La dernière livraison du bulletin Infolettre publié par la chaire GETOS pousse une réflexion intéressante sur la question du territoire et de la responsabilité populationnelle des CSSS. Un autre article du même bulletin présente l’Initiative sur le partage des connaissances et le développement des compétences (IPCDC) et son offre de services en matière de développement des compétences : microprogramme en santé publique; formation sur le soutien au développement des communautés, etc. Ce dernier programme est une formation destinée aux cadres et professionnels qui travaillent sur les plans local et régional et qui sont appelés à promouvoir et à soutenir des initiatives visant la création de milieux de vie favorables à la santé et au bien-être. C’est pas une mauvaise idée, en effet, puisqu’on donne de plus en plus aux cadres des mandats d’intervention dans les milieux (participation à des concertations sectorielles ou intersectorielles, négociations d’ententes de services avec des partenaires…), de s’assurer qu’ils ont la formation nécessaire.
Dans ce même bulletin le Dr Jean Rochon signe un court texte sur trois notions du territoire qui se sont superposées avec le temps : comme zone géographique de distribution, comme frontière d’imputabilité et comme population. Dans ce dernier cas, les limites peuvent changer selon les problématiques. « [L]es types de problèmes ou de risques et la nature des déterminants de santé dictent pour les programmes de santé et de services sociaux des regroupements divers au sein de la population qui peuvent transcender les périmètres territoriaux. »
L’article principal du bulletin, par Louise-Hélène Trottier, présente la responsabilité populationnelle des CSSS en termes d’enjeux territoriaux et de gouvernance locale.
Dans leur forme actuelle, ces mécanismes d’imputabilité [les ententes de gestion], quoique bénéfiques en regard de la connaissance de la performance générale du système, alimentent les tensions entre l’autonomie territoriale et l’autorité étatique, ce qui entrave en partie le développement de la responsabilité populationnelle. Pour réduire cette tension et servir de levier aux projets territoriaux, les indicateurs utilisés dans l’entente de gestion devraient être plus spécifiquement reliés aux dynamiques locales et régionales.
Deux tensions à l’œuvre dans la création des CSSS : a) entre l’autorité de l’État et l’autonomie territoriale (il est difficile pour les représentants
de l’État de laisser de la marge de manoeuvre aux instances locales afin de stimuler le développement de projets locaux innovateurs.) b) entre l’action sur les déterminants de la santé et l’offre de soins et services aux utilisateurs (deux aspects des interventions liées à la santé et au bien-être, qui jusqu’en 2004
évoluaient indépendamment l’un de l’autre au sein de notre système de santé et de services sociaux).
En conclusion, ce petit bulletin mérite le détour…
Et pour aller un peu plus loin, Mme Trottier indique dans sa bibliographie l’adresse en ligne de certaines de ses sources, mais pas toutes ! Aussi, la thèse de Mme Breton : L’incorporation de la responsabilité populationnelle dans la gestion des CSSS; l’article de Touati et al. Introduire le changement dans les systèmes de soins au Québec : comment tirer profit de l’expérimentation sociale?; le document de A.D. Roy, Un système de gouvernance régionale axé sur l’amélioration continue de la performance : le projet de santé et de bien-être de la Montérégie; entre autres…
<Ajout 2022> En guise de remplacement du bulletin de la chaire GETOS, qui ne semble plus accessible, ni à l’Université de Montréal, ni aux Archives nationales, je trouve sur le site de l’INSPQ, un Guide de pratique professionnelle, par madame Trottier, intitulé La responsabilité populationnelle : des changements organisationnels à gérer en réseau : un guide de gestion du changement en faveur de la responsabilité populationnelle