C’est un peu – beaucoup – la logique à l’œuvre derrière la décision harperiste (ou serait-ce harperiote) de réduire le prochain recensement à sa portion congrue : les faits sont souvent inutiles et même parfois gênants pour un gouvernement conservateur : il faut expliquer les raisons de ses actions, alors qu’on a seulement des convictions profondes (que plus de prisons réduira le nombre de criminels… qu’une réduction de la TPS sera juste…). Comme le dit bien Jeffrey Simpson dans le Globe and Mail d’aujourd’hui : From consumption tax to foreign policy, from “tough on crime” to social policy, the Conservatives almost delight in ignoring what people experienced in the field have to say. Ce n’est pas tous les jours que j’abonde dans le sens de Simpson… mais il nous donne ici un beau petit papier… qui fait jaser, à en juger par les nombreux et intéressants commentaires.
En fait, je crois que Simpson s’est inspiré, sans le reconnaître – mais c’est là le privilège du journaliste d’opinion, d’un billet récent du blogue The Frontal Cortex : Political Dissonance. Jonah Lehrer y cite plusieurs recherches récentes qui montrent à quel point l’esprit humain a peu de respect pour la logique ou encore qu’il préférera de beaucoup trier les faits qui viennent confirmer une idée préconçue plutôt que de faire la part des choses…
Alors pourquoi faire un recensement quand on n’a que faire des données qu’il nous fournira ! Malheureusement l’étroitesse d’esprit partisane n’est pas une exclusivité des conservateurs… mais ceux-ci ont moins de scrupules à en utiliser sans vergogne les ressorts. Si je me souviens bien, c’est un peu ce que disait George Lakoff, dans son The political mind : a cognitive scientist’s guide to your brain and its politics. Je viens de retrouver ce petit bouquin délaissé pour d’autres lectures… il serait temps que je le finisse, peut-être !