La matrice de Dark Matter Labs

Ici ce n’est qu’une partie de la dite matrice. Il faut se rendre sur le site de Dark Matter Labs pour y découvrir les différentes dimensions : des labos, des « arcs », des capacités à développer.

Ce sont ces dernières, classées en six types (tableau ci-haut) que j’ai voulu mieux saisir. Aussi j’en ai traduit les définitions.

Capacités (capabilities)

Les capacités constituent le cœur de la mission de Dm et se trouvent au centre de la matrice. Il s’agit des objectifs systémiques que nous nous sommes fixés dans le cadre de nos efforts pour construire des voies vers des économies qui ennoblissent la vie. Parmi les exemples, citons la décolonisation de la gestion des devises, l’intégration de la prise de décision augmentée par les données et la mise en place des fondements des institutions de gestion de la planète.

A : Ontologie et épistémologie

A1 : Favoriser une vision relationnelle du monde

Aider les gens à comprendre que les relations sont la base fondamentale des systèmes vivants. Si nous pouvons comprendre la vie comme une série de relations interconnectées, alors une économie extractive et de dépassement n’aura plus de sens.

A2 : Remplacer le profit comme objectif collectif

Nous voulons montrer que le profit n’est plus un signal de valeur approprié. Un véritable signal de valeur ne peut être limité dans le temps ou géographiquement dans sa conception et doit reconnaître l’enchevêtrement (c’est-à-dire qu’il n’y a rien à externaliser dans un système interconnecté). Il s’agit d’une démarche plus profonde que les initiatives de PIB – nous visons plutôt à ce que le potentiel de régénération soit le principal signal de richesse.

A3 : Renforcer la volonté politique

Trouver de nouvelles façons de comprendre les problèmes communs, ainsi qu’une communication claire des stratégies de réponse alternatives. Si l’on prend l’exemple de la crise du logement, le logement en tant que droit de l’homme exige une réponse différente de celle du logement en tant que réserve de richesse.

A4 : Mesures phénoménologiques de la réussite (expérience vécue)

Définir et tester des mesures quantitatives de l’expérience sensorielle. Nous voulons utiliser des mesures incarnées pour protéger et respecter la valeur intrinsèque.

B : Logique de l’argent et de la valorisation

B1 : Démontrer la valeur enchevêtrée et à long terme

Dans notre économie actuelle, le prix est synonyme de valeur. Nous devons visualiser le vaste réseau de relations sans prix qui crée la valeur, afin de prévenir toute dégradation supplémentaire et de prendre des décisions éclairées sur la manière dont nous interagissons avec les diverses formes de valeur.

B2 : Gestion décolonisée et biorégionale des monnaies

Trouver des moyens d’équilibrer le besoin d’échanger librement entre les régions et les pays avec la protection des contextes uniques de nos systèmes sociaux et physiques. Par exemple, créer des banques biorégionales.

Zone de texte: Cryptomonnaies ? B3 : Systèmes monétaires alternatifs non fongibles

Démontrer le potentiel de nouveaux jetons d’échange liés à des éléments tangibles de notre économie. Nous voulons montrer comment des monnaies liées à des ressources individuelles peuvent être reliées pour former un bloc de construction vers une gouvernance interrégionale des biens communs (liens étroits avec B2).

B4 : Visualiser les économies finies et infinies

Nous devons communiquer une vision qui ouvre l’avenir plutôt que de le fermer. S’il est essentiel de comprendre les contraintes (par exemple l’énergie et le carbone), nous devons également susciter le désir d’économies non compétitives et infinies, telles que la solidarité et la connaissance.

C : Processus financiers et investissements

C1 : Faire un dossier d’investissement pour les valeurs enchevêtrées (DU CÔTÉ DE LA DEMANDE)

Aider les « développeurs de projets » et ceux qui gèrent des actifs avec des fonctions de valeur enchevêtrées à construire des modèles d’entreprise adéquats pour être en mesure d’absorber des capitaux.

C2 : Rapprocher l’offre et la demande

Mettre en place les structures de gouvernance et d’accord de protection qui empêchent les relations extractives et asymétriques entre les bailleurs de fonds / investisseurs et ceux qui reçoivent des fonds.

C3 : Structurer le capital et les investissements

Développer les instruments nécessaires pour permettre aux détenteurs de capitaux actuels de les allouer à des actifs dont les fonctions de valeur sont enchevêtrées.

C4 : Permettre des investissements stratégiques dans l’écosystème

Transformer les logiques et les cadres d’investissement pour manipuler stratégiquement les changements souhaités. Par exemple, un investisseur unique divisant ses ressources en tranches à but lucratif / lobbying / PFN, pour déplacer les subventions et la volonté politique afin d’augmenter les coûts d’une technologie d’extraction tout en favorisant une nouvelle technologie.

C5 : Socialiser les récits de soutien pour les voies de financement alternatives

Ouvrir la fenêtre d’Overton afin que les acteurs publics et privés du système financier adoptent de nouvelles approches de financement.

C6 : Socialiser les récits de transformation pour un système financier régénérateur

Explorer le rôle du système financier dans la transition mondiale. Par exemple, se demander s’il a le potentiel de devenir un catalyseur de changement ou s’il pourrait avoir besoin de s’effondrer et d’être reconstruit à cette fin.

D : Propriété, droit et gouvernance

D1 : Utiliser des instruments (par exemple des contrats) pour démontrer des théories alternatives de la propriété

Démonstration pratique de contrats et d’accords d’exploitation qui remplacent les relations linéaires entre propriétaires vers un point fixe par des relations d’agent à agent vers des objectifs plus larges. NB : nous avons précédemment utilisé le terme de contrats « many-to-many » pour décrire cette capacité.

D2 : Promouvoir des modèles alternatifs qui recouplent les excédents et la gestion des ressources

Empêcher l’extraction au fil du temps en raison d’incitations perverses étayées par le droit des sociétés, le droit fiscal, le droit du travail et le droit des brevets (entre autres) ; permettre et soutenir des alternatives conçues de manière régénératrice.

D3 : Démonstration de structures de gouvernance multi-acteurs

Démonstration pratique des moyens d’organiser et de gouverner ensemble, en tant qu’acteurs multiples disposant d’atouts variés. Ce travail implique de révéler, de reconnaître et de prendre des mesures coordonnées pour gouverner les biens publics émergents.

D4 : Intégrer la prise de décision augmentée par les données

Utiliser les technologies modernes pour rassembler et calculer des points de données de grande envergure dans des contextes complexes, afin que les options puissent être comprises collectivement, interrogées et prises en compte de manière efficace.

D5 : Construire un profond respect pour le monde autre qu’humain, les ancêtres et les générations futures

Soutenir les voies qui peuvent concrètement intégrer la réconciliation des visions du monde autochtones et la manière dont cela se reflète dans les mécanismes juridiques et de gouvernance alternatifs (tels que les conceptualisations de la justice s’étendant au « monde plus qu’humain »).

E : Logique et politique institutionnelles

E1 : Permettre à l’efficacité publique et civique de transformer les lieux

Soutenir l’apprentissage, les capacités et le pouvoir des partenariats publics et civiques pour façonner leurs rues, leurs quartiers et leurs lieux en vue d’un épanouissement collectif.

E2 : Construire les bases d’institutions de gestion planétaire

Élaborer les fondements d’institutions de gestion qui dépassent le cadre des États nationaux, afin de protéger et de régir les biens communs mondiaux.

E3 : Concevoir des instruments politiques réfléchis et fondés sur des données

Création d’instruments encadrés par des limites et des aspirations écologiques et sociales (avec des indicateurs clairs fondés sur des données) et ajustés en fonction du contexte (par exemple, les orientations de Covid changent en fonction du pourcentage de la population infectée).

E4 : Conception de processus politiques basés sur le lieu

Les processus de conception des politiques sont façonnés par le contexte géographique, qui informe les moteurs économiques, culturels et environnementaux. Nous voulons utiliser la conception et la co-création de politiques comme une opportunité de combler le fossé d’engagement entre la base et le gouvernement.

F : Matériaux, énergie et utilisation des sols

F1 : Développer des interfaces collaboratives et non extractives avec l’environnement physique

Construire l’infrastructure qui permettra aux activités humaines d’entretenir des relations respectueuses et réciproques avec la terre (et d’autres éléments physiques de notre environnement). Par exemple, le transfert de terres en propriété commune et les structures de mise en commun en couches, où nous superposons une gouvernance de style commun sur plusieurs propriétés privées.

F2 : Visualisation des flux de matières et d’énergie

Développer des outils et des méthodologies pour suivre et communiquer clairement la manière dont nous utilisons collectivement nos ressources communes partagées.

F3 : Développement d’une infrastructure de données de gestion pour l’environnement bâti

Construire une nouvelle infrastructure de données permettant aux villes, aux régions et aux pays de rendre compte de la manière dont ils gèrent les droits et les responsabilités liés à l’utilisation des ressources communes partagées. En fin de compte, cette infrastructure doit être connectée au niveau planétaire.

F4 : Conception et démonstration de développements polyvalents autonomes, régénératifs et abordables.

Explorer la manière dont nous pouvons remettre en commun et réaffecter les terrains et les bâtiments au service d’un avenir partagé, équitable, léger sur le plan matériel et énergétique.


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