(…) Tout aussi inquiétant, une étude internationale publiée cet été dans Nature prouve qu’un été chaud et sec, comme celui de 2003 en Europe, a réduit la capacité des végétaux à absorber le dioxyde de carbone (CO2) de 30 % par rapport à 2002. En outre, des tourbières de l’ouest de la Sibérie ont commencé à relâcher du méthane à la suite d’un réchauffement de 3 ° à 4 °C dans cette région. La molécule de méthane a une capacité de réchauffement 21 fois plus importante que celle du gaz carbonique. (…)
Alain Brunel in [Le Devoir]
Un discours catastrophiste ?? On crie au loup ? Et si le loup était vraiment arrivé ? Si les catastrophes à répétition des derniers mois n’étaient que le début… de la fin ? En lisant cette courte « opinion » d’un lecteur, une idée qui m’avait déjà effleuré l’esprit m’est revenue : est-ce que le méthane s’échappant du permafrost, les milliards de tonnes de méthane, peut s’enflammer ?? Et s’il s’enflammait, cela accélérerait de manière extrême (catastrophique ?) le réchauffement de ces régions et la libération de méthane… et le cercle vicieux du réchauffement ?!?
Au delà d’un certain niveau de danger, les clignotants ne peuvent être plus rouge que rouge ! Et plus le danger apparaît incontrôlable, imminament catastrophique… l’information le concernant peut avoir un effet pervers, contraire à l’objectif de changement recherché : Après moi le déluge. Puisque la « fin du monde » est arrivée… autant profiter pleinement des derniers moments de l’humanité !! Ou plutôt, il ne sert à rien de se soumettre à des contraintes toujours inconfortables de changement d’habitudes.
En fait on peut douter que la nature humaine devienne plus encline à la générosité et l’altruisme dans un contexte de crise exacerbée. Est-ce vrai ? Les élans de générosité manifestés lors des ouragans américains et du tsunami océanien semblent contredire ce point de vue. La question n’est sans doute pas plus « tranchable » que celle de la nature humaine en général. On pourrait même dire que les circonstances extrêmes peuvent donner cours à des comportements extrêmes, tant du côté de la générosité et l’oubli de soi (au nom des intérêts collectifs) que de l’indécent égoïsme.
Les discours catastrophiques donnent même lieu à des concours… des jeux d’idées auxquels participent les plus beaux esprits de notre temps! Ainsi la question posée cette année par le centre Edge (comme à chaque année) est « Quelle est, d’après vous, l’idée la plus dangeureuse » (What is your dangerous idea ?). Une idée qui peut être dangereuse non parce que fausse mais bien parce que vraie ! 119 éminents chercheurs et professeurs ont répondu à la question. Je me promet bien de lire quelques-uns de ces textes… même si Pollard semble n’y avoir trouvé que 4 idées vraiment dangeureuses. Faut dire qu’en tant qu’auteur du blogue How to save the world, c’est un sujet qu’il connaît bien ! En fait on pourrait dire que de mieux reconnaître les dangers qui nous assaillent constitue sans doute une bonne stratégie de défense… s’il nous reste encore du temps !
Tout ceci me fait penser à Thomas Khun : sommes-nous près d’un changement padigmatique ? Les critères de scientificité utilisés jusqu’ici pour séparer le vrai du faux ne devraient-ils pas être révisés… avant qu’il soit trop tard ??
Bonne année 2006 !