Le deuxième document de SantéPop dont je voulais parler, Mapping the Gaps: Ideas for Using GIS to Enhance Local Health Department Priority Setting and Program Planning, m’intéressait à double titre : utilisateur de Mapinfo, logiciel de cartographie bien connu des promoteurs de SIG (systèmes d’information géographiques), j’essaie de produire des cartes des populations, problématiques, services et ressources, quand les données s’y prêtent. Mais je ne serais pas utilisateur de Mapinfo que j’apprécierais quand même ces illustrations géographiques. Les cas servant d’appuis au document de la Rand Corporation montrent plusieurs façons de se servir de données géocodées (utilisation ou distribution des services, caractéristiques de la population locale) soutenant la planification ou l’orientation des services de santé.
La cartographie de certaines problématiques permet de soutenir la discussion autour de la planification des services (Creating visual pictures established a focal point for discussion of future programming and strategic directions). Mais on a aussi appris que si certains efforts de SIG ont permis de mieux orienter des services d’éducation à la santé d’autres fois les directions locales hésitaient à utiliser leurs propres données de services.
The primary lesson learned from this case study is that local health departments often do not use administrative data, such as human resources or finance data, to assess the costeffectiveness of their services. LHD personnel who want to map these types of data will need to work closely with administrative units to design systems that link population health-needs data with service data.
Les données de sources administratives ne sont pas toujours comparables, ni les codes administratifs interprétés de même manière par les intervenants. L’intervention d’un travailleur social ou d’une auxiliaire familiale dans un contexte familial n’est peut-être pas aussi facilement codifiable qu’une intervention chirurgicale ou une prescription contre l’hypertension.
Il me semble tout de même que nous commençons seulement à utiliser les outils cartographiques. Plusieurs exemples récents (voir aussi les outils de l’EMIS) : les cartes des accidents routiers, les ilots de chaleur (à l’INSPQ) mais surtout la cartographie réalisée à partir de l’enquête sur la maturité scolaire des enfants à Montréal. Les données issues de l’enquête réalisée à partir d’un questionnaire standardisé (en milieu anglophone, mais… on peut pas tout avoir !) ont été reportées par voisinages et croisées avec d’autres données tirées du recensement, notamment. Mais aussi, chose peut-être aussi importante que la cartographie, les communautés ont été interpelées pour analyser, s’approprier des résultats produits pour chaque quartiers, chaque voisinages.
Une démarche soutenue dès le départ par une fondation (Avenir d’enfants) qui allait avoir les moyens de donner certaines suites à ces mobilisations communautaires.
On n’a pas toujours les moyens de produire une large enquête originale, mais je pense qu’on pourrait peut-être mieux utiliser les données dont on dispose déjà, quitte à satisfaire à certaines conditions éthiques (confidentialité).
Ainsi la cartographie des cas de négligence pourrait être tracée au niveau des voisinages, même si nous devons pour cela cumuler plusieurs années de données dans certains quartiers. Dans d’autres endroits, plus touchés par le phénomène, le suivi pourrait être plus rapide, semestriel même !
Regarder isolément les cas de négligence ne permettra sans doute pas, magiquement, de faire diminuer le phénomène. Mais cela pourrait servir à identifier et comparer les ressources disponibles pour ces familles en détresse, localement. Les ressources de garde (CPE, gardes familiales) à proximité, par exemple… Utiliser l’évolution des cas de négligence comme un indicateur de santé de la collectivité !
Une autre population qui mériterait qu’on lui trace le portrait : les personnes de 75 ans et plus.
Théoriquement les personnes de ce groupe d’âge font l’objet d’une surveillance dans le cadre du Tableau de bord PALV (perte d’autonomie liée au vieillissement) : les personnes fréquentant l’urgence sans avoir vu un médecin récemment, ou sans avoir de lien avec les services des CLSC devraient être rencontrées. Ce qui n’est pas toujours le cas, semble-t-il, ces personnes craignant parfois une intervention publique lourde ou directive dans leur milieu fragile… Si elles savaient à quel point l’intervention publique devient légère !
Mais la surveillance à partir des fréquentations de l’urgence, ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler une approche préventive… J’ai parlé dans le billet précédent des difficultés d’obtenir des données sur les résidences privées… Pourquoi ne rend-on pas visite, au moment de leur anniversaire à toutes les personnes de 75 ans ? 80 ans ?