Ce serait une erreur de juger « sans intérêt » des politiques, des programmes ou des mesures pour l’unique raison qu’aucune donnée publiée n’en a démontré la valeur, car plusieurs stratégies prometteuses n’ont pas encore été soumises à l’évaluation. Se restreindre à agir uniquement en se fondant sur des données probantes pourrait nous priver de moyens qui, éventuellement, se révéleraient efficaces. (L’activité physique, le sport et les jeunes – Savoir et agir, p. 60)
Que de sages paroles ! Ce que nous rappelle ce passage de l’avis du comité scientifique de Kino-Québec, c’est que l’intelligence et l’intuition misent en œuvre par les humains comporte parfois plus de « science » que les seules méthodes éprouvées et mesurées peuvent en fournir.
Ce qui me rappelle les questions que je soulevais récemment, relativement à l’accessibilité des parcs dans nos villes, en comparant des documents appuyés sur des mesures scientifiques et d’autres relevant de mesures politiques. À l’évidence les objectifs visés par l’un et l’autre documents sont différents : d’un côté on cherche à mesurer si la proximité d’un parc a un effet mesurable sur la santé (en terme de poids [ICM], de pratique régulière d’activités physique modérée ou vigoureuse…) d’un autre côté on est préoccupé des taux d’utilisation de ces mêmes parcs (au delà de « X mètres » de distance, les taux de fréquentation chutent…). Et si l’utilisation de ces équipements et aménagements favorisent les activités physiques et de saines habitudes de vie, ils font aussi l’objet de pratiques de voisinage moins liées (immédiatement et de manière mesurable) à des activités revigorant le tonus musculaire qu’à des activités de détente, de loisir, visant le bien-être. Activités pratiquées par les clientèles moins mobiles que sont les personnes âgées ou les familles avec très jeunes enfants.
Suivant les recherches citées par l’avis de K-Q, la proximité, mais aussi la qualité (sécurité, équipements…) des parcs perçue par les parents de jeunes enfants induit ces derniers à un nombre moins élevé d’heures passées à des loisirs sédentaires (TV, ordinateur). La perception (de la distance, du caractère sécuritaire, de la « verdeur » d’un parcours…) semble parfois contredire, ou s’écarter de mesures objectives.
Et suivant clientèles visées ou étudiées, les comportements seront différemment influencés par les caractéristiques environnementales ou culturelles : les jeunes adolescents (en particulier s’ils se déplacent à bicyclette) percevront la proximité d’un parc avec une échelle différente des personnes âgées… La densité des milieux habités devrait aussi être prise en compte lorsqu’on fait de telles études ou politiques : ce qui est possible et souhaitable, en milieu urbain central, peut apparaître totalement irréaliste ou farfelu dans les banlieues. Il est difficile d’imaginer une seule norme, peu importe le niveau d’urbanisation, en matière d’accessibilité des parcs. Et je n’ai pas vu cette dimension inclue dans les recherches utilisées jusqu’ici… peut-être ont-elles toutes été réalisées dans des « villes moyennes américaines » ? Mais je ne me pose pas en spécialiste de la chose… juste en « petit curieux fatigant ».