Un beau petit texte de Hugues Sibille, publié il y a un an sur le blogue de Louis Favreau : D’où vient et où va l’économie sociale et solidaire ? Merci, Louis de nous l’avoir rappelé.
Un rappel historique sur les étapes de développement de l’économie sociale et solidaire, mais aussi rappel des difficultés actuelles de collaboration de ces deux courants frères, et des difficultés encore présentes à promouvoir l’entreprenariat social, à percer le « plafond de verre »…
Sur le sujet de la dépendance et du vieillissement, l’ESS est présente partout : mutuelles d’assurance et de santé, associations de services aux personnes, coopératives d’intérêt collectif. Pourtant on laisse in fine assez largement le sujet aux investisseurs privés.
Dans un autre registre, ce texte de Elinor Ostrom, Collective Action and the Evolution of Social Norms (ici en format « textualisé »). J’ai trouvé particulièrement intéressante l’idée qu’il y a des types d’acteurs différents avec lesquels construire une théorie de l’action collective. Le texte se veut une réponse opposée aux théories (Olson, Hardin) de l’acteur individuel « rationnel » qui tendrait « naturellement » à profiter des actions collectives sans s’y engager. Des actions collectives qui, si la théorie était vraie, ne verraient jamais le jour !
J’ai réécouté la conférence de Benoît Lévesque donnée au Symposium sur l’économie sociale et la finance solidaire récemment. Je venais de terminer la lecture de l’excellent recueil de textes publié par ce dernier, en collaboration avec Jean-Marc Fontan et Juan-Luis Klein : L’innovation sociale, les marches d’une construction théorique et pratique.
On y retrouve plusieurs textes importants publiés depuis 1991 par Lévesque et ses collaborateurs, sur la fin du « compromis fordiste », l’émergence de nouveaux acteurs sociaux. Une présentation de l’approche de la régulation et un positionnement « Ni structuralisme, ni individualisme méthodologique ». Des textes de fond sur l’histoire du développement de l’économie sociale au Québec; sur la gouvernance des territoires; une analyse détaillée du processus d’institutionnalisation des services de garde à la petite enfance; plusieurs textes sur le « modèle québécois de développement ». Le dernier chapitre « Un monde qui se défait, un monde à reconstruire » est une belle synthèse des crises récentes et des opportunités qu’elles ouvrent.
« Les formes institutionnelles comme produits de compromis institutionnalisés permettent d’articuler le micro et le macro, l’individuel et le collectif, l’acteur et le champ »
Dans sa conférence de février dernier, le professeur Lévesque présentait l’écosystème de l’innovation sociale québécoise sous cette forme :
À plusieurs reprises il souligne l’importance de développer des passerelles entre les secteurs. Je crois qu’il en faudra non seulement entre les secteurs de l’économie sociale et entre l’économie sociale et l’économie solidaire… mais aussi entre le socio-communautaire et l’économie sociale; entre l’économie publique, l’économie privée et l’économie sociale…
Une réflexion et un recul historique qui nous font apprécier les efforts déployés au cours des 30-40 dernières années, les constructions sociales et institutionnelles qui sont le fruit de ces efforts. La capacité que ces structures et réseaux nous ont donné collectivement pour résister (un peu) aux virages et déboulonnages néo-libéraux.
Ce livre (L’innovation sociale) est une somme, celle d’un sociologue passionné, chercheur dévoué, pédagogue infatigable qui a accompagné et éclairé mouvements sociaux et syndicaux depuis quarante ans.
<Ajout 03.25> Le thème de la conférence de M. Lévesque donnée au symposium de février se trouve développé dans son introduction au dossier de la revue Interventions économiques sur les écosystèmes de l’économie sociale et solidaire.