Un article du G&M (que je ne réussis pas à retrouver sur leur site !) de la fin de semaine m’apprend que le gouvernement Cameron de Grande-Bretagne vient de financer une commission pour étudier des alternatives à la mesure « brute » du PIB. Des mesures alternatives de la prospérité, qui ont déjà fait l’objet de travaux par une commission française dirigée par MM Sen et Stiglitz qui remettait son rapport l’an dernier et dont je parlais ici en début d’année. L’article du Guardian commentant la nouvelle, il y a 3 semaines, pointe vers son Data Blog, qui lui même introduit les National Accounts of Well-being (Comptes nationaux du bien-être), où l’on peut comparer les pays (Europe) sur différents indicateurs, mais aussi répondre soi-même au questionnaire qui a servi à construire cet indicateur de bien-être… On peut télécharger le rapport d’analyse ainsi que les tableaux de données à cette adresse.
Suivant le statisticien canadien John Helliwell, « The UK plans are putting into action the two most important elements of the Stiglitz/Sen report: systematically measuring subjective wellbeing as part of a broader national accounting system, and using these data to inform policy choices.» Lorsqu’on cite à plusieurs reprises le Canada comme étant un pays qui sonde ses résidents sur l’appréciation de leur bien-être, je présume qu’on fait référence aux Enquêtes sur la santé des collectivités canadiennes. À moins que ce ne soit aux résultats de l’Enquête sur la santé de la population (longitudinale depuis 1994). Le même Helliwell précise : Canadian statisticians and researchers also poll subjective wellbeing across the country, but the data have thus far not attracted much policy attention.
Quelques tableaux tirés de l’ESCC. Ces autres tableaux montrent l’évolution depuis 1994 autour de quatre grands facteurs de santé : usage du tabac; auto-évaluation de sa santé; indice de masse corporelle et niveau de l’activité physique.
Ces questions touchant la mesure de la prospérité et du bien-être par autre chose que le produit intérieur brut (incidemment on trouve ici les chiffres et la méthode de calcul de celui du Canada, le Système des comptes nationaux) posent la question de la croissance, ou du développement humain. Mais pouirquoi ne cite-t-on jamais dans ces discussion les travaux du Programme des Nations-unies pour le développement, qui ont développé depuis 20 ans cet indice de développement humain ?
La différence entre les deux types de mesure tient au caractère plus objectif de ce dernier (IDH), où ce sont la scolarité, les dépenses de santé, les inégalités de genre… que l’on mesure et compare, alors que les nouveaux indicateurs cherchent à saisir les dimensions subjectives ou plus subjectives du « bonheur » (la confiance en ses élus, ses voisins, en l’avenir) et leurs corrélations avec des facteurs objectifs (revenus, sexe…).