Montréal ouvre ses données

Cet après-midi, à la Maison Notman, l’équipe de Montréal Ouvert fut convoquée par la Ville de Montréal à un événement pour souligner l’ouverture d’un ensemble de données publiques municipales. Montréal devient ainsi la première ville au Québec à rendre ses données publiques disponibles en ligne sur portail Web. Constatez par vous même en consultant le site de la ville: http://donnees.ville.montreal.qc.ca [tiré de Montréal ouvert]

Bravo à l’équipe de Montréal Ouvert !  qui a fait la promotion de cette idée et à ceux et celles qui y ont cru au sein de l’administration municipale.

charité nouvelle

En décembre dernier le Groupe dʼétude canadien sur la finance sociale publiait un rapport (La mobilisation de capitaux privés pour le bien collectif) duquel semble s’inspirer la ministre fédérale des ressources humaines dans son orientation visant à repenser la manière dont les dons de charité sont reconnus et administrés.

Le Globe and Mail publie aujourd’hui tout un dossier sur le don et la charité, mettant en valeur une nouvelle philanthropie où l’accent est mis sur le résultat plutôt que les intentions. On cite les grandes fondations et les initiatives qui ont fait beaucoup parler d’elles récemment (Bill Gates, Soros, Clinton…). On y trace le portrait canadien des donateurs par âge, provinces, sujets… Encore une fois, le Québec a l’air cheap, donnant beaucoup moins que les autres. Pourtant c’est au Québec que les inégalités sont les moins fortes (coefficient Gini – Québec-Canada – mais pour être précis, lÎle du Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick montrent un meilleur indice en 2008) . N’y aurait-il pas là un lien à faire ?

Le fait que les États-Unis soient le pays le plus généreux mais aussi celui le plus inégal parmi les pays développés – ne devrait-on pas y voir les deux faces d’une même réalité ? Cette peur obsessive de la dépense publique et du Big Government n’est-elle pas à la source d’une vision de l’autonomie citoyenne où on préfère donner volontairement, à qui l’on veut… plutôt que d’être taxé. Mais, si l’administration publique de certains services était plus efficace et génératrice de plus de richesse, de moins d’inégalité et de pauvreté…

Je ne dis pas que les grandes fondations et entreprises charitables ne devraient pas être tenues pour responsables. Lorsqu’on reçoit plus de 250 M$ en dons de charité dans une année, comme ce fut le cas de World Vision Canada en 2009, le public est en droit de suivre de près les résultats d’un tel investissement. Mais les campagnes comme celle de Big Society lancée par le premier ministre britannique, dont semble s’inspirer M. Harper, peuvent accompagner une réduction de la responsabilité publique qui n’est pas de bon augure.

Il y a sans doute place pour une « nouvelle charité », une réflexion en regard de la transformation de la démographie des donateurs et bénévoles, qui vieillit inexorablement. Et les représentants québécois de cette Philanthropie 3.0 ne sont sans doute pas les derniers de classe, en matière de mesure d’impact et d’efficience quand on pense aux Québec en forme et Avenir d’enfants. Pourtant, même si ces initiatives sont soutenues à parts égales par l’État et une fondation privée, cela ne fait pas d’elles des modèles en matière de synergie public-privé. Et c’est peut-être à ce niveau qu’une société comme le Québec devrait faire porter sa réflexion : comment faire travailler ensemble les investissements publics, privés et communautaires, plutôt que de les opposer.

déterminants sociaux de la santé

La semaine dernière avait lieu, au Brésil, une conférence de L’OMS faisant suite au rapport de la Commission sur les déterminants sociaux de la santé paru en 2008. Le titre du document de travail servant de base de discussion : de la politique à l’action sur les déterminants sociaux de la santé (pdf). Même si les situations diffèrent grandement d’un pays à l’autre, les grandes orientations suggérées par le document de discussion (et reprisent dans la déclaration commune – pdf en anglais) peuvent être source d’inspiration pour l’action ici, même localement. Les 5 stratégies prioritaires :

1. la gouvernance comme moyen de lutte contre les causes profondes des inégalités en matière de santé : mise en oeuvre de l’action sur les déterminants sociaux de la santé;
2. Promotion de la participation : une direction communautaire pour agir sur les déterminants sociaux;
3. le rôle du secteur de la santé, notamment des programmes de santé publique, dans la réduction des inégalités en matière de santé;
4. action mondiale sur les déterminants sociaux : alignement des priorités et des intervenants;
5. Suivi des progrès : mesure et analyse afin d’orienter les politiques et de renforcer la responsabilisation en matière de déterminants sociaux.

revenus et faibles revenus en 2009-2010

La situation financière des aîné-e-s, portrait (8 pages) par l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socio-économiques).

Une note de ce document me fait découvrir cet ensemble de tableaux de Statistique-Canada sur les revenus de 2009 dont plusieurs montrent des séries chronologiques en dollars constants de 2009 – depuis 1976 (en format Beyond 20/20 – utilitaire gratuit de visualisation des données, pour Windows seulement) avec des résultats par provinces et, parfois, par régions métropolitaines de recensement (au Québec c’est à dire Montréal, Québec, Sherbrooke et Hull/Ottawa) :

Série 100 – Gains
Série 200 – Revenu du marché
Série 300 – Transferts gouvernementaux
Série 400 – Revenu total
Série 500 – Impôt sur le revenu
Série 600 – Revenu après impôt
Série 700 – Concepts de revenu multiples
Série 800 – Faible revenu
Série 900 – Tableaux chronologiques

Dans le même ordre d’idées – et de la même source – Les lignes de faible revenu, 2009-2010; présentant l’évolution historique de 3 formules d’identification des faibles revenus (SFR, MFR et MPC) Tableaux de ces seuils pour 2010 (SFR) ou 2009. Aussi : Dynamique et déterminants du faible revenu selon différents seuils : nouvelles observations relatives au Canada en 2000 et après – une publication toute récente, 21 octobre 2011.

Pour ceux-celles qui n’ont pas (encore) Beyond 20/20…

comment allez-vous aujourd’hui ?

Un rapport de l’OCDE (310 pages, en français) : Comment va la vie ?

Si le bien-être a progressé au cours des 15 dernières années, « certains groupes de la population, en particulier les personnes moins éduquées et à faible revenu, ont tendance à moins bien s’en tirer dans toutes les dimensions du bien-être considérées dans ce rapport : par exemple, ils vivent moins longtemps et rapportent plus de problèmes de santé ; leurs enfants obtiennent de résultats scolaires moins bons ; ils participent moins à des activités politiques ; en cas de besoin, ils ont moins de réseaux sociaux sur lesquels s’appuyer ; ils sont plus exposés à la criminalité et à la pollution ; ils ont tendance à être moins satisfaits avec leur vie en général que les personnes plus instruites ou plus riches.« 

optimisation et mobilisation

Réflexions libres sur un sujet chaud – en lisant Harrison White**…

D’abord la confiance

Si la confiance est présente, l’engagement est possible et on peut agir sur la situation. Si elle est absente, il faut la construire ou la reconstruire, et cela prend du temps. Pas nécessairement beaucoup de temps, mais du temps « consacré » – à l’échange de récits entre les parties. Des récits à propos des pratiques, des valeurs, des manières et des savoirs faire.

Il est possible que la confiance soit, collectivement ou à un endroit donné, si basse qu’il faille donner plus de temps à la redéfinition, réaffirmation des valeurs et pratiques, avant de parler de planification ou de rendement.

Mais la confiance se construit à chaque moment, à travers chaque transaction. Elle peut aussi se perdre, à chaque moment, et cela même s’il n’y a pas de transaction (du point de vue de l’institution). Des interventions réussies produisent de la confiance, chez les usagers, chez les praticiens, les cadres, toute l’organisation. Les interventions qui n’ont pas réussi servent à apprendre pour mieux réussir à l’avenir.

Mais doit-on toujours parler d’interventions ? Comme si les objectifs étaient toujours quantifiables et discontinus. Pourquoi pas de liens ? Ne sont-ce pas les liens qui fondent et forment les personnes, les inscrivent dans un réseau que notre action devra apprivoiser, interpréter pour le mobiliser ou le neutraliser ? Des liens qui se tissent au cours des récits que s’échangent des agents, des identités.

Puis la mobilisation

L’accroissement de la productivité passe par la mobilisation des producteurs, et peut-être aussi des consommateurs de services puisqu’ils sont le plus souvent coproducteurs.

La poussée vers un plus grand « output » ne peut pas venir que d’en haut. Elle sera plus efficace si elle est orientée par, encastrée dans les pratiques disciplinaires et les réseaux d’alliances développées sur le terrain et au sein de l’organisation.

Accepter de « passer moins de temps à prendre un café » chez le client – afin d’en voir un ou deux de plus par jour – devient une perspective intéressante si on ne porte pas seulement sur soi d’aller plus vite, de faire plus dans le même temps mais qu’on participe d’un projet visant des objectifs de qualité, d’innovation, de reaching-out qui permettent de renouveler le service, d’en développer la portée, l’impact. Ces dimensions de renouvellement et d’innovation viennent qualifier, colorer une « pression pour le plus » qui autrement demeurerait quantitative et abrutissante.

Le contexte de la recherche de l’équilibre budgétaire et d’une meilleure définition des processus et objectifs (agrément) peut se révéler positif plutôt que source de frustrations si les efforts à déployer sont identifiés par les acteurs-producteurs et leur permettent de consolider des rôles et des façons de faire qui satisfont les attentes des clients et des producteurs. Il faut, autrement dit, mixer les efforts vers plus à ceux portés vers un mieux, un nouveau. Si les acteurs ne trouvent pas de satisfaction intrinsèque à faire plus, il faut se demander s’ils trouvent satisfaction à faire ce qu’ils font – tout d’abord. Et puis on pourra alléger le fardeau du « faire plus » en s’assurant que le leadership soit sensible aux suggestions issues de tous les acteurs et clientèles participant à l’effort de renouvellement-redressement.

Les innovations et développements ne peuvent apparaître simplement comme le domaine d’acteurs indépendants ou privilégiés. Elles doivent s’inscrire dans l’amélioration, l’accroissement de la notoriété du service, de l’institution dans les communautés auxquelles elle participe (locales, disciplinaires, régionales).

Mais comment faire pour que ces discussions autour de l’orientation ou de projets ne tournent pas au débat vide ou monopolisé par quelques « penseurs » ou beaux-parleurs… Que ces discussions ne soient pas perçues comme des rhétoriques visant à déguiser, masquer un effort orienté pour l’essentiel vers la productivité à courte vue, simplement quantitative : plus du même.

Ce ne sont pas des interventions qu’il faut pratiquer sur des individus mais des liens qu’il faut créer entre des identités[1]. Identités qui se définissent par les récits qu’elles échangent avec d’autres identités. Plus difficile de créer un lien lorsque l’identité n’est pas présente. Ce pour  quoi il faut y aller à deux, pour le premier contact…

Présentée comme une ressource qui pourrait venir en aide, à l’avenir, cette seconde personne (identité) est choisie en fonction de son expérience, son savoir faire, ses liens avec des ressources de l’environnement immédiat ou culturel (identitaire) du client.

  • Ainsi l’infirmière en visite postnatale se fait accompagner d’une auxiliaire familiale connaissant la langue ou la communauté locale;
  • ou encore par une orthophoniste parce qu’on sait que déjà un enfant à risque de retard est présent…

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Optimiser quoi ? Et comment ?

On a depuis toujours tenu compte de la pauvreté dans la budgétisation des CLSC. Le problème – ou la raison – est que cette prise en compte était entremêlée à ce qu’on a pu appeler le caractère historique des budgets (reconduction plus ou moins indexée des budgets précédents). Cette historicité des budgets pouvait faire sens, en ce que les premiers CLSC furent développés dans les quartiers urbains et villages les plus pauvres. Mais l’ancienneté n’est pas un facteur qui s’étale uniformément : il y a eu des coupures, des redéfinitions qui ont eu cours durant les 15-20 ans qu’on a mis à compléter le réseau.

Pour tenter d’évoluer vers une planification moins basée sur les contingences historiques et plus sur des « critères objectifs », on a pondéré les populations dont étaient responsables les CLSC (et CSSS) par un multiplicande reflétant une évaluation du taux de pauvreté du territoire. Ainsi une population de 100 000 personnes pouvait être budgétée comme ayant 130 000 personnes. Mais on avait limité le poids maximal que pouvait avoir l’indice à ? % (5 ? 8 % ?) Autrement dit on n’a jamais été au fond de la question : combien coûte de plus une intervention de qualité dans un quartier pauvre.

A-t-on jamais tenu compte des coûts en prisons et policiers supplémentaires pour des interventions non réalisées durant l’enfance ? Par ailleurs, avait-on vraiment des alternatives, des interventions précoces « éprouvées » à proposer ? Difficile d’intervenir quand il faut pallier à l’absence, l’inadéquation profonde des ressources familiales devant les besoins des enfants ou des ainés… tout en évitant au maximum les milieux substituts. On ne peut accuser, tenir les ressources institutionnelles (CLSC, CJ, écoles) pour seules responsables du fait qu’on n’ait pas encore de « méthode éprouvée ». Le chaos et l’incertitude entourant le développement des programmes, l’articulation complexe des logiques et légitimités institutionnelles, professionnelles, politiques, privées, communautaires…

Les nouveaux développements de ressources passent par la planification-supervision régionale (ex : SIPPE) ou encore par l’alliance privé-public (Québec en forme, Avenir d’enfants). Les autres développements doivent souvent s’articuler autour des besoins des géants du réseau : désencombrement des urgences; transfert de ressources des hôpitaux de santé mentale vers la première ligne…

Il y a encore de la place à l’innovation, particulièrement dans les rapports entre partenaires – sur des « patinoires » non encore délimitées ou institutionnalisées. Même sur les pratiques qui le sont déjà – institutionnalisées – les échanges doivent se poursuivre, les méthodes étant encore au feu de l’épreuve.

On ne peut parler (évaluer, planifier, optimiser) d’intervention publique auprès des familles (enfants, jeunes familles,  ainés) sans inclure dans l’équation l’apport différencié, problématique ou non, des familles elles-mêmes. Cette participation, plus ou moins volontaire, plus ou moins généreuse des familles à répondre aux besoins de leurs membres les plus fragiles et dépendants – est un facteur déterminant pour l’orientation et la qualité des services publics. L’État devrait-il, par ailleurs, pallier à tout ce que les familles ne feront pas ? Il ne peut pas, de toute façon.

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Qui peut parler au nom des familles ? Les associations ethniques, religieuses, familiales, de loisir, culturelles, sportives… de locataires, de propriétaires, d’usagers, de membres, de coopérants ? Un ensemble de réseaux et d’organisations, d’associations qu’on ne réunit pas souvent. Pas à l’échèle du territoire du CSSS.

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Comment les ententes de gestion tiennent-elles compte du poids, de la puissance et du dynamisme des ressources familiales des populations ?

Ne serait-il pas intéressant de mesurer le degré de « patrimonialité » des quartiers, par une question dans la prochaine enquête sur la santé des montréalais.

  • Quel héritage avez-vous reçu de vos parents, oncles, tantes, grands-parents ?
  • À quelle distance habitent vos parents (vos enfants) ? Quel âge ont-ils ? Combien de fois les voyez-vous par mois (année) ?
  • Quelles sont les ressources sur lesquelles vous pouvez compter pour vous occuper de vos enfants ? Pour s’occuper de vos parents ?
  • Le quartier où vous habitez vous apparait-il favorable pour : élever des enfants ? prendre sa retraite ?
Document écrit à la fin août, la tête encore pleine de l’air du large…


[1] Voir Identité et contrôle, Harrison C. White, 2011, Paris

** Je suis seul responsable de ce qui est dit ici, tout au plus l’irruption des « identités » et des récits mais aussi l’accent mis sur les liens m’ont été inspirés par H.W.

données de l’OCDE sur les familles

Un ensemble d’indicateurs à propos des familles (La base de données de l’OCDE sur la famille) sont disponibles pour les pays de l’OCDE. Les thèmes abordés – pour chaque section de nombreux indicateurs sont fournis, en format PDF et tableur Excel :

1. Composition des familles

  • Familles et enfants
  • Indicateurs relatifs à la fécondité
  • Etat matrimonial et union consensuelle

2. Situation des familles du point de vue du marché du travail

  • Familles, enfants et situation au regard de l’emploi
  • Temps de travail et temps consacré aux tâches familiales

3. Politiques des pouvoirs publics concernant les familles et les enfants

  • Aide générale aux familles ayant des enfants par le biais du système d’imposition/de prestations
  • Congés liés aux enfants
  • Services institutionnalisés de garde et d’éducation des très jeunes enfants
  • Typologie des prestations pour garde des enfants et montant net des frais supportés par les parents selon le type de famille et le niveau de revenu

4. Situation des enfants

  • Santé des enfants
  • Pauvreté chez les enfants
  • Education/maîtrise des savoirs fondamentaux
  • Participation à la vie sociale

La base de données de l’OCDE sur la famille