Hier matin (peut-être était-ce avant hier) je me rendais à pied au bureau, situé à un peu plus d'un kilomètre de chez moi. J'étais songeur en faisant la liste des choses à ne pas oublier lors de mon passage rapide au bureau avant d'aller à la Maison des aînés. Tout à coup, un agent de police surgit à mes côtés en me disant "Monsieur, vous venez de traverser la lumière rouge" ! "Ah oui ?"
Puis il m'informe que la police est dans sa semaine de prévention (ici je n'ai pu faire de lien avec le service de police et son communiqué, son site étant en dérangement) en terminant avec son refrain "Tout le monde doit respecter la loi, même les piétons".
Ça me rappelle étrangement le topo hystérique de Richard Martineau , aux Francs tireurs du 13 octobre, qui appelait le police à intervenir pour faire respecter tous les stops à ces cyclistes délinquants. Navrant.
Je lui dis "Merci, je ferai attention à l'avenir" puis je reprend mon chemin vers le bureau. Je n'ai pas fait deux pas qu'il m'attrappe par le bras, manquant d'arracher la manche de ma veste. Je lui lance, tout en essayant de dégager mon bras de sa poigne "Il me semblait que vous faisiez de la prévention... ça ressemble plutôt à de la répression ce que vous faites !"
Il ne l'a pas trouvée drôle... tellement qu'il lançait un appel numéroté à son poste... qui s'avéra être un appel à l'aide : à peine quelques minutes plus tard trois voitures de polices s'arrêtaient devant nous, s'ajoutant à celle déjà là. Je n'en revenais pas ! Quatre voitures mobilisée pour "faire de la prévention" auprès d'un piéton qui avait traversé la lumière rouge. À l'évidence, ils n'avaient pas grand chose à faire en ce lundi matin (ça me revient, c'était avant hier). Ce que je me permit de partager avec les citoyens qui s'étaient rassemblés, curieux, l'autre côté de la rue Ontario "Ils ont pas grand chose à faire, pour envoyer 4 auto-polices pour quelqu'un qui a traversé la rouge !"
Finalement, le billet d'avertissement se transforma en une véritable contravention : 37$, dont 10$ de contribution pour les victimes d'actes criminels. J'aurais voulu argumenter que c'était peine perdue : la loi c'est la loi, surtout pour un, quatre policiers qui n'ont rien à faire que de s'attaquer aux piétons le lundi matin. En fait, il y deux arguments que j'aurais voulu lancer à ce moment mais qui ne me sont venus qu'après coup. Premièrement, je respecterais beaucoup plus facilement les feux de circulation automobile si les automobiles respectaient ou plutôt reconnaissaient l'existence des passages piétonniers. En effet je n'ai JAMAIS vu au Québec un automobiliste s'arrêter pour laisser passer un piéton sur les passages marqués de lignes jaunes, alors qu'ailleurs en Amérique du Nord il suffit de mettre le pied dans la rue... n'import'où ! pour voir la circulation s'arrêter.
Deuxièmement, en tant que piéton vivant dans une ville où il fait parfois très froid, je n'imagine pas m'arrêter sur un coin pendant de longues minutes pour attendre un feu vert, l'hiver, quand il n'y a pas d'automobile qui vient. Le code de la route reconnaît suffisamment d'intelligence aux automobilistes pour leur permettre, dans la plupart des villes au Québec, de tourner à droite au feu rouge s'il n'y a pas d'automobile qui vient (ni de piéton). Pourquoi ne prêterait-on pas autant d'intelligence aux piétons ?
Alors que le "transport actif" (vélo, marche, patins) devrait être un axe de prévention et de promotion de la santé stratégique dans nos villes, de telles attitudes policières ont vite fait de rappeler aux simples humains que les rues appartiennent aux cylindrées. Quand je me retrouve parfois aux environs de Peel et Ste-Catherine et que je vois les automobilistes peiner à circuler dans les flots humains, je n'ai aucune, mais absolument aucune sympathie pour ceux qui tiennent à tout prix à venir au coeur dela ville avec leur boîte à moteur. Peut-être un jour comprendront-ils. Ce n'est pas en imposant un respect aveugle des feux rouges aux piétons que nous civiliserons notre ville... Peut-être un jour nos décideurs comprendront-ils et transformeront-ils enfin quelques rues en piétonnières, comme dans le Vieux Montréal...
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