analyser ensemble

L’Institut du nouveau monde (INM) organise un débat en ligne toute la journée du 26 mars (débat lancé en fin d’après-midi – après précision de l’INM) sur l’impact du budget provincial sur les inégalités. Je me suis inscrit à l’évènement, même si je serai en réunion de 9h à 16h45… On pourrait peut-être faire du suivi de cet évènement un élément dynamique de l’ordre du jour, au conseil de Communagir ?

Une autre occasion nous est aussi offerte pour réfléchir aux conséquences, sinon penser la riposte, des politiques d’#austérité. La revue Liberté organise au Théâtre d’Aujourd’hui, les 28 et 29 mars, « La dépossession tranquille : 4 conférences pour penser l’austérité ».

La réflexion et le travail de déconstruction des idées prises pour acquises est plus que jamais, mais pour longtemps, à faire. L’actuelle entreprise de démolition des réseaux et structures de l’intervention publique concertée aux acteurs locaux et régionaux peut reposer sur des décennies de guerre idéologique de tranchée, où l’idée, devenue obsession, que nous payons trop de taxes et d’impôts, que les services publics sont inefficaces et couteux, que le marché est le meilleur moyen d’assurer la croissance du PNB, préférablement de 2 à 3 % par année, ces idées sont devenues des certitudes, partie de la culture et des croyances, rendant acceptables des attitudes qui auraient été inadmissibles il y a pas si longtemps. [C’est la faute à l’hiver, peut-être].

manifestation policière

manifestation policière

De passage coin Ontario et St-Denis, hier, je me demandais ce qui pouvait justifier une telle démonstration de force : j’ai dénombré plus de 100 auto-patrouilles stationnées dans les alentours (et sans faire de relevé systématique). Pour une centaine de manifestants, il y avait, facilement, de quatre à cinq fois plus d’agents (à pied, à cheval, à bicyclette, en voiture…). Il s’agissait de la manifestation « annuelle » contre la brutalité policière.

Pourtant ce matin, aucun journaliste ne semble relever la disproportion de la présence policière en regard du nombre de manifestants. On met plutôt l’accent sur le fait que les policiers n’ont pas fait la gaffe de tabasser les manifestants. Bon pour eux. Et pour nous. Suis-je le seul à me demander combien une telle manifestation de force inutile a pu couter au contribuable, ce dimanche de mars ?

On aurait pu en faire de la prévention et de la formation, avec de montant…

courte laisse et myopie

prolongement, jusqu’au 31 mars 2016, de l’entente administrative avec la Ville de Montréal sur la gestion du Fonds québécois d’initiatives sociales dans le cadre des Alliances pour la solidarité. La région métropolitaine dispose ainsi d’un montant total de 9 M$ afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale pour l’année 2015-2016. [Portail Québec]

Pour un an, vraiment ? La confiance règne ! Une manière de stimuler l’autocensure et induire la soumission de ces « partenaires ». Ce qui se présente comme un gain est un recul par rapport aux pratiques de planifications triennales qui avaient finalement été adoptées. L’autonomie et l’indépendance des partenaires des gouvernements provincial et municipal devrait  compter plus que ça. Les réponses crédibles aux problèmes récurrents et complexes de la pauvreté ne se règleront pas en un an. Et ils auront besoin de « partenaires » et d’acteurs locaux en lien de confiance avec les « pauvres » qui n’ont pas à mendier pour leur survie, ni à se plier aux dernières modes de la nouvelle gestion pour voir reconnaitre leur expertise et la valeur de leur action.

Ces mêmes « décideurs » qui célèbrent aujourd’hui le partenariat et la collaboration avec acteurs locaux, sont ceux-là même qui hier annonçaient  la réduction de moitié du soutien au développement local (ou régional) concerté (fusions précipitées des CDEC/CLD ; réduction de moitié des budgets d’opération) : le ministre de l’occupation des MRC (anti-ministre des régions) et le maire de Montréal.

À moins que les initiatives de « lutte à la pauvreté » ne soient en « phasing out » et qu’on se donne un an pour offrir à ces partenaires, ou à d’autres, des programmes plus caustiques et costauds  de « lutte contre les pauvres » qui seraient plus conséquents avec le style néo-libéral du gouvernement Couillard.

quel projet de société ?

Un autre sondage rappelait récemment à quel point les gens se méprennent sur la signification d’une dette publique, en y appliquant les principes d’un « bon père de famille » qui évite l’endettement. Mais comme le rappelait encore une fois Krugman (Nobody Understands Debt) : une famille, un individu emprunte aux autres, alors que la société s’emprunte à elle-même. Mais les dirigeants aiment bien cette image du ménage de la mère économe (thrifty Swabian housewife), icône chère à Angela Merkel. C’était avant que M. Coiteux, président du Conseil du trésor québécois, reprenne encore une fois cette inepte comparaison des budgets d’un État et d’une famille. Irresponsable, même, pour un gouvernement, disait ce chroniqueur.

Vouloir à tout prix et au plus vite réduire les dépenses et atteindre l’équilibre, puis les surplus budgétaires, c’est vider de sens l’action publique, et renvoyer au privé, à la friche le terrain autrefois occupé, cultivé par celle-ci. C’est appliquer un dogme, celui de la décroissance, planifiée ou provoquée, de la puissance publique, cette capacité d’action collective appuyée sur des institutions et compétences, des contrats, sur une histoire. La décroissance étant le prix à payer pour atteindre l’équilibre, un déséquilibre qu’on a par ailleurs accentué en refusant de récupérer les sommes dues par les riches mais rétifs contribuables ou en réduisant les impôts, supposément pour soutenir l’économie.

Mais il ne faudrait pas donner à la dernière itération (réformes Leitão – Barrette – Couillard, programme Harper) de cette réorganisation permanente utilisée par les politiques pour masquer la vacuité de leurs intentions (c’est Sénèque qui disait cela) plus de sens qu’elle en aura. Ce qui compte vraiment c’est la poursuite, l’approfondissement de l’inaction et de l’impuissance affirmée du pouvoir public, son refus de l’engagement dans un avenir, dans un projet de transformation appuyé sur une vision de notre société qui aille au-delà de la préservation de la cote de crédit du gouvernement et des libertés et garanties offertes aux capitaux.

Combien on gage que dès que l’équilibre sera atteint, ce gouvernement n’aura d’autre projet que de réduire les impôts…