malades de la croissance

En réplique au message de Michael Lenczner sur la liste CivicAccess, oui à l’effort de standardisation dans l’utilisation et la collection des données ouvertes. Et merci de me faire connaître des initiatives telles Nord Ouvert  (riche source d’outils et d’expérience de mobilisation citoyenne autour d’exercices budgétaires ou de planification). Mais pour standardiser les données, il faut en avoir… Parfois l’effort doit porter sur la cueillette des données (comme cette mobilisation de 150 citoyens de la ville de Détroit pour faire la carte des espaces vacants de la ville) ou encore sur le droit d’y accéder.

Incidemment, je lisais  sur son blogue Earth Insight au Guardian, qui résume les travaux d’un ex-agent de la CIA qui s’est fait promoteur d’une révolution par l’Open-source utilisé comme levier pour conquérir le 1 % (The open source revolution is coming and it will conquer the 1% – ex CIA spy). Cet ancien agent du Central Intelligence Agency s’est fait le promoteur d’une intelligence ouverte, (Earth Intelligence Network, Public Intelligence). avec un agenda plutôt radical de reprendre le pouvoir aux 1%.

Peut-être faudrait-il, effectivement, penser en termes stratégiques de prise de pouvoir, d’extraction de savoir en tout cas, pour faire face aux enjeux de plus en plus critiques qui confrontent nos collectivités. Dans cet autre billet récent (4 juin), Ahmed (Scientists vindicate ‘Limits to Growth’ – urge investment in ‘circular economy’) commente la parution du 33e rapport du Club de Rome. Extracted, c’est le nom du rapport qui fait le point sur les limites bientôt atteintes de l’extraction traditionnelle des minéraux et la poursuite excessive et linéaire de la croissance économique. Une chose semble certaine : il faut apprendre à partager un monde fini (Environment: Sharing a finite world) sans quoi…

« Resource constraints will, at best, steadily increase energy and commodity prices over the next century and, at worst, could represent financial disaster, with the assets of pension schemes effectively wiped out and pensions reduced to negligible levels. »

Oui, des données ouvertes pour partager la patinoire du coin, ou encore pour faire le portrait des espaces laissés vacants ou en friche dans nos villes… pour établir des priorités dans les budgets locaux… mais aussi pour suivre et comprendre l’évolution des « communs » et richesses non renouvelables de notre petite planète. Pour suivre et mesurer la propriété de ces ressources limitées et imputer à qui de droit les responsabilités et charges que les changements et transformations qui sont nécessaires imposeront.

Mais le suivi des richesses ne sera pas suffisant… il faudra changer nos méthodes comptables, pour inclure les « externalités », pour mettre un prix, une valeur sur ce qui était gratuit ou pris pour acquis : eau, air, intrants non renouvelables ou produits, extrants polluants ou non recyclables…

Le leitmotiv de la croissance du PIB comme seule voie envisagée pour contrer le chômage, la pauvreté, et même pour lutter contre le réchauffement climatique ou la pollution… doit être revu et corrigé.

Since World War II, the overarching goal of U.S. policy under both parties has been to keep the economy growing as fast as possible. Growth is seen as the base cure for every social ill, from poverty and unemployment to a shrinking middle class. It is seen even by some as the path to a cleaner environment, generating the means for pollution cleanup.[Critics question desirability of relentless economic growth]

Les limites à la croissance ou même la croissance négative pourraient conduire à une société moins inégale, un mode de vie plus sain…

Limits to economic growth, or even « degrowth », the report says, do not need to imply an end to prosperity, but rather require a conscious decision by societies to lower their environmental impacts, reduce wasteful consumption, and increase efficiency – changes which could in fact increase quality of life while lowering inequality. [Earth Insight]

Autres ressources :

croissance et marché du travail

255 graphiques pour décrire l’évolution récente du marché du travail aux États-Unis.NYTimes-255 charts

Comment l’économie américaine s’est-elle remise de la crise ? Une recension en 255 graphes traçant l’évolution du volume d’emplois et des salaires moyens annuels depuis 2003 par secteurs d’emploi. Publié par le New York Times, hier. Comme on le voit dans l’animation ci-contre, les graphiques sont animés…

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Pour des secteurs comme les librairies et kiosques à journaux, la récession n’a fait qu’accélérer le déclin.

NYT-charts-HomeHealthCareServPour d’autres secteurs, tels les soins de santé à domicile, la récession n’a pas eu d’effet remarquable.

Si les emplois dans le secteur des « boutiques de cadeaux et souvenirs » a vu son déclin s’accélérer avec la crise de 2008, d’autres, comme les marchands de meubles usagés, ont connu une accélération de leur développement.

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Les secteurs liés à la construction de maison, à la vente d’automobiles neuves ne sont pas encore remis du choc. Mais les secteurs liés à l’extraction et la distribution de produits pétroliers a été en pleine expansion !

La croissance de l’emploi, peu importe le secteur, demeure un indicateur de « santé économique » aussi grossier et ambigüe que le PIB. Il faudra se résoudre à diriger un peu plus le développement, si on ne veut pas brûler tous les arbres pour en faire des statues de Pâques.

Il faut évoluer vers une économie circulaire plutôt qu’axée sur la croissance quantitative, brute. Ce n’est pas seulement des GES qu’il faudra apprendre à limiter notre consommation/production, ce sont de tous les matériaux essentiels à la technologie moderne. Ce que résume bien ce graphique en « radar ».

Il faudra se résoudre à orienter la croissance, le développement des emplois, vers des secteurs moins énergivores et consommateurs de matières. Les coûts de plus en plus élevés d’extraction de certains minéraux appellent une transition vers une autre économie. Le 33e rapport du Club de Rome, à paraitre le 12 juin prochain, argumente en faveur d’une telle transition. Comme le résume Nafeez Ahmed, dans le GuardianSoaring costs of resource extraction require transition to post-industrial ‘circular economy’ to avoid collapse.

Cet autre article du même auteur, souligne à quel point les prévisions du rapport de 1972, du même Club de Rome, Limits to Growth, s’avèrent, finalement, assez juste – quarante ans plus tard.

silence conjoncturel

Un mois déjà depuis le dernier billet… Ce n’est pas que l’actualité manque de piquant ou que je me suis désintéressé des sujets de prédilection de ce carnet mais bien que des engagements ailleurs et certaines contraintes matérielles m’ont éloigné du clavier.

Je me suis engagé, sans trop mesurer l’ampleur de la tâche, à réaliser des photos et de courtes entrevues auprès des personnes habitant une résidence que j’ai contribué à mettre sur pied il y a dix ans. Pour le dixième anniversaire, j’ai proposé de faire un album photos où l’on dirait quelques mots sur le parcours de vie des gens. Ces quelques mots sont devenus quelques 75 pages de transcription d’entrevues… qui ont duré en moyenne 56 minutes !

Nous voulions lancer cet album lors de l’assemblée générale prévue fin juin… Ce ne sera probablement qu’un diaporama, à cette date. Mais je ne perds pas espoir de donner une forme papier plus définitive à cette démarche.

Mais ce projet n’explique pas à lui seul le long silence de mai. Je suis à faire des travaux préparatoire à mon déménagement : transformer un garage (35′ X 10′) en bibliothèque-salle-télé. Gros travaux… Mais ça sera bien. La porte de garage remplacée par des portes-fenêtres donnant sur le jardin… Cela devrait inspirer les prochains mois, que dis-je, les prochaines années d’écriture et de réflexion sur Gilles en vrac… 

<Ajout-14 juillet> Voici quelques photos de cette transformation presque achevée