C’est moi qui souligne… dans le titre de cet article du Guardian sur onze prix Nobel qui soulignent la nécessité urgente d’un virage radical.
Nobel laureates call for a revolutionary shift in how humans use resources
Eleven holders of prestigious prize say excessive consumption threatening planet, and humans need to live more sustainably
C’est le mot qui me revenait en tête plusieurs fois, en lisant This Changes Everything de Naomi Klein même si je ne suis pas certain qu’elle ait elle-même utilisé le terme : révolution. Un virage révolutionnaire, radical qui mettra à mal certaines valeurs dominantes, « naturelles » actuelles, telle la liberté d’entreprendre et d’extraire du profit des ressources (mines, énergies, industries) possédées par des intérêts privés.
« The state of affairs is “catastrophic” », « more damage to the Earth in the next 35 years than we have done in the last 1,000 », « our exponentially growing consumption of resources, required to serve the nine billion or so people who will be on planet Earth by 2050, all of whom want to have lives like we have in the western world », « the climate impact of Asia’s rapid urbanisation », « humanity is living absurdly beyond its means ». [extraits du billet sur le Guardian]
Mais ces « intérêts privés » ne sont pas uniquement les grosses poches et conglomérats internationaux… ce sont aussi nos épargnes collectives, nos fonds de pension, mutuelles et coopératives financières. La place, le poids des petits épargnants est-il toujours conservateur et peu enclin au changement, aux « révolutions » ? Ou si, comme pour les grands groupes financiers et capitalistes, on peut concevoir des stratégies perturbatrices et transformatrices qui soient aussi génératrices de valeur.
Si nos épargnes collectives ont un poids réel [ et quel est-il, justement, vis-à-vis des fortunes privées ? ] il peut être mobilisé par les collectivités agissantes, démocratiques ou intentionnelles. C’est ce qui pourrait « tout changer », selon Klein, cette mobilisation de mouvements divers mais convergents qui visent à divertir les investissements (divest) de l’économie carbonée vers (invest) une autre économie, plus verte, vivante, sociale.
Le dernier livre de Klein ne propose pas de « solution globale » et concentre son attention sur les batailles locales, régionales ancrées dans les cultures et histoires des peuples… notamment amérindiens. Si cette approche a le mérite de donner du sens, de faire voir les convergences dans la multitude des mouvements, toutes les communautés ne sont pas « assises sur des rivières à saumon ». Beaucoup de communautés urbaines doivent et devront compter sur un accès à des ressources qui n’appartiennent à personne : qui ne peuvent être défendues à la manière d’un patrimoine ancré dans telle culture, nation, tribu. Et c’est justement parce qu’elles n’appartiennent à personne qu’elles sont en danger. J’ai été surpris de voir Klein « piquer » la théorie des communs (page 347) : « These truths emerge not out of abstract theory about « the commons » but out of lived expérience. » Bien qu’elle réutilise le concept plus loin de façon positive.
L’Appel de Paris pour la haute mer afin que cette dernière soit considérée comme un bien commun de l’humanité et géré comme tel.