Streeck et le retour des nations

J’avance dans ma lecture, passionnante, de Taking back control? States and state systems after globalism, mais comme ce livre a été écrit avant l’élection de Trump, je me suis demandé s’il avait écrit quelque chose après l’arrivée au pouvoir du clown.

Et j’ai trouvé deux textes : Overextended: The European Disunion at a Crossroads, que j’ai traduit en français : La désunion européenne à la croisée des chemins.. Un autre texte, aussi proposé sur le site de l’auteur, une entrevue publiée dans la revue Jacobin Wolfgang Streeck: “Global Governance” Is a Pipe Dream. Une entrevue que j’ai aussi traduite : La « gouvernance mondiale » est une chimère. Ce dernier texte est d’abord plus facile et introduit bien au livre : Taking Back Control?

Wolfgang Streeck est un sociologue allemand dont j’ai beaucoup apprécié Du temps acheté : La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, paru en 2014.

Streeck se fait très critique de l’Europe actuelle, qu’il décrit comme trop étendue et entre les mains de technocrates à Bruxelles, mettant plutôt de l’avant un retour en force de nations plus autonomes et plus à même d’orienter leur développement et leurs alliances, alors que d’autres prêchent la disparition des États-nations au profit d’une gouvernance « planétaire » (Réalisme planétaire). Cette opposition peut paraître radicale, et idéaliste, compte tenu du durcissement des « blocs » commerciaux, et de la montée de la « realpolitik » (voir le post de Alain Lipietz que j’ai reproduit). Pourtant je crois, avec Streeck, que des nations plus agiles, aptes à s’engager dans des changements rapides et radicaux, c’est la seule avenue décente. Ce qui n’implique pas un retour à l’autarcie et au replis sur soi, mais plutôt permet d’envisager des échanges internationaux qui ne seraient pas dictés par les seules lois de l’accumulation capitaliste.

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