Un mot à la mode, ces derniers jours, que l’innovation.
Article de Morozov, dans le New Republic, Our Naive « Innovation » Fetish : Left, right, and center—everyone loves the buzzword of modern America. Commentaire – traduction de Hubert Guillaud : Innovation, innovation, innovation…
Cahier spécial du Devoir sur l’innovation sociale, dont article de Michel Venne : Les grands enjeux de l’avenir sont liés à l’innovation sociale; et L’innovation sociale est une réponse aux aspirations de la société (Marie Lambert-Chan); Entreprise sociale – Les modèles européens et nord-américains divergent (Marthe Nyssens , Jacques Defourny); Économie et mondialisation – Hier, une utopie, aujourd’hui, une réalité (Jean-Louis Laville); Des solutions locales devenues politiques publiques (Assïa Ketani); Action publique – Une crise utile ? (Juan-Luis Klein , Annie Camus , Christian Jetté). Un dossier publié dans le contexte du 4e colloque international du CRISES, sur le thème La transformation sociale par l’innovation sociale (programme pdf).
C’est sûr qu’un Centre de recherche sur les innovations sociales parle d’innovation… Mais comme le fait remarquer Morozov, l’innovation est devenu un « buzzword » : tout le monde est pour l’innovation. Mais l’innovation sociale, c’est différent non ?
Peut-être. Mais l’innovation sociale n’est pas toujours de gauche, ou progressiste. Elle peut accompagner les mouvements de privatisation ou de retour vers la responsabilité individuelle ou familiale de certains enjeux, certaines problématiques. Ce qui pourrait, implicitement, suggérer que les responsabilités publiques sont toujours à préserver, privilégier ? Non, et c’est justement parce que des initiatives sociales en marge des institutions publiques peuvent apparaître en conflit avec ces dernières que certains ont vite fait de disqualifier ces initiatives comme faisant le jeu de « la droite », ou du désinvestissement public. Sûr que si on n’a que deux couleurs à sa palette pour décrire le monde… On est soit noir ou blanc. Soit bleu, soit rouge… Alors qu’avec un peu de recul on voit bien que les politiques sociales d’aujourd’hui (et celles d’hier aussi) ont plus souvent été le fait de généralisation d’expérimentations faites à la marge des systèmes institutionnels que de génération spontanée issue de l’esprit de fonctionnaires ou politiciens inspirés.
Mais des innovations devenues politiques publiques sont parfois laissées à vivoter, pour ne pas dire à péricliter, quand elles touchent de trop près aux « acquis » des institutions en place. Je pense en particulier au réseau d’économie sociale en aide domestique. Nos innovations manquent-elles d’envergure ?
Ne devrait-on pas OSER, pour reprendre le slogan du Chantier sur l’économie sociale, mais oser plus grand : comment se fait-il que les grands projets de construction planifiés par les « bras immobiliers » de nos fonds de pension collectifs ressemblent à s’y méprendre aux entreprises des Trumps et IBM (Le Quad Windsor, à Montréal par Cadillac-Fairview & Un projet à Québec, par Ivanhoé-Cambridge) ? Est-ce ainsi que ces agents d’investissement de notre épargne collective voient la ville de demain ? Est-ce ainsi que nous inventerons un habiter durable ?
<Ajout> Innovations for social cohesion Transnational patterns and approaches from 20 European cities. Une recherche européenne dans 20 villes, 77 études de cas sur « l’influence des systèmes sociaux locaux sur les inégalités sociales et la façon dont ils favorisent la cohésion sociale ».</Ajout>