résister ou périr

Je pastiche avec ce titre le livre de Timothée Parrique Ralentir ou périr. Comme s’il fallait y ajouter un peu de conflictualité, d’urgence. Une urgence que Naomi Klein et Astra Taylor dénoncent avec véhémence dans The rise of end times fascism paru dimanche dernier dans The Guardian. ( La montée du fascisme de la fin des temps, ma traduction )

Deux pistes suggérées par les auteures:

[N]ous entraider pour faire face à la profondeur de la dépravation qui s’est emparée de la droite dure dans tous nos pays. Pour aller de l’avant avec détermination, nous devons d’abord comprendre ce simple fait : nous sommes confrontés à une idéologie qui a renoncé non seulement à la prémisse et à la promesse de la démocratie libérale, mais aussi à la viabilité de notre monde commun, à sa beauté, à ses habitants, à nos enfants et aux autres espèces. Les forces auxquelles nous sommes confrontés ont fait la paix avec la mort de masse. Ils sont traîtres à ce monde et à ses habitants humains et non humains.

[N]ous opposons à leurs récits apocalyptiques une bien meilleure histoire sur la façon de survivre aux temps difficiles à venir sans laisser personne derrière nous. Une histoire capable de vider le fascisme de la fin des temps de son pouvoir gothique et de galvaniser un mouvement prêt à tout risquer pour notre survie collective. Une histoire non pas de la fin des temps, mais de temps meilleurs ; non pas de séparation et de suprématie, mais d’interdépendance et d’appartenance ; non pas d’évasion, mais de rester sur place et de rester fidèle à la réalité terrestre troublée dans laquelle nous sommes empêtrés et liés.

Lire l’article de Klein à la suite de celui, presqu’aussi virulent et tout aussi effrayant, de Peter St. Clair paru sur The Brooklyn Rail : The Overshoot Scam (ma traduction L’arnaque du dépassement) ça donne de la consistance à l’hypothèse d’une malfaisance, d’une « mafia » qui serait au pouvoir… mais ce n’est pas vraiment une mafia, car elle ne se cache pas (ou de moins en moins) pour agir, et elle le fait légalement ! Mais, ce que Malm et Carton démontrent, dans leur livre Overshoot1que l’article de St. Clair résume assez bien, c’est que ce sont les règles, le système économique qui sont la source de cette malfaisance. Les hommes ne font qu’obéir aux règles… qui conduisent au dépassement.

Il faut changer les règles, en commençant par l’information sur la provenance des matériaux et produits échangés. Henri-Paul Rousseau, ancien PDG de la Caisse de dépôts, propose une Alliance pour le commerce intelligent (original, publié dans le Globe and Mail du 11 avril : Technology will play a vital role in this brave new world of international trade).

Il faudra aussi se résoudre à étatiser les sources d’énergies, afin de freiner puis renverser (démanteler) les investissements dans l’exploitation fossile pour soutenir le développement des nouvelles énergies aujourd’hui bloqué, freiné par la domination des énergies fossiles qui procurent des retours plus juteux.

Il faudrait que les investisseurs subissent le coup qu’ils redoutent le plus : les installations qui viennent d’être financées, ou qui viennent d’être finalisées, ou qui viennent d’être inaugurées, ou qui sont sur le point d’atteindre le seuil de rentabilité ou de commencer à générer des profits, devraient être scellées et fermées à clé pour de bon. » En d’autres termes, des actifs échoués.

Cet abandon des énergies fossiles sera un geste politique et non la résultante de quelque manoeuvre économique.

la transition vers un système énergétique sans énergie fossile ne sera pas suffisamment rentable pour attirer des investissements suffisants, tandis que les investissements dans les énergies fossiles continueront à générer d’énormes profits et à attirer des investissements croissants, tout en garantissant l’aggravation de la crise climatique. (…)

par conséquent, pour que la transition ait lieu, elle doit être impulsée par l’État dans le cadre d’une initiative politique visant à faire de la production d’énergie un bien public. En d’autres termes, dans un système régulé par le marché, la transition vers un système énergétique non destructeur ne sera pas possible sans une forme d’expropriation de l’industrie des combustibles fossiles et son remplacement par la propriété commune.

John Maynard Keynes disait Tout ce que nous pouvons réellement faire, nous pouvons nous le permettre. N’est-ce pas aussi ce que dit la nouvelle théorie monétariste : S’il existe des capacités inutilisées dans l’économie, le gouvernement peut créer de la dette pour que ces capacités soient à nouveau utilisées. Mais s’il n’y a pas de ces capacités inutilisées ? C’est pour ça qu’il faut freiner certains investissements, certains types de développement, pour libérer les capacités d’agir.


Sur un autre plan, celui de la critique de la politique erratique de T., j’ai apprécié cet article de Noah Smith, économiste, qui décrit clairement À quoi ressemblerait une véritable stratégie commerciale anti-Chine ?

Notes

  • 1
    que l’article de St. Clair résume assez bien

organisateur communautaire

Le 19 mars dernier j’ai animé un webinaire avec des organisatrices et organisateurs communautaires du réseau de la santé québécois. On m’avait demandé de faire un retour sur ma pratique d’organisateur de 1976 à 2012… j’ai ajouté en prime les années qui ont suivi !

La rencontre (sur Zoom) n’ayant pas été enregistrée j’ai voulu reprendre mon PowerPoint (en fait c’était un Keynote, sur Mac) pour le proposer à ceux-celles qui n’étaient pas là. Je me suis aperçu que c’était pas aussi simple : l’absence de public rendait l’exercice de reprise plus… laborieux. Comme si le « pep » n’y était pas ! Il y a sans doute plus de silences, d’hésitations que lors de la présentation « live ».

Mais cela m’a permis de compléter ma présentation (qui devait, à l’origine, être limitée à 40-45 minutes, le webinaire se déroulant sur l’heure du dîner) par une mise en contexte (avant mon arrivée au CLSC Hochelaga-Maisonneuve) et quelques éléments de conclusion. Je crois aussi avoir été un peu plus clair dans cette version… qui dure 67 minutes. Pour couvrir 50 années, c’est encore synthétique ! Voir les documents auxquels je réfère.

Comment conclure…

  • Ai-je tiré des conclusions de cette longue expérience ?
  • L’économie sociale que j’ai défendue et promue pendant des décennies… suis-je satisfait de ce qu’elle est devenue ?
  • Mon expérience à la Maison des aînées m’a-t-elle enseigné quelque chose sur le logement communautaire qui pourrait être utile aujourd’hui?
  • Ma « navigation » dans les corridors du pouvoir, local mais aussi à l’agence et à la santé publique régionales durant mes années à l’observatoire, comment la ferais-je aujourd’hui ??
    • Je ne pourrais pas agir à la fois comme organisateur et comme agent de planification (APPR)… et maintenir une approche critique demandant l’ouverture du réseau sur les partenaires de la région…
    • Le projet régional co-dirigé par l’Agence et la santé publique d’un Carrefour montréalais d’information sociosanitaire (CMIS) est disparu dans la poussière de la dernière réforme-centralisation. De fait c’est la région de Montréal qui est disparue de l’organigramme, remplacée par 5 CIUSSS.

Je devrais revenir sur ces questions, avec les partenaires de l’époque, si c’est possible! Mais aussi relire certains textes et voir s’ils tiennent encore la route. Comme ces « élucubrations » autour de l’évaluation de programme en OC… ou encore sur le « thermomètre sociocommunautaire ».


Le répertoire des ressources du quartier était un « labour of love » qui était aussi l’occasion de soigner (et mettre à jour) nos relations avec ces nombreuses et diverses ressources.


L’appétit que j’avais à installer de nouveaux logiciels, acquérir de nouvelles compétences était peut-être ancré dans cette insécurité de n’avoir pas été formé en travail social ? Ou c’était une tendance déjà présente avant : j’étais responsable des ateliers- vidéo au module recherche-animation culturelle. J’avais déjà une certaine orientation techno…

Imaginons une autre façon d’habiter

Une société où on ne paie pas le tiers (et plus) de son salaire pour simplement se loger.

Une société où la richesse accumulée dans la bulle immobilière est collectivement utilisée pour dégonfler, graduellement, la bulle et réduire l’emprise du capital foncier et immobilier sur l’économie et la société tout en construisant le stock de logements qu’il nous faut.

Rob Carrick, dans le G&M du 9 janvier dernier, suggérait au prochain premier ministre du Canada (ma traduction) :

[S]upprimer l’exonération de l’impôt sur les plus-values pour les résidences principales, que ce soit en partie ou en totalité. L’une des raisons de la faible productivité du Canada est que trop d’argent est immobilisé dans l’immobilier plutôt que dans d’autres types d’actifs. Compte tenu de l’augmentation massive des prix de l’immobilier au cours des dernières décennies, c’est tout à fait compréhensible. Lorsque les marchés de l’immobilier se réchauffent, les acheteurs se font concurrence et surpayent en raison du potentiel d’investissement.
La réduction de l’exonération de la résidence principale ferait de l’immobilier un choix de vie plutôt qu’un investissement. Il en résulterait un marché plus calme qui laisserait plus d’argent à dépenser pour des choses telles que des investissements dans des entreprises qui construisent l’économie.
Il faut s’attendre à une réaction furieuse si l’exonération de la résidence principale est annulée, en particulier de la part des personnes âgées qui considèrent leur maison comme leur plan de retraite. Toutefois, l’impact fiscal réel sur les maisons ne serait pas monstrueux. N’oublions pas que la partie imposable de la plus-value ne serait que de 33,3 %.
L’imposition des maisons ne devrait pas faire s’effondrer le marché du logement – les gens ont toujours besoin d’un endroit pour vivre et élever une famille, n’est-ce pas ? Mais elle réduirait les pressions spéculatives qui ont entraîné une hausse des prix de l’immobilier bien supérieure à celle des revenus au cours des deux dernières décennies. Le résultat net serait probablement une baisse des prix à court terme, suivie d’une modeste appréciation.
Il semble que nous ayons décidé de construire plus de maisons comme remède économique au problème du logement inabordable, mais c’est un processus qui évolue lentement et qui est vulnérable aux conditions économiques défavorables. L’imposition des plus-values immobilières est un moyen plus rapide de rendre le logement abordable et, ce qui est tout aussi important, de réaffecter les capitaux sur le marché canadien dans l’intérêt de tous.

On pourrait « dorer la pilule » d’une fin à l’exonération de la résidence principale en offrant aux détenteurs individuels de plus-value immobilière la possibilité d’investir (avec un rendement plus lent mais une garantie sur le capital) dans une « corvée nationale » de construction d’unités locatives abordables.

Une telle « corvée » pourrait être amorcée par une initiative de fondations caritatives visant à multiplier les investissements des premiers participants dans des projets « hors marché ».

Mais construire du logement « hors marché », j’ai l’impression que ce n’est pas que du logement… il s’agit de construire une autre manière d’habiter, de partager l’espace et les ressources.

Extrait de ‘Reversing the ‘iceberg’

Renverser l’iceberg : rendre l’économie plurielle visible

« L’accent mis sur l’économie capitaliste se manifeste également dans la pratique de l’urbanisme. Les espaces urbains sont conçus pour favoriser la croissance économique en augmentant le PIB plutôt que le bien-être socio-environnemental. La croissance insatiable n’a pas seulement épuisé la nature, elle a également créé une hiérarchie de pouvoir et des inégalité à différents niveaux géographiques et temporels. Les diverses économies sont souvent sous-évaluées et occultées alors qu’elles contribuent grandement au bien-être socio-environnemental.

Se concentrer sur l’économie plurielle peut aider à comprendre les pratiques et les ressources locales, et peut ouvrir la possibilité de responsabiliser la communauté. »

Extrait de Reversing the ‘iceberg’ (PDF)

lectures du dimanche

Je vous propose ici quelques articles que j’ai trouvé assez intéressants pour les traduire en français.


Ensauvager nos villes, ou les réensauvager. Créer des ponts de nature, des aménagements qui rendent la cohabitation avec d’autres formes de vie qu’humaine plus facile. Un article publié le 27 mars par Alexi Freeman, sur le site Matters dont la devise est: Stories, people and ideas doing good.


L’importance de la régénération biorégionale pour la santé de la planète, un article qui n’est pas récent (2020) mais qui définit bien le concept de biorégion et donne plusieurs exemples de tels initiatives.


Dans L’espoir d’un avenir différent, j’ai rassemblé 4 articles publiés par Sally Lowndes et Jessica Prendergrast, en février 2025 en un document PDF. Des modèles de transition à l’écosystème des praticiens de l’avenir alternatif (au Royaume-Uni)… Des textes inspirants !


Dark Matter Labs, c’est un ensemble d’initiatives, de laboratoires, de studios… visiter leur site, c’est plonger dans une structure à plusieurs dimensions. J’ai voulu mieux saisir un aspect de cette complexité : les capacités (capabilities) que DM cherche à développer. J’en ai traduit les définitions dans La matrice de Dark Matter Labs.


Le dernier (ou récent) billet de Andrew Curry, sur Just Two Things, porte sur deux choses (!) : A. Une initiative d’un artiste gallois qui dénonce l’endettement des personnes aux prises avec des prêteurs frauduleux, en rachetant leurs dettes avec son propre argent. B. Une liste de 10 livres qui expliquent pourquoi on en est rendu là… Il y a au moins UN livre de cette liste que je veux lire : celui de Svetlana Alexievitch : La fin de l’homme rouge. Ma traduction : Les sombres rouages du marché des créances douteuses // Les livres qui expliquent le moment politique actuel.


Le Canada s’éveille à son propre pouvoir, ou à ce qu’il pourrait être. Un article de Adam Radwanski, publié dans le Globe and Mail du 5 avril. Le pays a les moyens de s’éloigner du « grand frère »…

Streeck et le retour des nations

J’avance dans ma lecture, passionnante, de Taking back control? States and state systems after globalism, mais comme ce livre a été écrit avant l’élection de Trump, je me suis demandé s’il avait écrit quelque chose après l’arrivée au pouvoir du clown.

Et j’ai trouvé deux textes : Overextended: The European Disunion at a Crossroads, que j’ai traduit en français : La désunion européenne à la croisée des chemins.. Un autre texte, aussi proposé sur le site de l’auteur, une entrevue publiée dans la revue Jacobin Wolfgang Streeck: “Global Governance” Is a Pipe Dream. Une entrevue que j’ai aussi traduite : La « gouvernance mondiale » est une chimère. Ce dernier texte est d’abord plus facile et introduit bien au livre : Taking Back Control?

Wolfgang Streeck est un sociologue allemand dont j’ai beaucoup apprécié Du temps acheté : La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, paru en 2014.

Streeck se fait très critique de l’Europe actuelle, qu’il décrit comme trop étendue et entre les mains de technocrates à Bruxelles, mettant plutôt de l’avant un retour en force de nations plus autonomes et plus à même d’orienter leur développement et leurs alliances, alors que d’autres prêchent la disparition des États-nations au profit d’une gouvernance « planétaire » (Réalisme planétaire). Cette opposition peut paraître radicale, et idéaliste, compte tenu du durcissement des « blocs » commerciaux, et de la montée de la « realpolitik » (voir le post de Alain Lipietz que j’ai reproduit). Pourtant je crois, avec Streeck, que des nations plus agiles, aptes à s’engager dans des changements rapides et radicaux, c’est la seule avenue décente. Ce qui n’implique pas un retour à l’autarcie et au replis sur soi, mais plutôt permet d’envisager des échanges internationaux qui ne seraient pas dictés par les seules lois de l’accumulation capitaliste.

vendredi vrac (6)

Plan du billet :

municipalités, urbanisme, aménagement, planification

Favoriser la civilité

Capsules informationnelles à l’intention des élues et élus municipaux pour favoriser la civilité

Les capsules se regroupent sous le thème « Travailler en collaboration ». Elles ont pour objectif de contribuer au maintien de relations saines et constructives entre les différents acteurs d’une municipalité en abordant des stratégies pouvant être utilisées par les élues et élus. Elles peuvent être écoutées dans l’ordre ou à la pièce selon l’intérêt de chacun et de chacune. Au courant des prochains mois, d’autres capsules portant sur la communication efficace et la mobilisation des acteurs municipaux seront également publiées.

Appels d’offres municipaux

Dans le cadre des mesures annoncées par le gouvernement du Québec, une pénalité devra dorénavant s’appliquer à l’égard des soumissions des entreprises situées aux États‑Unis, lorsque celles-ci participent à un appel d’offres public, et ce, pour certaines catégories de contrats. Ces catégories sont les suivantes :

  • Le matériel et les logiciels informatiques;
  • Les fournitures et les équipements médicaux;
  • Les produits pharmaceutiques;
  • Les instruments scientifiques.

Réduire la taille des conseils municipaux au Québec : une solution partielle à une crise globale ?

Par Yann Fournis et Nathalie Lewis

Des chercheurs en développement territorial à l’Université du Québec à Rimouski mènent des enquêtes sur la démocratie locale dans les petites municipalités rurales du Bas-Saint-Laurent.

Fragilisées, ces petites municipalités rurales ont désormais moins de ressources communautaires pour compenser des missions de plus en plus larges sur un espace immense… Dans ces conditions, exiger qu’elles incarnent à peu près seules une politique durable d’occupation du territoire tient, au mieux, du vœu pieux.

Ceci laisse un peu perplexe, parce que le projet de loi visait précisément à favoriser un renouvellement du personnel politique municipal. Et la mesure vient plutôt valider le fonctionnement traditionnel des conseils municipaux, entérinant son repli sur des bases de plus en plus ténues…

réduire la taille des conseils municipaux

Or, les pistes les plus prometteuses pour un renouvellement de la vie démocratique municipale relèvent sans doute plus d’une ouverture que d’une fermeture de l’espace local.

Les limites des politiques actuelles sont de plus en plus apparentes. Parier sur les seules dynamiques endogènes pour développer les territoires risque de mener à des petites mesures sans cohérence d’ensemble. Peut-être serait-il temps de repenser, sinon à une vaste réforme territoriale, à la mise en place de mécanismes d’accompagnement provinciaux solides, pour favoriser et encourager les démarches locales et structurantes.

Montréal 2050, le rapport de l’OCPM

Article Le Devoir

Le rapport PUM2050 de l’Office de consultation publique de Montréal.

En introduction, « prendre acte du fait que malgré un appui globalement favorable aux orientations que propose le projet de
PUM, cela n’est pas toujours représentatif de ce que l’on entend dans l’espace public. [U]n contrat social reste à bâtir pour que les orientations que propose le projet de PUM puissent se concrétiser. »

« La Ville compte porter, d’ici 2050, le total de logements hors marché à 20 % du parc résidentiel, ou 229 000 unités, comparativement à 63 000 (6,9 %) au début de l’année 2024. »

Catalogue de modèles de logements

Le gouvernement fédéral dévoile des modèles de conception faisant partie du Catalogue de conception de logements

Le maire et sa communauté

Nouvelle parution, PUQ, Université du Québec à Rimouski

Spécialiste de la gouvernance territoriale, le professeur Yann Fournis vient de publier un ouvrage sur le palier politique qui est le plus près des citoyennes et des citoyens. Intitulée Le maire et sa communauté [:] Une sociologie politique des élus municipaux au Québec, la publication lève le voile sur les rouages de la politique municipale.

Continuer la lecture de « vendredi vrac (6) »

Le pouvoir numérique (2)

Depuis le billet du 21 février (le pouvoir numérique), ma découverte la plus impressionnante : Eurostack, une alternative européenne pour la souveraineté numérique. En fait il s’agit plutôt de EuroStack – A European Alternative for Digital Sovereignty, un document de 130 pages faisant le tour des différentes dimension du monde numérique et de la dépendance plus ou moins avancée des pays européens devant les Big Techs américaines. J’en ai fait une traduction française, pour en faciliter l’étude. Attention, certaines erreurs de la traduction par DeepL ont été identifiées.

Dans la suite (ou la convergence) des appels à la souveraineté numérique lancés avec Reclaiming Digital Sovereignty ou encore le mouvement des technologies non-alignées.

Dans Beyond Big Tech Geopolitics – Moving towards local and people-centred artificial intelligence, un doctorant des HEC Montréal, Kai-Hsin Hung, en appelle aussi à recentrer sur les humains le pouvoir numérique. J’en ai fait une traduction (Au delà de la géopolitique des Big Tech) alors que Régnauld en faisait un résumé, mais avec un titre plus long : Par-delà la géopolitique de la « Tech » : pour un mouvement numérique des pays non-alignés.

Sur un plan plus épistémologique et lié aux défis de la planification écologique, deux textes de Cédric Durand ont retenu mon attention au point d’en proposer des traductions :


J’ai décidé de rassembler en une page des liens vers les diverses traductions réalisées récemment : Traductions.

vendredi vrac (5)

Pépites d’infos recueillies au cours des deux dernières semaines.

Table des matières

  • DC et OC
    • Deux outils écossais : pour des organisations plus solides; la recherche menée par des OBNL
    • Statistiques du Québec : évolution sur 25 ans
    • Les fiducies foncières
  • Démocratie municipale
    • Les souhaits du CREMtl pour 2025
    • Ma plateforme électorale (Espace MUNI)
    • Appel à candidature innovation (Espace MUNI)
    • Commission municipale : relations avec les OBNL
  • Politiques et services
    • Communs pour démocratiser les services publics
    • Lutte contre les agences privées en santé
    • Boîte à outil santé mentale au travail
    • Revenu minimum garanti : pour réduire la pauvreté
    • La COPHAN dénonce les coupures de services
    • Une première politique sur Alzheimer
  • Écologie, urbanisme, aménagement
    • La CMM s’oppose à l’enfouissement dans une aire humide
    • Eaux, villes et changement climatique : une formation gratuite de Polytechnique Montréal
    • Contre l’oléoduc : 100 organisations écologistes
    • Le parc des Gorilles sur un ancien tronçon de voie ferrée
    • Gestion des déchets : limites de l’autorégulation
    • Les terrains scolaires hors e prix
    • Repenser le développement des banlieues : tendances
    • Le Canada rehausse sa protection de l’eau douce
  • Transport
    • Les trains à grande vitesse… arrivent
    • La mobilité durable : collaboration avec l’UQAC
    • Micromobilité partagée
  • Économie, suffisance et décroissance
    • Urban development beyond growth
    • Pour une économie suffisante
    • Décroissance et récession, c’est pas pareil !
  • Et … nouvelles des localités :

Mont-Tremblant, Etchemins, Yamaska, Mascouche, St-Jérôme…


DC et OC

A. Building Stronger Community Organisations

Une initiative soutenue par le Scottish Community Development Centre. Dix (10) modules en ligne visant à renforcer les organisations communautaires. Cette ressource est conçue pour renforcer les compétences, la confiance et les connaissances des organisations dirigées par des réfugiés et des organisations de soutien aux réfugiés, bien que la plupart des documents soient utiles à n’importe quel groupe communautaire.

Cette ressource a été produite par le Scottish Refugee Council, avec le soutien du Scottish Community Development Centre, dans le cadre du programme New Scots, grâce à un financement de l’Union européenne.

B. Recherche menée par les organisations communautaires

Le même newsletter du SCDC nous propose un article sur la , écrrit par Community Knowledge Matters : ‘Finding Out for Ourselves’: Panel Discussion at SCVO’s The Gathering.

C. Parlant de newsletter, vous êtes abonnés à l’infolettre du CPDC ?

Continuer la lecture de « vendredi vrac (5) »

le pouvoir numérique

La virulence de l’attaque du VP Vance en Europe sur les questions de défense, de souveraineté politique n’avait d’égal que sa défense de la domination technologique mise à mal par les lois et l’encadrement européen plus exigeant de ces technologies : vous êtes avec nous ou contre nous. Si vous n’acceptez pas la domination américaine et que vous ne la soutenez pas en réduisant vos exigences vous tomberez sous la coupe d’ un « maître autoritaire qui cherche à s’infiltrer, à creuser et à s’emparer de votre infrastructure d’information ». Il parlait de la Chine mais beaucoup y ont vu le reflet de la situation actuelle dont plusieurs appellent à se sortir.

À lire : Le V-P Vance, champion de l’impérialisme technologique en Europe, ma traduction d’un article de Paris Marx.


Dans G&M le 12 février dernier, Michael Geist écrit :

Les approches concurrentes – une réglementation légère à l’américaine qui favorise la croissance économique contre un modèle réglementaire européen plus robuste qui met l’accent sur les garde-fous de l’IA et les protections publiques – obligeront à des choix politiques difficiles que le Canada a évités jusqu’à présent.

En effet, nous n’avons jamais vraiment essayé de concilier deux objectifs concurrents : stimuler la croissance économique grâce aux investissements dans l’IA et établir des garde-fous réglementaires pour se protéger contre les biais et les préjudices potentiels de l’IA. Cela a conduit à des milliards de nouvelles dépenses gouvernementales pour soutenir de nouveaux centres de données dans l’espoir de favoriser une industrie compétitive à l’échelle mondiale et à l’introduction de réglementations de type européen qui risquent de faire du Canada une destination moins attrayante pour les investissements dans l’IA.

Le gouvernement canadien pourrait encore opter pour le modèle réglementaire, convaincu que les garde-fous de l’IA sont plus importantes que la réussite économique (ou parier que les deux ne s’opposent pas nécessairement). Toutefois, la menace des tarifs douaniers de Trump fait des relations entre les États-Unis et le Canada des concurrents plutôt que des partenaires, ce qui nous oblige à réexaminer nos projets de réglementation future et à renoncer éventuellement à des cadres culturels et numériques bien établis.

Extrait de : Trump brings a reckoning for our protectionist CanCon and sabre-rattling tech policies, Michael Geist dans Globe and Mail, 12 février 2025

Au moment de lire ces lignes de Michael Geist, j’ai bloqué sur le premier paragraphe : les règlements « à l’américaine » ne sont pas si légers que ça ! La manière dont les GAFAM se sont opposés aux timides tentatives canadiennes de contrôle et à la culture syndicale québécoise met du plomb dans l’image de « règlementation légère ». Il s’agit plutôt du pouvoir brut de l’argent et de la position monopoliste, favorisé par l’inaction et la faiblesse des États, outre celui des USA qui a activement légiféré1Voir The Internet Con How to Seize the Means of Computation, de Cory Doctorow pour consolider la position de premier arrivant des entreprises américaines.

Les développements récents sous forme d’appels à la souveraineté numérique me permettent de mieux comprendre les derniers mots du texte de Geist : renoncer, jusqu’à déraciner (uproot) un mode de fonctionnement numérique devenu culture ambiante. « re-examine our plans for future regulation and potentially uproot our entrenched cultural and digital policy frameworks. »

Au delà des emplois dans les entrepôts d’Amazon, les centres de données que nos gouvernements s’empressent d’accueillir et les services numériques qu’ils achètent en masse à ces fournisseurs nous enferment dans les griffes de ces puissances hors-normes qui voudraient, au nom de la concurrence avec la Chine, nous faire abdiquer toute autonomie, toute capacité à décider de la nature et de l’orientation de ces nouveaux pouvoirs numériques.

Il a fallu que notre pays légifère pour obliger les compagnies de téléphone à faciliter la migration de leurs clients vers d’autres fournisseurs. Il a fallu légiférer pour que les grands diffuseurs américains cessent d’inonder le pays de leurs produits sans aucune place laissée à la culture d’ici. Il sera plus difficile de se sortir des mailles des réseaux et services numériques actuellement dominant à l’échelle de la planète. C’est pour cela que l’action doit être concertée à cette échelle.

Notes

  • 1
    Voir The Internet Con How to Seize the Means of Computation, de Cory Doctorow