Les données justes, les faits et non les données biaisées et les préjugés. Les choses se sont améliorées depuis cent ans, et aussi depuis 40 ans. Écoutez cette conférence TED de 19 minutes en deux parties, la première étant donnée par le professeur Hans Rosling, un éducateur et chercheur de réputation internationale dans le domaine de la santé publique (dont j’ai déjà parlé ici). Il nous montre à quel point nos réponses à certaines questions simples sont biaisées et systématiquement moins bonnes que celles qu’aurait pu donner un chimpanzé (autrement dit que le hasard) !
La seconde partie de la conférence est donnée par le fils du Dr Rosling qui souhaite corriger, contrer ces biais de connaissances. Il nous présente quelques trucs, « rules of thumb » pour éviter les réponses biaisées par nos origines, notre formation… Il termine son intervention sur une donnée et un graphique : dans quelques 20 ans, les trois-quarts des consommateurs riches (et donc, influents) viendront de pays hors de l’Europe et l’Amérique du Nord.
Il me semble avoir rencontré récemment cette question : que faire quand les données à (moyen) long terme sont très encourageantes ? J’en retrouve trace dans mon fil Twitter.
L'évolution des conditions de vie sur 2 siècles. Nette amélioration à cette échelle mais faudrait mettre en parallèle la santé de la terre. https://t.co/nT1OAwQAJj
— Gilles Beauchamp (@gillesenvrac) December 21, 2016
Ce sont les 5 graphiques présentés par Max Roser sur le site Our World in Data, Histoire des conditions de vie de l’humanité en 5 graphiques (A history of global living conditions in 5 charts). Ici le graphique décrivant l’évolution sur 200 ans de la population soumise à l’extrême pauvreté.
On peut noter que ce n’est qu’entre 1970 et 1980 que la moitié de la population l’a plus été dans l’extrême pauvreté. La proportion, aujourd’hui’hui, vivant en situation d’extrême pauvreté (SEP) est d’environ 10%. Lorsqu’on regarde la courbe des nombres absolus, on note qu’à partir de 1970, le nombre absolu de personnes en SEP a commencé de diminuer.
Et cela malgré une courbe de croissance qui s’est grandement accélérée. Au cours des 40 années de 1850 à 1890, la population globale s’est accrue d’environ 300 millions de personnes, passant de 1,262 à 1,557 milliard, soit une croissance de 23% sur la période. De 1960 à 1999 la population aura augmenté de 100%, passant de 3,026 à 6,049 milliards de personnes. Et malgré cela, ou peut-être à cause de cela, le taux et le nombre absolu de personnes vivant dans la pauvreté extrême a été réduit drastiquement, passant de plus de 50% avant 1970 à moins de 9% aujourd’hui. Le nombre absolu passant de 2,218 milliards à 705 millions. Bon, c’est encore 700 millions de personnes en SEP mais il faut reconnaitre que pendant que la population doublait, ajoutant 3 milliards d’humains sur terre, la population extrêmement pauvre voyait non seulement sa proportion diminuer mais son nombre absolu fut divisé par trois.
On peut sans doute se dire que tout n’est pas si sombre, que le « progrès » n’a pas seulement conduit la planète au bord de la catastrophe… qu’il a aussi augmenté la littératie, la longévité, diminué l’extrême pauvreté.
Dans le même ordre d’idées, Rosling présentait il y a quelques années plusieurs cartes interactives sur la santé et l’évolution de la population mondiale. Celle-ci décrivant l’espérance de vie depuis 1850.
Mais je reste sceptique, considérant que les courbes tracées sur 200 ans recouvrent justement cette période de développement industriel rapide qui n’a accordé que peu d’attention aux effets qui s’accumulaient dans l’air, l’eau et les terres… Nous arrivons au bout de cette période de développement débridé et tout indique qu’il y aura des régressions (l’espérance de vie diminue aux USA) si des moyens ne sont pas mis en place pour harnacher ces forces qui ont, en effet, permis la croissance globale du niveau de vie et de l’espérance de vie.
Alors que les populismes de droite percent un peu partout, il faudrait dépasser les manifestations de bons sentiments (mouvements Occupy et autres carrés rouges) pour articuler un populisme de gauche apte à établir son hégémonie. Avec Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, j’y reviendrai prochainement.