Une rencontre se tenait il y a peu avec les organisateurs communautaires et les cadres-programmes de notre établissement où l’on nous a présenté le Cadre de référence sur le partenariat avec le milieu communautaire. Dans la discussion qui a suivi je suis intervenu à la fin pour avancer, bien maladroitement, quelque chose qui aurait dû ressembler à ceci : beaucoup de choses sont dites à propos des ententes de services pouvant être conclues entre organisations communautaires et institutions publiques, que certains voient d’un mauvais oeil, comme devant être limitées au minimum, de façon à maximiser le mode de financement de la mission des organismes et ainsi respecter leur autonomie.
Mais il y avait un absent dans tout le débat, quasiment un tabou… à savoir l’utilisation de ressources privées, dans le cadre d’ententes de services ou de partenariats, peu importe ici. Pourtant, il me semble que cette alternative se posera toujours, concrètement, lorsqu’il s’agira pour l’institution de trouver une réponse réelle à des besoins. C’est drôle que ce soit la représentante du milieu communautaire qui a semblé la plus à l’aise avec mon intervention : peut-être étaient-ils les seuls à y avoir réfléchi ?
Ou si les cadres préféraient garder cette questions comme une carte dans leur manche ? La représentante étant issue du milieu des ressources communautaires en déficience intellectuelle avait en tête spontanément des exemples où le recours « au privé » signifiait des conditions salariales minimales pour des employés à qui l’on demandait beaucoup, avec peu de formation…
Et si on ne parle pas ouvertement de cette question, elle demeurera implicite, ou pire, une menace silencieuse au dessus des négociations avec le communautaire. La question est celle-ci : comment pouvons-nous approcher de manière proactive la réponse à certains besoins où les organisations communautaires peuvent, éventuellement, devenir des partenaires ? Autant à l’intérieur de l’établissement public que dans le milieu communautaire il faut faire valoir, de manière explicite, la « plus value » apportée par la solution communautaire, en regard de la solution privée. Si la solution communautaire coûte (un peu) plus cher que la « privée », ce n’est pas parce que la première ferait preuve de laxisme, alors que la seconde serait plus diligente dans sa gestion des ressources… c’est parce qu’il y a une qualité supplémentaire. Naturellement, s’il y a une qualité supplémentaire, ce sera contraignant pour les deux parties : un « livrable » de meilleure qualité contre un coût un peu plus élevé. Autant il est important de voir ces occasions comme des opportunités de développement, du milieu, de ressources de qualité ayant un impact « à large spectre » sur les problématiques qui nous importe… autant il est possible que la « solution communautaire » ne soit pas adaptée à tous les besoins. Ici, je me démarque de certains collègues : je ne fais pas d’urticaire quand on me parle du secteur privé « à but lucratif ». D’autant moins quand, derrière ce vocable du « but lucratif », on inclut des ressources qui relèvent plus de l’économie domestique et informelle que du capitalisme : par exemple les petites maisons de chambre.