Plus qu’à un débat, c’est à une transformation radicale que nous sommes confrontés — quoiqu’en disent les sceptiques qui, de moins en moins nombreux, seront inéluctablement… confondus 😉 – (pour les plus jeunes) disait le capitaine Bonhomme !
Mais le débat restera nécessaire, car il ne s’agit pas de décisions simples mais bien de plans stratégiques comprenant autant des investissements importants à long terme que des changements dans les habitudes et comportements de tous, au quotidien. Un débat à dimensions tant scientifique et politique… comme il s’en mène, notamment, sur cet Agora allemand de la transition énergétique (Agora Energiewende ).
Un espace financé par les fondations Stiftung Mercator et l’ European Climate Foundation et le programme européen Smart Energy for Europe Platform, où les discussions se mènent suivant la règle de Chatham House. Il n’est pas surprenant de voir l’Allemagne au premier rang du débat sur les questions environnementales, la tradition des Verts y étant longue.
Le site Energy Transition, soutenu par la fondation Heinrich Böll, ajoute au débat allemand. Le débat en France semble sur le point de passer une étape cruciale avec un projet de loi prévu pour octobre 2013 – suivant une consultation qui s’est terminée en juillet dernier. On peut consulter les documents sur le site Débat national Transition énergétique.
Ce sont aussi les communautés locales et régionales qui se mobilisent dans cette discussion. En plus des Villes et communautés en transition (Transition Network) dont j’ai déjà parlé, je découvre Energy Cities, soit l’Association européenne des autorités locales en transition énergétique qui promeut 30 propositions d’Energy Cities pour la transition énergétique des territoires (pdf).
Il me semble pertinent de rappeler que nos sociétés ont connu au cours du siècle dernier plusieurs grandes transformations énergétiques : l’électrification à grande échèle grâce aux grands ouvrages hydroélectriques; le quadrillage du territoire en routes asphaltées et autoroutes; l’enfouissement au coeur des artères de la métropole d’un système de métro avec ses 73 stations.
Le rappel de ces transformations énergétiques passées pour dire que ce ne sont pas les moyens techniques ou financiers qui feront défaut ou seront rares. Ce sont les capacités politiques, sociales et culturelles de mettre en oeuvre, d’inventer ces nouvelles façon de vivre « avec sobriété mais heureux » (Patrick Viveret). Il ne s’agit plus de soutenir ou d’encourager les « tendances naturelles » à l’appropriation, à la vitesse et la consommation mais bien d’impulser un renversement de ces tendances, un virage vers des modes moins consommatoires de matières non renouvelables et moins énergivores. Est-ce à dire que les défis techniques ou financiers seront moins grands ? Pourtant il est sans doute des « Baie James » d’électricité à générer grâce à de judicieux programmes d’économie et d’isolation. Et la transformation de nos villes pour en faire des milieux habitables par des humains et non des automobiles peut donner lieu à de grandes réalisations aptes à mobiliser savoirs, talents et argents.
La consultation québécoise qui s’ouvre à l’automne sur un projet intitulé : De la réduction des gaz à effet de serre à l’indépendance énergétique du Québec – Document de consultation pose-t-elle les bonnes questions ?
Pour aller plus loin sur le cas Allemand :