J’ai travaillé depuis quelques semaines à produire un rapport à partir des 12 000 naissances du territoire [quelques corrections encore et validations et vous pourrez le voir]. J’y compare les taux de bébés de faible poids, de prématurité, de retard de développement intra-utérin… en fonction de la scolarité, de l’âge ou du statut d’immigrant des mères. Des différences importantes existent, donnant l’impression que les enfants nés de mères immigrantes sont en meilleure santé que les autres. Mais il est possible que cela soit dû au fait que les mères immigrantes soient arrivées depuis peu au pays. C’est une hypothèse seulement car l’information disponible dans les avis de naissance ne permet pas de savoir quand ces mères sont arrivées. Ce sont les résultats d’une recherche du Dr. Marcelo Urquia, à l’hôpital St Michael’s de Toronto, dont on parle aujourd’hui dans les médias qui m’y ont penser.
Time since migration modifies the neighborhood deprivation gradient in preterm birth among immigrants living in Ontario cities. Immigrants reached the level of inequalities in preterm birth observed at the neighborhood level among the Canadian-born after 14 years of stay, but neighborhoods did not influence preterm birth among more recent immigrants, for whom the maternal country of birth was more predictive of preterm birth.
Le même Dr Urquia avait publié en 2008 une recherche, rapport disponible sur Statistique Canada, comparant les taux d’issues défavorables de la grossesse (la naissance avant terme, le faible poids à la naissance et l’enfant né à terme avec un faible poids de naissance) avec le niveau de faible revenu des quartiers de résidence des mères.
Les corrélations entre le poids des bébés et la scolarité des mères, ou le faible revenu sont connues et étaient attendues. L’impact de l’immigration semble différencié suivant l’origine ethnique… mais cela est peut-être lié plus au temps écoulé depuis l’arrivée au pays.
Une autre corrélation vient complexifier le portrait : celle avec l’âge de la mère. N’étant pas spécialiste en la matière, j’étais sous l’impression que les mères jeunes (moins de 20 ans) étaient la cible première des programmes de prévention (du genre SIPPE). Pourtant, le nombre de bébés de faible poids et prématurés est de beaucoup supérieur chez les mères de plus de 35 ans… Dans le cas des bébés de faible poids (moins de 2 500 grammes à la naissance), on parle de 26 naissances pour les mères de moins de 20 ans et de 191 pour celles de plus de 35 ans. Est-ce ma vision tronquée et extérieure au domaine ou si on n’accorde pas un peu trop d’importance aux mères très jeunes et pas assez aux plus âgées ?
En fait, je crois que la mission première de SIPPE ne soit pas la santé du bébé ( bien que cela soit souvent annoncé comme tel) mais plutôt les compétences parentales, et il semblerais que nos jeunes mères aient quelques fois besoin d’un petit coup de pouce à ce sens.
Très intéressant de savoir que nos mères immigrantes ont des bébés plus en santé. Ne serait-ce pas leur mode de vie (alimentation différente, rythme de vie etc) qui viendrait influencer cela???
Je crois que c’est le même phénomène qui fait que les immigrants en général sont en meilleure santé : ils sont sélectionnés à l’entrée ! Et la recherche du Dr Urquia montre qu’après 14 ans de vie au pays, la différence s’estompe… au niveau du taux de prématurité, à tout le moins.