Finalement, s’il n’y avait pas de nouveau pont vers Laval , peut-être serait-il possible d’éviter d’ajouter des voies sur Notre-Dame et pourrait-on concentrer les investissements dans l’amélioration de l’offre de transport en commun pour réduire la congestion !?
On pourrait créer un pont pour rails seulement… et venir brancher ce parcours sur celui qui doit être développer vers l’est (voir le plan régional de transport). Ce plan qui a fait l’objet d’une large consultation en août et septembre dernier qui permettait à la ville de « Prendre le virage vert« . Mais « la modernisation du boulevard Notre-Dame apparaît toutefois comme un nuage noir au-dessus de ce plan vertueux, a-t-il signalé. »
Comme disait le maire « Toutes ces recommandations sont interdépendantes ». C’est probablement pour ça que la rue Notre-Dame continue de prévoir doubler son appel d’automobiles et que la voie de service rapide d’autobus prévue sur l’aninne emprise de chemin de fer dans le sud-est n’est prévue que pour un avenir « à déterminer ».
On ne peut dire que le plan régional manque de courage… mais il a sans doute fallu faire des compromis avec le ministère du Transport, qui a dit à plusieurs reprises dans sa négociation obligée avec la Ville que s’il n’y avait pas d’ajout de voies automobiles dans le plan de réfection de la rue Notre-Dame, il n’y avait pas de raison pour lui d’investir. Autrement dit ce qui manque au plan régional de transport c’est un plan national ! Et ce n’est pas avec « l’obligation » faite au ministère comme 5e condition à l’acceptation de son plan de réfection de la rue Notre-Dame que nous aurons bientôt un tel plan:
Le ministre des Transports doit déposer auprès du ministre de l’Environnement une étude dans
laquelle il proposera les moyens visant à améliorer l’offre de transport alternative à l’automobile
sur l’Île de Montréal. Cette étude doit être déposée au plus tard cinq ans suivant la mise en
service de la rue Notre-Dame modernisée
Comment se fait-il que cette « étude » ne soit pas encore faite ?? 5 ans après la mise en service… ça veut dire quoi, dans dix ans ? Les résultats d’une étude ! Et pour la mise en oeuvre, il faudra encore… 20 ans ? On dirait vraiment que le ministère du Transport ne vit pas sur la même planète que nous… Il y aurait là de quoi distinguer un prochain gouvernement du Québec qui ferait arriver ce ministère au XXIe siècle.
Il ne s’agit pas que de transport mais bien d’un nouvel urbanisme, d’une nouvelle façon de vivre ensemble… de changer des comportements qui ont été au coeur de l’American way of life depuis 60 ans. Ne pourrait-on faire valoir sur ce plan une manière québécoise ? Quelque chose qui mettrait en valeur, tablerait sur l’expertise déjà grande en matière de transport sur rails, en y ajoutant la capacité de mobilisation des communautés locales, de re-construction de places publiques, de centres péri-urbains, de projets de transport intermodaux qui restent encore à inventer. La « Baie-James » du XXIe siècle se trouve là !
Un tel enjeu peut-il être l’objet d’une joute électorale, avec ce que cela implique de clientélisme local et régional ? Comment ne pas se mettre à dos toute la couronne des banlieues dans ce dossier ? En en faisant un véritable projet stratégique de développement de l’industrie, du savoir faire et des infrastructures d’un nouvel urbanisme qui ne se déploiera pas uniquement dans la ville centre mais mobilisera tous les secteurs dans la création d’un chapelet de petits centres urbains reliés entre eux par des modalités écologiques de transport, mettant en valeur la personnalité, la culture de ces centres et façonnant ainsi le vivre ensemble des siècles à venir. C’est la seule manière de ne pas vivre de manière réactive et défensive les changements à notre mode de vie rendus nécessaires par les bouleversements climatiques en cours.
Je ne crois pas qu’on pourra rencontrer les défis de civilisation qui nous confrontent en bricolant simplement des programmes de recyclage et de réduction des méfaits. Il faudra voir loin, voir grand… et démontrer une profonde capacité de mobilisation de la confiance et de l’inventivité de la population.