Le scandale du Vioxx (de Merck) nous a fait voir (encore une fois) à quel point la cupidité des compagnies pharmaceutiques (et le manque de courage – ou de moyens – des corps régulateurs) faisait mauvais ménage avec une évaluation scientifique des effets des médicaments… Dans un article du PLoS medecine de décembre 2005, Lacasse et Leo mettent en lumière l’opposition radicale entre les conclusions des recherches scientifiques et les affirmations publicitaires des pharmas en regard de l’efficacité des antidépresseurs de la famille des SSRI (selective serotonin reuptake inhibitor) : Serotonin and Depression: A Disconnect between the Advertisements and the Scientific Literature.
Non seulement les effets positifs de ces drogues ne sont pas prouvés autant que la publicité le laisse entendre mais certains effets secondaires (notamment les effets de dépendance de certains anti-dépresseurs) sont très mal documentés : ceux qui font les recherches ne voient sans doute pas d’un mauvais oeil de s’attacher des consommateurs ! Sans parler du peu de place donné dans la recherche clinique aux thérapies non-médicamenteuses qui sont généralement recommandées pour les cas moins graves.
Les intérêts économiques en jeu et la puissance des "big pharmas" rendent caduques les efforts de développement et de mesure d’alternatives à la médication… tant que ne seront pas rendu publiques par le biais d’un organisme indépendant tous les résultats des recherches et essais cliniques, même négatifs. Mais même dans ce cas, s’il n’y a pas d’argent à faire avec ces thérapies alternatives… qui en parlera et les publicisera ? Les instituts de santé publique devraient avoir ce pouvoir : promouvoir des pratiques sanitaires et des thérapies qui ne profitent pas des capitaux des pharmas… et soutenir l’évaluation et la réglementation de ces pratiques, afin que leur inocuité d’abord, et leur efficacité soient mesurées.