Shift – premier numéro

Une nouvelle revue, Shift, dont l’ambition est de parler honnêtement (et concrètement) des défis posés à l’humanité par les transformations radicales induites par les crises écologiques, économiques et politiques imminentes.

Sans titre-1SHIFT magazine is a volunteer-run non-profit magazine whose focus is on examining our global emergency, and strategies for adapting to the future in store for us as the world rapidly changes. Speaking honestly and compassionately about the converging crises of ecological and economic collapse and peak resources, we aim to deliver not just food for thought, but inspiration to practical action.

capital, patrimoine, privé, public

Capital is back est un document de 900 pages disponible en ligne (en version intégrale ou écourtée – 50 pages) , avec fichiers Excel et graphiques… comparant sur une longue période (de 50 à 300 ans) la composition et l’évolution du capital des principales nations riches (occidentales), par Piketty et Zucman.

Daté de décembre 2013, ce document suit de quelques mois Le capital au XXIe siècle, publié au Seuil en septembre de la même année par Thomas Piketty, professeur à l’École d’économie de Paris et directeur d’études à l’EHESS. Ce dernier document (un pavé-papier de 970 pages) est lui aussi accompagné de ses annexes et des fichiers de référence (données brutes, graphiques et tableaux excel). On retrouve un extrait, ou le sommaire à cette page.

Je ne fais qu’amorcer ma plongée dans cette somme remarquable mais la disponibilité des données et graphiques me pousse à vous en parler immédiatement. L’évolution dans le temps et la comparaison entre régions du monde des revenus de rente, du poids relatif des patrimoines, du rôle de l’inflation dans la répartition des richesses… 

Fruit de quinze ans de recherches, cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur cette question, s’appuie sur des données historiques et comparatives bien plus vastes que tous les travaux antérieurs. Parcourant trois siècles et plus de vingt pays, elle renouvelle entièrement notre compréhension de la dynamique du capitalisme en situant sa contradiction fondamentale dans le rapport entre la croissance économique et le rendement du capital.

Si la diffusion des connaissances apparaît comme la force principale d’égalisation des conditions sur le long terme, à l’heure actuelle, le décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques.

Les grands titres de la table des matières :

Première partie. Revenu et capital
 1. Revenu et production
 2. La croissance: illusions et réalités
Seconde partie. La dynamique du rapport capital/revenu
 3. Les métamorphoses du capital
 4. De la Vieille Europe au Nouveau monde
 5. Le rapport capital/revenu dans le long terme
 6. Le partage capital-travail au 21e siècle
Troisième partie. La structure des inégalités
 7. Inégalités et concentration: premiers repères
 8. Les deux mondes
 9. L’inégalité des revenus du travail
 10. L’inégalité de la propriété du capital
 11. Mérite et héritage dans le long terme
 12. L’inégalité mondiale des patrimoines au 21e siècle
Quatrième partie. Réguler le capital au 21e siècle
 13. Un Etat social pour le 21e siècle
 14. Repenser l’impôt progressif sur le revenu
 15. Un impôt mondial sur le capital
 16. La question de la dette publique

un avenir déprimant

Sommes-nous responsables ? Ou non ?

Pas tout à fait, pas les seuls… mais tout de même responsables de ce que nous ferons ou ne ferons pas.


Croissance zéro ou décroissance n’ont jamais été vraiment populaires. Dès le départ, en réponse au rapport du Club de Rome, Limits to growth (1972), les meilleurs esprits se sont ligués pour montrer qu’on ne pouvait arrêter de croître…

Il est rafraichissant de lire des blogues citoyens qui posent de bonnes questions…

Peut-être qu’il faudrait parler de décélération plutôt que de décroissance. Ralentissement de notre vitesse, de l’intensité de notre déprédation des ressources de cette planète. Car il aurait fallu trouver d’autres manières de croître, de se développer. Nous aurions pu, il y a quarante ans, changer de cap, réorienter nos processus… Nous ne l’avons pas fait.

De plus en plus on pense que les équilibres climatiques sont inéluctablement ébranlés et ont amorcé leur transformation chaotique. Les négationnistes pourront toujours prétendre que nous n’aurions pu, de toute façon, infléchir un processus qui s’était amorcé des centaines (milliers) d’années plus tôt.

Que faire si l’avenir qui s’annonce n’est pas la poursuite du développement et du progrès mais bien une lutte pour la survie dans des conditions de plus en plus difficiles ? Est-il encore temps de construire des résiliences ? Aurons-nous le temps de construire des sociétés de droits ?

Quand la mèche des gaz congelés s’allumera, il ne sera plus nécessaire de se priver pour éviter le réchauffement… car ça ne pèsera plus grand chose dans la balance ! Les « sociétés riches » (des villes, des régions, des îlots) prendront tous les moyens à leur disposition pour « se rafraichir », se protéger, se déplacer, se nourrir…

Les biens autrefois prisés par les classes moyennes (vins, viandes, automobiles) deviendront des biens rares, réservés aux nouvelles classes aristocratiques.requiemspecies Quand je lis des textes comme Requiem for a Species: Why We Resist the Truth About Climate Change, enfin, quand j’en lis le résumé offert par Dave Pollard, ça me déprime. Parce que j’ai tendance à croire que l’auteur de ce livre dit vrai : il est déjà trop tard, nous allons y passer dans le malaxeur de changements climatiques catastrophiques…

Peut-être est-ce inévitable, cette dépression. Pour changer de régime, de valeurs, de rythme. Pour perdre ses illusions, parce que nous ne pouvons plus être ce que nous avons tenté d’être… ce que nous avons été, partiellement, aveuglément, obstinément. (Relire Ehrenberg – La fatigue d’être soi) Pollard identifie des qualités à cultiver en ces temps de « transformations radicales » : autonomie, attachements communautaires, résilience, indépendance à l’endroit des pouvoirs centralisés…

Saurons-nous mobiliser nos pairs, l’humanité dans une action commune pour « sauver » ce qui peut l’être… pour transmettre aux générations futures plus que des cendres ? La Science est-elle du bon côté ? Les sciences sont par trop imbriquées, inextricablement entremêlées aux appareils techno-industriels pour être jugées en dehors des cultures et sociétés qui les ont nourries.

Les débats qui ont ponctué la prise de conscience des limites de la planète montrent à l’évidence les dimensions politiques des modèles scientifiques utilisés pour poser les questions pertinentes, fournir les outils méthodologiques et les concepts utiles à l’appréhension de la situation  collective de l’humanité.

Les choix méthodologiques et scientifiques ne sont pas neutres.

Les sujets humains sont-ils responsables ? Ou s’ils ne sont que des animaux doués de langage et d’une exceptionnelle capacité d’abstraction et de planification qui auront fait de lui l’espèce dominante sur terre pendant quelques millénaires.

 

STM, abonnement annuel et ainés

CarteOPUSPourquoi donc les usagers de la STM atteignant 65 ans ne peuvent-ils plus bénéficier du renouvellement automatique de leur abonnement, le service qu’on appelle « Opus à l’année » ? [OPUS à l’année est un programme d’abonnement annuel. Il est offert aux détenteurs d’une CAM mensuelle à tarif ordinaire seulement.] Ce qui leur enlève, par le fait même, les privilèges associés au statut de Maestro : inviter quelqu’un gratuitement à certaines heures; utiliser sa carte Opus à Québec.

Non pas que je me promène très souvent en autobus dans les rues de notre Capitale… ni non plus que j’aie jamais utilisé ce droit d’inviter… C’est de perdre la tranquillité d’esprit que me donnait cette forme d’abonnement (prélèvement automatique sur compte bancaire ou carte de crédit) qui me chagrine. Et pourquoi donc ? Il me semble que ce mode de prélèvement automatique est ce qui coûte le moins cher à la STM. Au point où l’on propose plusieurs incitatifs aux usagers pour passer à ce mode de paiement : gel du prix de la carte mensuelle, 12e mois gratuit…

Serait-ce qu’on considère que le prix réduit aux personnes de 65 ans ne peut être associé à ces incitatifs financiers ? Ce que je comprendrais très bien, mais pourquoi punir les ainés en leur enlevant la tranquillité d’esprit que donne cet abonnement annuel ? La STM, habituellement assez réactive dans sa relation avec la clientèle, voudra-t-elle s’expliquer ? J’ai posé la question ce matin, au service des « commentaires et plaintes ».

En attendant la réponse… je fulmine ! Les personnes âgées (dont je ne suis pas encore… mais ça s’en vient !) doivent faire la queue pour « remplir » leur carte Opus à chaque mois, ou encore débourser 180$ pour payer 4 mois d’avance, et n’avoir ainsi qu’à faire la queue 3 fois plutôt que 12 par année. Je suis vraiment curieux de comprendre ce qui peut justifier que la STM se prive d’un mode de transaction automatisée tout en imposant à cette clientèle (qui n’est pas la plus autonome) des contraintes supplémentaires… Serait-ce une manière subtile de « désinciter » cette clientèle ? En serions-nous rendu au point où les coûts du transport n’étant pas entièrement soutenus par les gouvernements, il serait plus avantageux pour la STM de NE PAS avoir plus de clients ??

<Ajout> Le service des commentaires et plaintes m’a rappelé, quelques heures seulement après un premier contact téléphonique (514-786-4631, choix 4, choix 1). Mais à ma question « Pourquoi est-ce impossible d’avoir le paiement mensuel automatisé lorsqu’on arrive à 65 ans ? » on me répond : Parce que.

Parce qu’on a pas eu de demande… Parce qu’il fallait commencer quelque part… Parce qu’il faudrait changer des choses…

Alors il faudrait peut-être que VOUS, ceux qui croient

  • que les personnes âgées de 65 ans ou plus ne sont pas toute enfermées chez elles, et qu’elles devraient elles aussi pouvoir profiter du retrait automatisé,
  • qu’une partie d’entre elles travaillent encore,
  • que le droit d’avoir la tranquillité d’esprit (Ai-de bien renouvelé ma carte ? Est-ce que le mois est fini ?) ne devrait pas être réservé aux plus jeunes…
  • qu’il serait peut-être plus important de programmer cet accès pour les ainés que de tester des bidules de recharge de sa carte à domicile !

que vous le disiez à qui de droit. On m’a promis de faire circuler mon point de vue. Je vais tenter de le faire monter jusqu’au bureau du tout nouveau président, Philippe Schnobb.</Ajout>

premiers constats 2014

  • Premier constat : Un robinet qui goutte, dans un évier situé contre un mur extérieur, risque de bloquer le renvoi par le gel cumulatif des gouttes, l’une après l’autre, lors de périodes de grand froid.
  • Deuxième constat : Une toux grasse qui ne s’arrête pas peut être le signe d’une BPCO ou MPOC au Québec — maladie particulièrement fréquente chez les fumeurs de longue date.
  • Troisième : C’est finalement bien simple de relier mon ordinateur (Mac) à ma télé (AppleTV).  Il faut qu’ils soient sur le même réseau. J’avais mon ordi sur un réseau, et la télé sur le réseau des visiteurs — je me souvenais plus du mot de passe du réseau principal ! Avec un tel lien, ma télé peut devenir mon écran, alors que je tape ou fait défiler des images (ou des URL) sur le clavier de mon ordinateur portable.
  • Quatrièmement, les projets de 2014 seront moins encadrés ou orientés par des engagements organisationnels, mais plutôt par des choix éthiques et des questionnements personnels. C’est le côté « en vrac » à ce blogue. En même temps, cela donne des contributions plus indépendantes à l’endroit des courants d’idées et de discours (parfois très forts) de l’actualité. Ce qui ne veut pas dire que je sois insensible aux questions telles la corruption des processus publics, l’identité culturelle et nationale ou la neutralité de l’État. Mais j’essaie de faire des liens, de lester ma réflexion d’expériences concrètes ou encore de questionner l’actualité à partir de considérations à long terme, ou englobantes qui me semblent essentielles mais ne sont pas le propre de la culture dominante marquée par l’instantané et le court (140 caractères, spot de 15 sec.).

action collective et intérêt public

Une belle initiative du Collectif Dynamo : un blogue sur le livre Voices from the Field III (pdf) : 20 ans de pratiques de développement local dans 48 communautés locales. [Notez que le document au complet — suivez le lien — est disponible en anglais sur le site de l’Aspen Institute,  pour ceux qui attendent avec impatience les prochains chapitres qui seront déposés, après traduction, sur le site de Dynamo].

La lecture rapide, en diagonal, des chapitres déjà traduits en ligne, me fait repenser à cette ressource en matière de développement de logement communautaire qu’est le National housing institute (NHI) américain et sa revue Shelterforce. Une ressource dont je voulais parler… mais qui soulève, comme à chaque fois qu’on regarde de près les initiatives de développement communautaire américaines, la question de la différence entre les États américain et québécois (canadien).

Plusieurs textes tirés du site du NHI, ou de la revue Shelterforce, me semblaient intéressants parce qu’ils faisaient un peu l’histoire du « community development » ou encore tentaient d’articuler la relation qu’il y a entre l’organisation communautaire et le développement communautaire local.

Comment s’inspirer des initiatives communautaires riches et à la longue expérience de nos voisins anglo-saxons (du sud mais aussi du Canada et d’Angleterre) sans se sentir sous-développés, point de vue capacité d’agir ? N’est-on pas inéluctablement poussé vers une vision réductrice du rôle et de la responsabilité des États lorsqu’on contemple les mille projets et créations des fondations et corporations de développement actives dans les communautés locales chez nos voisins ?

Ces questions peuvent paraître bien théoriques ou philosophiques mais elles prennent du poids lorsqu’on les confronte à des enjeux concrets. Celui qui me vient en tête est encore (un peu) d’actualité : la transformation et le développement des services (hébergement, services à domicile, services sociaux et de santé…) aux ainés dans le contexte du vieillissement démographique et de la croissance prévisible des besoins.

Alors qu’il faudrait mobiliser l’ensemble des forces sociales concernées et disponibles pour relever les nombreux défis qui trament cet enjeu de société, j’ai eu l’impression en suivant les débats autour du projet d’assurance autonomie du ministre Hébert que chacun était plutôt inquiet et intéressé à conserver son petit royaume, ses acquis. Il me semble qu’il y aurait là un vaste champ d’expérimentation et de développement où les expériences de mobilisation sociale et communautaire des uns pourraient s’associer aux capacités de planification financières et foncières des autres… Mais j’ai l’impression qu’on n’est pas encore prêt à sortir de nos « zones de confort ».

La société québécoise, qui rassemble en un modèle unique un certain étatisme à la française (développement important des services publics — CPE, éducation, services à domicile…) et de communautarisme anglo-saxon (dynamisme et indépendance de ses réseaux communautaires), se contentera-t-elle du « pire des deux mondes » en multipliant les barrières à la collaboration et en additionnant les jalousies, compétences exclusives et préjugés ? Ou si elle saura tirer parti du « meilleur des deux mondes » (ou des trois) ? À quelles conditions cela sera-t-il possible ?