bazar du lundi, livré mercredi

« Comme Nixon, Biden a distillé de petites touches de patriotisme économique pour faire avaler à l’opinion le coût faramineux de l’hégémonie mondiale des États-Unis. (…) L’euphorie de Wall Street au lendemain de l’élection suggère que « les marchés » ne prennent pas très au sérieux les déclarations de Trump sur les déportations de masse ou les droits de douane prohibitifs.  » 
Donald Trump et le désalignement électoral, LVSL, novembre 2024

Le transport collectif à la demande, un moyen efficace d’améliorer l’accessibilité en banlieue, The Conversation, 2024.10.24

Tirés de mon Syllabus hebdomadaire 
(flux personnalisé et autres trouvailles de l’équipe). 

Le service public conçu comme flux (practice) de valeurs publiques et privées co-créées. 
« this paper proposes a public services as practices framework. This framework defines public services as bundles of shared public value co-creation practices that consists of templates and performances. » Public services as practices: towards a framework for understanding co-creation and co-destruction of private and public value, Per Skålén. 

Beyond outsourcing : Re-embedding the state in public value production. 

Par Rosie Collington et Mariana Mazzucato.
La théorie de la valeur publique (PVT) est apparue dans le cadre d’un paradigme plus large de l’administration publique qui appelait au recentrage de l’État dans l’identification et la gestion des activités publiques en réponse aux tentatives des politiciens néolibéraux de le marginaliser. Les partisans de la TPP restaient néanmoins ambivalents quant au rôle de l’État dans la production des biens et services nécessaires à la création de valeur publique. Au cours des décennies qui ont suivi, l’externalisation du secteur public a pris de l’ampleur et s’est étendue, en particulier dans les économies anglo-saxonnes. Le PVT n’est pas en mesure de rendre compte des implications de ce mode de production de valeur publique et des raisons pour lesquelles il peut miner la capacité de l’État à créer de la valeur publique au fil du temps. Dans cet article, nous soutenons que le fait que l’État soit dissocié de la production de valeur publique nuit à sa capacité d’apprentissage et d’adaptation des organisations, qui sont essentielles pour que l’État puisse répondre à l’évolution des besoins et des demandes. Parce que ce qui constitue la valeur publique évolue, les ressources et les capacités de production de la valeur publique doivent également être reconfigurées. En d’autres termes, la création de valeur publique dépend de l’innovation des moyens de production de valeur publique. Nous plaidons en faveur d’une réintégration de l’État dans la production de valeur publique et pour que les secteurs publics aillent au-delà de l’externalisation de la fourniture de services et de fonctions de base. 
(ma traduction)

Repiqués de mon faisceau NetNewsWire (fils RSS)

Logements et terrains publics

Douze propriétés fédérales, dont deux au Québec, libérées pour du logement « pour les Canadiens et Canadiennes de la classe moyenne ».

10.    Laval (Québec) – Montée Saint-François – Pénitencier de Laval
11.     Laval (Québec) – Terrain vacant à côté du 1575, boulevard Chomedey

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digression botanico-politique

J’aimerais que l’eau dissolve la barrière physique qui actuellement nous sépare. Je veux ressentir ce que ces cèdres ressentent, savoir ce qu’ils savent.
Robin Wall Kimmerer. Tresser les herbes sacrées

Kimmerer est fille de la nation Potawatomi, une nation autochtone de la région des Grands Lacs. Elle est botaniste, auteure et professeure, alliant les savoirs autochtones et les sciences écologiques modernes. Son livre Tresser les herbes sacrées est un récit autobiographique qui nous amène de sa jeunesse avec sa famille, à sa période de formation universitaire, à sa vie dans une grande maison avec un jardin et un étang dont elle a tenté de restaurer la vitalité pendant des décennies avec ses filles… à son travail avec des étudiants qui découvrent la nature avec elle.
Je me suis demandé comment on pouvait intégrer une telle sensibilité (« je veux ressentir ce que les cèdres ressentent« ) dans un contexte aussi minéralisé qu’une ville, une métropole.

Malgré tout, ce livre est un baume à l’âme meurtrie et une ode à la beauté du monde.


Cette connaissance de la nature n’est pas une connaissance qui passe par l’écrit ! Ou très peu : par la pratique mimétique, l’expérience attentive et l’observation cumulative. Cette dernière se traduisant parfois par écrit…

Si, comme le dit Paul Graham, la capacité d’écriture se perd de plus en plus, qu’adviendra-t-il de la capacité de penser ? Mais qu’en faisons-nous, maintenant, de cette capacité de penser ? On se fait des peurs, ou des châteaux en Espagne. On se fait rire ou pleurer sur grand écran, pour oublier la grisaille de nos vies.

Ce n’est pas d’abord pour « sauver la planète » (et nous sauver nous-même) que nous devons changer : c’est parce que ce sera meilleur ! Des villes et des vies moins grises, plus vivantes, plus satisfaisantes. « il y a bien, au-delà des convictions éthiques, des raisons tout à fait égoïstes de se détourner de l’idéal consumériste. » Une vie plus satisfaisante, vraiment, pendant que les guerres se multiplient et les désastres s’additionnent ?

avant même l’insoutenabilité écologique de la croissance, ce sont ses dommages sociaux et culturels, et plus encore son absence de finalité, qui nécessitent de s’en détourner.
(En finir avec le mythe de la croissance verte, François Brien dans Socialter HS Automne 2024, p. 48)

Il y a parfois de l’angélisme dans la position écolo-socialiste, comme si la haine, l’agression et la cupidité ne pouvaient pas motiver et donner du sens et de la satisfaction à leurs protagonistes. Comme si le sentiment de faire ce qui est juste et bon pouvait faire contrepoids à l’avidité et à l’égoïsme qui dominent la culture. Une avidité qui prend forme dans des produits lourds, des pratiques coûteuses qui font l’envie des losers et autres quidams. Les prolétaires, quand à eux, se contentent d’y gagner un salaire. Quitte à y perdre sa vie.

La machinerie médiatique et les machinations corporatistes font bon ménage avec la politique des petits pas et des comités producteurs de rapports et de promesses. Il faut accentuer, approfondir les contrôles sur les entreprises qui se sont arrogées l’espace public, les communication entre citoyens et organisations… le commerce et le transport, les loisirs et le divertissement. Le miracle de l’équilibre dynamique maintenu par ce système à travers crises et guerres… un « équilibre » qui a permis une croissance phénoménale de la population, et de la quantité de produits mis en circulation, de déchets enfouis ou rejetés dans l’air ou l’eau. Jusqu’à ce qu’on commence à étouffer, à se sentir moins sûrs de nous et à douter.

Et si l’American way of life n’avait été qu’une courte période d’insouciance, un rêve réalisé pour les uns, un cauchemar quotidien pour d’autres et une vie grise pour le reste, qui se déroule sur les rubans d’asphalte d’un avenir pétrifié ?

_ "ligne de désir"

Le terrain vague derrière chez moi, que j’ai découvert et exploré durant la pandémie, n’a pas encore été minéralisé… Les capitaux des propriétaires sont sans doute plus profitables ailleurs. Pour le moment.

une autre façon de faire de la politique

J’ai commencé ce billet en commentaire du dernier congrès du parti Projet Montréal, qui se tenait au collège Maisonneuve les 2 et 3 novembre dernier. Je n’ai pas été assez rapide pour en terminer l’écriture avant que l’éléphant n’entre dans la pièce… 

Animateurs de talk-show, journalistes, analystes et sondeurs ont tous proposé leur interprétation de la victoire de T. ou de la défaite de son adversaire. Parmi les commentaires retenus, ceux de Monbiot, journaliste au Guardian, et de Wallace-Wells, du New-York Times. Pour votre convenance (et la mienne aussi !) j’ai traduit les deux articles: Les démocrates sont l’establishment, par WW et Trump s’est engagé à faire la guerre à la planète, par Monbiot. 

« Partout, l’argument centriste selon lequel la gauche doit abandonner ses principes pour combattre le fascisme, ne laissant le choix qu’entre les bureaucrates corporatistes et les nazis, a eu pour effet de renforcer le pouvoir des nazis. C’est une formule qui échoue à chaque fois. »

Cette citation de feu David Graeber résume assez bien le point de vue de Monbiot et d’autres critiques de la campagne menée par les Démocrates : on a réduit les attentes, caché les enjeux climatiques et environnementaux, pour rallier le centre, pour atteindre une majorité. Le texte de Monbiot est fort en ce qu’il inscrit la conjoncture actuelle dans le long terme : les gouvernements d’hommes forts, d’autocrates et de dictateurs ont été la norme plutôt que l’exception dans l’histoire humaine. 

La démocratie est une expérience récente, et qui a de toute façon toujours été partielle et impotente à soumettre vraiment les intérêts de la classe dominante à l’intérêt public. Sauf en de rares périodes, comme dans l’après-guerre, une période souvent dite celle des « Trente glorieuses ». Et même là… il est bon de se rappeler l’origine de cette expression, comme le fait Jules Calage dans le dernier hors-série de Socialter : Décroissance : Réinventer l’abondance

Ces « Trente glorieuses » années se terminaient sur des appels à la raison et à la prudence (Limites à la croissance, 1972) car elles se sont réalisées sans égard aux ravages infligés aux vivants et aux équilibres bio-physiques. Trente glorieuses qui ont coulé dans le béton et l’acier, un modèle de développement insoutenable. Plutôt que de suivre la voie de la prudence, les trente années suivantes ont été celle d’un hubris amplifié, accéléré par la libéralisation des échanges, la diminution importante de l’impôt sur la richesse, réduisant la capacité d’agir des gouvernements et libérant d’autant une capacité axée essentiellement sur l’accumulation de profit à court terme. L’hubris de la Grande accélération, pendant laquelle le gros du « budget carbone » qui nous restait fut consommé. 

Pour Wallace-Wells, « Le parti démocrate a occupé la Maison Blanche pendant 12 des 16 dernières années et se battait pour en occuper 16 sur 20. (…) [ L]es démocrates sont désormais le parti du pouvoir et de l’establishment, et la droite est le foyer naturel de toutes sortes de ressentiments anti-establishment – dont il est désormais clair qu’ils sont très nombreux. » 

Un programme en discussion

Pour en revenir au congrès de Projet Montréal, J’ai été membre de PM assez tôt dans son histoire. J’y contribue financièrement à chaque élection… mais c’était la première fois, autant que je me souvienne, que je participais aussi directement à la discussion sur le programme. Lors de la réunion locale, à l’arrondissement, où l’on a formulé des amendements à proposer au comité directeur (ou du programme…) j’ai défendu quelques propositions, par écrit, envoyées au maire, mais seulement une ou deux oralement lors de la rencontre… le temps était compté et chacun avait ses propres amendements à défendre. Une de mes propositions concernait la promotion d’obligations communautaires pour aider au financement de projets d’acquisition, de rénovation de logements afin d’accroître le stock « hors-marché ». Elle a été soumise à la discussion du congrès puis adoptée. 

J’avais formulé une autre proposition concernant la géothermie dans les ensembles domiciliaires.

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Soulèvements de la terre, en ville ?

En terminant la lecture de Premières secousses, qui raconte « comme si vous y étiez », les mobilisations de masse au cours des dernières années en France pour s’opposer aux méga-bassines, s’opposer au tout béton… Aussi des réflexions sur les rapports entre une organisation « nationale » et des luttes locales, je me posais la question : est-il possible d’imaginer de tels mouvements, de telles actions collectives dans des quartiers ou des voisinages urbains ?

Peut-on imaginer pareil attachement au territoire, où certains sont prêts à risquer leur vie pour le défendre, le garder vivant… dans un quartier urbain ? Une banlieue dortoir ?

Dans nos villes et métropoles, les batailles pour préserver les friches et espaces verts ont été nombreuses et de plus en plus dures à l’encontre des plans d’aménagement qui les dévalorisent au rang de propriétés marchandes. 

La réflexion et les connaissances accumulées sur les écosystèmes et bassins versants des ruisseaux qui traversaient et pourraient encore traverser nos quartiers… est impressionnante.  Comment développer un véritable plan de bioremédiation de la région (Est de Montréal) sans inclure Montréal-Est et Anjou ? Mettre la pression sur les anciens propriétaires, les pétrolières, pour qu’elles portent le poids financier de cette remédiation.

C’est beau de voir les deux fanas d’écologie (Renard Frak et Anaïs Houde, dit « la magnifique ») nous décrire les actifs et potentiels des terrains protégés et à protéger autour de l’historique ruisseau Molson : La création du parc-nature, quelle est la vision ? (1h26)

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un programme ambitieux

Je participerai prochainement à une rencontre de discussion à l’arrondissement MHM sur le document de programme Façonner une ville à notre image du parti Projet Montréal.

Plusieurs propositions (en gras tirées du document) intéressantes et mes commentaires et suggestions qui sont en italique, à propos de quelques-unes seulement des dizaines de propositions avancées.

Autour de l’objectif de carboneutralité pour Montréal en 2050

Stimuler des pratiques écologiques et durables

Expérimenter utilisation de la géothermie dans les nouveaux développements collectifs et ensembles d’habitations – en mettant le poids de Montréal dans la négociation avec H-Q afin de rendre de tels investissements sinon « rentables » au moins économiques.

Une expérimentation pour établir des coûts-référence et développer des solutions technologiques adaptées au contexte climatique et réglementaire.

Déployer l’offre de livraison urbaine et locale décarbonnée à l’ensemble du territoire de la ville de Montréal;

Ce qui a fait le succès de Amazon : livraison à domicile à partir d’un catalogue GÉANT. Un système de livraison local commun à tous les commerces… qui sert pour le « dernier kilomètre » à tous ces camions Amazon ?

Multiplier les initiatives pour la déminéralisation et le verdissement des sols; Intégrer la biodiversité et le verdissement à la planification territoriale et réglementaire;

Verdir les toits des bâtiments de l’armée, dans la visée d’une « coulée verte » entre le jardin botanique de Montréal & parc Maisonneuve et le parc national de Boucherville

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bifurquer pour s’émanciper

Ce que les scientifiques nous annoncent depuis plus de 50 ans1Halte à la croissance ?, Club de Rome, 1972 ou encore Printemps silencieux, de Rachel Carson, 1965 commence à devenir dangereusement concret: feux de forêt, saisons déréglées avec conséquences désastreuses sur les récoltes, inondations…

L’idée d’une transition graduelle et harmonieuse qui permettrait de maintenir l’essentiel de notre mode de vie actuel — en remplaçant les moteurs à essence par des moteurs électriques — cette idée devient de moins en moins réaliste. 

Inventer des bateaux électriques qui continueraient de racler le fond des mers ?  Électrifier tout le parc automobile sans régler la congestion ? La mode du porté-jeté, des emballages à usage unique parce qu’on transporte nos produits sur des milliers de kilomètres, ou qu’on veut éviter les pertes dues à la manipulation ou à l’oxydation des aliments, cela au prix d’une pollution qui asphyxie les océans…

Pour effectuer la profonde transformation de nos modes de vie, devenue nécessaire et urgente, nous devons abandonner notre conception simpliste de la compétitivité où le prix le plus bas l’emporte sans égard aux externalités — pollution des airs, des mers, des terres — qui ne sont pas inclus dans les prix actuels. Une compétition mondiale qui aura permis aux pays riches d’exporter leur pollution et de réduire drastiquement leurs coûts de main-d’œuvre favorisant d’autant la consommation de produits, qu’ils soient essentiels ou superflus. Après avoir écrit un livre sur la sobriété, Brice dénonce L’impasse de la compétitivité et promeut une réindustrialisation des pays riches et une réduction de la consommation (et des importations concomitantes). 

Mais si le signal prix devient plus complexe parce qu’on décide d’y inclure les externalités jusqu’ici cachées, comment mesurer, comptabiliser ces externalités? Et comment faire des choix éclairés ? Car il faudra faire des choix, prioriser… parce qu’on ne pourra pas tout électrifier, tout conserver de la manière dont 8 000 000 000 d’humains consomment actuellement cette planète.  Comme un troupeau de cerfs broutant heureusement, en se multipliant, la forêt de cèdres qui peuple leur île. 

Faire des choix en se basant sur une mesure fine et continuelle des effets de nos procédés, extractions et rejets sur les équilibres écosystémiques et la capacité de régénération de la biosphère. Une information fiable qui doit alimenter une délibération nouvelle, approfondie sur les priorités de (re)développement, de consommation, de bien-être. [Comment bifurquer]

Mais cette nouvelle délibération, qui la fera ? Et où ? Et dans quels buts ? Quelles sont les fins ultimes, les principes qui devraient guider nos délibérations ? Et qui sont les dépositaires de ces principes ? Les évêques, rabbins et imams? Les universitaires et leurs chapelles dans leurs tours d’ivoire? 

Frère et Laville, avec La fabrique de l’émancipation, nous amènent, dans un premier temps, sur ce terrain des principes. Retraçant les projets (et les angles morts) des différentes écoles (chapelles?) de la « théorie critique traditionnelle » (Adorno-Horkeimer; Habermas-Honneth; Bourdieu) ils proposent une « nouvelle théorie critique », qui ne descende pas de la montagne (ou de sa tour d’ivoire) pour apporter la vérité mais plutôt participe avec les acteurs, praticiens et citoyens, à définir ce qui fait sens. Ce qui doit être critiqué, ou même interdit et ce qui doit être encouragé. 

De nouvelles institutions devront être créées, ou les anciennes transformées. Associations, organisations de la société civile ou entreprises d’économie sociale, sont les lieux où s’expérimentent les nouvelles normes, où les institutions sont questionnées, mises à l’épreuve, transformées.

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Notes

  • 1
    Halte à la croissance ?, Club de Rome, 1972 ou encore Printemps silencieux, de Rachel Carson, 1965

à propos de Development in Progress

Après une lecture attentive de la version française de Development in Progress (que je proposais il y a peu), je suis encore impressionné par la qualité de la traduction (par DeepL) même si j’ai trouvé quelques instances de mauvaise traduction. Et j’ai aussi quelques critiques sur le fond.

Erreurs de traduction
La pire que j’ai trouvé : traduire « winner-takes-all » par tout le monde est gagnant (!) en parlant de l’effet des monopoles. La contradiction était si évidente que je suis retourné à l’original. C’est un contresens plutôt embarrassant. De même dans la phrase « Mais à quoi servons-nous en nous détournant des problèmes inattendus » « que visons-nous » ou encore « quelle fin poursuivons-nous » serait une meilleure traduction que « à quoi servons-nous ». Ou encore j’ai tiqué sur l’expression « décès prolongés », qui référait sans doute à de longues agonies.

Cependant, pour un texte de 60 pages (en plus des références) la qualité est encore excellente. Incidemment, parlant des (nombreuses) références j’ai été surpris de voir qu’elles n’avaient pas été traduites (comme c’est le cas pour d’autres moteurs de traduction) et c’est tant mieux : traduire le titre d’un article en référence, ça rend la recherche de cette référence plus difficile !

Vous avez peut-être trouvé d’autres exemples de traduction discutable ? Faites-m’en part, SVP.

Sur le fond
Tout d’abord, les aspects positifs. Sur les effets négligés ou non mesurés du « progrès » la somme des références récentes (2023-2024) est impressionnante. Aussi, pour quelqu’un qui voudrait creuser ces questions, c’est une bonne source.

La critique du réductionnisme et du techno-optimisme est intéressante tout en ne négligeant pas l’utilité possible des technologies dans la recherche de solutions.

La fameuse « équipe jaune », à la fin, est à remettre dans le contexte culturel américain et de la guerre froide, où des équipes rouges avaient pour mandat de trouver les failles dans les défenses de l’équipe bleue. Avec l’équipe jaune, il faut trouver les effets imprévus, nuisibles, à moyen-long terme des innovations, avant que celles-ci ne soient implantées.

Après avoir décrit avec verve tout le pouvoir que les grandes corporations exercent sur les gouvernements, grâce au lobbying et au financement des partis politiques, les perspectives ouvertes en fin de parcours semblent difficiles à atteindre :

« Imaginez que l’équipe jaune et la conception synergique soient enseignées à l’université aux ingénieurs, aux scientifiques, aux étudiants en droit et aux architectes. Imaginez qu’en même temps, d’autres mouvements commencent à promouvoir le retrait de l’argent de la politique, l’internalisation légale des externalités, la création de systèmes de transparence et de responsabilité des entreprises, le renforcement de la surveillance de l’industrie, l’amélioration des pratiques réglementaires, la restriction du lobbying et du financement des campagnes électorales, et l’adoption de lois sur la responsabilité élargie des producteurs. »

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vidéos et conférences

Ma lecture de Comment bifurquer m’a amené à fouiller autour de l’économie substantive 1et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus ! , déjà rencontrée chez Laville dont j’ai parlé ici. Retour à Karl Polanyi, comment il permet de rendre compte de phénomènes économiques hors de l’économie de marché, marchande. Voir Approches substantives de l’économie : des outils pour l’étude des organisations d’économie sociale, de Florence Degavre et Andreia Lemaître. Je me demande si les organisations de l’économie sociale d’ici utilisent, ou utiliseraient de tels outils ?

Jean Louis Laville, dont je croyais avoir commenté ici le récent Pour un travail social indiscipliné, mais non, je n’en trouve aucune trace sur mon blog. Un ouvrage qu’il présente ici dans une conférence de 45 minutes donnée lors d’un colloque de travailleurs sociaux.

Un colloque de travailleurs sociaux à Roubaix, 2022, une conférence de Jean Louis Laville [45 minutes + échanges] (auteur de Le travail social indiscipliné)

Les auteurs de Le capital que je ne suis pas s’entretiennent avec Benjamin Rosoor2rédacteur en chef du blog L’or et l’argent. Ce dernier ne semble pas toujours sur la même longueur d’onde que les auteurs…

Gaël Giraud et Anne Alombert, auteurs de Le capital que je ne suis pas, 48 min.

Présentation de La fabrique de l’émancipation, par Jean Louis Laville, 7:18 min.

Entretien de Laville avec Nancy Fraser, « il y a toujours une certaine tension entre le travail intellectuel, la théorie critique et l’activisme. »

Auteur de Composer un monde en commun.

Banques de défaisance (bad banks), pour racheter les actifs fossiles ou que la Banque centrale d’Europe le fasse. Pour que les banques actuelles soient libérées de leurs actifs « sales ».

Institut Rousseau

Notes

  • 1
    et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus !
  • 2
    rédacteur en chef du blog L’or et l’argent

une autre version du progrès

J’ai déjà parlé de ce Daniel Schmachtenberger. Il publiait récemment un texte consistant (98 pages) sur une autre définition du progrès. J’en tire deux paragraphes de l’introduction : 

S’appuyant sur un éventail de sources, l’article adopte une approche interdisciplinaire pour explorer la réalité de la trajectoire actuelle de l’humanité. Plusieurs mythes répandus sur le progrès sont réexaminés, notamment les améliorations apparentes de l’espérance de vie, de l’éducation, de la pauvreté et de la violence. Les racines de ces inexactitudes sont mises en évidence en élargissant notre champ de vision. Même si nous vivons plus longtemps, de nombreuses mesures de la qualité de vie que nous menons sont en déclin. Nos résultats en matière d’éducation se détériorent à bien des égards, même si l’accès à l’éducation s’améliore. Au niveau mondial, malgré le discours commun, il n’est pas du tout évident que la pauvreté diminue réellement. Les outils de la violence ont vu leur impact augmenter considérablement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; nous créons aujourd’hui couramment le type d’armement qui était auparavant réservé à la science-fiction dystopique.
 
Pour donner une idée de l’ampleur des conséquences involontaires qui peuvent résulter d’une seule innovation, l’étude de cas principale explore l’invention des engrais artificiels. Ce développement a permis d’augmenter considérablement la quantité de nourriture (et donc de personnes) pouvant être produite. Les effets externes de cette innovation ont eu des conséquences considérables sur la santé humaine et la biosphère au sens large. L’évaluation de ces effets secondaires nous aide à ouvrir les yeux un peu plus largement, afin d’entrevoir une fraction supplémentaire de la réalité complexe qui est généralement omise dans le récit simplifié du progrès.

Je me suis permis de traduire le texte original en anglais avec DeepL à la fois pour rendre le document plus accessible mais aussi pour tester la qualité de la traduction fournie par ce moteur auquel je pense m’abonner.  Que pensez-vous de la qualité de la traduction ? (À noter que ma principale contribution a été au niveau de la mise en page : les titrages et les paragraphes mis en exergue n’étaient pas formatés dans la traduction) 

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