Pour ceux qui avaient un doute, Trump a au moins le mérite de clarifier les choses: la droite existe et parle fort. Comme souvent dans le passé, elle prend la forme d’un mélange de nationalisme brutal, de conservatisme sociétal et de libéralisme économique débridé. On pourrait qualifier le trumpisme de national-libéralisme, ou plus justement de national-capitalisme. Les saillies trumpistes sur le Groenland et Panama montrent son attachement au capitalisme autoritaire et extractiviste le plus agressif, qui est au fond la forme réelle et concrète qu’a pris le plus souvent le libéralisme économique dans l’histoire, comme vient de le rappeler Arnaud Orain dans un livre passionnant (Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude16e-21e siècle, Flammarion, 2025).
Disons-le clairement: le national-capitalisme trumpiste aime étaler sa force, mais il est en réalité fragile et aux abois. L’Europe a les moyens d’y faire face, à condition de reprendre confiance en elle-même, de nouer de nouvelles alliances et d’analyser sereinement les atouts et les limites de cette matrice idéologique.
L’Europe est bien placée pour cela: elle a longtemps appuyé son développement sur un schéma militaro-extractiviste similaire, pour le meilleur et pour le pire. Après avoir pris le contrôle par la force des voies maritimes, des matières premières et du marché textile mondial, les puissances européennes imposent tout au long du 19esiècle des tributs coloniaux à tous les pays récalcitrants, de Haïti à la Chine en passant par le Maroc. A la veille de 1914, c’est la main sur la canonnière qu’elles se livrent à une lutte féroce pour le contrôle des territoires, des ressources et du capitalisme mondial. Elles s’imposent même des tributs entre elles, de plus en plus exorbitants, la Prusse à la France en 1871, puis la France à l’Allemagne en 1919 : 132 milliards de marks-or, soit plus de trois années de PIB allemand de l’époque. Autant que le tribut imposé à Haïti en 1825, sauf que cette fois-ci l’Allemagne a les moyens de se défendre. L’escalade sans fin conduit à l’effondrement du système et de l’hubris européen.
C’est la première faiblesse du national-capitalisme : les puissances chauffées à blanc finissent par se dévorer entre elles. La seconde est que le rêve de prospérité promis par le national-capitalisme finit toujours pas décevoir les attentes populaires, car il repose en réalité sur des hiérarchies sociales exacerbées et une concentration toujours plus forte des richesses. Si le parti républicain est devenu aussi nationaliste et virulent vis-à-vis du monde extérieur, c’est d’abord du fait de l’échec des politiques reaganiennes, qui devaient booster la croissance mais n’ont fait que la réduire et ont conduit à la stagnation des revenus du plus grand nombre. La productivité états-unienne, telle que mesurée par le PIB par heure travaillée, était le double du niveau européen au milieu du 20e siècle, grâce à l’avance éducative du pays. Elle se situe depuis les années 1990 au même étiage que celle des pays européens les plus avancés (Allemagne, France, Suède ou Danemark), avec des écarts si faibles qu’ils ne peuvent statistiquement être distingués.
Impressionnés par les capitalisations boursières et les montants en milliards de dollars, certains observateurs s’émerveillent de la puissance économique états-unienne. Ils oublient que ces capitalisations s’expliquent par le pouvoir de monopole de quelques grands groupes, et plus généralement que les montants astronomiques en dollars découlent pour une large part du très haut niveau des prix imposés aux consommateurs états-uniens. C’est comme si on analysait l’évolution des salaires en oubliant l’inflation. Si l’on raisonne en parité de pouvoir d’achat, alors la réalité est très différente : l’écart de productivité avec l’Europe disparaît entièrement.
Avec cette mesure, on constate aussi que le PIB de la Chine a dépassé celui des Etats-Unis en 2016. Il est actuellement plus de 30% plus élevé et atteindra le double du PIB états-unien d’ici 2035. Cela a des conséquences très concrètes en termes de capacité d’influence et de financement des investissements dans le Sud, surtout si les Etats-Unis s’enferment dans leur posture arrogante et néocoloniale. La réalité est que les Etats-Unis sont sur le point de perdre le contrôle du monde, et que les saillies trumpistes n’y changeront rien.
Résumons. La force du national-capitalisme est d’exalter la volonté de puissance et l’identité nationale, tout en dénonçant les illusions des discours de bisounours sur l’harmonie universelle et l’égalité entre classes. Sa faiblesse est qu’il se heurte aux affrontements entre puissances, et qu’il oublie que la prospérité durable demande des investissements éducatifs, sociaux et environnementaux bénéficiant à tous.
Face au trumpisme, l’Europe doit d’abord rester elle-même. Personne sur le continent, pas même la droite nationaliste, ne souhaite renouer avec les postures militaires du passé. Plutôt que de consacrer ses ressources à une escalade sans fin (Trump exige maintenant des budgets militaires atteignant 5% du PIB), l’Europe doit asseoir son influence sur le droit et la justice. Avec des sanctions financières ciblées et réellement appliquées sur quelques milliers de dirigeants, il est possible de se faire entendre plus efficacement qu’en entassant des chars dans des hangars. L’Europe doit surtout entendre la demande de justice économique, fiscale et climatique venue du Sud. Elle doit renouer avec les investissements sociaux et dépasser définitivement les Etats-Unis en formation et en productivité, comme elle l’a déjà fait pour la santé et l’espérance de vie. Après 1945, l’Europe s’est reconstruite grâce à l’Etat social et à la révolution sociale-démocrate. Ce programme n’est pas achevé : il doit au contraire être considéré comme l’amorce d’un modèle de socialisme démocratique et écologique qui doit maintenant être pensé à l’échelle du monde.
Article reproduit du blogue de M. Piketty que je ne pouvais lier dans un post sur Facebook. Aussi je l’ai reproduit ici.
Il y a un malaise dans l’air. Le monde a l’impression de se précipiter vers quelque chose, même si personne n’arrive à s’accorder sur la nature de ce quelque chose. Derrière les débats sans fin, les changements politiques, les avancées technologiques et les conflits mondiaux, il y a une crise plus profonde – UNE MÉTACRISE – qui parle de l’effondrement du sens (The crisis of meaning), de la dégradation de la vérité (Post-Truth) et de l’érosion des liens humains (Loneliness in a Connected World).
Dans son article sur la « métacrise » Chusana Prasertkul propose un graphique qui parle. J’en ai fait une traduction que voici :
Sur la question de la diminution des liens sociaux, un sujet que déjà en 2000 Robert Putnam abordait (fr) dans son Bowling Alone: The Collapse and Revival of American Community, Derek Thompson propose un long article dans le dernier numéro (février 2025) de The Atlantic : The Anti-Social Century ($).
J’ai dû m’abonner (premier mois gratuit) pour avoir accès à cet article. J’en ai fait ici une traduction française. Un très bon article que je vous recommande !
crise du logement
Dans son excellent livre Our Crumbling Foundation : How We Solve Canada’s Housing Crisis, » Gregor Craigie passe en revue la situation du logement dans différents pays (et villes) : Tokyo, Singapour, Helsinki, Paris, Vancouver, Montréal, Berlin, Saint-Boniface (Québec), Londre, Toronto, Calgary…
Le chapitre sur Montréal porte sur l’effet Airbnb. Celui sur Saint-Boniface, en Mauricie, porte sur la difficulté des familles monoparentales avec plusieurs enfants à se loger… Ici quelques paragraphes (ma traduction) du chapitre THE AIRBNB EFFECT – Montreal
L’effet Airbnb – Jean-François Raymond ne s’attendait pas à recevoir un avis d’expulsion dans les derniers jours de 2022. Cela faisait vingt-deux ans qu’il vivait dans son spacieux appartement du quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans l’est de Montréal.
Une recherche rapide sur Airbnb montre que les appartements de deux chambres à coucher de la rue Ontario se louent entre 265 et 460 dollars la nuit en juillet. (…)un appartement comme celui de Jean-François pourrait atteindre plus de 10 000 dollars par mois en été, s’il était rénové.
La location à court terme est une préoccupation à long terme dans de nombreuses villes, mais l’inquiétude est particulièrement prononcée à Montréal en raison du grand nombre de locataires dans la ville. En fait, Montréal a la plus grande proportion de logements occupés par des locataires de toutes les grandes et moyennes villes d’Amérique du Nord. Selon le recensement de 2016, plus de 63 % des logements montréalais étaient loués. La ville a été connue pendant de nombreuses années comme un paradis pour les locataires en raison des loyers bas et des taux d’inoccupation élevés, grâce à une abondance de logements locatifs de faible hauteur.
En annexe de son livre de 320 pages Gregor Craigie rassemble les 37 recommendations auxquelles il est parvenu suite à ses recherches (ma traduction) :
Bien campée au cœur d’une ancienne vallée glaciaire, sur un territoire naturel d’exception, la Vallée Bras-du-Nord a tout pour plaire aux adeptes de plein air. En plus de rayonner comme destination incontournable sur la scène du tourisme d’aventure au Québec, la coopérative de solidarité se démarque depuis des années par son approche de développement en tourisme durable.
Les organismes qui obtiennent la reconnaissance de la Ville sont admissibles au Cadre de soutien aux organismes. Le Cadre met à la disposition des organismes plusieurs types de soutiens :
Lorsque les camions bleus d’Amazon sont apparus dans nos rues, je me disais que les commerces locaux en pâtiraient comme les librairies l’ont fait lorsque Amazon est apparu sur nos écrans. Mais pourquoi donc nos commerces locaux ont-ils abandonné, il y a de cela des lustres, les services gratuits de livraison ? Sans doute pour la même raison que les centres d’achats ont remplacé les commerces locaux : les clients avaient des automobiles pour transporter leurs achats… d’autant qu’ils en avait besoin pour se rendre au centre d’achat.
C’était oublier cette population nombreuse de clients sans auto, particulièrement en ville où la livraison coûte moins cher. Avec son « catalogue universel » Amazon est devenu incontournable…
Pourquoi Canadian Tire, Rona, BMR et IKEA ne font pas un catalogue alternatif, associé à un service partagé de livraison ? Privilégiant les fournisseurs locaux… tout en développant le « cloud » d’ici !
En me disant cela je reçois le billet de Hubert Guillaud :
Ce billet de Hubert Guillaud (2025.01.29) m’introduit à ce rapport-manifeste (en anglais) de Durand et Rikap (voir plus loin) ainsi qu’à un bon résumé critique fait en français par Irénée RégnauldMais où va le web ? .
Ce Durand, auteur dont j’ai lu et apprécié en août dernier le Comment bifurquer: Les principes de la planification écologique.
une souveraineté numérique qui ne repose pas sur un illusoire nationalisme technologique mais sur un empilement numérique public non aligné, résultant de l’effort conjoint de nations décidées à interrompre le processus de colonisation numérique dont elles sont victimes
Ce document d’orientation présente un programme de réforme progressiste visant à renforcer la souveraineté numérique pour les personnes et la planète. Les technologies numériques sont essentielles au bon fonctionnement des sociétés modernes, mais la manière dont nous organisons actuellement leur développement et leur déploiement favorise la centralisation économique et la dynamique du « gagnant-gagnant », ce qui va à l’encontre du bien public. Compte tenu des coûts élevés de développement de ces technologies, de leur pertinence et de leur empreinte écologique, un plan pour un modèle alternatif exige que les États interviennent et conçoivent des institutions publiques, multilatérales et autonomes par rapport aux gouvernements spécifiques, qui peuvent fournir des infrastructures et des services numériques essentiels en tant que services publics ou biens communs construits grâce à la coopération internationale. À cette fin, nous présentons les quatre propositions clés suivantes :
1. Offrir une pile numérique démocratique, dirigée par le public, qui comprendra : 1) une infrastructure numérique en tant que service (pour la formation, le traitement et le développement de solutions numériques) fournie par des consortiums internationaux démocratiques et sans but lucratif ; 2) des plateformes universelles, telles que des moteurs de recherche et des modèles d’IA de fondation, qui devraient être un bien commun régi par de nouvelles institutions publiques avec une représentation de l’État et de la société civile ; et 3) une place de marché publique où les entreprises peuvent offrir leurs services informatiques sans blocage. Pour garantir la demande, les États devront s’approvisionner auprès de cette place de marché et mettre fin aux contrats avec les grandes entreprises technologiques.
2. Élaborer un programme de recherche axé sur les développements numériques qui ne sont pas motivés par le battage médiatique ou les pressions du solutionnisme technologique, mais qui ont le potentiel de résoudre des problèmes collectifs et de renforcer les capacités humaines. Cet agenda devrait prendre en compte les impacts éthiques, économiques, écologiques et politiques du développement et de l’adoption des technologies, y compris des applications de l’IA. Il devrait également s’inspirer d’une approche holistique, interdisciplinaire et non lucrative des principaux défis mondiaux. À cette fin, des réseaux publics de connaissances dirigés par une nouvelle agence publique de recherche internationale (ou des agences régionales) pourraient contrebalancer la concentration croissante de la science privée et fermée.
3. Fonder la souveraineté numérique sur un internationalisme écologique qui refuse de considérer la souveraineté comme un champ de bataille entre les pays et qui néglige le fait que les dirigeants d’aujourd’hui ne sont pas seulement des États puissants, mais aussi des entreprises de premier plan. Ce mouvement pourrait être promu en tant que chapitre du Mouvement des technologies non alignées, qui reconnaît que les agendas technologiques nationalistes aggraveront l’effondrement écologique et exacerberont le sous-développement. L’internationalisme est également un antidote à la surveillance gouvernementale individuelle et aux abus de pouvoir, et il est essentiel pour minimiser les ressources nécessaires à la construction d’une pile numérique démocratique et publique.
Établir des mécanismes stricts à chaque étape pour démanteler les formes existantes et potentielles de surveillance étatique ou de détournement des solutions collectives par certains gouvernements. Les accords multilatéraux sur les principes et les règles de l’internet sont des garanties indispensables à la mise en place d’institutions et de solutions autonomes et gouvernées démocratiquement. (Ma traduction)
« nous devons défendre la portabilité et l’interopérabilité, explique-t-il, qui sont les seuls moyens de rendre de la liberté aux utilisateurs que les plateformes limitent et capturent. »
Ce que la souveraineté réclame, affirment-ils, est une implication franche de l’Etat, et plus largement de la puissance publique, fusse-t-elle supranationale, pour une technologie au service des citoyens et de leurs besoins, fondée sur un internationalisme écologique échappant aux proclamations de puissance et à l’étau sino-étasunien. Par souci de diffusion au plus grand nombre, j’en retrace les quelques grandes lignes.
Table des matières de Pour une souveraineté numérique publique et démocratique
construire un cloud réellement public (et data centers associés), reliés par des infrastructures également publiques
moteurs de recherche, plateformes de e-commerce devraient également voir surgir leurs versions publiques, à l’échelle appropriée (internationale, nationale ou locale, comme par exemple, une plateforme ajustée à la taille d’une région).
Subventionnées, ces applications auraient pour but de sortir de l’emprise des Big tech aussi vite qu’il est légalement possible de le faire.
La conclusion de Irénée Régnauld:
Le livre blanc reste cependant limité à une série de grands principes louables mais qui ne donnent pas plus d’éléments sur le coût et la durée du projet, ni sur les efforts politiques à entrevoir pour amorcer de telles négociations (à plus forte raison que les mots « contraindre » et « forcer » reviennent souvent, signalant l’absence d’espace pour tout compromis). Bref, la souveraineté numérique publique est démocratique est avant tout un projet politique et donc, un rapport de force.
DeepSeek : une opportunité d’action collective (internationale) ?
Nous pourrions assister à une sorte de réinitialisation de la course à l’IA, où il est possible pour les entreprises, mais aussi pour les pays, de rattraper leur retard et de trouver une nouvelle voie pour aller de l’avant. Tout comme il existe plusieurs versions de Linux, il y aura plusieurs versions de LLAMA/DeepSeek, mais seront-elles menées uniquement par des entreprises ou des stratégies nationales et internationales verront-elles le jour ? Par exemple, le Canada, l’Europe ou n’importe quel groupe de pays pourrait-il prendre DeepSeek en charge et accorder des réductions d’impôts sur les salaires des ingénieurs qui travaillent sur ce projet open source ? Cela serait-il utile ? (Ma traduction) Extrait de DeepSeek Reader, de Patrick Tanguay
La quasi-totalité des mouvements sociaux a d’ailleurs trouvé racine dans l’Amérique rurale, de la lutte contre l’esclavage à celle pour les droits civiques, en passant par le syndicalisme minier ou la fédération des travailleurs agricoles sans papiers. C’est le terreau de la lutte qui nous attend : se reconnecter pour convaincre, et enfin construire une coalition de toutes les classes populaires au service de nouveaux jours heureux.
Pour cette nouvelle génération d’organizers ruraux, il existe une troisième voie. Une approche courageuse, qui fait le pari qu’avec du temps, de la considération et du travail, leurs voisin·es peuvent faire des choix différents. La nuance est importante – si Beth, Stephen et George affirment que leurs communautés doivent changer, ce n’est ni par mépris, ni par hostilité, mais par amour.
Alors que la ville se prête aux mobilisations de masse, aux manifestations, aux actions coup-de-poing, on peut avoir l’impression que les campagnes sont plus difficiles à transformer. Or, si l’on adopte l’approche de l’organizing, la ruralité offre l’avantage incomparable d’un groupe à taille humaine, où des relations de solidarité dépassant les clivages politiques existent déjà.
Intégrer les « actifs naturels » aux rapports financiers (La Presse, 2025.01.29) Actuellement, l’absence de ce type d’actifs dans les rapports financiers se traduit par une dégradation, voire des pertes des « services écosystémiques » que ces milieux rendent. « Déjà, au Canada, on a perdu au fil des décennies plus que 70 % des milieux humides et jusqu’à 98 % dans les secteurs densément urbanisés », rappelle Mme Eyquem.
L’écoblanchiment (et le technosolutionisme) ne fait pas que retarder l’action nécessaire, il peut contribuer activement et gravement à la dégradation de nos milieux.
Is there any basis in our current reality to believe that, in the next (say) twenty five years to thirty years there is a pathway from what we have now—state subsidies for fossil investment capital to earn windfalls in whatever CCS [carbon capture system] project offers a buck, regardless of who is harmed, what ecologies are permanently undermined, or whether it even contributes to net carbon dioxide reductions—to a democratically-run public sector carbon management system?
[F]or this to be a critical theory rather than a sterile utopia, it must be demonstrated that this is an unrealized possibility within the current structure of society.
[W]e focus on building power against the fossil fuel industry, a social force we know to be utterly incompatible with a healthy and just life on Earth.
L’art militant dans la bataille contre les pétrolières
Hannah S. Rogers, History and Technology Contemporary art is pushing the boundaries of science and technology studies (STS) by spotlighting oil’s devastating grip on communities, particularly in Louisiana’s « Cancer Alley. » By fusing aesthetics with activism, these works expose the entanglements of petrochemicals, pollution, and power while driving social justice. Drawing from Art, Science, and Technology Studies (ASTS), this paper argues that such art isn’t just commentary—it’s a vital tool for understanding and resisting the sociotechnical systems fueling the Anthropocene.
Philanthropie
La fondation de la famille Weston change d’orientation
Après avoir fait don de centaines de millions de dollars à des causes environnementales et à la recherche dans le domaine de la santé, la famille Weston, milliardaire canadienne, soutient désormais des jeunes entreprises innovantes dans ces deux domaines.
Je me demande : Est-ce une conséquence des changements récent dans la loi sur les fondations ? On peut maintenant investir plus facilement dans des organisations qui ne sont pas des « oeuvres de charité » accréditées.
Il faudrait que] le sentiment que chacun d’entre nous contribue soit partagé pour que nous passions tous ensemble à travers cette période pleine de remous et d’incertitude. Rien ne serait plus néfaste que le sentiment contraire, c’est-à-dire que seuls les plus modestes trinquent, tandis que d’autres bénéficient de la crise et continuent de s’enrichir. (…) la décision du TAL et surtout le refus du gouvernement du Québec d’intervenir pour l’annuler ou la modifier envoient un très mauvais message et constituent une impardonnable erreur politique.
Devant l’urgence de repenser le financement et les politiques publiques entourant le transport interurbain par autocar pour garantir une mobilité interurbaine accessible, le Québec pourrait s’inspirer du Pérou.
Nouvelles des localités
Trois-Rivières – Troisième cohorte du comité Jeunesse de la Ville
Les 26 membres du comité Jeunesse, âgés entre 15 et 35 ans, auront « pour mandat de se pencher sur la thématique : Une ville verte pour les jeunes d’aujourd’hui et de demain Cet enjeu découle d’une préoccupation exprimée par les jeunes lors des consultations jeunesse ayant mené à la politique jeunesse de Trois-Rivières.
J’ai pensé au Comité jeunesse de TR en lisant cet appel du WTFutures :
WTFutures is a community of interest and practice We are federating people and projects that have worked, or are working with young people on how they see the future in the context of climate change. Are you one of them?
Un projet de « prospective-jeunesse ».
Longueuil – Le Plan de protection et de conservation des milieux naturels
Lauréat pour le prestigieux Prix des collectivités durables de la Fédération canadienne des municipalités
Les idées des Hayek et Friedman sont encore au coeur des idéologies néolibérales dominantes, effectives.
Au-delà de l’omniprésence de l’écoblanchiment et des difficultés à mettre en œuvre des obligations d’information adéquates, le problème le plus profond concerne la possibilité de s’appuyer sur des incitations privées, c’est-à-dire la responsabilité de l’entreprise et la motivation du profit, pour parvenir à une répartition du capital compatible avec les objectifs sociaux et écologiques. Les failles de la tentative d’écologisation de la finance par le biais des investissements ESG illustrent les limites plus fondamentales de la conception hayekienne du marché et des incitations au profit en tant que processeur d’information adéquat capable de générer et de transmettre des connaissances pertinentes pour engager les actions requises afin de traiter les questions sociales et écologiques urgentes. Comme l’a reconnu Milton Friedman, il faut pour cela « étendre le champ d’application du mécanisme politique ». (Ma traduction)
Une autre conception du domicile, du foyer.
En terminant ma lecture du livre Feeling at Home Transforming the Politics of Housing par Alva Gotby, je me disais qu’elle avait bien raison de questionner nos modes d’habiter. Qui conditionnent nos relations intimes, familiales et nos rapports avec le milieu, la collectivité, l’environnement. Ne pourrait-on imaginer des milieux de vie, des voisinages où on connait son voisin, on est attentif aux plus frêles ou aux plus jeunes… où, même, on pourrait s’entraider en partageant un espace-atelier avec ses outils ? Ou un espace-cuisine bien équipé ? Un espace-jeu-garderie pour les petits ? Un espace-jardin ?
Jusqu’où une telle vision est-elle utopique et jugée inaccessible dans les conditions actuelles ? Le niveau de méfiance, d’incivilité, d’individualisme qui caractérise les relations sociales dans les villes aujourd’hui ne prédispose pas à l’ouverture et la générosité… Même des associations comme des coopératives créées expressément pour des fins généreuses finissent par se replier sur un noyau familial et oublier leurs orientations sociales. (Pour un meilleur encadrement des coop d’habitation et Des vices dans le choix des locataires, dans Le Devoir 25.01.30)
Les coopératives d’habitations sont habitées, traversées par les mêmes désirs et tendances que le reste de la société : les mêmes rêves d’appropriation, la même conception du privé… Pourquoi les habitants d’une coop seraient-ils plus vertueux que les autres ? Parce qu’un jour un programme fédéral a financé l’achat ou la transformation des logements qu’on habite ? Tant mieux, ça nous fait payer des loyers qui n’ont pas été gonflés par la spéculation des dernières décennies. Devrait-on pour autant être des sanctuaires de générosité et d’altruisme dans la jungle urbaine capitaliste ?
Les projets coopératifs devraient être financés non seulement pour leur logement mais aussi pour leur impact sur la vie des participants et du voisinage. Pour l’action civique et sociale qui est supportée par la coop. S’il n’y en pas, c’est pas plus grave. Mais s’il y a des initiatives qui valent d’être soutenues… il faut le faire et encourager les initiatives, les explorations dans le sens de réinventer le bon voisinage, l’entraide, les espaces créatifs et de loisirs partagés. Expérimenter pour trouver mieux, pour inventer de meilleurs lendemains.
[1h28 sur Youtube] J’ai écouté en activant les sous-titres, et la traduction automatique…
Introduction de la discussion : Le siècle dernier a été marqué par l’essor de la mondialisation dans tous les sens du terme : production, culture, agriculture, consommation, etc. Cette tendance a apporté beaucoup de richesses et d’opportunités à de nombreuses personnes, mais qu’avons-nous perdu et oublié au cours de ce processus ?
En anglais mais avec sous-titres (en anglais ou en traduction française). Les trois invités du panel animé par Nate Hagens :
Daniel Christian Wahl, auteur de Designing Regenerative Cultures. Décrit comme le « Whole Earth Catalog » du 21e siècle, ce livre pose la question suivante : « Comment pouvons-nous collaborer à la création de diverses cultures régénératives adaptées aux conditions bioculturelles uniques d’un lieu ? Comment pouvons-nous créer des conditions propices à la vie ? »
Samantha Power, économiste régénératrice, futurologue et biorégionaliste, cofondatrice et directrice du BioFi Project, un collectif d’experts soutenant les biorégions dans la création de mécanismes de financement de la transition vers des économies régénératrices. Son nouveau livre, Bioregional Financing Facilities : Reimagining Finance to Regenerate Our Planet, explore ce concept.
Isabel Carlisle, communicatrice, éducatrice et organisatrice de projets à grande échelle au Bioregional Learning Center. Basé au Royaume-Uni, « nous créons des collaborations pour faire évoluer le sud du Devon vers une résilience climatique à long terme. Nous travaillons à l’intersection de l’économie, de l’écologie, de l’apprentissage, des arts et de la culture, ainsi que dans les zones intermédiaires. »
Quelle est la profondeur des liens historiques et indigènes de l’humanité avec le mode de vie biorégional ? De quelle manière les individus peuvent-ils commencer à s’engager dans leurs biorégions locales et contribuer à un avenir régénérateur ? Enfin, comment un plus grand nombre d’êtres humains connectés et en relation avec la terre peuvent-ils influencer les sociétés et les cultures futures pour qu’elles soient plus en phase avec le bien-être de toutes les formes de vie ?
What is a Bioregion, and why do they matter?
Une vidéo de moins de 5 minutes, introduction au concept de biogégion. (sous-titres en français disponibles)
HABITER
Une autre vision de l’habiter, de la famille, des soins (care).
Une entrevue audio de 44 minutes. Feeling at Home Transforming the Politics of Housing « Alva Gotby remet en question le mythe de l’accession à la propriété en tant que succès et plaide en faveur d’une politique de transformation qui privilégie la stabilité, la prise en charge et la communauté plutôt que le profit, en faisant valoir qu’un système de logement juste pourrait révolutionner l’existence quotidienne. »
La construction de logements au « prix du marché » ne résout pas la crise du logement abordable.
« Dans les trois arrondissements montréalais les plus pauvres, soit Montréal-Nord, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Le Sud-Ouest, [les loyers moyens] ont respectivement augmenté de 48 %, 59 % et 92 %. » L’abordabilité n’a rien de naturel, elle « résulte la plupart du temps de politiques qui ont été adoptées dans le but précis de la préserver. » L’abordabilité ne coule pas de source en habitation par Louis Gaudreau et Renaud Goyer, Le Devoir.
Mesure phare de la Stratégie québécoise en habitation déposée en août dernier, celui-ci vise à rendre disponibles des terrains et bâtiments afin que les offices d’habitation, les organismes à but non lucratif et les coopératives d’habitation développent rapidement des projets d’habitation.
Une méthode qui a fait ses preuves contre le sans-abrisme
La ville de Manchester en Angleterre veut s’inspirer d’un dispositif finlandais qui fonctionne pour aider les sans-abris à relever la tête. Ici, un logement est proposé d’emblée au SDF sans condition préalable ainsi qu’un soutien personnalisé. Cette technique contraste avant les méthodes bureaucratiques culpabilisantes où ces derniers doivent d’abord prouver qu’ils cherchent un emploi.
« La question est de savoir si et comment la planification peut être menée sous une forme plus démocratique et orientée vers les besoins sociaux et écologiques plutôt que vers la seule valeur actionnariale, mais aussi si les appareils de planification financière et leur pouvoir de coordination peuvent être appropriés pour une telle transformation.«
Les six articles de ce dossier sont en accès libre :
Le podcast de la semaine (selon The Syllabus). Les alternatives significatives au capitalisme ne dépendent pas seulement de la démocratisation des processus de prise de décision, mais aussi de la réimagination des structures mêmes de la vie économique. Notre podcast de la semaine plaide en faveur d’une priorité donnée aux soins, à la gestion écologique et au bien-être collectif plutôt qu’au profit et à l’extraction incessante.
Un épisode du podcast Macrodose. En anglais. Audio seulement.
« La politique est de plus en plus polarisée, mais s’il y a une chose sur laquelle les hommes politiques de tous les grands partis sont d’accord, c’est sur la croissance – que leurs rivaux politiques n’ont pas réussi à produire de la croissance, que nous en avons besoin davantage, et que l’obtention de cette croissance résoudra tous nos problèmes, de l’inégalité et de la pauvreté à l’effondrement des services publics et à l’immobilisation des investissements.
Mais tout le monde n’est pas d’accord. Pour un mouvement croissant d’économistes de la post-croissance et de la décroissance, la croissance économique n’est ni neutre ni souhaitable. Au contraire, beaucoup appellent de plus en plus à l’abandon de notre modèle économique dépendant de la croissance, au motif que la croissance effrénée conduit notre climat et nos écosystèmes au bord du gouffre. Notre invité d’aujourd’hui, Hans Stegeman, est une figure inhabituelle dans cette communauté : un banquier qui souhaite que la finance, et plus largement l’économie, dépasse la croissance pour le bien de la planète. Hans est économiste en chef à la Banque Triodos, ainsi que l’un des principaux auteurs et penseurs de l’économie post-croissance. Dans l’épisode d’aujourd’hui, Hans et Adrienne discutent de la décroissance, du mythe de la finance verte et des raisons pour lesquelles la rupture avec les règles de l’économie traditionnelle est la première étape vers un avenir durable. »
L’auteure critique les technologies « intelligentes » et les projets futuristes – comme la colonisation de l’espace ou les « villes intelligentes » à forte surveillance – qui masquent les inégalités structurelles et renforcent les inégalités raciales et sociales. Au lieu de cela, elle plaide pour des formes d’imagination collectives et libératrices, enracinées dans les soins, les réalités vécues et les connaissances communes.
Au milieu de la décadence capitaliste, de la violence d’État et de l’effondrement écologique, Andreas Malm critique la violence politique et interroge l’immoralité des profits tirés de la destruction de la planète. Ce texte décrit les espoirs déçus sous Biden, du rétablissement post-pandémie à l’action climatique bloquée par les intérêts des entreprises et des combustibles fossiles, incarnés par Joe Manchin. L’aggravation des problèmes de santé et de la précarité économique ouvre la voie à la protestation dramatique de Luigi Mangione, qui dénonce la mainmise des entreprises sur la survie élémentaire. Mais les actes isolés ne démantèleront pas le pouvoir – seule une action collective soutenue peut le faire.
Je me demande COMMENT Schwartzman compte s’y prendre pour réaliser ce qu’il nomme, en passant : L’élimination complète du complexe militaro-industriel, y compris de son infrastructure de combustibles fossiles, libérera de vastes quantités de matériaux, en particulier de métaux, pour la création d’une infrastructure mondiale d’énergie éolienne et solaire. On n’a pas l’air parti pour ça !
Couvrant des sujets comme le système de santé québécois, l’accès au logement et les perspectives d’emploi, la trousse regroupe les informations nécessaires pour une intégration réussie dans la Manicouagan tout en faisant rayonner l’offre diversifiée de la région. La réalisation de ce projet a été rendue possible grâce à la participation financière du gouvernement du Québec ainsi qu’avec le soutien financier de la MRC Manicouagan et ceux d’Innovation et développement Manicouagan, de la Ville de Baie-Comeau et du Cégep de Baie-Comeau.
Comprendre la réalité des nouveaux résidants
Plessisville — Le service du Développement du territoire de la MRC de L’Érable propose une série de six formations webinaires gratuites reliées à la diversité culturelle. D’une durée d’une heure trente chacune, ces formations s’adressent aux entreprises, responsables des ressources humaines, organismes et municipalités de la MRC de L’Érable.
Excellence en matière d’inclusion
Prix Ulrick-Chérubin – Les municipalités, les MRC et les OBNL pourront déposer leur candidature jusqu’au vendredi 14 mars 2025 sur prixulrickcherubin.quebec.
La dernière édition a permis de récompenser la Municipalité régionale de comté (MRC) de Maskinongé en Mauricie dans la catégorie Municipalités, alors que 24H ChronoSports située à Québec a été lauréate dans la catégorie Organismes à but non lucratif. Il est possible de visionner les vidéos récapitulatives de leur implication sur le site Web du prix.
Le développement de ce service a été rendu possible grâce à une collaboration étroite entre la Ville de Saint-Pascal, le centre de services scolaires, l’école secondaire Chanoine-Beaudet, et Bergeron Traiteur, responsable de la cafétéria de l’établissement. Toutefois, la concrétisation du projet n’aurait été possible sans l’implication du Centre d’action bénévole Cormoran, déjà reconnu pour ses initiatives du même genre dans le Kamouraska.
Les coopératives, les offices et les organismes à but non lucratif d’habitation ainsi que les entreprises du secteur privé sont invités à consulter l’information sur la façon de déposer un projet sur le site Web de la SHQ. La date limite pour le dépôt des projets est le 12 mars 2025.
Rappelons que les locomotives F59PH utilisées actuellement sur le réseau d’exo ont été acquises auprès de la société de transport torontoise GO Transit en 2011. Elles ont fait l’objet de plusieurs travaux de rénovation à travers les années.
[Université de Montréal] L’accès inégal aux transports, aux espaces verts, aux services de proximité et à la sécurité urbaine reflète et aggrave souvent les disparités socioéconomiques. L’Atlas du projet CAMMM (Cartographie de l’accessibilité, de la mobilité et de la multimodalité) s’attaque à ces questions en proposant une plateforme numérique consacrée à l’analyse et à la promotion d’une urbanisation plus équitable.
Une initiative intéressante… qui demandera encore quelques ajustements : la traduction en français est incomplète; la pyramide des âges pour les localités difficile de la voir au complet et… une date pour ces données serait bienvenue.
J’ai été surpris de voir apparaître cette « carte des valeurs » que je reproduisais dans mon billet du 25 décembre : tradition, coutume, religion. Baillargeon me fait connaître le Centre d’études sur les valeurs, attitudes et sociétés (Université Concordia) qui a pu replacer le Québec et le Canada-sans-le-Québec (en rouge) sur la carte des huit zones culturelles et historiques développée par les politologues Ronald Inglehart et Christian Welzel du World Values Survey.
« Le Québec se démarque encore par la langue française, ses institutions, son État providence fort (les garderies, l’assurance-médicaments, les congés parentaux, les études abordables), sa défense de la laïcité. » Le Québec se trouvant plus proche du « modèle nordique » (appellation que je préfère à l’Europe protestante !) que le Canada anglais. Une dimension où le Québec se distance du modèle nordique : la participation des femmes aux affaires publiques. Voir cet extrait du livre Social-démocratie 2.0 : Femmes scandinaves et politique.
De 2008 à 2018, alors que Québec solidaire présentait un programme résolument à gauche et critique du néolibéralisme, il a systématiquement obtenu plus de voix d’élections en élections. En 2022, le parti a décidé de recentrer son message, et il a soudain perdu des votes.
[Parc LaFontaine, dimanche 11:45, au bas de l’escalier menant à la patinoire, dans l’édifice Robin des bois]
Le local avec les casiers pour y laisser ses bottes est fermé. Pas d’explication, rien. C’est décevant. Un autre utilisateur potentiel frustré se met à accuser Valérie Plante. Là, c’est trop. J’apostrophe le citoyen critique, l’accusant de sexisme… soulignant la complexité d’une ville comme Montréal, les arrondissements, les ententes… Je souligne à quel point la gestion de la ville s’est améliorée depuis l’ère de Drapeau !
Je ne sais plus si j’ai pu laisser entendre que mon interlocuteur était de la banlieue, toujours est-il qu’il était bien fier de se dire depuis toujours habitant du Plateau. Je n’ai pas eu la répartie assez vive pour lui dire qu’on pouvait habiter le Plateau et penser en banlieusard !
J’ai cherché ce qui m’agaçait dans ce discours « anti-mairesse ». Une part de sexisme, sans doute. Mais pas que. Il y a un individualisme un peu cynique, qui dénonce, critique, mais sans chercher de solution. C’est l’attente d’un leader-sauveur qui viendrait enfin mettre de l’ordre dans ce foutoir et fournir (enfin) aux « payeurs de taxes » des services accessibles, de qualité.
On est défenseur ou attaquant dans ce type de conversation. Je me suis demandé ce qu’il en coûtait en notoriété, en relations publiques à la Ville de fermer un tel service… mais difficile de mesurer de telles pertes. D’autant que chaque fois qu’un cône orange est installé sur une rue, c’est une friction de plus avec les usagers de la route… et une insatisfaction de plus. À moins qu’on puisse transformer ces lieux-moments de friction en symboles d’une ville responsable, d’un service rendu… qui ne sont pas toujours rendus par la Ville : électricité, gaz, téléphonie et cable ont tous des droits d’accès.
La première manière de réduire les frictions, en les transformant en occasions d’éducation civique, consiste à informer les usagers (de la route, de la toilette, du métro ou des casiers pour bottes) de la source de la friction : Ville-centre ? Arrondissement ? Service des parcs ? Bell ou Énergir ? Et ensuite, informer sur les délais avant le retour à la normale.
Plutôt que d’imposer, d’emblée, aux équipes de construction-réparation des obligations supplémentaires d’information, un système d’informations basé sur la localisation GPS des travaux serait plus facile d’implantation et de contrôle. Associé à une possibilité de laisser un commentaire, visible par les autres usagers, cela permettrait une saine discussion et un feed-back roboratif. Ces informations géocodées seraient disponibles en format ouvert, permettant aux citoyens et OSC1organisations de la société civile de suivre dans le temps l’efficacité et la réputation des fournisseurs, plutôt que de faire porter sur la mairesse (ou le parti au pouvoir) toute la friction imposée par les multiples agences intervenant sur le territoire.
Ça prendra plus qu’une (belle) application GPS et des tableaux en open-source pour transformer le sentiment de frustration et de non-responsabilité dominant actuellement. Comment mesure-t-on le sens civique d’une culture ? Henry Milner, dans Les compétences civiques scandinaves2un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves, nous introduit à différentes enquêtes qui permettent de comparer les pays de l’OCDE en la matière.
Ce que Milner entend par compétences civiques :
Les pays nordiques affichent des compétences civiques (capacité des citoyens à comprendre la réalité politique ainsi qu’identifier les alternatives en matière de partis et de politiques publiques proposées) supérieures à celles que l’on peut observer dans les pays d’Europe continentale et du monde anglo-saxon. Les compétences civiques s’acquièrent donc grâce à des politiques qui prônent la redistribution matérielle et surtout intellectuelle. L’éducation des adultes, les cercles de lecture, le soutien aux médias publics ainsi que les librairies populaires constituent des exemples de politiques entraînant une redistribution intellectuelle.
Social-démocratie 2.0, p. 141
Cours d’éducation civique obligatoires dans lesquels on étudie et on débat des programmes des partis. Les Suédois lisent plus de journaux, suivent plus l’actualité politique… mais étudient plus longtemps (13% VS 3% des 30-39 ans sont aux études). Cependant la participation civique n’est pas liée au niveau d’éducation, même les populations avec peu d’éducation ont une culture politique. La représentation proportionnelle aide à la participation politique.
C’est un cercle vertueux : plus les gens sont informés et impliqués, plus les politiques et programmes sont adaptés aux besoins, ce qui renforce le désir, la motivation et l’engagement.
Je situe ce billet dans la suite de la réflexion suscitée par la lecture de Religion’s Sudden Decline: What’s Causing it, and What Comes Next?, que j’ai commenté récemment. L’auteur y identifiait un « modèle nordique » que j’ai voulu fouiller un peu plus grâce à cette comparaison Québec-Scandinavie cueillie au passage chez un bouquiniste. J’y reviendrai. Le chapitre sur la participation politique des femmes (47% des élus sont des élues en Suède) me permettra de poursuivre la réflexion sur les causes des attitudes anti-mairesse.
Notes
1
organisations de la société civile
2
un chapitre du livre Social-démocratie 2.0 – Le Québec comparé aux pays scandinaves