soliloque cinquantenaire

casquette2.gifJe viens d’effacer ma fiche d’un site de rencontres. Après m’être rendu compte que le message que je pouvais envoyer «gratuitement»… ne pouvait être lu, à moins que quelqu’un (moi ou l’autre) ne débourse 50 euros (!) minimum ! Arnaque…

Je me souviens, il y a une quinzaine d’années, avoir utilisé un service qui s’appelait « la Boîte à mots ». C’était la version pré-Internet des sites de rencontre. Les gens inscrits produisaient une lettre de présentation qui avait parfois sept ou huit pages, que les visiteurs pouvaient venir lire librement. Pour communiquer avec l’un ou l’une des auteures de ces lettres il fallait s’inscrire ($$) – pas tellement différent des sites internet d’aujourd’hui ! Je me souviens avoir fait, le plus souvent, le parcours en autobus ou même en taxi pour aller chercher cette note qu’une lectrice m’avait laissée, plutôt que d’attendre que celle-ci ne soit envoyée par la poste. C’était le temps où les présentations se faisaient de manière un peu plus élaborée que les quelques mots qu’on retrouve aujourd’hui sur les services de rencontre Internet : « cherche compagnon pour soirées agréables, et peut-être plus…».

Moins fringant aujourd’hui devant « le continent à conquérir » que lorsque j’avais 39 ans… C’est ce qu’on se dit n’est-ce pas : moins fringant mais plus sage ! Mais oui, plus sage. Moins tourmenté sans doute: les exigences de la chair sont devenues moins impérieuses… ce qui ne veut pas dire que cette dernière en soit moins délicieuse !

Mais quelle industrie que celle des services aux âmes solitaires… et quoi de plus commode que de vendre par internet ce petit morceau de lien social, cette promesse, cet espoir servi au moment où le besoin se fait sentir, ce vendredi ou samedi soir… au moment où le 25 ou 30$ par mois (à condition d’acheter 3 mois d’avance…) apparaît, finalement, peu de chose : après tout, c’est le prix d’un repas au resto ! Basta ! J’utiliserai mon blog et je garderai mes $$ pour le resto !

Oui, mais… je me suis gardé jusqu’à présent de transformer ce carnet, Gilles en vrac…, en un journal personnel. Pourquoi au juste ? D’abord parce que je le voulais un outil professionnel et qu’il me semblait inconvenant de mêler les deux dimensions. Ensuite, parce que je me voyais mal entretenir mes quelques lecteurs de mes turpitudes sentimentales… alors même que parmi ces lectrices se trouvent peut-être des ex ou des futures ! Mais bon… mes ambitions professionnelles ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 5 ans. Et puis mieux vaut mélanger un peu les genres (après tout, c’est « en vrac ») que de donner l’impression que je ne suis que ce pseudogeek, intéressé aux seules bébelles technos ou socialos.

Le prix de la liberté : la solitude

Mais est-ce la liberté qu’on cherche ? N’est-ce pas plutôt l’amour… cet amour qui comblerait tous nos manques, toutes nos angoisses, nos attentes… Ce qui fait que chaque fois l’amour trouvé finit par se révéler impossible, insoutenable. Alors, alors on se dit que la prochaine fois sera la bonne… que d’ici là on se transformera, on travaillera sur soi… on deviendra plus mature. La maturité affective, n’est-ce pas ? Ça s’apprend, ça se tricote non ?

Et pourquoi ce désir d’étaler sur ce carnet mes sentiments personnels ? Je dirai que pour le moment il m’importe plus de réfléchir à cet état de « solitarité » que des milliers d’autres partagent et qui sert de matière première à tant d’industries, de la télévision aux romans, à la radio… à l’industrie du disque, des iPod et autres medias permettant de meubler sa bulle, de la transporter avec soi… sans parler des industries du sexe, de la pornographie… cette réflexion a pour moi une valeur primordiale, thérapeutique dirais-je, avant même la recherche de l’âme soeur. Il y a quelque chose d’ironique, si ce n’était pas si douloureux parfois, dans le fait de savoir que tant d’autres se retrouvent dans la même situation. Les « ménages composés d’une seule personnes », comme on dit, constituent plus de 30% des ménages québécois. En Suède, ils dépassent 50 % des ménages. Solitaire dans la foule… de solitaires. Une situation qui peut donner espoir, ou son contraire. Il est plus que probable que je mettrai fin à ce fil de réflexion le jour où… Mais justement, je ne veux pas tout de suite. Il me semble que j’ai à faire un certain bout de chemin, réduire d’une manière ou d’une autre ma « dépendance affective ». Apprendre à m’aimer un peu plus, un peu mieux mais aussi à aimer le monde. Ce qui est un brin contraire à ce fil récent du capitaine, qui disait justement (ou plutôt reprenait) « On aime comme on a été aimé ». Mais Laurent avouait lui-même Avant d’être aimé, il faut savoir aimer, c’est un cercle vicieux.

En effet, comment fait-on quand on a pas été assez aimé ? J’ai l’intuition que cette question, je ne suis pas le seul à me la poser ! Et là encore, tout est relatif : mon histoire est sans doute enviable comparée à d’autres…

Assez, pour ce premier soliloque. Ça m’a fait du bien d’en parler. Et ne vous inquiétez pas, ou pas trop : je me sens, somme toutes, assez bien. Et je travaille là dessus !

P.S. si vous ne souhaitez pas laisser de commentaire mais désirez quanbd même me donner du feed-back, je vous rappelle que mon courriel se trouve là.

2 réponses sur “soliloque cinquantenaire”

  1. « Le prix de la liberté : la solitude » ? Gilles, ya pas de doute, tu es libre et ça se lit. Mais t’es pas tout seul (du moins, côté lecteurs…)! Je ne partage tes soucis de cinquantenaire célibataire que par le coeur, en lisant ton message. Les miens sont plutôt ceux du trentenaire père de famille nombreuse ! C’est un autre registre. 🙂
    N’empêche… je sympathise. Continue à nous écrire en vrac.

  2. Merci Sig pour ces mots,

    Bon courage avec la famille nombreuse. Il y a là des plaisirs essentiels, qui fondent les meilleurs souvenirs et avenirs…

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