Les gens s’inquiètent devant les sommes « faramineuses » que les gouvernements s’apprêtent à investir pour compenser l’inactivité obligée et pour relancer l’activité, une fois la tempête passée. Ces milliers de milliards sont de grosses sommes, certes. Mais il est bon de rappeler certains faits. Notamment que les 500 plus grandes multinationales américaines ont dépensé 1 500 milliards au cours des seules années 2018-2019 en rachats de leurs parts afin de maintenir à la hausse leur valeur sur les marchés boursiers (et les salaires – eux aussi faramineux – de leurs dirigeants).
The largest 500 U.S. multinationals, for instance, spent over $1.5 trillion in 2018 and 2019 just buying back their own stock, to boost their share prices and their executive stock rewards. On top of that, they paid out nearly a trillion more in dividends.
Could the wealth in tax havens help us pay for the Coronavirus response?
Il est aussi bon de rappeler, comme le faisait Piketty avec Le capital au XXIe siècle, que les États ont diminué drastiquement les prélèvements d’impôts sur les plus hauts revenus depuis 40 ans.
Dans le passé, les taxes étaient de beaucoup préférées à l’emprunt quand il fallait soutenir un effort de guerre.
Taxes were preferred above borrowing or other measures at times when support for wars was high.
Tax justice and the coronavirus
And from a justice perspective, we have to agree with Pope Francis.
« Those who do not pay taxes do not only commit a felony but also a crime: if there are not enough hospital beds and artificial respirators, it is also their fault. »
Les règles qui se sont appliquées depuis 40 ans n’ont pas toujours été de mises ! Comme le rappelle Robert Boyer.
Le temps est venu d’une coordination par l’Etat des circuits économiques permettant de traiter avec efficacité et célérité l’urgence sanitaire. Il faut prendre au sérieux la métaphore de la « guerre contre le virus » et se souvenir que la comptabilité nationale, la modélisation macroéconomique et le calcul économique public, qui ont favorisé la modernisation de l’Etat, trouvent leur origine dans l’effort de guerre puis de reconstruction – primat de l’intérêt collectif sur l’individualisme, par la réquisition et le contrôle du crédit et des prix. Penser que le marché connaît la sortie de crise serait une naïveté coupable.
Robert Boyer, « Cette crise inédite adresse un redoutable avertissement aux économistes », Le Monde, 28 mars.
De quelle économie parle-t-on quand certains parle de retourner vite au travail pour « sauver l’économie » ?
So when they recommend Americans get back to work for the sake of the “economy”, they’re really urging that other people risk their lives for the sake of the bankers’ and billionaires’ own stock portfolios.
Ignore the bankers – the Trump economy is not worth more coronavirus deaths | Robert Reich | Opinion | The Guardian
Voir aussi sur les règles économiques internationales qui sont aujourd’hui remises en question : International Economic Law and COVID-19