lendemain de veille

Évaluation personnelle de la rencontre sur la veille du lundi 25 nov. 9:00-11:00 organisée par l’OVSS et Projet collectif

En général : Insatisfait. Mais ça, c’est mon état habituel 😉

Le tour d’horizon était trop rapide, les participants venant de trop d’horizons différents… on en est resté à une présentation très superficielle. Ce qui était prévisible… même si les organisateurs ont semblé surpris de la popularité de la réponse à l’invitation : plus de quarante participant.e.s Une diversité-éclatement prévisibles parce qu’il y a autant de veilles que d’organisations, ou même de cerveaux : l’état de veille n’est-il pas un état caractéristique des organismes vivants ?

Aussi je crois qu’un regroupement des personnes par thèmes ou champs d’intérêt me semble essentiel pour pouvoir aller plus loin, à la fois dans les échanges et le partage. Certains sujets ou champs peuvent être si vastes qu’ils incluront tout le monde : environnement et climat; polarisation sociale; mobilisation vers le changement… Et même si nous réunissons des sous-groupes plus homogènes au niveau des intérêts, il est probable que les participants seront à des niveaux différents d’expertises, de moyens, des préférences ou choix historiques de logiciels et d’outils dont il devient difficile de changer après des années d’utilisation.

La diversité des participant.e.s donne l’impression d’inclure tout le monde, d’être représentative du tout. Mais qui n’était pas là, absent mais influent ?

Ne pas prendre la carte pour le territoire. Il y a plus dans le territoire que ce qu’en peuvent dire les géographes et autres prophètes.

L’information qui circule dans les réseaux et médias est peut-être moins importante que l’info qui s’est déposée, qui a été institutionnalisée dans des organisations, des habitudes, des contrats explicites ou implicites qui orientent et délimitent nos actions et décisions. Une information parfois muette, fondue dans l’histoire méconnue sinon secrète du pouvoir des choses.


J’ai retenu de la rencontre du 25 novembre (dont j’avais parlé ici) quelques outils qui ont été identifiés par les participants :

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une première ligne agile

Une ancienne ministre de la santé au Canada, mme Philpott, publiait récemment : Health for All: A Doctor’s Prescription for a Healthier Canada. Les reportages diffusés à l’occasion me faisaient penser aux CLSC, dans leur conception d’origine : une équipe multidisciplinaire en charge d’une population donnée, d’un secteur géographique. Mais comme le fait remarquer Andrew Coyne dans le Globe and Mail, cela reproduirait la stagnation du réseau public scolaire. Ajoutez la possibilité pour les usagers de choisir leur clinique et cela insuffle un dynamisme dans le système. L’essentiel serait de fonctionner par capitation : le groupe de professionnels est financé en fonction du nombre (et de la qualité ou du risque associé) de clients. Use primary-care reform as the opportunity to inject more competition into Canada’s health care system.

Bon, je ne suis pas d’accord avec son petit refrain concernant le privé (« public funding need not mean public provision ») bien que, dans notre système actuel, les cliniques médicales sont essentiellement des fournisseurs privés… L’important c’est que la solution n’est pas d’ajouter encore plus d’argent, ni plus de centralisation mais bien plus de responsabilité et une compétition interne au système: les groupes multidisciplinaires étant responsables et financés pour suivre et acheter pour leurs clients les services auprès des hôpitaux et autres organismes spécialisés.

Incidemment, saviez-vous que les omnipraticiens au Québec gagnent 50%++ plus que les médecins en France ? Un médecin omnipraticien en France gagne en général entre 4 500 et 6 000 euros nets par mois (soit de 6 700 à 9 000$ CAN) dans le secteur libéral, tandis que les salaires pour les salariés tendent à être légèrement inférieurs. En moyenne, médecins omnipraticiens au Québec gagnent environ 150 000 à 200 000 CAD nets par an, soit entre 12 500 et 16 600 CAD par mois




Pot-pourri du lundi

Aires protégées, écologie populaire, plan climat, autoroutes

Aires protégées

Un délais jusqu’en janvier accordé par Québec pour que les porteurs de projets puissent obtenir le parrainage de leur MRC. Sur Radio-Canada : Nouvelles aires protégées : un délai accordé, « un veto » des MRC dénoncé
« Selon l’Action boréale, les résolutions d’appui représentent un veto mis à la disposition des élus locaux, lesquels se retrouvent ainsi à détenir un droit de vie ou de mort sur des projets, et ce avant même qu’ils ne soient analysés plus sérieusement. »


20 projets d’aires protégés rejetés par la MRC de la Haute-Gaspésie (Le Devoir)

« Un total de 20 projets pour la Haute-Gaspésie, c’est impressionnant. Les gens ont envie de prendre soin du territoire. Le refus en bloc de la MRC revient à briser un élan citoyen »

Le préfet dit :
« On a accepté le fait que la réserve faunique des Chic-Chocs et le parc national de la Gaspésie sont là. Mais ça suffit. Laissez-nous gérer notre territoire. Et les gens qui arrivent avec leurs grandes vertus, qui savent tout et qui nous voient comme des innocents, moi, je suis tanné de ça. Je suis écoeuré, laisse tomber le préfet de la MRC. Il y a des gens qui arrivent des grands centres, qui s’établissent ici, qui vivent ici depuis un an et qui savent tout et veulent nous dire quoi faire. On est plus capables de ce discours-là. »


Un plan climat à la MRC des Etchemins


Populisme écologique

  • Une entrevue avec Naomi Klein dans le magazine Reporterre : « Nous avons besoin d’un populisme écologique ».
  • Une entrevue du magazine Le vent se lève avec Marie Pochon, une élue écologiste de milieu rural (la Drôme) : « Notre ambition est de construire une véritable écologie populaire »

Comment l’Amérique peut-elle se défaire de sa dépendance à l’égard de l’autoroute ?

Capturé sur : https://slate.com/business/2024/08/construction-traffic-cars-driving-transportation-highway.html
Voir tout l’article (20 pages) Comment l’Amérique peut-elle se défaire de sa dépendance à l’égard de l’autoroute ? traduction avec OneNote

Un projet d’autoroute de 3,5 miles, l’ I-49 Inner-City Connector, traverserait Allendale, faisant des ravages sur tout sur son passage… les conducteurs qui utilisent le connecteur économiseraient en moyenne trois minutes de temps de trajet.

L’auteur, David Zipper, compare l' »addiction » aux barrages hydroélectriques que les États-Unis avaient développés au cours du XXe siècle à la présente dépendance aux autoroutes.

Le transport collectif : pilier essentiel à la transition,
un article du Mouton noir.


Santé

Portrait de santé de la population selon le parcours de vie : pour agir collectivement

Rapport du directeur national de santé publique 2024 Le rapport du directeur national de santé publique 2024, intitulé Portrait de santé de la population selon le parcours de vie : pour agir collectivement, fournit un tour d’horizon de l’état de santé de la population. Il présente les nombreux gains ainsi que les défis qui demeurent et ceux qui émergent, tout en faisant mention des interventions nécessaires pour les relever avec la contribution des partenaires intersectoriels.

IRIS en Estrie

Institut de recherche et d’informations socio-économiques – Revenu viable: combien faut-il pour vivre hors de la pauvreté dans les huit MRC de l’Estrie?

Téléconsultation

La téléconsultation, un outil crucial pour les personnes atteintes de maladies chroniques
Ce modèle favorise la réduction des délais tout en allégeant les contraintes logistiques des patients.

Le ministère (ou est-ce l’Agence ?) réduit drastiquement les tarifs accordés pour la téléconsultation. « Alors que le tarif actuel pour une téléconsultation est d’environ 40 $, le taux de rémunération projeté sera calculé en minutes, soit 6,22 $ pour 5 minutes. C’est à peine plus de 1 $ par minute pour être soigné par un médecin ! » Le gouvernement envisage de solder les téléconsultations médicales.

IA

C’EST PAS DE L’IA
par la Quadrature du Net
Quand on entend parler d’intelligence artificielle, c’est l’histoire d’un mythe moderne qui nous est racontée. Celui d’une IA miraculeuse qui doit sauver le monde, ou d’une l’IA douée de volonté qui voudrait le détruire. Pourtant derrière cette « IA » fantasmée se trouve une réalité matérielle avec de vraies conséquences. Cette thématique sera centrale dans notre travail en 2025, voilà pourquoi nous commençons par déconstruire ces fantasmes : non, ce n’est pas de l’IA, c’est l’exploitation de la nature, l’exploitation des humains, et c’est l’ordonnancement de nos vies à des fins autoritaires ciblant toujours les personnes les plus vulnérables.

Pot-pourri du lundi 25 novembre

[IRIS] Confier la prestation des services de SAD aux CLSC et leur gestion à 400 pôles sociaux de première ligne

Réussir le virage vers le soutien à domicile au Québec, Anne Plourde et Louise Boivin
« Dans le contexte québécois, marqué par une centralisation grandissante du système de santé et de services sociaux, cet échec s’est traduit par une bureaucratisation excessive des services et par l’imposition de méthodes de gestion hiérarchiques et autoritaires qui réduisent l’autonomie des professionnelle·le·s, détériorent les conditions de travail, déshumanisent les services et soins et multiplient les cibles quantitatives de performance et les mécanismes de reddition de comptes statistiques, qui sont de plus en plus lourds et déconnectés de la réalité du terrain. »
« à l’encontre des prétentions de la nouvelle gestion publique, les recherches en administration publique démontrent que les services publics les plus efficaces sont ceux qui sont gérés localement et avec une participation citoyenne. »
« Ces pôles sociaux, répartis sur l’ensemble du territoire québécois, seraient des instances dirigeantes qui prendraient la forme de conseils d’administration élus démocratiquement et composés de gestionnaires (1/3), de membres du personnel (1/3) et d’usagères et usagers des services (1/3). »

Plan d’action en cohabitation sociale à Trois-Rivières

« Plus d’une cinquantaine d’actions son ciblées, réparties dans les 6 champs d’interventions suivants :

  • Sécurité dans l’espace public
  • Aménagement, propreté et entretien de l’espace public
  • Animation du milieu et occupation positive de l’espace public
  • Inclusion sociale et participation citoyenne
  • Hébergement et logement pour les clientèles vulnérables
  • Expertise, innovation et concertation »

Union des municipalités du Qc

Le projet de loi modifiant diverses dispositions en matière d’environnement est une avancée significative en termes de protection accrue de l’environnement. Les municipalités du Québec n’auront plus à demander l’approbation du ministre de l’Environnement pour règlementer.

L’abrogation du principe de préséance prévu à l’article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de l’environnement est une demande phare de l’UMQ. Ceci aura pour effet de réduire le risque de poursuites judiciaires et d’alléger le fardeau administratif des municipalités souhaitant adopter des normes plus importantes en matière environnementale et climatique.

Fondation rivières

Moins de déversements mais de plus en plus d’eaux usées dans nos rivières.

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parcours professionnel d’organisateur communautaire

J’ai été organisateur communautaire (OC) dans le réseau des CLSC de 1976 à 2012. Frais émoulu du module Animation et recherche culturelles de l’UQAM, j’ai trouvé un emploi d’OC dans le secteur public sans passer par le travail dans le monde associatif comme c’est le plus souvent le cas aujourd’hui.

Embauché en 1976 comme organisateur au PPA, programme personnes âgées comme on l’appelait, j’étais aussi, à la même époque, militant d’une organisation marxiste-léniniste (En Lutte !) jusqu’à sa dissolution en 1981 (82?).

En 2016 et 2018 j’ai accepté de rencontrer une doctorante québécoise (Annabelle Berthiaume) et une prof à l’Université de Paris 8 (Audrey Mariette) qui étaient intéressées à mieux connaître la pratique d’organisation communautaire dans le réseau public du Québec. Deux entretiens réalisés dans le cadre de deux recherches distinctes qui ont servi de base à cet article décrivant le parcours professionnel de « Michel » au « CLSC Maçon ».

Dans le processus conduisant à la publication j’ai rencontré les auteures à deux reprises, ce qui a permis de préciser certains termes. Mais c’était LEUR publication, même si c’était mon parcours ! Le résultat représente un travail attentif de synthèse qui porte un regard sur l’évolution d’une pratique professionnelle « marginale », mal connue, qui a longtemps été mal perçue par les autorités. Qui était parfois mal vue par les militants des organisations communautaires des quartiers où se développaient les premiers CLSC.

L’organisation communautaire au sein du service public québécois – Trajectoire d’un groupe professionnel aux marges de l’État social (années 1970-2000)

Résumé : Cet article porte sur l’émergence, la structuration et les pratiques d’un groupe professionnel, celui des organisateur·rices communautaires (OC) au sein du réseau public de la santé et des services sociaux au Québec. S’appuyant sur des pratiques issues des mouvements sociaux, le segment étatisé de ce groupe professionnel s’est adapté tout en participant aux évolutions de l’action publique pour définir sa position et maintenir le sens de son travail au service des habitant·es des quartiers populaires et de la lutte contre les inégalités sociales. À partir du cas d’un OC ayant exercé dans un quartier populaire de Montréal de 1976 à 2012, nous revenons sur les incertitudes et les ambivalences qui ont accompagné la professionnalisation du groupe des OC au sein du service public, entre approche contestataire et approche pragmatique de l’action publique. L’étude de cette trajectoire singulière insérée dans la trajectoire collective du groupe professionnel éclaire les transformations de l’État social pour montrer comment les tensions constitutives du métier et les pratiques professionnelles entre action collective et action publique se reconfigurent.

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de la veille

Écrit en prévision d’une rencontre prochaine que la question de la veille.

On peut faire de la veille pour rester dominant dans son marché; pour identifier les occasions d’investissement, d’achats avantageux ou de projets lucratifs; identifier les concurrents et leurs innovations, leurs failles aussi ;
On peut faire de la veille au service d’une organisation d’un produit ou au service d’une pratique, d’une mission – d’une cause.
Les pratiques d’accompagnement de projets collectifs et d’animation de processus de gouvernance partagée… Animation de processus ou gestion de protocoles ?

De la veille pour participer à éclairer l’espace public, la réflexion qui stimule l’opinion publique. Sommes-nous des influenceurs?

De la veille pour suivre des indicateurs, en évaluer la fiabilité, la validité. Pour établir de nouveaux indicateurs permettant d’atteindre de nouveaux objectifs.

Mais des objectifs formulés où? Par qui?

Ce sont des pratiques engageant des populations, des réseaux, des régions. Des pratiques engagées dans des contrats, des prestations, des transactions insérées dans une économie sociale située – géographiquement et historiquement. Mobilisées vers une alternative, plus sobre mais plus heureuse.

Veille pour soutenir la planification et la mesure de nos extractions sur la capacité de régénération des milieux de vie que nous exploitons.

Une veille pour soutenir les appartenances, les identités régionales, les communautés locales — construction de nouvelles identités — les bio régions?

Je faisais une veille professionnelle auprès de mon équipe d’organisation communautaire — j’étais celui qui apportait des articles parus récemment sur l’empowerment… l’économie sociale. Mon travail de veille était informel, volontaire: je devais l’inscrire dans l’esprit du temps, les débats qui traversaient les mouvements sociaux et espaces publics et politiques.

Alors qu’est-ce qui manque? Ah oui, c’est vrai, il manque le cadre de ces initiatives de veille, un cadre permettant à chaque acteur, à chaque organisation de contribuer tout en maintenant sa personnalité, son autonomie.

La question des outils, des applications et environnements… la liberté et l’accessibilité des échanges… la propriété des contenus (repiquages, résumés, extraits, articles et commentaires), des flux.

Intérêt d’une communauté fermée pour la légalité du partage d’articles de revues et journaux sur abonnement: comme des photocopies dans un séminaire (fair use). Les membres de cette communauté amènent en partage leurs abonnements. Échanges systématiques des tables des matières…

Cette communauté de veille produit un flux public de citations classées et commentées.

bazar du lundi, livré mercredi

« Comme Nixon, Biden a distillé de petites touches de patriotisme économique pour faire avaler à l’opinion le coût faramineux de l’hégémonie mondiale des États-Unis. (…) L’euphorie de Wall Street au lendemain de l’élection suggère que « les marchés » ne prennent pas très au sérieux les déclarations de Trump sur les déportations de masse ou les droits de douane prohibitifs.  » 
Donald Trump et le désalignement électoral, LVSL, novembre 2024

Le transport collectif à la demande, un moyen efficace d’améliorer l’accessibilité en banlieue, The Conversation, 2024.10.24

Tirés de mon Syllabus hebdomadaire 
(flux personnalisé et autres trouvailles de l’équipe). 

Le service public conçu comme flux (practice) de valeurs publiques et privées co-créées. 
« this paper proposes a public services as practices framework. This framework defines public services as bundles of shared public value co-creation practices that consists of templates and performances. » Public services as practices: towards a framework for understanding co-creation and co-destruction of private and public value, Per Skålén. 

Beyond outsourcing : Re-embedding the state in public value production. 

Par Rosie Collington et Mariana Mazzucato.
La théorie de la valeur publique (PVT) est apparue dans le cadre d’un paradigme plus large de l’administration publique qui appelait au recentrage de l’État dans l’identification et la gestion des activités publiques en réponse aux tentatives des politiciens néolibéraux de le marginaliser. Les partisans de la TPP restaient néanmoins ambivalents quant au rôle de l’État dans la production des biens et services nécessaires à la création de valeur publique. Au cours des décennies qui ont suivi, l’externalisation du secteur public a pris de l’ampleur et s’est étendue, en particulier dans les économies anglo-saxonnes. Le PVT n’est pas en mesure de rendre compte des implications de ce mode de production de valeur publique et des raisons pour lesquelles il peut miner la capacité de l’État à créer de la valeur publique au fil du temps. Dans cet article, nous soutenons que le fait que l’État soit dissocié de la production de valeur publique nuit à sa capacité d’apprentissage et d’adaptation des organisations, qui sont essentielles pour que l’État puisse répondre à l’évolution des besoins et des demandes. Parce que ce qui constitue la valeur publique évolue, les ressources et les capacités de production de la valeur publique doivent également être reconfigurées. En d’autres termes, la création de valeur publique dépend de l’innovation des moyens de production de valeur publique. Nous plaidons en faveur d’une réintégration de l’État dans la production de valeur publique et pour que les secteurs publics aillent au-delà de l’externalisation de la fourniture de services et de fonctions de base. 
(ma traduction)

Repiqués de mon faisceau NetNewsWire (fils RSS)

Logements et terrains publics

Douze propriétés fédérales, dont deux au Québec, libérées pour du logement « pour les Canadiens et Canadiennes de la classe moyenne ».

10.    Laval (Québec) – Montée Saint-François – Pénitencier de Laval
11.     Laval (Québec) – Terrain vacant à côté du 1575, boulevard Chomedey

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digression botanico-politique

J’aimerais que l’eau dissolve la barrière physique qui actuellement nous sépare. Je veux ressentir ce que ces cèdres ressentent, savoir ce qu’ils savent.
Robin Wall Kimmerer. Tresser les herbes sacrées

Kimmerer est fille de la nation Potawatomi, une nation autochtone de la région des Grands Lacs. Elle est botaniste, auteure et professeure, alliant les savoirs autochtones et les sciences écologiques modernes. Son livre Tresser les herbes sacrées est un récit autobiographique qui nous amène de sa jeunesse avec sa famille, à sa période de formation universitaire, à sa vie dans une grande maison avec un jardin et un étang dont elle a tenté de restaurer la vitalité pendant des décennies avec ses filles… à son travail avec des étudiants qui découvrent la nature avec elle.
Je me suis demandé comment on pouvait intégrer une telle sensibilité (« je veux ressentir ce que les cèdres ressentent« ) dans un contexte aussi minéralisé qu’une ville, une métropole.

Malgré tout, ce livre est un baume à l’âme meurtrie et une ode à la beauté du monde.


Cette connaissance de la nature n’est pas une connaissance qui passe par l’écrit ! Ou très peu : par la pratique mimétique, l’expérience attentive et l’observation cumulative. Cette dernière se traduisant parfois par écrit…

Si, comme le dit Paul Graham, la capacité d’écriture se perd de plus en plus, qu’adviendra-t-il de la capacité de penser ? Mais qu’en faisons-nous, maintenant, de cette capacité de penser ? On se fait des peurs, ou des châteaux en Espagne. On se fait rire ou pleurer sur grand écran, pour oublier la grisaille de nos vies.

Ce n’est pas d’abord pour « sauver la planète » (et nous sauver nous-même) que nous devons changer : c’est parce que ce sera meilleur ! Des villes et des vies moins grises, plus vivantes, plus satisfaisantes. « il y a bien, au-delà des convictions éthiques, des raisons tout à fait égoïstes de se détourner de l’idéal consumériste. » Une vie plus satisfaisante, vraiment, pendant que les guerres se multiplient et les désastres s’additionnent ?

avant même l’insoutenabilité écologique de la croissance, ce sont ses dommages sociaux et culturels, et plus encore son absence de finalité, qui nécessitent de s’en détourner.
(En finir avec le mythe de la croissance verte, François Brien dans Socialter HS Automne 2024, p. 48)

Il y a parfois de l’angélisme dans la position écolo-socialiste, comme si la haine, l’agression et la cupidité ne pouvaient pas motiver et donner du sens et de la satisfaction à leurs protagonistes. Comme si le sentiment de faire ce qui est juste et bon pouvait faire contrepoids à l’avidité et à l’égoïsme qui dominent la culture. Une avidité qui prend forme dans des produits lourds, des pratiques coûteuses qui font l’envie des losers et autres quidams. Les prolétaires, quand à eux, se contentent d’y gagner un salaire. Quitte à y perdre sa vie.

La machinerie médiatique et les machinations corporatistes font bon ménage avec la politique des petits pas et des comités producteurs de rapports et de promesses. Il faut accentuer, approfondir les contrôles sur les entreprises qui se sont arrogées l’espace public, les communication entre citoyens et organisations… le commerce et le transport, les loisirs et le divertissement. Le miracle de l’équilibre dynamique maintenu par ce système à travers crises et guerres… un « équilibre » qui a permis une croissance phénoménale de la population, et de la quantité de produits mis en circulation, de déchets enfouis ou rejetés dans l’air ou l’eau. Jusqu’à ce qu’on commence à étouffer, à se sentir moins sûrs de nous et à douter.

Et si l’American way of life n’avait été qu’une courte période d’insouciance, un rêve réalisé pour les uns, un cauchemar quotidien pour d’autres et une vie grise pour le reste, qui se déroule sur les rubans d’asphalte d’un avenir pétrifié ?

_ "ligne de désir"

Le terrain vague derrière chez moi, que j’ai découvert et exploré durant la pandémie, n’a pas encore été minéralisé… Les capitaux des propriétaires sont sans doute plus profitables ailleurs. Pour le moment.

une autre façon de faire de la politique

J’ai commencé ce billet en commentaire du dernier congrès du parti Projet Montréal, qui se tenait au collège Maisonneuve les 2 et 3 novembre dernier. Je n’ai pas été assez rapide pour en terminer l’écriture avant que l’éléphant n’entre dans la pièce… 

Animateurs de talk-show, journalistes, analystes et sondeurs ont tous proposé leur interprétation de la victoire de T. ou de la défaite de son adversaire. Parmi les commentaires retenus, ceux de Monbiot, journaliste au Guardian, et de Wallace-Wells, du New-York Times. Pour votre convenance (et la mienne aussi !) j’ai traduit les deux articles: Les démocrates sont l’establishment, par WW et Trump s’est engagé à faire la guerre à la planète, par Monbiot. 

« Partout, l’argument centriste selon lequel la gauche doit abandonner ses principes pour combattre le fascisme, ne laissant le choix qu’entre les bureaucrates corporatistes et les nazis, a eu pour effet de renforcer le pouvoir des nazis. C’est une formule qui échoue à chaque fois. »

Cette citation de feu David Graeber résume assez bien le point de vue de Monbiot et d’autres critiques de la campagne menée par les Démocrates : on a réduit les attentes, caché les enjeux climatiques et environnementaux, pour rallier le centre, pour atteindre une majorité. Le texte de Monbiot est fort en ce qu’il inscrit la conjoncture actuelle dans le long terme : les gouvernements d’hommes forts, d’autocrates et de dictateurs ont été la norme plutôt que l’exception dans l’histoire humaine. 

La démocratie est une expérience récente, et qui a de toute façon toujours été partielle et impotente à soumettre vraiment les intérêts de la classe dominante à l’intérêt public. Sauf en de rares périodes, comme dans l’après-guerre, une période souvent dite celle des « Trente glorieuses ». Et même là… il est bon de se rappeler l’origine de cette expression, comme le fait Jules Calage dans le dernier hors-série de Socialter : Décroissance : Réinventer l’abondance

Ces « Trente glorieuses » années se terminaient sur des appels à la raison et à la prudence (Limites à la croissance, 1972) car elles se sont réalisées sans égard aux ravages infligés aux vivants et aux équilibres bio-physiques. Trente glorieuses qui ont coulé dans le béton et l’acier, un modèle de développement insoutenable. Plutôt que de suivre la voie de la prudence, les trente années suivantes ont été celle d’un hubris amplifié, accéléré par la libéralisation des échanges, la diminution importante de l’impôt sur la richesse, réduisant la capacité d’agir des gouvernements et libérant d’autant une capacité axée essentiellement sur l’accumulation de profit à court terme. L’hubris de la Grande accélération, pendant laquelle le gros du « budget carbone » qui nous restait fut consommé. 

Pour Wallace-Wells, « Le parti démocrate a occupé la Maison Blanche pendant 12 des 16 dernières années et se battait pour en occuper 16 sur 20. (…) [ L]es démocrates sont désormais le parti du pouvoir et de l’establishment, et la droite est le foyer naturel de toutes sortes de ressentiments anti-establishment – dont il est désormais clair qu’ils sont très nombreux. » 

Un programme en discussion

Pour en revenir au congrès de Projet Montréal, J’ai été membre de PM assez tôt dans son histoire. J’y contribue financièrement à chaque élection… mais c’était la première fois, autant que je me souvienne, que je participais aussi directement à la discussion sur le programme. Lors de la réunion locale, à l’arrondissement, où l’on a formulé des amendements à proposer au comité directeur (ou du programme…) j’ai défendu quelques propositions, par écrit, envoyées au maire, mais seulement une ou deux oralement lors de la rencontre… le temps était compté et chacun avait ses propres amendements à défendre. Une de mes propositions concernait la promotion d’obligations communautaires pour aider au financement de projets d’acquisition, de rénovation de logements afin d’accroître le stock « hors-marché ». Elle a été soumise à la discussion du congrès puis adoptée. 

J’avais formulé une autre proposition concernant la géothermie dans les ensembles domiciliaires.

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