié au fonctionnement des reins),
    • Sodium, potassium, chlorure dans les normes
    • Le cholestérol à 6,55 est élevé. La norme se situant dans l’intervalle 3,20-5,20
    • Les triglycérides à 5,95 sont quand à eux très élevés ! La norme se situant entre 0,60 et 1,70

Il semble que je sois candidat pour un traitement de « dyslipidémie« .

Une dyslipidémie se définit par une élévation du cholestérol plasmatique, des triglycérides (TG) ou par un taux de cholestérol HDL (high-density lipoprotein [HDL-C]) bas, anomalies contribuant à l’apparition de l’athérosclérose

Extrait de la page Dyslipidémie du Manuel MSD

Suivant le tableau du risque cardiovasculaire, un cholestérol total de plus de 6,2 et un taux de HDL-C de moins de 1,0 (le mien est à 0,96) correspondent à un niveau de risque plus élevé. Il y a trois niveaux : risque moindre, à risque, et risque plus élevé.

Le prochain rendez-vous avec mon médecin devrait me permettre de statuer sur la stratégie à prendre pour réduire ce risque : médication ? programme d’exercices ? les deux ? Mais je veux d’abord voir si une nouvelle routine de 30-40 minutes de vélo par jour peut faire baisser ces indices. Je peux déjà constater un impact sur la tension artérielle. Est-ce que ça se traduira aussi sur les taux de triglycérides et de cholestérol ? Il me faudra persister jusqu’à un prochain prélèvement sanguin. Et persister par la suite, si cela suffit à ramener mes taux dans la norme. C’est plus exigeant que de prendre une pilule… mais depuis une semaine, c’est assez plaisant ! On verra les jours de pluie et l’hiver prochain 😉

J’ai fait deux tours du Parc Maisonneuve ce matin, ajoutant quelque 2-3 kilomètres au circuit de 11,8 km que je faisais depuis quelques jours.

L’évolution de ma tension artérielle depuis que je fais du vélo chaque jour (ou presque) est notable.

services de première ligne : un retour vers les CLSC ?

Dans le rapport (82 pages) d’un comité mandaté par le ministère visant Soutenir l’élaboration d’une politique de soins et services de première ligne (SSPL), la troisième des six recommandations se lit comme suit (version courte. 1 page) :

Mettre en place une gouvernance de proximité des SSPL alignée avec la responsabilité populationnelle et articulée de façon cohérente avec tous les échelons du système de santé et de services sociaux, afin d’assurer aux SSPL les leviers d’action nécessaires pour organiser et adapter les services en fonction des besoins de la population et des orientations provinciales
– Décentralisation au niveau des RLS ou des CLSC.
– Coordination territoriale avec les partenaires intersectoriels et les services spécialisés.
– Participation des usager(-ère)s à la gouvernance.

On peut rêver !


P.S. Ne vous inquiétez pas, je ne vous ferai pas connaître le détail des maux et prothèses qu’impose le vieillissement ! Je crois utile, cependant, d’ouvrir avec ce billet une porte sur la perception, l’expérience personnelle d’accès au réseau de première ligne. La haute tension artérielle (hypertension) étant un problème se santé chronique fréquent158% des Québécois de 65 ans et plus; 70% des canadiens de 80 ans et plus chez la population vieillissante, il m’a semblé pertinent de souligner (ou questionner) l’impact mesurable d’une habitude accessible comme la pratique du vélo… À quand l’abonnement gratuit à « bixi » comme prescription médicale ?

Notes

économie sociale, philanthropie

Les artistes vivent difficilement [de leur] travail. Ils continuent néanmoins dans leur pratique artistique avec une motivation qui défie souvent les critères de l’acteur rationnel. On gagnerait à écouter les artistes sur le sens qu’ils donnent à la vie. Pas seulement les artistes d’ailleurs, les aidants naturels, les travailleuses de l’éducation et les bénévoles aussi. Il y a partout des gens qui se donnent à fond dans des activités essentielles, mais non productives. 

Pascale Bédard, sociologue de la culture, citée par Stéphane Baillargeon dans Le Devoir

Le Devoir publiait en fin de semaine un cahier spécial Philanthropie (version PDF). Grands philanthropes et justes causes. Recherche universitaire et chaires spécialisées, ça m’a rappelé à quel point les fondations des universités (et celles des hôpitaux) sont importantes, financièrement1J’en parlais ici. Un des articles souligne avec raison qu’il ne faut pas être millionnaire pour faire des dons. Mais dans le contexte ça voulait surtout dire de contribuer à l’une ou l’autre des grandes fondations. Pourquoi pas des dons à des projets, d’économie sociale, de logement communautaire ? Des dons ou des obligations ! Des dons qui soutiennent, encourage l’épargne intelligente, patiente, volontaire, consciente. Des dons qui manifestent, matérialisent des changements de valeurs, des engagements.

Le Sommet sur l’économie sociale 2025

Les 14-15 mai se tiendra à La TOHU un sommet à la veille du 30e anniversaire de la naissance du Chantier de l’économie sociale lors du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996. Les thèmes abordés au Sommet 2025:

Même si vous ne pouvez participer à ce Sommet les différents cahiers thématiques valent certainement d’être lus. Un état de la situation et une description de la place de l’économie sociale dans chaque secteur, avec des exemples concrets. Des propositions et perspectives d’action concluent les cahiers. Des références et ressources « pour aller plus loin » font de ces documents des sommes à conserver et consulter.

Les trois cahiers que j’ai lu jusqu’ici tracent des portraits concrets et engageants. J’y ai même appris que le TIESS avait fait différents travaux sur la situation des aînés, en amont du cahier sur ce thème : Se sentir chez soi, un besoin élémentaire. Constats et faits saillants concernant l’habitation et l’hébergement; Du lieu de vie au milieu de vie. L’économie sociale, porteuse d’une approche intégrée; Coup de sonde sur le terrain. Bons coups et apprentissages de 11 expérimentations québécoises.

En regardant l’ensemble de la thématique, cependant, je me demande pourquoi il n’y a pas de thème « Finance solidaire » ?** Une question réservée aux spécialistes ? Pourtant il me semble que la mobilisation de l’épargne de la fameuse « classe moyenne » serait une manière non seulement d’obtenir des ressources supplémentaires (à celles obtenues de l’État et des fondations philanthropiques) mais surtout de faire de ces citoyens, ceux qui ne sont pas le plus souvent les premiers clients visés par les initiatives solidaires, des alliés et, finalement des acteurs d’un changement qui devra mobiliser toute la société.

En terminant, si vous souhaitez une perspective historique et « transformationnelle » sur ce Sommet, Benoît Lévesque2Professeur émérite en sociologie de l’UQAM et cofondateur du CRISES, publiait, à la demande du conseil scientifique du TIESS : Vers un grand sommet pas comme les autres. Il identifie deux enjeux pour la nouvelle génération de l’économie sociale, celle qui prend la relève après la génération qui se levait au moment du Sommet de 1996 : arrimage avec la société civile organisée et le processus d’institutionnalisation (et d’auto-institutionnalisation). Il dégage aussi des perspectives pour la recherche partenariale qui a accompagné l’émergence et la consolidation d’un écosystème de l’économie sociale.


** Je n’avais pas vu la publicité pour le Sommet sur la finance durable, qui se tiendra en même temps que le Sommet sur l’économie sociale !

Notes

Jancovici chez Hagens

Nate Hagens anime depuis plusieurs années The great simplification, où il invite des penseurs, activistes à réfléchir avec lui sur les grands enjeux. Jean-Marc Jancovici est un ingénieur français qui mène un combat pour préparer le monde au changement. Il est à l’origine et président du projet The Shift Project (« Le think tank de la décarbonation de l’économie »). Cet épisode diffusé sur Youtube a été visionné 19 000 fois depuis sa diffusion, il y a 5 jours !

Traduction des premières trente secondes de l’entrevue :

« Je distingue trois catégories d’économies d’énergie. La première est l’efficacité énergétique, que tout le monde apprécie car elle permet d’obtenir le même service ou le même produit avec une consommation d’énergie inférieure. La deuxième est ce que j’appelle la sobriété, qui consiste à renoncer délibérément à un service ou à un produit afin d’économiser de l’énergie. Vous êtes heureux parce que vous l’avez choisi. La pauvreté, c’est exactement la même chose. Seulement, vous ne l’avez pas choisie. Vous n’aimez pas la pauvreté, bien sûr, parce que vous pensez que quelque chose vous a été imposé. Donc, ce que nous ne parvenons pas à réaliser avec la sobriété, nous le réaliserons avec la pauvreté, et la pauvreté va déclencher des troubles politiques. »

NOTE : Dans YouTube en cliquant sur l’icône d’engrenage au bas de l’image vous pouvez faire apparaître la transcription de la conversation en traduction simultanée.

Un passage important : à partir de la minute 39:00.

Je ne sais pas si les premières conséquences du changement climatique seront suffisantes pour nous décourager d’utiliser les combustibles fossiles. Je ne crois pas que cela suffira. Malheureusement l’une des raisons du paradoxe est que l’énergie abondante est l’un des moyens de faire face aux premières conséquences du changement climatique. Avec une énergie abondante, vous pouvez transporter la nourriture de l’endroit où elle pousse encore vers des endroits où elle ne pousse plus. Vous pouvez reconstruire des infrastructures détruites par les évènements… apporter l’eau là où vous en avez besoin… Vous pouvez faire beaucoup de choses avec de l’énergie abondante. (…) Le paradoxe est qu’il sera tentant d’utiliser plus d’énergie fossile pour faire face aux premières conséquences d’une trop grande utilisation de cette énergie.

de savoirs et d’actions

Réaction spontanée (et échevelée) au billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? de Benjamin Allard, sur En commun.



Write the Docs : un blog de documentalistes passionnés.


le paradigme du document (extrait)

« À Projet collectif, nous défendons l’idée comme quoi il faut modifier notre rapport collectif à la production de savoirs, afin de tendre vers un nouveau paradigme où les savoirs sont ouverts par défaut. 

  • – Lorsque vous créez un nouveau document dans votre traitement de texte, vous ne vous demandez pas toujours si une partie des savoirs que vous prévoyez y consigner pourraient plutôt être créés de manière ouverte pour bénéficier à d’autres.
  • – Lorsque vous avez beaucoup d’informations ou de connaissances à consigner et à diffuser, il vous vient plus naturellement l’idée de créer un document avec une table des matières qu’une base de connaissances ouverte sur le web.
  • – Vos collègues vous regarderaient avec de grands yeux si vous leur proposiez de repenser la manière d’organiser votre production de savoirs de manière à privilégier les bases de connaissances ouvertes. »

Des bases de connaissances ouvertes, donc.

Mais vise-t-on le paradigme du document ou de la documentation, comme le suggère Benjamin Allard dans son billet Write the Docs et réflexions sur les plateformes d’En commun? Ce que j’entends dans ce passage d’un paradigme à l’autre (du document [même comme base de connaissance] à la documentation), c’est le mouvement, la participation, la transformation de la connaissance.

De là mon malaise avec la conception de la collaboration autour d’un document (avec l’importance accordée aux versions, à la propriété) comme un travail visant à créer le document parfait, le plus adéquat, le plus fidèle ou efficace… c’est peut-être souhaitable pour un guide de l’usager d’un logiciel ou un recueil de textes pour un cours au cégep…

Alors que, dans le domaine social plutôt que du codage numérique, les documents sont fluides, ils se répandent et se transforment comme des tendances, des rumeurs, formant courants et évènements !


J’ai bien aimé la page sur l’Enquête conscientisante et ses références à l’éducation populaire. Le retour à l’enquête de Marx… oui mais John Dewey aussi aurait pu être inspirant. Mais le contexte syndical…

Entre la position syndicale de négociation sur un terrain délimité par le travail produit ou l’activité rémunérée et la position du « public » (celle de Dewey) qui peut évaluer le produit, définir ses attentes, ses besoins… Et l’action militante, communautaire ou civique, souvent liée, ancrée dans un territoire, à une communauté, cette dernière action se situe à mi-chemin entre le public et le syndicat.


En tant qu’usagers individuels, nous avons peu de prise sur les processus et décisions de Projet collectif. Est-ce que les membres corporatifs ou les collectifs-communautés en ont plus ? J’en doute même si, entre professionnels engagés dans les efforts de documentation et gestion des savoirs, les échanges ne se limitent pas aux espaces En commun. Chaque équipe, responsable de la doc dans les grandes et moyennes organisations a son bagage, ses principes… mais surtout des moyens limités pour des attentes démesurées de la part de ses clients-patrons. Pourtant plusieurs équipes, projets, organisations soutiennent une approche de partage du savoir comme un commun, appartenant à la collectivité de ses utilisateurs-producteurs. Des bases de connaissances ouvertes, peut-être ?

Quelle est la fluidité du savoir que nous désirons partager ? À qui appartient-il, ce savoir ? Qui est habilité à le mettre en oeuvre, le faire servir ? Il ne faut pas se cacher la part d’intérêt qui se joue dans l’accessibilité au savoir. L’intérêt de l’expert ou du professionnel qui a fait de cette « base de connaissances » son carré de sable ! Ou celui de l’organisation qui embauche ce professionnel et incorpore son savoir dans son « branding », son essence. Ou plus simplement dans son produit.

Des connaissances inutilisées cessent vite d’être des connaissances. De là le succès des communautés de pratique. Les utilisateurs de la connaissance s’en parlent… mais ils se parlent aussi, et se connaissent, se comprennent, s’entraident. La connaissance tacite ou la part d’ombre et de silence de la connaissance.

Il y a dans l’action, dans l’engagement social ou politique, une grande part de connaissances tacites et d’intuitions, de préférences et d’attachements. Finalement assez peu de connaissances explicitées, qu’on peut accumuler dans une BdC.

Par ailleurs la multitude de points d’ancrage et de vecteurs d’orientation que constitue la société actuelle nous demande des efforts de liaison et d’interface. Nous avons cru, au départ de l’initiative En commun-Praxis, que cet espace numérique « autogéré » allait contribuer à relier, « interfacer » cette multitude. Mais j’en doute, de plus en plus. La protection du code original et de l’espace commun contre les attaques et le « scraping » des moteurs de recherche semblent plus importants que la fluidité et la circulation de l’information. Si tel n’était pas le cas on se serait préoccupé depuis longtemps de rendre les flux d’infos compatibles avec le « fedivers » ou simplement avec les agrégateurs RSS.

Pourquoi les débats entourant ces questions sont-ils fermés ? Trop compliqué ? Pas le temps de rendre explicite toutes les raisons qui nous motivent ou nous freinent… de consigner l’expertise qui nous oriente ?

Pas le temps, pas les moyens… mais en ouvrant le débat un peu plus, ne pourrait-on mobiliser non seulement sémantiquement mais financièrement différents partenaires. Combien les organisations partenaires investiront-elles au cours de la prochaine année dans leur site, leurs interfaces, leurs « app » ? Et si on y mettait des moyens ensemble pour faire avancer cette fluidité et transparence ?

Ces considérations me semblent bien petites, pour ne pas dire mesquines, devant l’ampleur et l’urgence des menaces que font peser les propriétaires de nos espaces numériques et informationnels. Nous sommes les locataires d’espaces numériques appartenant à des impérialistes qui n’ont pas l’intention de reculer ou de perdre les avantages que nous, utilisateurs de leurs produits et réseaux, leur avons laissé prendre.

Il nous faudra se concerter à plus grande échelle que le Québec pour que notre initiative ait quelque chance de réussir dans la quête d’un espace numérique démocratique indépendant des GAFAM, et du MAGA !

La capacité d’échanger et de retenir la propriété de nos productions, liens et connaissances doit se jumeler à la capacité de mémoire, de référence et de construction : on a vu nos voisins faire disparaître des pans entiers de savoirs. Le prochain dirigeant de droite au Canada ou au Québec pourrait bien effacer lui aussi les infos et connaissances qui lui déplaisent ou contredisent sa vision du monde.

Derrière l’appel à la souveraineté numérique lancé par Cédric Durand et al. (Reclaiming Digital Sovereignty voir aussi mon billet Amazon, « panier bleu » et souveraineté numérique) il y a aussi cet impératif de consigner les datas et savoirs (les « piles publiques ») à l’abris des visées impérialistes et rétrogrades. Le TIESS 2.0, qu’en pensez-vous ? Mais c’est une autre discussion que nous pourrions avoir ici… ou pas.


En terminant, j’aimerais bien discuter un texte de Durand (The Problem of Knowledge in the Anthropocene. Hayekian Environmental Delusion and the Condition of Ecological Planning. 2025). Cet autre texte de Durand (2024), Planning beyond growth: The case for economic democracy within ecological limits j’en ai même fait une traduction en français [grossière au niveau des coupures de page à cause du traitement des PDF par DeepL].


Ce billet est d’abord paru sur mon carnet Praxis : transition, organisation communautaire, développement des communautés, le 23 février 2025

vendredi vrac (7)

Les MRC

Municipalités

Mascouche

100 logements sociaux et abordables supplémentaires pour aînés autonomes.

L’immeuble de 100 logements qui sera bâti à Mascouche représente un investissement gouvernemental de 21,5 M$, auxquels s’ajoutent la contribution de la Ville de Mascouche qui cédera le terrain et offrira certains congés de taxes et coûts de raccordements. L’Office municipal d’habitation de la Rive Nord (OMHRN) assurera la gestion de l’immeuble et la sélection des personnes qui y résideront.

AUSSI : La ville de Mascouche présente son Plan d’action 2025 à l’égard des personnes handicapées

Repentigny

À l’occasion du Jour de la Terre, la Ville de Repentigny présente une version actualisée de sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité. Cette mise à jour vise à verdir davantage le territoire et à mieux protéger les arbres, les espaces verts et la nature, afin d’améliorer concrètement la qualité de vie de tous les citoyens[1] et de renforcer la résilience collective face aux changements climatiques.

La Ville de Repentigny met à jour sa Politique de foresterie urbaine et de biodiversité pour renforcer sa transition écologique

Saint-Félix-de-Valois

La municipalité bonifie l’accès aux logements abordables

Le conseil municipal de Saint-Félix-de-Valois a bonifié l’enveloppe pour le programme de supplément au loyer (PSLQ) à 19 000 $ lors de l’adoption du budget 2025 le 11 décembre dernier.

Les locataires qui bénéficient de ce programme paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. La balance du loyer est couverte par le gouvernement via les Offices d’habitation (90 %) et les Municipalités (10 %).

« Cette enveloppe de 19 000 $ permet donc de financer jusqu’à 190 000 $ annuellement en loyer dans la communauté, ajoute Audrey Boisjoly. Ça a un effet levier vraiment intéressant et permet de soulager rapidement un grand besoin en logements abordables. »

Montréal

Budget participatif de Montréal : bilan de la troisième édition (2024-2025)

La Ville investit 45 M$ pour réaliser des projets proposés et choisis par la population. Plus de 880 idées ont été proposées et plus de 28 000 personnes ont participé au vote pour déterminer les projets à réaliser. Découvrez les 7 lauréats.

Sainte-Agathe-des-Monts

Une nouvelle entente intermunicipale en matière de loisirs pour favoriser l’accès aux sports et aux activités récréatives


DÉCLARATION DE RÉCIPROCITÉ (Qc)

concernant le nouveau partenariat entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de proximité


Guides – outils – interventions

Mission 1000 tonnes lancent un guide pratique de nettoyage des cours d’eau

Par Recyc-Québec

Chaises des générations

Rosemont-La Petite-Patrie, un arrondissement qui s’engage pour les générations futures!

Le regroupement des Mères au front, en collaboration avec l’école Sainte-Bernadette-Soubirous, offre à l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie une Chaise des générations décorée par les enfants afin qu’une place symbolique à la mairie d’arrondissement soit réservée à la prochaine génération.

C’est à l’occasion du Jour de la Terre, le 22 avril 2025, que les enfants de 6e année ont fait le don d’une Chaise des générations.

Aussi

LA MRC D’ARGENTEUIL DÉVOILE LA CHAISE DES GÉNÉRATIONS OFFERTE PAR LES ÉLÈVES DU PROGRAMME ALTERNATIF DE L’ENVOL-DU-COLIBRI

Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables

À l’occasion du Jour de la Terre, la MRC de Vaudreuil-Soulanges est fière de dévoiler son tout nouveau Guide pour l’organisation d’événements écoresponsables, un outil concret, développé en collaboration avec les responsables de la gestion des matières résiduelles des 23 municipalités de la MRC et destiné à accompagner les organisateurs d’événements de petite, moyenne ou grande envergure.

Construction durable

Un outil innovant pour verdir les appels d’offres en construction
Cet outil de référence présente des clauses prérédigées et personnalisables à intégrer dans les documents d’appels d’offres facilitant ainsi le déploiement des mesures de détournement de l’élimination des matières résiduelles, par la réduction à la source, le réemploi, le recyclage et la valorisation.

Efficacité énergétique

Hydro-Québec déploie la trajectoire d’efficacité énergétique la plus ambitieuse de son histoire

Les bibliothèques aux ÉU

Un billet de La bibliomancienne
Fondée en 1848, la Boston Public Library (BPL) est la première grande bibliothèque municipale gratuite aux États-Unis. Dès son origine, elle a porté une vision profondément démocratique : celle de l’accès au savoir pour toutes et tous, indépendamment du statut social ou économique. Son inscription gravée sur le fronton — « Free to all » — est devenue un emblème puissant de la mission publique des bibliothèques américaines.


Urbanisme

Plus de 700 logements locatifs à venir à Montréal

Le projet est conçu avec une vision axée sur le développement durable, mettant en avant des normes exemplaires d’accessibilité aux logements. Le bâtiment intègre des espaces communs attrayants, comme une cour intérieure verdoyante, un hall d’entrée double hauteur vitré avec un espace détente, une salle de conditionnement physique, un chalet urbain et une terrasse au toit. Situé tout près de la station de métro et de la gare Vendôme, Station C offrira un accès rapide et pratique au réseau de transport en commun.

Densification urbaine et écosystème

Répondre à la crise du logement tout en préservant l’écosystème et en s’intégrant dans le patrimoine déjà bâti, c’est ce que propose un nouveau projet d’architecture à Sutton.

Beyond Congestion Pricing: Strategies for Revolutionizing Urban Mobility

How cities are leveraging data and technology to improve their transportation networks and reduce traffic.

Santé

Réseau de recherche CARES

Un réseau interdisciplinaire, piloté par l’INRS, pour un Québec et des régions en santé

« Un réseau québécois de recherche en santé consacré aux contextes spécifiques et besoins criants des régions rurales et éloignées, trop souvent ignorées ou oubliées. Le CARES prend donc toute son importance dans le contexte actuel d’iniquité touchant la prestation des soins de santé et de services sociaux dans ces régions. »

L’avenir de la santé publique est en jeu

Un article de David Wallace-Wells, du New York Times.
Que j’ai traduit (avec DeepL).

« Ce qui est le plus effrayant avec la rougeole, ce ne sont probablement pas les décès qui y sont liés, dont deux ont déjà été enregistrés cet hiver, les premiers aux États-Unis depuis dix ans. Ce n’est peut-être même pas le risque de paralysie irréversible à vie, connu sous le nom de panencéphalite sclérosante subaiguë, qui n’existe qu’une fois sur 10 000. Il s’agit plutôt de l’effet beaucoup plus courant que le virus peut avoir sur ce que l’on appelle la mémoire immunologique, créant une amnésie immunitaire qui peut anéantir votre capacité à lutter contre de futures infections. » Suite…

Écologie

Vers un contrat éco-social : l’Accord de gestion vivante, ma traduction de l’article de Dark Matter Labs (DML) : Towards an eco-social contract: the Living Stewardship Agreement, 7 avril 2025

Une proposition audacieuse visant à appuyer les mouvements qui souhaitent prendre soin de rivières et de places naturelles. On s’appuie sur la technologie pour renforcer et rendre publics les engagements pris par les membres de la communauté… Intéressant (très) malgré le malaise que j’ai avec un certain aspect.

C’est un article qui flirte avec la technologie de la chaine de blocs (blockchain) sans jamais la nommer… et soulève des questions concernant le respect de la vie privée dans ces réseaux « denses » qui mettent en relation et qualifient actants et agents en inscrivant dans des registres permanents leurs interactions et engagements.

Il me semble avoir noté ailleurs chez DML (mais je n’ai pu retrouver l’article en question) une ouverture, un intérêt pour la technologie blockchain. Je voulais comprendre mieux cette question, liée étroitement à cette des cryptomonnaies. La très longue (37) page de Wikipedia m’a introduit assez bien. Notamment sur les conséquences écologiques de la logique de computation de masse, supposément pour garantir la sécurité, la résistance aux « attaques de 51% ». (Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?)

Ma conclusion : le caractère inattaquable ou permanent des chaines de blocs est relatif; et son coût est prohibitif en énergie; des registres garantis par des structures humaines, comme l’État, pourraient être imaginés, construits, avec des coûts environnementaux plus légers. Plutôt que des chaines de blocs, ce sont des bases de connaissance évolutives mais qui doivent assurer leur pérennité. L’article mérite tout de même d’être lu !

résister ou périr

Je pastiche avec ce titre le livre de Timothée Parrique Ralentir ou périr. Comme s’il fallait y ajouter un peu de conflictualité, d’urgence. Une urgence que Naomi Klein et Astra Taylor dénoncent avec véhémence dans The rise of end times fascism paru dimanche dernier dans The Guardian. ( La montée du fascisme de la fin des temps, ma traduction )

Deux pistes suggérées par les auteures:

[N]ous entraider pour faire face à la profondeur de la dépravation qui s’est emparée de la droite dure dans tous nos pays. Pour aller de l’avant avec détermination, nous devons d’abord comprendre ce simple fait : nous sommes confrontés à une idéologie qui a renoncé non seulement à la prémisse et à la promesse de la démocratie libérale, mais aussi à la viabilité de notre monde commun, à sa beauté, à ses habitants, à nos enfants et aux autres espèces. Les forces auxquelles nous sommes confrontés ont fait la paix avec la mort de masse. Ils sont traîtres à ce monde et à ses habitants humains et non humains.

[N]ous opposons à leurs récits apocalyptiques une bien meilleure histoire sur la façon de survivre aux temps difficiles à venir sans laisser personne derrière nous. Une histoire capable de vider le fascisme de la fin des temps de son pouvoir gothique et de galvaniser un mouvement prêt à tout risquer pour notre survie collective. Une histoire non pas de la fin des temps, mais de temps meilleurs ; non pas de séparation et de suprématie, mais d’interdépendance et d’appartenance ; non pas d’évasion, mais de rester sur place et de rester fidèle à la réalité terrestre troublée dans laquelle nous sommes empêtrés et liés.

Lire l’article de Klein à la suite de celui, presqu’aussi virulent et tout aussi effrayant, de Peter St. Clair paru sur The Brooklyn Rail : The Overshoot Scam (ma traduction L’arnaque du dépassement) ça donne de la consistance à l’hypothèse d’une malfaisance, d’une « mafia » qui serait au pouvoir… mais ce n’est pas vraiment une mafia, car elle ne se cache pas (ou de moins en moins) pour agir, et elle le fait légalement ! Mais, ce que Malm et Carton démontrent, dans leur livre Overshoot1que l’article de St. Clair résume assez bien, c’est que ce sont les règles, le système économique qui sont la source de cette malfaisance. Les hommes ne font qu’obéir aux règles… qui conduisent au dépassement.

Il faut changer les règles, en commençant par l’information sur la provenance des matériaux et produits échangés. Henri-Paul Rousseau, ancien PDG de la Caisse de dépôts, propose une Alliance pour le commerce intelligent (original, publié dans le Globe and Mail du 11 avril : Technology will play a vital role in this brave new world of international trade).

Il faudra aussi se résoudre à étatiser les sources d’énergies, afin de freiner puis renverser (démanteler) les investissements dans l’exploitation fossile pour soutenir le développement des nouvelles énergies aujourd’hui bloqué, freiné par la domination des énergies fossiles qui procurent des retours plus juteux.

Il faudrait que les investisseurs subissent le coup qu’ils redoutent le plus : les installations qui viennent d’être financées, ou qui viennent d’être finalisées, ou qui viennent d’être inaugurées, ou qui sont sur le point d’atteindre le seuil de rentabilité ou de commencer à générer des profits, devraient être scellées et fermées à clé pour de bon. » En d’autres termes, des actifs échoués.

Cet abandon des énergies fossiles sera un geste politique et non la résultante de quelque manoeuvre économique.

la transition vers un système énergétique sans énergie fossile ne sera pas suffisamment rentable pour attirer des investissements suffisants, tandis que les investissements dans les énergies fossiles continueront à générer d’énormes profits et à attirer des investissements croissants, tout en garantissant l’aggravation de la crise climatique. (…)

par conséquent, pour que la transition ait lieu, elle doit être impulsée par l’État dans le cadre d’une initiative politique visant à faire de la production d’énergie un bien public. En d’autres termes, dans un système régulé par le marché, la transition vers un système énergétique non destructeur ne sera pas possible sans une forme d’expropriation de l’industrie des combustibles fossiles et son remplacement par la propriété commune.

John Maynard Keynes disait Tout ce que nous pouvons réellement faire, nous pouvons nous le permettre. N’est-ce pas aussi ce que dit la nouvelle théorie monétariste : S’il existe des capacités inutilisées dans l’économie, le gouvernement peut créer de la dette pour que ces capacités soient à nouveau utilisées. Mais s’il n’y a pas de ces capacités inutilisées ? C’est pour ça qu’il faut freiner certains investissements, certains types de développement, pour libérer les capacités d’agir.


Sur un autre plan, celui de la critique de la politique erratique de T., j’ai apprécié cet article de Noah Smith, économiste, qui décrit clairement À quoi ressemblerait une véritable stratégie commerciale anti-Chine ?

Notes

  • 1
    que l’article de St. Clair résume assez bien

organisateur communautaire

Le 19 mars dernier j’ai animé un webinaire avec des organisatrices et organisateurs communautaires du réseau de la santé québécois. On m’avait demandé de faire un retour sur ma pratique d’organisateur de 1976 à 2012… j’ai ajouté en prime les années qui ont suivi !

La rencontre (sur Zoom) n’ayant pas été enregistrée j’ai voulu reprendre mon PowerPoint (en fait c’était un Keynote, sur Mac) pour le proposer à ceux-celles qui n’étaient pas là. Je me suis aperçu que c’était pas aussi simple : l’absence de public rendait l’exercice de reprise plus… laborieux. Comme si le « pep » n’y était pas ! Il y a sans doute plus de silences, d’hésitations que lors de la présentation « live ».

Mais cela m’a permis de compléter ma présentation (qui devait, à l’origine, être limitée à 40-45 minutes, le webinaire se déroulant sur l’heure du dîner) par une mise en contexte (avant mon arrivée au CLSC Hochelaga-Maisonneuve) et quelques éléments de conclusion. Je crois aussi avoir été un peu plus clair dans cette version… qui dure 67 minutes. Pour couvrir 50 années, c’est encore synthétique ! Voir les documents auxquels je réfère.

Comment conclure…

  • Ai-je tiré des conclusions de cette longue expérience ?
  • L’économie sociale que j’ai défendue et promue pendant des décennies… suis-je satisfait de ce qu’elle est devenue ?
  • Mon expérience à la Maison des aînées m’a-t-elle enseigné quelque chose sur le logement communautaire qui pourrait être utile aujourd’hui?
  • Ma « navigation » dans les corridors du pouvoir, local mais aussi à l’agence et à la santé publique régionales durant mes années à l’observatoire, comment la ferais-je aujourd’hui ??
    • Je ne pourrais pas agir à la fois comme organisateur et comme agent de planification (APPR)… et maintenir une approche critique demandant l’ouverture du réseau sur les partenaires de la région…
    • Le projet régional co-dirigé par l’Agence et la santé publique d’un Carrefour montréalais d’information sociosanitaire (CMIS) est disparu dans la poussière de la dernière réforme-centralisation. De fait c’est la région de Montréal qui est disparue de l’organigramme, remplacée par 5 CIUSSS.

Je devrais revenir sur ces questions, avec les partenaires de l’époque, si c’est possible! Mais aussi relire certains textes et voir s’ils tiennent encore la route. Comme ces « élucubrations » autour de l’évaluation de programme en OC… ou encore sur le « thermomètre sociocommunautaire ».


Le répertoire des ressources du quartier était un « labour of love » qui était aussi l’occasion de soigner (et mettre à jour) nos relations avec ces nombreuses et diverses ressources.


L’appétit que j’avais à installer de nouveaux logiciels, acquérir de nouvelles compétences était peut-être ancré dans cette insécurité de n’avoir pas été formé en travail social ? Ou c’était une tendance déjà présente avant : j’étais responsable des ateliers- vidéo au module recherche-animation culturelle. J’avais déjà une certaine orientation techno…