la photo ratée

Il y a de ces photos qui mériteraient qu’on s’arrête un peu. Et je ne l’ai pas fait, comme trop souvent.

Cette photo fut prise juste au moment de partir, alors qu’un dernier coup d’oeil au fleuve à travers cette porte jouxtant la remise pour de bois de chauffage, vide pour le moment, l’espace grillagé n’étant occupé que par une brouette jaune. Cette photo étant un recadrage de la photo d’origine, prise de plus loin, avec le côté en pierre de la maison pour la moitié de l’image, que j’ai préféré oblitérer au montage pour ne conserver que le contraste entre la porte lumineuse et la remise à l’ombre grillagée. Déjà, au départ, je faisais l’erreur du débutant : ne pas serrer correctement mon sujet…

Si cette photo est « ratée » c’est surtout que je n’ai pu en faire un tirage satisfaisant sur papier, malgré plusieurs essais et traitements pour pousser un peu la lumière du côté sombre. L’image, déjà trop sombre à l’écran… devient vraiment imbuvable sur papier. Si j’avais pensé quelques secondes de plus, j’aurais utilisé la fonction bracketing (prise de vue en fourchette) de l’appareil. C’était un sujet parfait pour cette technique de multiple prises de vue avec différents temps d’exposition, permettant d’avoir une image où la partie sombre est bien visible, et une autre avec la partie lumineuse bien exposée, les images étant par la suite fusionnées en ce qu’on appelle une image à large gamme dynamique (ou HRD, high dynamic range). L’utilisation du format « raw » permet certainement de retravailler les fichiers mieux qu’avec un format « jpeg », mais il y a des limites à pousser (ou tirer) la lumière dans les parties ombragées.

Même la puissance de Photoshop n’aura pas permis de sauver cette photo. Ce qui ne parait pas trop à l’écran devient, à l’impression, un aplatissement total des gris, trop tirés vers une lumière qui n’était pas là… En conclusion ? Lorsque l’intuition d’une photo intéressante se pointe, prendre le temps de penser : 1. le cadrage; 2. la lumière; 3. la composition… Là j’aurais dû déplacer la brouette jaune un peu vers la gauche, pour la faire entrer entièrement dans le nouveau cadre… Un peu d’attention et de réflexion ne tuent pas la magie mais peuvent, au contraire, la prolonger. Car il y avait de la magie dans ce moment. Mais on oublie trop souvent à quel point l’oeil, et le cerveau, traitent et transforment les images que nous voyons.

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