Comment l’amour réel, ce lien affectif, quotidien, cet attachement profond qui se développe « pour le meilleur et pour le pire » avec la personne choisie, significative, élue… comment cet amour de chaque jour peut-il supporter la continuelle comparaison avec les modèles de beauté, d’intelligence, d’humour et de tendresse qui se donnent à voir en grand format, à haute définition sur tous les écrans de nos désirs ?
Faudrait-il user d’artifice et couvrir d’un voile l’amour réel pour éviter la comparaison et nourrir le mystère, la singularité de la relation ? Mais cette personne ainsi cachée ne devient-elle pas un objet thésaurisé, approprié comme privé en contradiction avec la quête, la conquête d’une place, d’une participation accrue, libre des femmes à la société ?
User d’artifice sous forme de voyage rêvé qu’on réalise, de fête ou de réception réussie, de collection d’objets désirables. Des façons d’incarner sa propre aventure, d’écrire son roman. Des artifices qui n’en sont plus lorsque l’aventure s’épaissit, s’opacifie avec le temps pour prendre corps, devenir souvenir inscrit dans la chair. Ces photos qui me font du bien parce qu’elle me rappellent le temps passé… avec toi.
Sans artifice, l’amour dans la peau. L’amour de ton cul, de ta bouche, de tes seins, de tes fesses, de tes bras de tes jambes, tes yeux tes cheveux… de tes jours et tes nuits, j’ai envie, ma mie. Évidemment cet amour charnel n’est plus ce qu’il était. Son appel moins pressant, se fait sentir moins fréquemment. Ce qui n’en fait pas diminuer l’importance. Il faut que le désir de recommencer survive, que le plaisir vive encore dans 15 ans, dans 20 ans. Que la tendreté ou la sécheresse des corps ne fasse pas disparaitre l’aiguillon, la sémillante offrande du sexe. Que la tendresse des coeurs accepte et soutienne, un peu, toujours, la folie des corps.
Merci, Gilles, de prendre la relève des « chroniques de la Saint-Valentin » autrefois incorporées aux chroniques du lièvre !