développement urbain local durable

À voir : le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), sur lequel elle tiendra des consultations publiques du 28 septembre au 20 octobre prochain (document complet de consultation, document résumé). Mais si vous voulez dire votre mot, il faut s’annoncer avant le 2 septembre. Un plan axé sur la densification, le transport collectif…

Le projet de PMAD propose d’orienter 40 % de l’urbanisation projetée dans un rayon de 1 kilomètre autour des stations de métro, de trains de banlieue, de service léger sur rail (SLR) et de services rapides par autobus afin de développer des quartiers de type TOD (Transit-Oriented Development).

La Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal se prononcera sur le PMAD proposé, appuyant l’intention de développer en densifiant autour des pôles et axes de transport collectif, favorisant autant le transport actif que la rentabilité des services de proximité [1]. J’avais bien, à l’arrière plan de mon radar personnel, une préoccupation de soutenir, favoriser la formulation d’objectifs et d’engagements de la part des partenaires locaux à l’occasion des discussions entourant le renouvellement du Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal. L’échéance ultime (2015) étant plus lointaine, j’imaginais que nous aurions le temps de se faire à l’idée… de pousser localement (au niveau des arrondissements, notamment) pour articuler concrètement les principes et moyens du développement durable, favorable à la santé des individus et des collectivités tout comme à leur développement social et économique.

Mais là, avant le 2 septembre, décider qu’on ira dire quelque chose d’intelligent ou de partagé avec quelques partenaires locaux… un mois plus tard ? Ne pourrait-on prendre cela comme un exercice, une répétition, ou encore un premier pas vers la formulation d’un plan de développement local durable ? Un premier pas vers une conversation, des échanges sur ces questions afin de faire de ces étapes de planification des moments utiles, en maximiser les synergies. Le CSSS n’est pas obligé de se prononcer. Particulièrement sur le plan métropolitain, il peut compter sur une bonne réflexion de la part de l’équipe régionale.

Tout de même, plusieurs partenaires locaux (en plus des arrondissements) ont amorcé une réflexion sur l’aménagement des quartiers (la démarche du CDLC, celles dans Rosemont avec la SODER). Il y a bien eu une réaction concertée des partenaires autour de la mesure et l’amenuisement de l’impact de l’autoroute Ville-Marie. Peu de choses à l’échèle du CSSS, cela se passe plutôt au niveau des quartiers ou des arrondissements.

À ma connaissance (limitée) il y a peu de quartiers qui ont poussé la réflexion sur l’aménagement urbain aussi loin que les quartiers de Centre-Sud et Ville-Marie, avec Habiter Ville-Marie. Le CSSS Jeanne-Mance [2] déposait un mémoire en mai (pdf) dernier sur le Plan particulier d’urbanisme (PPU) pour le quartier Ste-Marie. Continuer la lecture de « développement urbain local durable »

une richesse, le vieillissement

Beau petit topo de Jean Carette, dénonçant les discours catastrophistes faisant du vieillissement la cause de tous les maux d’aujourd’hui et de demain.

Le vieillissement accéléré est un phénomène inévitable et que d’autres pays ont déjà traité avec audace et courage; qu’on songe à certains états d’Europe, comme les Pays-bas et autres pays plus au Nord, où la proportion des plus de 60, 65, 75 ou 85 ans dépasse depuis belle lurette nos prévisions québécoises pour les 30 prochaines années. Ces pays sont-ils en faillite ? Sclérosés ? En panne de développement ? Ont-ils décidé une euthanasie collective des plus âgés ? Ou une institutionnalisation massive, ce qui pourrait y ressembler ? Au contraire, cherchent-ils à faire de leurs aînés non seulement une nouvelle clientèle de leur marché intérieur, mais un atout sur le plan des services communautaires et de la vie citoyenne ? S’attachent-ils à éviter toute forme d’âgisme et à développer le sens de la participation et la valorisation de l’expérience et de la maturité des aînés ? [Extrait de Les Manies-tu la peur]

optimiste ou pessimiste ?

Ridley (The Rational Optimist) mène sa bataille contre les pessimistes, avec raison dans la mesure où toutes les prédictions de fin du monde se sont avérées fausses, mais il a tendance à oublier à quel point les histoires de peur ont pu amener, accélérer les changements nécessaires : la peur et le catastrophisme sont peut-être nécessaires pour faire bouger les « masses » ou les systèmes politiques démocratiques ?

Je n’ai pas aimé ses pointes régulières contre les « gouvernements bureaucratiques », qui font trop échos aux diatribes antigouvernementales républicaines américaines… même s’il s’est timidement racheté à la fin, convenant que les gouvernements font aussi de bonnes choses !

J’ai par ailleurs apprécié non seulement le coup d’oeil sur l’évolution millénaire de l’échange comme moteur du développement… mais aussi son point de vue sur la nécessaire poursuite du développement – à l’encontre des prophètes du minimalisme et de la croissance négative. Sa critique des « solutions écologiques », genre faire du fuel avec le maïs ou le sucre, avec les effets sur les prix de la nourriture et en terme de terres affermées, je l’ai trouvée rafraichissante. L’utilisation de l’énergie fossile restera encore la solution la plus économique et écologiquement et socialement responsable pour beaucoup de sociétés en développement.

Powering the world with such renewables [parcs éoliens, bio-fuels…] now is the surest way to spoil the environment. (Of course, coal mining and oil drilling can and do spoil the environment, too, but compared with most renewables their footprints are surprisingly small for the energy they yield.) [tiré de The Rational Optimist, page 343]

L’énergie nucléaire de nouvelle génération, une taxe sur le carbone (qui saurait éviter d’enrichir les spéculateurs, la corruption et le soutien des fausses solutions – biofuels – ce qui est en soi un défi), réduction des subventions au secteur de l’agriculture en Europe et Amérique du Nord, création de zones de libre échange et consolidation des droits informels (non documentés) de propriété actuellement poussés vers les franges illicites ou illégales en Afrique… Quelques-unes des pistes de solution envisagées par Ridley pour soutenir sa vision optimiste de l’avenir. Son crédo final ? Libérer (ou préserver des contraintes) les échanges et l’innovation et l’humanité trouvera des solutions à ses problèmes.

Je qualifierais sa position d’optimisme économique politiquement naïf. Il est relativement facile de dire que les États doivent cesser de subventionner l’agriculture. Mais pourquoi cela se fait-il encore ? Parce que les structures politiques des États du nord sont encore basées sur des territoires où les populations agricoles, même en petits nombres, ont un pouvoir disproportionné. Parce que les structures politiques sont encore marquées par les structures claniques ou corporatives… alors il ne suffit pas d’identifier les solutions rationnelles mais bien de les négocier, de les concrétiser à partir des matériaux disponibles, qui ne sont pas des métaux malléables à souhait mais plutôt des tissus sociaux formés par l’histoire, porteurs de sentiments et ressentiments. Matériaux foncièrement irrationnels, même s’ils sont la source de seules décisions rationnelles possibles.

Incidemment, le blogueur JF Lisée poursuit sa publications d’extraits ( premier, deuxième, troisième, quatrième) de son bouquin « Imaginer l’après-crise ». De nombreuses pistes de solutions politiques sont suggérées, allant de changements à la fiscalité internationale (disparition des paradis fiscaux, imposition du prix écologique…) à de nouvelles règles de responsabilisation des corporations. Mais pourquoi de telles bonnes idées ne sont-elles pas sur le programme de tous les partis politiques de la planète ? Parce que les partis politiques nationaux (ou provinciaux) gèrent la passivité ou l’inconscience des populations beaucoup plus qu’ils ne mobilisent l’action ou la conscience de leurs commettants. Parce que les « populations » sont composées d’hommes et de femmes aux horizons plutôt restreints : trouver un emploi, prendre sa retraite, payer sa maison ou encore l’éducation de ses enfants… quand ce n’est pas la prochaine épicerie.

Autre lecture : Cinq clés pour une gestion européenne de la crise (Le Monde).

le pouvoir, l’argent et…

En lisant en parallèle ce tome de Fukuyama (The origins of political order,retraçant l’origine des structures politiques) et cet autre de Ridley, The rational optimist, qui met l’accent sur les échanges (et la division du travail qu’ils favorisaient) comme condition d’émergence des sociétés humaines…… je me suis dit que ni l’un ni l’autre ne met assez l’accent sur cet autre élément structurant des échanges et rapports sociaux  : le sexe. C’est Fukuyama qui m’y a fait penser en soulignant que les échanges (et conflits) entre tribus portaient parfois sur les échanges (ou vols) de femmes (et dotes).

Ridley n’en a pratiquement pas parlé, et je suis rendu à moitié de son livre. Pourtant, dans le monde tribal des chasseurs-cueilleurs, l’obligation d’exogamie imposait des relations avec des groupes, ou tribus éloignés.  Ces échanges se faisaient entre des groupes plus ou moins étrangers, et de manière plus ou moins volontaire ou égales. Bien que dans un contexte de relative stabilité des relations, les échanges de femmes et de dotes devaient s’équivaloir, puisque la dote reçue avec la fille de tel clan, sera bientôt donnée en retour pour marier sa propre fille.

L’importance de cette dimension d’échanges d’épouses accompagnées de dotes, dans les pratiques économiques et politiques des sociétés primitives me semble sous-estimée (jusqu’ici dans ma lecture des deux bouquins). Le pouvoir, l’argent et le sexe : trois sources de conflits mais aussi trois puissants vecteurs de l’action.

lecture d’été – retour de vacances

Une nouvelle revue : Good (site web : www.good.is) où j’apprend que le Guardian a réalisé une carte corrélant la pauvreté à Londre et les émeutes récentes. Le numéro de cette revue, achetée à l’aéroport, portant sur le thème : The Data Issue. Quelques graphiques humoristiques m’ont accroché. Les thèmes des numéros précédents donnent le ton : l’énergie, Los Angeles, le travail, la Nouvelle Orléans, l’eau, le transport… Une thématique de sujets bien américains, pour soutenir le moral, le « feel good » américain, en ces périodes de reconstruction, de transformation. Me faudrait jeter un coup d’oeil sur ces contenus pour voir si ce qui est annoncé, dans les paragraphes de présentation des numéros précédents (pas d’accès aux articles), comme une approche potentiellement critique tout en étant divertissante… si elle est vraiment « livrée ».

Un autre article, trouvé cette fois-ci avec le module « GoodFinder » (composé de propositions issues de lecteurs), sur la page d’accueil de la revue : un article de la revue Salon, Income inequality isn’t great for rich people either. Cet article en suggère plusieurs autres sur le sujet, dont cette présentation par Kate Pickett, co-auteure en 2009, avec Richard Wilkinson de The Spirit Level.

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Le blogueur Lisée nous sert, en ces jours de retour de vacances, des extraits de son dernier bouquin : Imaginer l’après-crise. Extrait de ces extraits :

il s’agit en quelque sorte de couper les cordes qui le lient depuis 30 ans à des montgolfières financières gonflées artificiellement, pour la remettre sur ses fondations réelles, solides, quantifiables : la production (…)
Le ressort principal du système voulant qu’un capitaliste – individu ou compagnie – ne s’engage dans la production de biens que pour en tirer un profit, même raisonnable, entraîne nécessairement une croissance constante de la production, au-delà même de ce qu’impliquerait la satisfaction des besoins individuels et collectifs. (voir article de Margaret Atwood auquel réfère Lisée) (…)

Un beau petit billet, qui donne le goût d’aller rechercher le bouquin au fond de ma bibliothèque… mais qui, aussi, donne l’impression que le livre est un peu dépassé par l’ampleur de la crise elle-même : l’incapacité des États à reprendre le dessus, à trouver les compromis capables de mobiliser les sociétés. La paralysie récente de l’appareil politique américain, dont on n’a pas fini de ressentir les contre-coups, et la quasi paralysie de l’Europe nous disent que les structures politiques sont de plus en plus faibles et incapables de générer la confiance minimale nécessaire à l’établissement de perspectives suffisamment stables pour établir des règles à la hauteur des défis, écologiques, économiques mais aussi, au premier chef, politiques.

Qu’est-ce qui pouvait nous faire croire que la poursuite du profit à court terme (le capitalisme) puisse être compatible avec des transformations économiques majeures nécessaires devant lesquelles les ajustements budgétaires et conjoncturels des dernières années nous sembleront de piètres atermoiements…

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L’appauvrissement des classes moyennes (Can the Middle Class Be Saved?); les émeutes de Londres vues par un commentateur des quartiers londoniens. Voir aussi, sur ce thème : The Riot Psychology.