En résonance avec le monde

Annette Benoit - 2018 - photo de Martin Comeau

Sœur Annette Benoît, ou plutôt devrais-je l’appeler Mère Annette puisqu’elle était née en 1923 comme ma défunte mère, est décédée à l’âge vénérable de cent ans le 30 mars dernier

Je la soupçonne d’avoir été en communication « directe » — mystique ? — avec l’univers, un Dieu aux dimensions incommensurables. Par la méditation qu’elle pratiquait depuis longtemps et par l’écoute attentive, empathique, aussi pratiquée longuement. Ce que Hartmut Rosa appelle la résonnance.

Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, en 2017, elle avait 94 ans et était encore assez mobile pour que nos rencontres aient lieu dans un petit salon du rez-de-chaussée de sa résidence, le Carrefour Providence. Je voulais en savoir plus sur la filiation entre les communautés religieuses et les organisations communautaires d’un quartier que nous connaissions bien tous les deux : Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

Elle avait été active, très active, en 1970 au moment où se définissait un projet de CLSC, avant même que l’appellation soit établie (la loi fut votée en décembre 1971). Devait-on privilégier une clinique médicale populaire ou plutôt un centre communautaire à plusieurs dimensions en plus de la santé (habitation, bien-être, éducation-loisirs). Annette témoigne de cette période dans l’autobiographie collective qu’elle a réalisée avec ses consœurs en 2004, lorsqu’elle est arrivée au Carrefour Providence. 

En 1970, Annette était arrivée depuis peu dans le quartier comme responsable d’une dizaine de petites sœurs de l’Assomption (PSA) qui offraient des services à domicile. La collaboration qu’elles avaient déjà avec la clinique de psychiatrie communautaire de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine amena des médecins de l’Université de Montréal, dirigés par le docteur Landry, à les contacter afin de mieux définir ce que pourrait être une clinique communautaire de santé. La commission Castonguay-Nepveu se préparait à réorganiser la livraison des services de santé et de bien-être au Québec. Certains s’inspiraient de l’exemple de cliniques populaires qui existaient déjà depuis quelques années à Montréal (Pointe-St-Charles, St-Jacques). Le projet du docteur Landry était clairement entre les mains de professionnels, mais ils voulaient faire le lien, s’articuler aux besoins du quartier. Les Petites sœurs animaient déjà la Fraternité, qui regroupait les pères, puis les pères et mères des familles auprès desquelles elles intervenaient. Afin de répondre au besoin d’ancrage et d’orientation du docteur Landry, elles réunirent les membres de la Fraternité en plus de représentants des écoles, caisses populaires, paroisses… ce que certains s’empresseront de décrire comme l’élite traditionnelle.

Les petites sœurs d’Annette étaient bien conscientes de la critique… elles entretenaient des relations avec certains « marxistes »… Pour la suite, d’autres textes et voir les commentaires ou en laisser un

Une rencontre stimulante, très. Même en mode virtuel!

Les États généraux du développement des communautés, organisés par le Collectif des partenaires en développement des communautés ont eu lieu du 31 octobre au 4 novembre dernier.

Il ne pouvait pas en être autrement après tant de travail préparatoire. Pour en avoir une idée, consultez le Tour d’horizon qui fut magistralement synthétisé par Maria et Pierre-Elie de l’OVSS : plus de 40 milieux rencontrés. C’était ma première expérience avec la plateforme Gather Town et ce fut, somme toute, assez facile et distrayant, Même si cela ne m’a pas guéri, magiquement, de l’angoisse du premier contact avec des inconnus ou de ma maladresse en matière de small talk. J’aurais dû mieux tendre l’oreille en passant à proximité des petits groupes discutant sur la place publique… et m’inviter plus souvent dans la conversation !

Je ne tenterai pas ici de faire un résumé systématique des tous les ateliers et séminaires auxquels j’ai participé pendant les cinq jours. Plus modestement je souhaite partager mes « coups de cœur » et moments marquants de la semaine. 

La première journée fut consacrée à un retour sur le Tour d’horizon, dont la synthèse en 10  fiches allait aussi servir de base aux travaux de différents ateliers : dynamiques territorialeséquité territorialedifférents paliers – local – régional – nationalgouvernance intersectoriellegouvernance – leadership (I)gouvernance-leadership (II)transition socioécologiqueparticipation citoyenneimagination des possiblesressources humaines et roulement de personnel

Geneviève Giasson ouvrait la deuxième journée, en tant que directrice générale de la MRC du Val St-François. Une personne bien au fait des enjeux et réalités du développement des communautés car elle a été longtemps directrice de Communagir. J’ai eu l’impression que sa position de DG de MRC pesait sur son discours… comme si l’enthousiasme que je lui connaissais s’était un peu dilué ou était contraint par sa fonction. C’est une question que je poserais bien à un autre DG que j’ai connu alors qu’il était, lui aussi, membre du C.A. de Communagir : Gilles Gagnon, qui était à l’époque DG de St-Urbain et qui est maintenant DG de Baie St-Paul. Une position au cœur de l’action mais qui impose peut-être d’être moins visible et actif sur la place publique !? 

Le contraste était particulièrement évident lorsqu’on le compare au discours des élues de 3 municipalités… sur lequel je reviendrai plus loin. 

J’ai beaucoup apprécié le séminaire « Perspectives autochtones » où trois intervenantes nous ont entretenu des défis et de la réalité du développement des communautés autochtones. Premier constat : un (ou une ?) des panelistes n’a pu se joindre à la discussion car le réseau internet était « down » dans son coin de pays ! Le séminaire était animé par Imany Bégin-Paul, chargée de projet – Alliances et solidarités avec les Premiers Peuples du Front commun pour la transition énergétique, et sa sœur, Natanaël Bégin-Paul, directrice de Tshuapamitin. Kathryn St-Aubin s’est ajoutée au tandem spontanément pour partager sa connaissance du terrain. À un moment de la discussion Imany (ou était-ce Natanaël ?) nous a rappelé que les communautés locales autochtones sont l’équivalent des petites municipalités présentes sur tout le territoire : il faut gérer les besoins de base, et aussi les différends en matière de perspectives de développement économique. De petites municipalités qui incarnent ce que le terme intersectionnalité veut dire ! Ce fut un échange entre pairs sur les questions d’organisation communautaire et de développement local qui m’a donné le goût d’aller plus loin : ne serait-ce que visiter quelques-unes de ces communautés qui nous entourent… 

Le moment le plus fort de cette semaine fut, pour ma part, le séminaire offert par trois élues municipales, deux mairesses et une conseillère, exceptionnelles de sagesse et d’expérience. 

3 élues inspirantes !

« Il est souvent plus facile de changer de personne que de changer la personne » disait une des mairesses, soulignant ainsi l’avantage de notre système démocratique. On parlait ici de changer nos élu(e)s, mais aussi, comme le soulignait une des mairesses, il faut parfois changer de DG !

Les situations évoquées par les élues sont très différentes : petites municipalités avec 3 employés ou grandes villes avec des centaines ou des milliers d’employés. Mais la situation des petites municipalités (moins de 5000 habitants) est la plus commune : 83% des élus municipaux l’ont été dans de petites municipalités! Même si ces dernières ne représentent que 15% de la population du Québec. Le vécu de ces élus est fait de bénévolat et de travail à temps partiel, avec très peu de ressources, alors que les grandes villes ont vu leurs élus se professionnaliser. 

Mais c’est la même passion politique qui anime ces élues. « C’est la frustration qui m’a amenée en politique » disait Madeleine Lefebvre, conseillère à Maniwaki. Insatisfaite de voir ce qui se faisait, elle s’est engagée. Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke : « J’ai créé un parti (Sherbrooke citoyen) pour porter ces idées, cette vision ». Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet complétait ce trio de femmes inspirantes. 

D’entrée de jeu, Madeleine Lefebvre((En plus d’être conseillère municipale de Maniwaki, Madeleine a réaliser une recherche auprès des élus de petites municipalités dans le cadre de ses études doctorales. Ce qui donnait un poids supplémentaire à ses affirmations.)) affirmait « Il faut faire plus et dépasser la consultation pour favoriser la participation citoyenne. Sur ce point, on fait très peu, et plutôt mal. » Sur le moment, même si je n’étais pas dans la salle (tout se passait sur mon écran) j’ai pu sentir l’opposition spontanée des deux mairesses ! Dans les petits milieux les élus ont parfois l’impression qu’ils connaissent tout le monde : « J’ai été à l’école avec eux ». Aussi ils sentent moins le besoin de rejoindre, consulter et écouter la population. Il faut que la population vienne au conseil municipal afin de montrer aux élus qu’ils ne connaissent pas tout le monde ! 

Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet, souligne l’importance de l’exemplarité pour changer les choses : c’est en ayant une gestion transparente que des élus peuvent montrer à ceux qui n’y sont pas enclins que c’est possible et même profitable. Sa région a été frappée durement au cours de la dernière période par les inondations. La solidarité qui s’est manifestée dans le contexte fut éclairante : qu’on soit du secteur privé, public ou communautaire, « citoyens, patients et clients : ce sont les mêmes personnes ». La mairesse dit ne pas connaître suffisamment, ni être connue par, le « communautaire ». « On ne se connait pas. Les élus ne vous connaissent pas. Pour eux, vous êtes ceux à qui on donne une subvention une fois l’an. » Elle invite les réseaux communautaires à venir aux réunions du conseil municipal « pour nous dire ce que vous faites ». 

Il faut partager le pouvoir : quand les gens participent à la décision, ils deviennent des ambassadeurs de son application. Elle n’a pas d’inquiétude devant la parole ou l’engagement des citoyens. Prenant l’exemple d’une expérience de budget participatif : les suggestions faites par les citoyens sont plein de bon sens ! Mme Dubois souligne au passage la difficulté de gérer certains projets avec les petites municipalités rassemblées par la MRC : toutes les municipalités reçoivent le même montant, mais c’est la ville-centre qui épongera 33% de la facture ! 

La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, note que la professionnalisation des élus, qui peuvent maintenant se consacrer à temps plein à ce travail, a parfois comme conséquence de transformer les électeurs en consommateurs. Certains se disent « J’ai payé des taxes; tu es mon employée; tout ce que j’ai à faire c’est d’ouvrir la bouche ! ». Mais ce n’est pas toujours comme ça. Certaines communautés savent se mobiliser et produire des choses extraordinaires.

L’espace de marché public (ou communautaire) de Compton

Elle donne l’exemple du Marché de Compton, où un terrain fut offert par le groupe des Lyons, où de beaux kiosques furent construits collectivement… Elle souligne au passage qu’on ne peut pas seulement compter sur le dévouement et l’enthousiasme des employés de la ville ! Il faut maintenir l’action volontaire typique des petites villes. Pour cela elle compte sur les arrondissements qui rapprochent l’administration des citoyens. Mais aussi elle souhaite expérimenter un projet qui a déjà été mis en pratique en France (dans le 14e arrondissement de Paris) : l’hyper voisin. 

Cette mairesse est convaincante ! Et son idée d’expérimenter la formule d’hyper-voisins (que je préfère, quant à moi, au terme « ami du quartier » – l’ami de chez Jean-Coutu ?) me fait penser aux organisateurs et travailleurs communautaires des premiers CLSC. Il y avait une permanence, sur un assez petit territoire. Des citoyens de ces territoires ont parfois été embauchés comme travailleurs-travailleuses communautaires. Mais quel sera le niveau de qualification demandé ou offert à un tel hyper-voisin ? Et sera-t-il assez respecté par les divers départements et spécialistes de l’appareil municipal pour être vraiment utile et crédible ? Il faut définir, valoriser une relation de qualité, professionnelle avec la population. Éviter la création de dépendance et d’infantilisation ou pire, l’établissement d’un marché noir (ou gris) de la résolution de problèmes! Une relation éducative, apprenante, co-constructive d’un service public à l’écoute et réactif. Autrement dit ce n’est pas seulement la première ligne qu’il faut rapprocher du citoyen, c’est tout l’appareil qu’il faut assouplir… Ici, vous l’aurez compris, c’est moi qui parle.

Ce séminaire donné par des élues municipales passionnées et inspirantes s’est terminé sur des appels à la participation aux conseils (municipaux ou d’arrondissements), des appels au partage d’informations et d’agendas, des appels à VOTER pour choisir vos élu-e-s, car le taux de participation est toujours bas au niveau municipal. Des appels, finalement, à ce que les paliers supérieurs donnent aux municipalités des moyens à hauteur de leurs mandats, de leurs potentiels.

À la plénière de clôture, des appels à « travailler ensemble », à créer des espaces de dialogue, où vivre le paradoxe : apprendre la reconnaissance mutuelle tout en abandonnant les étiquettes. Il faut « décloisonner les espaces de concertation pour y faire de la place pour l’éducation, l’économie sociale, les réalités autochtones » et (c’est moi qui ajoute) pour ce grand éléphant dans la salle : les acteurs et partenaires économiques. 

Ma conclusion : le processus, le chemin parcouru pour arriver à ces États généraux a été plus important encore que l’événement, même si ce dernier fut un franc succès. Quand je me remémore la richesse des contenus extraits des rencontres Tour d’Horizon j’ai l’impression qu’on n’y trouvait pas aussi bien exprimées que pendant le colloque cette césure, ce contraste entre petites communautés et grandes villes et agglomérations; entre l’agir quasi-bénévole et l’engagement professionnel. Et la tension, la différence, comme le soulignait la mairesse de Sherbrooke, entre le développement social et le développement territorial. Je devrai relire les fiches synthèses pour vérifier. 

des communautés saines ou sécuritaires ?

Poursuivant la réflexion-recherche amorcée avec le billet précédent autour de l’orientation d’un système de santé en première ligne…

Le Québec et le Canada ont été à l’avant-garde de la santé publique à l’échelle internationale pendant des décennies : rapport Lalonde conduisant à l’adoption de la Charte d’Ottawa en 1986. Le rapport Poirier, en 2005, 3 ans avant le rapport de la Commission de l’OMS sur les déterminants sociaux : Combler le fossé en une génération


EN PASSANT : Qu’est-ce que le Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé peut apporter ? Un débat – une conférence sur l’équité en santé ? (entendez ici le mot « national » comme canadien)


L’orientation de l’actuel gouvernement : doit-on y voir un virage « sécurité » ? En cherchant sur le site de l’INSPQ les documents publiés récemment sur le thème Développement social et communautaire, je remarque les dernières publications, qui tournent autour du diagnostic sécuritaire des communautés, après une évaluation de l’implantation de la démarche « Prendre soin de notre monde ». Doit-on y voir une évolution ?

De la stratégie « Prendre soin de notre monde » (Appropriation de la démarche Prendre soin de notre monde – mars 2021) aux diagnostics de sécurité (Manuel pour accompagner le processus et déterminer le diagnostic de sécurité : trousse diagnostique de sécurité à l’intention des collectivités locales – 2e édition – Passer d’un diagnostic de sécurité à un plan d’action : un guide à l’intention des collectivités locales – 2e édition) en 2022

Prendre soin de notre monde, un « appel à travailler ensemble » lancé en 2015. « La Démarche Prendre soin de notre monde est une invitation à travailler ensemble, en facilitant les collaborations entre les acteurs municipaux, gouvernementaux et non gouvernementaux pour la création et le maintien d’environnements municipaux favorables à la santé et à la qualité de vie. » 

Rapport d’évaluation, daté de mars 2021, par Marc Lemire (Appropriation de la démarche…).

Extraits du rapport d’évaluation : 

certaines configurations posent davantage d’obstacles ou de limites à la possibilité de réussite de la démarche, du moins en ce qui concerne son appropriation, par exemple lorsque seul un petit nombre d’individus en porte la vision ou lorsque la vision partagée régionalement est limitée à la préoccupation des saines habitudes de vie. 

Les acteurs œuvrant en développement communautaire expérimentent aussi des difficultés à traduire la démarche par rapport à leurs rôles et responsabilités. En outre, l’adhésion de ces derniers à l’idée de travailler en soutien aux acteurs municipaux plutôt qu’en soutien à l’ensemble de la communauté ne va pas de soi. 

 Enfin, des difficultés se posent également pour les représentants de certaines organisations partenaires au sein des TIR-SHV. En dehors des représentants responsables de la coordination régionale, plusieurs semblent peu informés sur la démarche et ses ancrages régionaux. Dans ce cas, la difficulté d’en percevoir l’utilité est accrue. 

la démarche correspond à une réalité différente selon les organisations et les fonctions occupées, de même qu’en fonction des régions et des paliers d’intervention. 

Dans la mouvance de Québec en forme d’où elles proviennent, les TIR-SHV continuent de prioriser la thématique des saines habitudes. Plusieurs semblent néanmoins avoir cherché à redéfinir ou consolider leurs actions autour d’une vision plus large de la santé et de la qualité de vie 

Enfin, des améliorations sont attendues en ce qui concerne les organisations municipales. Considérant le roulement d’effectifs régulier et malgré les multiples contraintes et sollicitations auxquelles font face les élus et les employés municipaux, il est souhaité qu’ils maintiennent leur ouverture aux efforts de sensibilisation, de mobilisation et de collaboration qui leur sont destinées. 

La finalité de la démarche implique que les acteurs municipaux saisissent le rôle qu’ils peuvent jouer et les leviers dont ils disposent pour agir à leur façon en matière de santé et de qualité de vie. Les acteurs régionaux engagés dans la démarche souhaitent que les acteurs municipaux comprennent la diversité des expertises qu’il leur est accessible en collaborant et qu’ils acceptent de s’engager dans une relation de collaboration plutôt que strictement dans une dynamique de mandant/mandaté. On souligne l’importance que les municipalités favorisent la participation en amont des projets et si possible à différentes étapes de façon à tirer profit des expertises complémentaires qui leur sont offertes. (p. 8, Appropriation de la démarche, Faits saillants et résumé)

[— À voir : les autres acquis et leçons tirées (dans le même rapport) pour les autres partenaires (régionaux, non-gouvernementaux…)  —] 

Ceux qui ont participé à des activités de formation et de sensibilisation manifestent aussi une adhésion et une motivation plus grandes en général. Or, une proportion importante des acteurs engagés dans la démarche occupe nouvellement leur fonction et n’a pas participé à de telles activités dans les dernières années. Ceux qui ont moins d’ancienneté dans leur fonction actuelle ont d’ailleurs moins souvent tendance à bien comprendre la démarche.

Il ressort de cette évaluation trois principales recommandations formulées à l’intention des décideurs :

1- Poursuivre la mobilisation collective visant la création et le maintien d’environnements favorables à la santé et à la qualité de vie en milieu municipal en s’appuyant sur les capacités et les dispositifs en place, tout en les renforçant;

2- S’adapter à l’évolution rapide des réalités du milieu municipal en poursuivant les efforts de rapprochement des instances stratégiques et des regroupements de professionnels détenant des expertises clés en milieu municipal;

3- Engager davantage les organisations et les réseaux partenaires de la démarche à concevoir de façon collaborative le développement d’outils et de connaissances, ainsi qu’à structurer le partage de ces outils et connaissances de façon concertée pour renforcer les capacités des acteurs de soutien en région.

Ces recommandations tiennent compte du fait que le contexte national de pandémie lié à la COVID-19 depuis mars 2020 ne remet pas en question la finalité de la démarche ni ses principes de collaboration. Bien au contraire, l’action intersectorielle en santé publique et la collaboration avec les municipalités demeurent essentielles pour maintenir ou créer des environnements favorables à la santé.

Extraits de Appropriation de la démarche Prendre soin de notre monde – mars 2021

Dernière nouvelle : le gouvernement de la CAQ prévoit transférer 5000 postes de fonctionnaires dans les régions. Une politique saluée par l’UMQ et commentée par son président dans Le Devoir.

carpe diem

David Dayden soulignait avec ce graphique comment la crise actuelle allait faire, fait déjà des gagnants…

Ce à quoi répond Next System Project :  » Il sera essentiel d’offrir des contre-propositions favorisant l’acquisition sociale des entreprises en difficulté – reprises par les travailleurs, par les communautés, ou le public – si on ne veut pas que l’économie soit en core plus qu’avant aux mains des vautours de l’équité privée.« 

En effet, beaucoup d’entreprises en difficultés se feront racheter par les « grandes poches » qui n’auront d’autre idée que de rationaliser, optimiser et créer de grandes entreprises profitables pour de grands marchés qui seront d’autant plus fragiles lors de prochaines crises. C’est l’occasion de soutenir la mise en oeuvre d’alternatives à cette appropriation à rabais : coopératives de travailleurs, rachats communautaires ou acquisitions publiques.

Par ailleurs le « marché de l’emploi » et le marché capitaliste en général n’est pas composé que d’entreprises exemplaires en savoirs-faire et en produits de qualité… beaucoup de ces entreprises vivaient « à la limite de la rentabilité », et ce n’était pas toujours la faute des banques ! La clientèle n’était pas au rendez-vous parce que le produit n’était pas satisfaisant… Aussi le soutien aux entreprises en difficulté ne devrait pas se passer d’une évaluation sérieuse de la valeur des acquis et du potentiel.

En fait il devrait y avoir des décisions et des orientations conscientes à dimension éthique : privilégier les secteurs à bas carbone et à valeur éducative ou roborative élevée. Soutenir le développement d’alternatives aux vacances à l’étranger : circuits locaux de découverte, d’activités, d’hospitalité couplés à des circuits régionaux de transport. Et des entreprises de rénovation et de mise aux normes climatiques des logements; des équipes volantes de formation à l’utilisation des outils de télécommunications (cartes de paiement électronique, interfaces d’utilisation des services gouvernementaux…); des entreprises de transport et livraison locales, pour les commerces locaux; des réseaux d’inclusion, d’accompagnement et de soutien aux personnes isolées, frêles ou malades…

Les programmes de compensation aux chômeurs et travailleurs qui perdront des heures ou des emplois ne pourraient-ils être expérimentés ou réfléchis dans le cadre d’un éventuel programme de revenu garanti ou minimum ? Une avenue d’autant plus nécessaire que la “remontée” sera plus longue et la crise profonde. Le soutien aux travailleurs et travailleuses qui migreront d’un secteur à l’autre dans le contexte d’une transition écologique et économique est un élément crucial pour une transition rapide et profonde.

Comme le dit Jacques Attali dans un billet récent, Que naîtra-t-il ? : « Chaque épidémie majeure, depuis mille ans, a conduit à des changements essentiels dans l’organisation politique des nations ». Ou encore :

Produire autrement, avec une division géographique du travail beaucoup moins dispersée et fragile. Et, en conséquence, promouvoir un tout nouveau mode de croissance, et de nouveaux secteurs économiques jusqu’ici, pour certains, négligés. Surtout ceux de la santé et de l’éducation, dans toutes leurs dimensions.

La pandémie permettra peut-être de comprendre que seul vaut le temps. – Jacques Attali

P.S. Je ne suis pas sûr que mon utilisation du fameux « Carpe diem » soit judicieuse ? Selon Wikipedia, « savourer le présent qui nous est donné (sans toutefois récuser toute discipline de vie) dans l’idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître« . Mais, bon. L’idée étant que les « vautours » ne se priveront pas de saisir toutes les bonnes affaires qui se présenteront… à « nous » de profiter de l’occasion pour favoriser les changements qui s’imposent pour ne plus revenir en arrière.

cartographiez votre communauté

Statistique Canada lance un projet participatif (crowdsourcing) visant à documenter (et rendre accessible gratuitement) l’information sur les immeubles commerciaux, industriels, gouvernementaux dans les villes et municipalités du pays. Projet pilote dans Gatineau-Ottawa.

approcheparticipative

Si vous vivez à Ottawa ou à Gatineau, vous pouvez compter parmi nos premiers contributeurs. Si vous vivez ailleurs, restez en contact avec nous! Votre ville ou municipalité pourrait être la prochaine. Nous sommes très enthousiastes à l’idée de travailler avec les collectivités de partout au pays.

En tant que contributeur au projet, vous pouvez aider à créer une source d’information gratuite et ouverte des immeubles commerciaux, industriels, gouvernementaux et autres au Canada. Nous avons besoin de votre aide pour combler cette importante lacune en matière de données! Votre travail améliorera la connaissance des bâtiments de votre collectivité, ce qui permettra d’orienter les politiques et les programmes conçus pour vous aider.

des théories pour nos pratiques

La facilité avec laquelle les gouvernements (conservateur ou libéraux) ont pu défaire récemment des forums, espaces de concertation, de réflexion et d’action collectives est liée à la dépendance de ces mêmes espaces à l’endroit du soutien public.

Un soutien qui peut d’autant mieux se détourner et changer de cap que les gouvernements que nous avons s’appuient sur des portions de plus en plus congrues de la population. On peut aujourd’hui former un gouvernement « majoritaire » avec moins de 40% d’appui électoral.

Qui sommes « nous » ? Ce nous dans Nous.blogue ? Je me suis demandé en préparant ce billet…

Nous sommes moins des porte-paroles que des accompagnateurs, des animateurs, des professeurs… Témoins et facilitateurs de processus collectifs qui mettent ensemble des acteurs et agents de différentes origines, des agents qui sentent le besoin de tisser une toile commune définissant des communautés d’appartenance ou d’intention. Définir ensemble des projets porteurs d’espoirs et d’avenir.

S’il faut se distinguer pour se définir, c’est peut-être autour des concepts de société civile et d’espaces publics que nous pouvons le mieux circonscrire ce que nous sommes, ce à quoi nous tenons.

La mise en échec, la déconstruction des espaces et organisations démocratiques et sociales qui se consacraient à des objectifs de santé, de développement social concerté – ce recul de la place accordée aux acteurs et réseaux de la société civile mobilisant citoyens et volontaires, au profit d’une société plus centralisée autour d’une alliance politico-technocratique – ce reflux pourrait être l’occasion d’une alliance renouvelée de forces professionnelles conscientes de la toxicité de tels mouvements avec des forces citoyennes, civiques et communautaires pour formuler la prochaine mouture de politiques publiques favorables à la santé et au développement social.

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Dans un solide recueil de textes de différents collaborateurs autour du thème « Associations et Action publique [1] », sous la direction de Jean-Louis Laville et Anne Salmon, plusieurs auteurs d’ici nous proposent des retours historiques riches de souvenirs et d’enseignements. Benoît Lévesque y va d’un historique des politiques entourant la garde d’enfants retraçant le long processus d’institutionnalisation s’étalant sur plus de quatre décennies. Yves Vaillancourt examine pour sa part les évolutions de six politiques publiques co-construites qui mettent en lumière les conditions favorisant l’établissement de politiques résilientes, capables de résister au changement des gouvernements. Les exemples tirés de la France, du Maroc, d’Espagne, de Tunisie, de l’Équateur et de Bolivie permettent une compréhension renouvelée des relations entre le monde associatif et des politiques publiques différenciées selon les États et les conjonctures.

Les textes introductifs et de conclusion par Laville et Salmon nous permettent une compréhension des principes fondant les politiques néolibérales actuelles, notamment en résumant les positions encore influentes de Hayek. Habermas, Ostrom, Polanyi, Dewey (entre autres) éclairent les enjeux confrontant les associations dans le monde d’aujourd’hui.

Il ne suffira pas de défendre et faire valoir la place des associations et de la société civile pour « changer le monde ». Il faudra encore que les secteurs « marché » et « État » soient aussi intégrés dans un éventuel « plan de Transition ». Et pour cela il faudra que les différentes « gauches » trouvent à s’entendre pour pouvoir, enfin, faire contrepoids à une droite devenue quasi hégémonique depuis trois décennies.

Le même Jean-Louis Laville vient aussi de publier (2016), aux éditions Le bord de l’eau, « Les gauches du XXIe siècle. Un dialogue Nord-Sud ». Ce sont 28 auteurs en provenance de 4 continents qui posent les perspectives des gauches à venir : réinvention de l’État, redéfinition de la solidarité, rénovation de la social-démocratie, socialisme du XXIe siècle, bien vivre…

Incidemment l’auteur (Laville) sera à Montréal à l’occasion du congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF). Un séminaire où il présentera cette dernière publication. Il semble que les places sont déjà toutes prises… Je me ferai un plaisir de vous en reparler !

Bon été, bonnes lectures, bons débats !

[1] Publié en 2015 aux Éditions Desclée de Brouwer, 630 pages.

logement social et communautaire – jour 2

Deuxième journée de l’évènement, après le colloque du RQOH (Réseau québécois des OSBL en habitation) tenu la veille – dont j’ai parlé ici – s’ouvrait officiellement la rencontre annuelle de l’ACHRU, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine. [Programme de l’évènement – pdf].

L’atelier sur le « Contexte budgétaire post-élection fédérale » a permis d’examiner plus en détail les promesses du dernier (premier) budget Morneau en matière de logement (chapitre 2). Les investissements promis (voir tableau suivant) de 2,3 G$ (milliards) sont un changement de cap plus que bienvenu par rapport non seulement aux politiques conservatrices de la dernière décennie mais en regard du retrait du fédéral de ce champ qui date de 20 ans. Stéphan Corriveau, directeur général du RQOH, soulignait avec raison que cette somme doit être inscrite dans un total de plus de 10 G$ consacrés au logement, principalement (8G$) sous la forme de crédits d’impôts favorisant l’accès à la propriété.

Pour donner un meilleur accès aux Canadiens à des logements plus abordables, le budget de 2016 propose d’investir 2,3 milliards de dollars sur deux ans, à compter de 2016-2017. [Budget fédéral, Chapitre 2]

Investissements dans le logement abordable (M$) 2016-2017 2017-2018 Total
Doubler le financement de l’initiative Investissement dans le logement abordable 262 243 504
Accroître le logement abordable pour les aînés 100 100 201
Appuyer les projets de rénovation énergétique et d’économie de l’eau dans les logements sociaux existants 500 74 574
Soutenir les refuges pour les victimes de violence 60 30 90
Lutter contre l’itinérance 58 54 112
Total partiel 980 501 1 481
Investissements supplémentaires dans le logement pour les collectivités inuites, nordiques et des Premières Nations 356 383 739
Investissements totaux financés en vertu de l’engagement en matière d’infrastructure sociale 1 336 884 2 220
Investissements supplémentaires pour appuyer la construction de logements locatifs abordables 13 73 86
Total général 1 349 956 2 305

 

La période de 2 ans qui s’ouvre sera essentielle car le gouvernement fédéral définira sa stratégie pour les prochaines décennies. Un mode de financement « au delà des conventions » devra être trouvé. Mais aussi des façons de réaliser un investissement en infrastructures majeur qui devrait s’appuyer sur une nouvelle architecture des apports fédéral, provincial, municipal et de la société civile en matière de logement. Une architecture qui doit être viable et adaptée aux prochaines décennies. Une intervenante, qui a supervisé un processus de formulation d’une stratégie logement pour le Yukon qui s’est étalé sur plusieurs années, se demandait si deux ans seront suffisant ? En effet, pour arriver à une stratégie canadienne qui soit partenariale, c’est à dire capable de résister aux changements de gouvernement pour quelques décennies, il faut du temps. Et la capacité, la disponibilité de participer à un rythme accéléré de discussion alors que les mesures temporaires, immédiates risquent de mobiliser beaucoup de l’énergie des partenaires.

Verra-t-on le gouvernement fédéral revenir dans la « subvention à la pierre », après une absence de plus de 20 ans ?

Je reproduis ici un extrait de l’historique de l’intervention fédérale en logement inclus dans le « Rapport de tournée », tactiquement déposé par la députée du NPD chargée du dossier logement, Marjolaine Boutin-Sweet, au petit matin de cette première journée du colloque de l’ACHRU.

  • Au début des années 1990, le gouvernement conservateur de Brian Mulroney procède à des compressions dans le financement de nouveaux logements sociaux et décide de s’en retirer totalement à partir du 1er janvier 1994.
  • Le Parti libéral du Canada est porté au pouvoir en 1993 et le budget Paul Martin de 1994 confirme le désengagement du gouvernement fédéral du logement social.
  • Au printemps 2005, sous le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin, Jack Layton, alors chef du NPD, a menacé de ne pas appuyer le budget et, ainsi, de faire tomber le gouvernement, s’il n’annulait pas 4,6 milliards de dollars en baisses d’impôts aux grandes entreprises profitables pour le rediriger dans des mesures sociales, dont 1,6 milliard pour le logement social.
  • En 1995, certaines ententes sur le logement social ont commencé à prendre fin et le phénomène continue encore aujourd’hui. Par exemple, entre 1995 et 2005, plus de 1000 ententes ont pris fin.
  • En 2007, l’INSA est remplacée par la Stratégie des partenariats de lutte à l’itinérance (SPLI), qui maintient une approche généraliste dans la lutte contre l’itinérance et permet une diversité des méthodes d’intervention et de prévention.
  • En 2013, les conservateurs renouvellent la SPLI, à partir de 2014, mais son budget est réduit à 119 millions de dollars par année sur cinq ans et son approche est modifiée pour l’axer sur l’approche « logement d’abord » ou « Housing First », ce qui aura notamment des répercussions pour les groupes travaillant à la prévention de l’itinérance et sur le financement d’immobilisations.

Il est possible que le gouvernement fédéral Libéral revienne au « financement de la pierre », surtout s’il compte investir rapidement des milliards en infrastructures. Lorsque son représentant (Adam Vaughan, député de Spadina-Fort York) laisse entendre qu’il pourrait agir seul, advenant que de petites municipalités n’aient pas les moyens… Est-ce à dire qu’il pourrait agir sans concertation avec le gouvernement provincial ? Qu’il pourrait, par exemple, délester le gouvernement Couillard de l’obligation de contribuer sa part de 35-40 % dans le développement du logement social et communautaire ?

Je n’ai pas assisté à l’atelier qui devait dévoiler les perspectives stratégiques envisagées par la SHQ.

L’atelier auquel j’assistai mercredi matin le 12 avril s’intitulait « Le contexte budgétaire post-élection fédérale : l’incidence réelle du nouveau financement sur la pénurie en logement abordable ». On y donnait la parole à

  • Adam Vaughan, Député pour Spadina—Fort York, Secrétaire parlementaire du premier ministre (Affaires intergouvernementales) (ON)
  • Marjolaine Boutin-Sweet, Députée pour Hochelaga, Whip du Nouveau Parti Démocratique et porte-parole en matière du logement (QC)
  • David P. Ball, Reporter, Tyee Solutions Society’s Housing Fix project (BC)
  • Stéphan Corriveau, Directeur général, Réseau Québécois des OSBL d’habitation (QC)
  • Kishone Tony Roy, CEO, BC Non-Profit Housing Association (BC)

Mes notes, durant l’atelier, se résument à quelques « gazouillis ».

À la critique de la porte-parole du NPD

gillesenvrac
@MarjBoutinSweet les premières promesses du nouveau budget libéral plutôt pour le logement abordable que logement social ? #untoitundroit
16-04-13 11:23

Le représentant du gouvernement Libéral répondait

gillesenvrac
A Vaughan, député (Lib) Spadina, l’approche du gouvernement touche tout le secteur logement social, locatif, accès propriété #untoitundroit
16-04-13 11:30
gillesenvrac
@kishoneroy situation difficile en logement social en Colombie Britannique, prix élevés,itinérance, autochtones #untoitundroit
16-04-13 11:34
gillesenvrac
@RQOH_ Corriveau, l’investissement fédéral logement est de 10G$ par les crédits d’impôts surtout (8,4G$) #untoitundroit
16-04-13 11:37
CSUHOJO
City of Regina calculates affordable rent by looking at people’s incomes instead of market averages #housing4all https://t.co/YiFR5BfHeU
16-04-13 11:46
gillesenvrac
A. Vaughan, le logement n’est pas un problème, mais un outil pour s’attaquer à un ensemble de problèmes sociaux, économiques #untoitundroit
16-04-13 12:09

En après-midi je participai à l’atelier « Revitaliser les logements insalubres : actions et résultats de la planification des quartiers ». Quatre conférenciers y prendront la parole :

  • Silvio Plescia, Senior Researcher, Housing Needs, Canada Mortgage and Housing Corporation (Nat’l)
  • Jay Freeman, Executive Director, Housing and Homelessness, City of Edmonton (AB)
  • Marianne Cloutier, Chef de division Amélioration de l’habitat, Direction de l’habitation, Ville de Montréal (QC)
  • Josh Brandon, Community Animator, Social Planning Council of Winnipeg (MB)

M. Plescia nous parla des efforts de la SCHL pour évaluer le rendement énergétique de certains projets résidentiels à faible consommation.

M. Freeman nous présenta son rapport SHRAG (Social housing regeneration advisory group). Plus de 11 000 logements sociaux viennent en fin de convention avec le fédéral, dans la ville de Edmonton. Cela représente 22 M$ par an de subventions potentiellement perdues si rien n’est fait pour renouveler ou remplacer le soutien fédéral. Et beaucoup des logements arrivent en fin de cycle ou de vie utile, et nécessiteront d’importants investissements. Un des constat du comité aviseur :

We need a new way of delivering housing for households in need other than the current social housing model. A feature of this new way would include viewing social housing as a contributor to diverse, inclusive communities with the potential to act as a catalyst for community development.

Des communautés plus diverses, inclusives où le logement social est vu comme partenaire et catalyseur de développement communautaire.

L’intervention des deux représentantes de la Ville de Montréal, dont Mme Cloutier, présentèrent différentes situations où la Ville a dû intervenir pour faire respecter les normes de salubrité, entretien et sécurité. Il semble difficile d’assurer le suivi des interventions pour éviter que les problèmes reviennent. Un monitoring des interventions est mis en place depuis 2007, dont les premières conclusions devraient être bientôt publiées.

Josh Brandon, animateur de communauté attaché au Conseil de planification sociale de Winnipeg nous a présenté l’approche globale utilisée pour rénover en ensemble de logements devenus vétustes (LORD SELKIRK PARK). Une approche où les services sociaux précédant et accompagnant l’arrivée de nouveaux habitant sont garant du succès de l’intégration et du développement de la communauté. Une approche où les résidents participent au développement de leur communauté, à la rénovation des logements : formations pour les chômeurs… Voir le rapport Manitoba Housing and Community Development : Strong Communities, an Action Plan.

 

C’est ce qui concluait ma participation de deux jours au Colloque RQOH-ACHRU. Je n’ai malheureusement pu assister à la troisième journée, dont l’allocution de Chantal Hébert, en conférence d’ouverture, constituait un moment fort.

Comme disait Denis Coderre : ce n’est pas juste une conférence, c’est une « war room » ! Mettons-nous au travail !

CSUHOJO
It’s not just a conference – this is a war room -let’s get to work! says @DenisCoderre #housing4all #untoitundroit @CHRA_ACHRU
16-04-13 10:35

En revenant chez moi, je me disais qu’il manquait des joueurs… Où étaient les CISSS-CIUSSS ? Un commentaire lancé sur Twitter qui amena quelques répliques :

Mais où étaient les CISSS et CIUSSS à ce congrès de l’ ? L’effet Barrette ?

À quoi répondait Scott A. Wolfe :

Here here! and Community Health Centres across Canada squarely behind movement.

Et la Canadian Association of Community Health Centres @CACHC_ACCSC

Triste que CSSS etc se sont dégagés, , mais ns pouvons ensemble préserver le feu/vision des pour le bon moment au futur!

À quoi je répliquai :

logement social et investissement privé

Quatre ateliers et deux conférences en plénière plus tard…(voir billet précédent) Ce cinquième colloque du RQOH était bien rodé. Il faut dire que les installations du Château Champlain sont intéressantes… même s’il a fallu un bon 15-20 minutes à nos hôtes pour régler un problème de son lors du premier atelier (on entendait dans les haut-parleurs du plafond l’exposé donné dans un autre atelier !) Le 5 à 7 au Caf-conc et les conférences et le diner à la « salle de bal » étaient très bien. Et les ateliers ont donné l’occasion d’échanger et de débattre, la plupart du temps.

La conférence de Jean-Paul L’Allier, ce jeune vieux de 76 ans, fut dynamique et donna à réfléchir. À propos de la négociation (du monde communautaire) avec les élus, des politiques néo-libérales des dernières décennies… Citant Stiglitz (Le triomphe de la cupidité) mais aussi Roland Arpin (Territoires culturels) cet ancien ministre des Communications et des Affaires culturelles (aussi ministre de la Fonction publique), dans le premier gouvernement Bourassa en 1970 (il avait 31 ans) est surtout connu par les plus jeunes pour son passage à la mairie de la capitale nationale. Il ne faut pas se présenter devant les élus avec un problème. C’est toujours mieux quand on arrive avec une solution à un de leurs nombreux et pressants problèmes. Selon lui, il y a 4 piliers à la manière, la culture (je ne crois pas qu’il ait utilisé le mot « modèle ») québécoise : L’État; l’action coopérative; le syndicalisme et la capacité démocratique.

Durant le diner nous avons pu entendre pendant une dizaine de minutes le ministre de la santé M. Barrette, venu saluer le travail des milliers de bénévoles et travailleurs du Réseau québécois des OSBL d’habitation. Il en a profité pour rassurer le mouvement concernant le maintien du programme de soutien à l’action communautaire en logement social, qui ne subira pas de compression (mais pas d’augmentation non plus !) et aussi à propos d’une révision en cours de la règlementation sur la certification des résidences privées pour ainés dont la nouvelle mouture, élaborée en collaboration avec le RQOH, devrait mieux reconnaitre la situation des OBNL dans le secteur.

L’atelier sur la gestion des réserves (hypothécaire, immobilière, mobilière et de gestion) donné par Mme Andréanne Gingras m’aura appris que la constitution de ces réserves, qui est pourtant une obligation contractuelle (pour certaines des réserves) d’un programme comme Accès-Logis, n’est pas une dépense admissible du point de vue de la régie du logement pouvant justifier une augmentation de loyer… Je me demande comment font les administrateur pour remplir leur obligation ? Un guide sur la gestion des réserves sera bientôt disponible sur le site de la SHQ.

J’ai trouvé un peu décevant l’atelier sur le financement des projets, avec des porte-paroles de la SHQ, de la SCHL et d’un projet communautaire « La rue des femmes ». Trop de présentations générales et pas assez de place à la discussion. La présentation longue sur le projet de La rue des femmes mettait en lumière la difficulté de financement, la longue marche vers une certaine stabilité de l’organisme… mais il aurait mieux valu séparer la présentation des programmes de financement généraux du projet particulier. Ce qui aurait peut-être laissé de la place pour un peu d’information sur la situation au Fonds québécois pour le logement communautaire, où se cristallise (et reste gelée pour le moment) une bonne part de la capacité d’ auto-développement du mouvement.

L’atelier de ce matin, portant sur les relations possibles entre les OBNL d’habitation et les processus de gentrification, avec Mme Bélanger de l’UQAM, est surtout venu conforter, comme je le craignais, une vision généralement négative de ce phénomène associé aux efforts de revitalisation dans les quartiers populaires. Non pas que je nie que l’arrivée dans les quartiers anciens de populations ayant plus de moyens (et d’exigences) peut avoir des effets pervers, en terme de hausse de la valeur des logements… Mais je suis « tanné » de voir opposer radicalement le logement communautaire à propriété collective (OBNL et coopératives) et toute forme de propriété privée, mettant dans le même bain les grands entrepreneurs constructeurs de condos et propriétaires immobiliers et le petit propriétaire d’une unifamiliale ou d’un duplex, qui peut et doit être un allié dans la préservation et la construction de quartiers sains.

Le dernier atelier auquel j’ai assisté, portant sur les Obligations à impact social, était présenté par James Mc Gregor, ancien VP à la SHQ qui a eu une longue carrière dans le développement de logement social. Son exposé m’a rappelé un texte que j’ai vu passer récemment, La mobilisation des capitaux privés pour le bien public. Ce type de programme, mobilisant des capitaux dans des projets sociaux, où parfois le gouvernement remboursera le financier (souvent une fondation) suivant l’atteinte d’objectifs sociaux désirés, ne semble pas près de se développer ici au Québec. Mais je ne suis pas sûr que l’atelier ait permis de clarifier vraiment les enjeux. S’il s’agit de remplacer une intervention publique par un investissement privé qui mettra l’accent sur l’atteinte d’objectifs sociaux mesurables, il y aura certainement des résistances. Mais s’il s’agissait plutôt de mobiliser de nouvelles ressources financières privées capables d’attendre 8-10 ans pour voir des résultats ?

La mobilisation du capital privé, dans des projets collectifs de développement local et d’habitation, peut prendre la forme de projets d’auto-promotion (voir cette publication et cette vidéo  de Vivre en ville) où des groupes de futurs propriétaires pourraient être accompagnés par les GRT qui ont toutes les compétences et expérience nécessaires dans la définition et la construction d’habitation à plus haute densité qui seraient mieux inscrites dans le tissus urbain (et moins couteuses) que les actuels projets de condos… L’ouverture des acteurs du monde du logement social et communautaire à l’endroit de tels projets pourrait briser la tendance au replis sur soi du secteur communautaire et permettre de définir des quartiers qui seraient dessinés pour tous, où les ressources de l’État, du monde communautaire mais aussi celles de l’épargne personnelle mises dans l’achat d’une maison pourraient être mobilisées.

Somme toute, ce fut un colloque intéressant, et je remercie l’équipe du RQOH et les conférenciers et responsable d’ateliers ! Ce fut très stimulant de rencontrer des gestionnaires d’OBNL en habitation de partout au Québec.

levées de fonds

En consultant les mises à jour de LinkedIn réalisées par certains contacts je prends connaissance de cette ressource, Ajah, dirigée par Michael Lenczner, un organisateur-développeur parmi les fondateurs, notamment, de Une île sans fil et de Montréal Ouvert.

Ajah offre un service en ligne : Fundtracker, qui aide les OBNLs à identifier et rejoindre des bailleurs de fonds ayant une affinité avec leurs activités. Le site est bilingue, malgré le nom du service (Pisteur de fonds ?) et cela m’a rappelé un service canadien (Big online) que nous avions utilisé durant une courte période au CLSC Hochelaga-Maisonneuve. Le caractère unilingue du service et les coûts élevés (le double de ce que demande Ajah) nous avaient empêché de maintenir l’abonnement plus d’un an.

La levée de fonds étant souvent une activité ponctuelle ou circonstancielle (autour d’un projet de développement spécifique) pour les organisations de petite et moyenne envergure, je me demande si le profil d’abonnement proposé par Ajah en tient compte ? Mais clairement, pour les équipes d’organisation communautaire des CSSS ou les équipes de soutien des CLD… c’est une ressource qui devrait être explorée.