vidéos et conférences

Ma lecture de Comment bifurquer m’a amené à fouiller autour de l’économie substantive 1et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus ! , déjà rencontrée chez Laville dont j’ai parlé ici. Retour à Karl Polanyi, comment il permet de rendre compte de phénomènes économiques hors de l’économie de marché, marchande. Voir Approches substantives de l’économie : des outils pour l’étude des organisations d’économie sociale, de Florence Degavre et Andreia Lemaître. Je me demande si les organisations de l’économie sociale d’ici utilisent, ou utiliseraient de tels outils ?

Jean Louis Laville, dont je croyais avoir commenté ici le récent Pour un travail social indiscipliné, mais non, je n’en trouve aucune trace sur mon blog. Un ouvrage qu’il présente ici dans une conférence de 45 minutes donnée lors d’un colloque de travailleurs sociaux.

Un colloque de travailleurs sociaux à Roubaix, 2022, une conférence de Jean Louis Laville [45 minutes + échanges] (auteur de Le travail social indiscipliné)

Les auteurs de Le capital que je ne suis pas s’entretiennent avec Benjamin Rosoor2rédacteur en chef du blog L’or et l’argent. Ce dernier ne semble pas toujours sur la même longueur d’onde que les auteurs…

Gaël Giraud et Anne Alombert, auteurs de Le capital que je ne suis pas, 48 min.

Présentation de La fabrique de l’émancipation, par Jean Louis Laville, 7:18 min.

Entretien de Laville avec Nancy Fraser, « il y a toujours une certaine tension entre le travail intellectuel, la théorie critique et l’activisme. »

Auteur de Composer un monde en commun.

Banques de défaisance (bad banks), pour racheter les actifs fossiles ou que la Banque centrale d’Europe le fasse. Pour que les banques actuelles soient libérées de leurs actifs « sales ».

Institut Rousseau

Notes

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    et aussi sur le « Schumpeter Mark II » mais je ne veux pas m’avancer là dessus !
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    rédacteur en chef du blog L’or et l’argent

En résonance avec le monde

Annette Benoit - 2018 - photo de Martin Comeau

Sœur Annette Benoît, ou plutôt devrais-je l’appeler Mère Annette puisqu’elle était née en 1923 comme ma défunte mère, est décédée à l’âge vénérable de cent ans le 30 mars dernier

Je la soupçonne d’avoir été en communication « directe » — mystique ? — avec l’univers, un Dieu aux dimensions incommensurables. Par la méditation qu’elle pratiquait depuis longtemps et par l’écoute attentive, empathique, aussi pratiquée longuement. Ce que Hartmut Rosa appelle la résonnance.

Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, en 2017, elle avait 94 ans et était encore assez mobile pour que nos rencontres aient lieu dans un petit salon du rez-de-chaussée de sa résidence, le Carrefour Providence. Je voulais en savoir plus sur la filiation entre les communautés religieuses et les organisations communautaires d’un quartier que nous connaissions bien tous les deux : Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

Elle avait été active, très active, en 1970 au moment où se définissait un projet de CLSC, avant même que l’appellation soit établie (la loi fut votée en décembre 1971). Devait-on privilégier une clinique médicale populaire ou plutôt un centre communautaire à plusieurs dimensions en plus de la santé (habitation, bien-être, éducation-loisirs). Annette témoigne de cette période dans l’autobiographie collective qu’elle a réalisée avec ses consœurs en 2004, lorsqu’elle est arrivée au Carrefour Providence. 

En 1970, Annette était arrivée depuis peu dans le quartier comme responsable d’une dizaine de petites sœurs de l’Assomption (PSA) qui offraient des services à domicile. La collaboration qu’elles avaient déjà avec la clinique de psychiatrie communautaire de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine amena des médecins de l’Université de Montréal, dirigés par le docteur Landry, à les contacter afin de mieux définir ce que pourrait être une clinique communautaire de santé. La commission Castonguay-Nepveu se préparait à réorganiser la livraison des services de santé et de bien-être au Québec. Certains s’inspiraient de l’exemple de cliniques populaires qui existaient déjà depuis quelques années à Montréal (Pointe-St-Charles, St-Jacques). Le projet du docteur Landry était clairement entre les mains de professionnels, mais ils voulaient faire le lien, s’articuler aux besoins du quartier. Les Petites sœurs animaient déjà la Fraternité, qui regroupait les pères, puis les pères et mères des familles auprès desquelles elles intervenaient. Afin de répondre au besoin d’ancrage et d’orientation du docteur Landry, elles réunirent les membres de la Fraternité en plus de représentants des écoles, caisses populaires, paroisses… ce que certains s’empresseront de décrire comme l’élite traditionnelle.

Les petites sœurs d’Annette étaient bien conscientes de la critique… elles entretenaient des relations avec certains « marxistes »… Pour la suite, d’autres textes et voir les commentaires ou en laisser un

ESS, régulation, écologie solidaire

Un résumé critique du livre de Robert Boyer (L’Économie sociale et solidaire Une utopie réaliste pour le XXIe siècle) par Benoît Lévesque dans la Revue de la régulation : L’avenir de l’économie sociale et solidaire : l’éclairage de la théorie de la régulation. À propos du livre de Robert Boyer. Pour ceux et celles qui s’intéressent à l’économie sociale et solidaire, Benoît Lévesque donne le goût de lire le petit livre de Boyer, tout en soulevant quelques bonnes questions.

J’ai bien l’intention de lire le livre de Robert Boyer mais une petite phrase à la fin de l’article de Lévesque a attiré mon attention : « Bernard Billaudot (2022), dans un riche ouvrage, montre que toutes les sociétés sont fondées à la fois sur une vision du monde (une cosmologie) et sur des modalités de justification de leurs activités et de leurs relations. »

Dans un riche ouvrage, ça m’a intrigué. J’ai trouvé cet ouvrage : Société, économie et civilisation. Vers une seconde modernité écologique et solidaire, qui, malgré son fort volume (quelques 3000 pages !) est disponible gratuitement en format epub, pdf ou en ligne.

Si vous n’aviez pas encore de lecture pour la fin de l’été…

archives du LAREPPS

Le Laboratoire de recherche sur les pratiques et politiques sociales (LAREPPS) de l’UQAM a mené des recherches pendant plus de 15 ans, sous la direction de Yves Vaillancourt, d’abord, puis de Lucie Dumais et Christian Jetté.

Le site web du laboratoire devait être refait pour rester compatible avec les normes du service informatique de l’Université. Il a fallu transférer les quelques 180 rapports de recherche accumulés au fil des ans dans un nouvel environnement. Le résultat n’est pas remarquable par sa facture graphique (!) mais plutôt par la richesse des contenus auxquels il donne accès, suivant les thèmes ou axes de recherche (Insertion, Logement social et hébergement, Services de proximité,Transversal) ou encore par mot-clé (étiquettes) ou encore par ordre chronologique. La documentation relatant l’histoire du laboratoire a aussi été préservée. On peut rechercher dans l’ensemble des résumés de recherche en utilisant le module au bas de la page d’accueil.

Alors que j’étais organisateur communautaire en CLSC (et CSSS) j’ai eu la chance de participer à plusieurs des rencontres annuelles entre praticiens et chercheurs qui nous permettaient de réfléchir aux enjeux soulevés par les innovations et les politiques en insertion sociale, économie sociale ou développement social dont nous étions parties prenantes.

Si j’ai réalisé bénévolement le travail de transfert des contenus dans leur nouvel environnement, c’est qu’il me semble important de conserver un accès public 1plus facilement accessible que le seul dépôt-papier aux archives nationales à ces rapports de recherche qui portent sur des questions qui sont toujours à l’ordre du jour : les relations entre services publics et communautaires; la place de l’économie sociale dans les services de proximité et d’hébergement… Des dizaines de monographies relatant l’action et l’histoire de coopératives, d’OBNL ou de HML, des portraits régionaux des réseaux de services ou encore plusieurs monographies sur la transformation des CLSC en CSSS ont été réalisés de 1998 à 2014. Je suis persuadé que ces matériaux mériteraient de faire l’objet de méta-analyses qui seraient utiles à l’orientation future tant des services publics que privés ou communautaires.

Articles similaires

Notes

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    plus facilement accessible que le seul dépôt-papier aux archives nationales

balados, webinaire, & cetera

Demain, le 26 janvier. Webinaire gratuit.

J’avais oublié ce webinaire, qu’on me rappelle ce matin. Organisé par l’Université de Moncton, il sera diffusé demain, 26 janvier (inscription gratuite) avec des données tirées du terrain (Bas-du-fleuve), pour l’intervention de M. Simard et une synthèse plus théorique, ce me semble, de la part de Mme Bouchard, mais une théorie ancrée dans une connaissance fine et profonde du terrain de l’économie sociale.

J’apprend par ailleurs l’existence de ce balado, Esprit de quartier, lancé en décembre dernier par la Coalition montréalaise des Tables de quartier. Comment se fait-il que je n’aie pas remarqué ? Bon… la boulimie d’information ? Mais je remarque, avec surprise, que je ne suis pas abonné au fil Twitter de la Coalition (@LaCMTQ) ! Je croyais l’avoir fait, mais c’est au fil de son coordonnateur (@YBellavance) que j’étais abonné. Voilà, c’est corrigé. Déjà 4 épisodes de balado de 30 minutes sont disponibles : Une ville (vraiment) abordable; Vivre le quartier ensemble; Sortir du désert alimentaire; Des quartiers verts et solidaires. Aussi 4 petits vidéos de 3-4 minutes, en provenance de St-Henri, Lachine, Pointe-St-Charles et Centre-Sud. Bravo !

La « newsletter » de la FLAC me rappelle que la plateforme collaborative Passerelle hébergera les archives de Bill Ninacs, ce grand militant et pédagogue du développement communautaire et de l’empowerment, décédé en décembre dernier. On peut aussi visionner une série de vidéos sur Billninacs.ca

Et la lettre mensuelle de l’association la Coop des Communs me fait connaitre cette émission de France Culture portant sur Elinor Ostrom, qui recevait en 2009 le prix Nobel d’économie « pour son analyse de la gouvernance économique, en particulier des biens communs ». Rosa Luxemburg, économiste révolutionnaire fait aussi l’objet d’une émission d’une heure.

le tiers secteur québécois, un aperçu

Un billet écrit pour publication sur le blogue de l’ISTR, International Society for Third-Sector Research, qui tiendra son colloque à Montréal du 7 au 10 juillet prochain.

Comment présenter à un visiteur étranger le tiers secteur d’ici ? Grosse commande pour un petit billet ! Sans prétendre vider la question dans les quelques paragraphes qui suivent , trois secteurs me semblent incontournables : l’action communautaire autonome, la philanthropie et l’économie sociale. Je dirai aussi quelques mots sur le réseau montréalais des Tables de quartier. Je terminerai en soulignant les limites de ce billet.

Commençons par ce qu’il est convenu d’appeler ici, au Québec, l’action communautaire autonome. Comptant plus de 4000 organisations**, 60 000 travailleurs et 425 000 bénévoles, regroupés au sein du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, c’est sans aucun doute la partie la plus diversifiée et dynamique du tiers secteur québécois. Ces organisations sont impliquées principalement dans la défense et la promotion non partisane de droits, l’engagement citoyens et le développement de services alternatifs. Après des années de mobilisation le mouvement communautaire obtenait l’adoption d’une Politique de reconnaissance de l’action communautaire en 2001. Le soutien financier accordé par le gouvernement québécois à l’action communautaire (autonome ou non) à travers divers programmes et ministères s’élevait, en 2017-2018, à plus de 1,1G$. Ceci n’incluait pas le soutien en provenance des autres paliers de gouvernement (fédéral, municipal) ni les dons en provenance des fondations. 

En ce qui concerne la philanthropie, le Philab (Réseau canadien de recherche partenariale sur la philanthropie) traçait en 2018 un portrait de l’écosystème philanthropique québécois avec un examen particulier de 3 villes (Montréal, Québec et Gaspé). Plus récemment, le Philab publiait le premier numéro de sa revue bilingue L’année philanthropique. L’Institut Mallet est aussi une source d’information sur l’évolution de la culture philanthropique, grâce à ses Sommets et Forums réguliers. J’ai donné un compte-rendu du Sommet tenu à Montréal en 2017 qui me semble encore pertinent sur mon blogue : Sommets, PIC et dons.

L’économie sociale, cet autre élément dynamique du tiers secteur, aura vu les « coopératives d’épargne » associées aux paroisses catholiques au début du XXe siècle devenir le premier groupe financier coopératif du Canada et l’institution financière la plus présente au Québec (Les Caisses Desjardins) alors que les coopératives agricoles et laitières continuent d’être des acteurs de premier plan de l’industrie. Dans le domaine de l’habitation, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation, le Réseau québécois des OSBL d’habitation, le Regroupement des offices d’habitation du Québec témoignent de la vitalité et la diversité du secteur. Le Chantier de l’économie sociale, créé il y a 25 ans à l’occasion d’un Sommet sur l’économie et l’emploi, aura contribué au développement de la nouvelle économie sociale par la mise en place d’instruments de financement, de transfert de connaissance et de concertation. Le TIESS, Territoires innovants en économie sociale et solidaire, créé à l’initiative du Chantier et du CRISES, se veut un outil de liaison et de transfert entre praticiens et chercheurs afin de soutenir l’innovation et la démocratisation des savoirs. 

Si les agents du tiers secteurs se regroupent et se fédèrent spontanément à partir de leur structure juridique (OBNL, coopérative…) ou en fonction des causes ou clientèles mobilisées (jeunes, femmes, habitation…) les regroupements intersectoriels sur des bases régionales ou locales (quartiers dans les villes) permettent des synergies et une expression de l’attachement territorial à une échelle souvent plus humaine que la « nation » ou la grande ville. La dynamique dans les régions a été chambardée récemment. Les « conseils régionaux des élus » (CRÉ) qu’on retrouvait dans chacune des 18 régions administratives du Québec a été abolie par le gouvernement provincial au profit d’une mise en valeur du rôle des élus municipaux et des 95 municipalités régionales de comté (MRC). Les CRÉ avaient développé une interface et une culture d’échange et de concertation entre les élus et les agents du tiers secteur de leur région, notamment pour l’implantation de certains programmes de développement social. La disparition des CRÉ n’a pas fait disparaitre les régions mais a certainement forcé une recomposition des réseaux régionaux de même qu’un questionnement sur la capacité des MRC à reprendre la dimension « développement social » des CRÉ. La Chaire de recherche du Canada sur l’organisation communautaire a réalisé plusieurs recherches qui témoignent de ces transformations, jusqu’en 2017, une exploration que le Centre de recherche et de consultation en organisation communautaire a continué depuis lors. 

Cette concertation de proximité géographique des agents du tiers secteur a pris la forme, dans une ville comme Montréal, des « tables de quartier ». Une structure qui n’a pas subi le revers des CRÉ mais a plutôt connu une croissance du soutien accordé par les instances institutionnelles (municipalité, santé publique, philanthropies).  L’île de Montréal, qui s’étire sur 50 kilomètres dans le fleuve Saint-Laurent et fait 15 kilomètre de large en son centre, rassemble une trentaine de quartiers (parfois d’anciennes municipalités indépendantes) dont les histoires sont souvent centenaires. Les Tables de quartier correspondant à ces territoires sociologiques et historiques sont regroupées en une Coalition montréalaise des Tables de quartier

En vous rendant sur le site de la Coalition montréalaise, vous pourrez cliquer sur la carte et atteindre les sites web de chacune des Tables. 

Ce tour d’horizon rapide et nécessairement incomplet ne peut se conclure sans souligner l’apport de groupes de recherche, centres, chaires qui ont soutenu l’innovation, la réflexion et la croissance d’un tiers secteur en évolution rapide au cours des dernières décennies. Je pense au CRISES, le déjà nommé Centre de recherche sur les innovations sociales de l’UQAM, mais aussi la CACIS (Approches communautaires et inégalités de santé) de l’Université de Montréal, le Karl Polanyi Institute of Political Economy de l’Université Concordia, entre autres. Des programmes temporaires ont aussi grandement contribué à la recherche partenariale : notamment le LAREPPS, Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales, la CRCOC, Chaire de recherche du Canada sur l’organisation communautaire, et aussi, naturellement, ARIMA, un partenariat de recherche sur l’action et les services sociaux en RÉSEAU. 

Et maintenant, si vous n’êtes pas du Canada, vous vous demandez sans doute « et le tiers secteur ailleurs qu’au Québec ? » Les principaux champs d’intervention du tiers secteur étant de juridiction provinciale, celui-ci s’est organisé historiquement à l’échelle provinciale. Mais surtout, la différence de langue commune entre le Québec et le reste du Canada explique les liens ténus entre organisations de la société civile des deux nations. D’autres membres de l’ISTR plus au fait de la situation au Canada anglais pourraient sans doute, mieux que moi, vous introduire à cette réalité. 

Gilles Beauchamp, organisateur communautaire, 
membre du comité directeur d’ARIMA et 
blogueur depuis 2002 sur Gilles en vrac…

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** Quelques-unes des organisations membres du Réseau québécois de l’action communautaire autonome

et maintenant le plan d’action

Un développement global

L’impression que donnait le reportage de Radio-Canada diffusé au moment de la sortie officielle de la Politique de développement social Montréal de tous les possibles ! le 7 juin dernier :

« La politique présentée mercredi définit de grandes orientations visant à inclure, à protéger et à rendre plus accessibles les services municipaux aux personnes et aux communautés vulnérables. »

Comme si le développement social ne concernait que les communautés vulnérables…

La place du développement social (DS) a fait l’objet d’un avis de la part du Regroupement québécois de développement social, en avril 2015. Le DS y est décrit comme s’adressant « aux individus et aux collectivités dans leur globalité de façon intégrée ».  Le DS est un des trois piliers définissant le développement durable (avec les dimensions environnementale et économique des activités de développement).

Pourquoi faut-il prendre le développement social par « le gros bout » plutôt que le petit ? Parce que les transformations de l’économie conséquentes aux nécessaires politiques de la Transition écologique déplaceront tant de monde, bousculeront tant d’habitudes que tous devront « mettre l’épaule à la roue ». Il ne peut y avoir de « liberté individuelle » de nier l’obligation de la Transition. Refuser de contribuer à l’effort collectif de transformation ou, pire encore, accroitre sa consommation et ses rejets dans la nature de gaz et produits toxiques, sont des positions répréhensibles qui devraient être punies si elles se manifestaient par des comportements délétères.

Le développement social doit aussi se faire en critiquant les comportements nocifs, les pratiques asociales, discriminatoires ou éco-destructrices. Punir ou réprimer les exagérations et pratiques ostentatoires relevait de la bienséance dans les sociétés traditionnelles. Mais nos sociétés ont tellement bien libéré les individus des pressions morales exercées par les communautés qu’il faut maintenant exercer ces pressions de manière législative et règlementaire. Mais attention de ne pas nuire au développement des capacités d’autocontrôle des collectivités ! (Collective Action and the Evolution of Social Norms (pdf), E. Ostrom, 2000)

De nouveaux pouvoirs

Alors que l’automne devrait amener les acteurs de la région à contribuer au futur Plan d’action qui mettra en œuvre la nouvelle politique, il est utile de garder en tête les nouveaux pouvoirs qui seront prochainement dévolus par le gouvernement provincial. Quelques-uns de ces nouveaux pouvoirs attribués à la Métropole, par la Loi 121  dont l’étude détaillée par la Commission de l’aménagement du territoire du Québec débute en aout :

  1. Le droit de préemption sur l’acquisition d’immeubles mis en vente sur son territoire ;
  2. Le droit d’acquérir, de gré à gré ou par expropriation, tout immeuble à l’égard duquel un avis de détérioration a été inscrit au registre foncier depuis au moins 60 jours et sur lequel les travaux exigés dans cet avis n’ont pas été effectués (Pouvoir de forcer l’entretien des immeubles détériorés par résolution) ;
  3. Pouvoir de rendre obligatoire l’inclusion de logements abordables ou familiaux dans les projets de développement résidentiel ;
  4. Pouvoir de créer des organismes sans but lucratif dont l’activité consiste à fournir tous les services, les avis, les matières, les matériaux et les équipements relevant des compétences de la Ville ;
  5. Pouvoir de mettre sur pied les instances consultatives nécessaires pour assurer le bon fonctionnement et la bonne gouvernance de la Ville.
  6. Pouvoir accru d’accorder des crédits de taxes;
  7. Pouvoir de céder ou de louer des immeubles à une valeur autre que la valeur marchande ;
  8. Pouvoir de subventions par le comité exécutif jusqu’à 150 000 $ pour les acquisitions et les aliénations d’immeubles.
  9. Une offre de services d’accompagnement des nouveaux arrivants sur son territoire grâce au BINAM (Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal)

Ces pouvoirs devraient permettre à la Métropole d’exercer un leadeurship plus ferme et ne plus être à la remorque ou sans ressource devant les projets et actions des développeurs privés. Cela pourrait aussi favoriser la résolution de nombreux besoins d’espaces (commerciaux et de services) pour les organisations communautaires qui souhaitent desservir les communautés locales.

Il faudra demander au prochain maire de Montréal ce qu’il entend faire de cette capacité nouvelle (ou accrue) de créer suivant son bon vouloir des « OBNL de sous-traitance ». Est-ce à dire, par exemple, que dans l’exercice de sa plus grande autonomie en matière d’habitation, la Métropole pourra créer des OBNL qui agiront en lieu et place ou en concurrence avec les OBNL en habitation qui ont développé depuis des décennies une connaissance fine des territoires et des besoins et démontré des capacités éprouvées d’intervention ? Ou encore de nouveaux OBNL qui viendraient accompagner les nouveaux immigrants… Et les OBNL qui interviennent déjà, avec peu ou pas assez de reconnaissance et de soutien jusqu’ici, seront-elles seulement consultées ou si elles seront partenaires, coproducteurs dans ce nouveau champ de compétence métropolitain ?

Il y a de bonnes discussions à avoir à ce sujet et la manière dont ces discussions seront menées, les espaces où elles se tiendront ne sont pas innocents ou neutres. Il faut reconnaître les espaces démocratiques qui existent déjà, et continuer de les soutenir : Forum régional de développement social ; Tables de quartier.

Autres éléments de la conjoncture des prochains mois : la campagne électorale municipale de l’automne ; l’intention ferme du gouvernement fédéral de réinvestir dans le logement et de développer les « infrastructures sociales » ; la campagne électorale provinciale à l’horizon 2018.

Le développement ordinaire n’est plus possible…

S’il faut faire du développement social un plan commun à l’ensemble des « parties prenantes »; un objectif sociétal, un projet de société multisectoriel sachant tirer le meilleur de chacun…

Si on veut que les projets soient ancrés dans les territoires, soutenus par les communautés, permettant les impacts les plus durablement positifs;

Il faut gérer localement – autour de leadeurships ou de projets particuliers. Ce qui doit être géré régionalement, par la métropole, ce sont les règles, notamment fiscales et financières qui devront être négociées avec les niveaux supérieurs de gouvernement. Des outils pour faciliter l’agir et l’impact des initiatives locales.

Le premier plan d’action en développement social qui fera suite à l’adoption récente de la politique du même nom, ce sera un premier plan, à court-moyen terme. Mais le développement social, qu’on l’inscrive dans la Transition écologique ou pas, c’est un processus à long terme. C’est comme changer les habitudes alimentaires ou de déplacement d’une population. Il faut travailler sur les déterminants matériels et environnementaux qui conditionnent les habitudes sociales, préalablement et en même temps que de promouvoir de nouveaux comportements, de nouvelles valeurs. Ce premier plan d’action de 3 à 5 ans devrait s’inscrire dans un plan de 25 ans : Vers le 400e de Montréal !

Les opportunités à saisir et à inscrire dans ce prochain plan d’action :
  • Les nombreux édifices institutionnels ou commerciaux qui devront changer de vocation (déplacement de communautés religieuses, fermeture d’hôpitaux, de CHSLD, d’usines et de centres d’achat désaffectés) sont une occasion de répondre au besoin en locaux exprimé par plusieurs OBNL offrant des services de proximité.
  • Les espaces en friche à inscrire au plan de préemption de la Métropole; les projets de développement à discuter avec les partenaires.
  • La mise à niveau du stock de logements locatifs en regard des nouveaux pouvoirs de saisie pour cause d’insalubrité.
    • Des reprises de possession qui devraient être données à gérer aux OBNL aptes et consentantes des quartiers ;
    • La demande accrue, dans ce contexte, de services de rénovation-entretien-réparation devrait permettre de soutenir la structuration d’une offre de service de qualité. Un secteur (rénovation-entretien) qui évolue souvent au noir, au détriment de l’intérêt collectif (pas d’impôt payé) et de l’intérêt du client (pas de protection ni contrôle de qualité). Raisons suffisantes pour soutenir publiquement (grâce aux programmes provinciaux actuels de réinsertion et de formation professionnelle en plus d’un soutien à l’innovation et aux infrastructures sociales fédéral) l’émergence d’entreprises d’économie sociales dans le domaine. (Voir autre article).
  • La création d’un dépôt d’informations stratégiques (fonds de cartes, données fiscales, immobilières, de recensement, de sondage, administratives) pour le développement social et urbain des quartiers montréalais. Comme le disait le comité exécutif dans sa réponse à la recommandation 26 du rapport Vers une Politique de développement social de la Commission sur le développement social et la diversité montréalaise :

« Le comité exécutif est favorable au développement de plateformes de diffusion d’analyses, de cartes, de données et de toutes formes d’informations brutes ou traitées permettant à ses partenaires en développement social de mieux comprendre les enjeux et de les utiliser à des fins d’amélioration des conditions de vie de la population montréalaise. »

  • La reconnaissance du Forum comme espace de discussion et de suivi du Plan.

Au delà du développement social, il faudrait mettre en place un groupe de travail sur la Transition afin d’articuler les dimensions sociale, écologique et économique de notre développement à plus long terme.

La campagne électorale municipale de l’automne permettra-t-elle de clarifier les enjeux qui traversent le champ du développement social montréalais ? Comment la prochaine administration municipale usera-t-elle de ses nouveaux pouvoirs ?  La manière dont le document Montréal de tous les possibles ! fut lancé, une semaine seulement avant la tenue du Forum qui devait en discuter, n’est pas pour rassurer les partenaires… Le Plan d’action qui devra mettre en oeuvre cette nouvelle politique devrait être celui de tous les montréalais.

La Métropole qui se dessine à l’horizon pourrait être l’occasion d’un renforcement de la vitalité des quartiers et de la vie démocratique municipale. Reprenons le titre de Jonathan Durand Folco, dans son Traité de municipalisme : À nous la ville !

entre communs et économie sociale

Pour faire suite au billet précédent, et expliciter un peu plus ce que sont les communs...

Les travaux d’Elinor Ostrom (et le prix Nobel d’économie qu’ils lui valurent en 2009) ont remis en lumière l’importance des communs, entendus non seulement comme une ressource partagée mais surtout comme un ensemble de principes expliquant la pérennité ou la défaillance de la gestion collective et collaborative de ces ressources.

Entre le droit exclusif relevant de la propriété privée et l’ouverture à tous d’un bien public, [Ostrom]montre qu’il existe un « faisceau de droits »(bundle of rights) – le droit d’accès, le droit de prélèvement, le droit de gestion, le droit d’exclure et le droit d’aliéner (céder un des droits précédents) – répartis différemment entre les associés au partage d’une ressource, selon qu’ils sont propriétaires avec ou sans droit d’aliénation, détenteurs de droits d’usage et de gestion ou usagers autorisés. [Les communs : la théorie du milieu]

Huit (8) « principes de conception » clés pour des communs réussis, selon Ostrom (résumés par Hervé Le Crozier) :

  • des groupes aux frontières définies ;
  • des règles régissant l’usage des biens collectifs qui répondent aux spécificités et besoins locaux ;
  • la capacité des individus concernés à les modifier ;
  • le respect de ces règles par les autorités extérieures ;
  • le contrôle du respect des règles par la communauté qui dispose d’un système de sanctions graduées ;
  • l’accès à des mécanismes de résolution des conflits peu coûteux ;
  • la résolution des conflits et activités de gouvernance organisées en strates différentes et imbriquées.

Tout comme l’économie sociale, la gestion des communs se pose en alternative à la dichotomie public / privé. Les objectifs du « faire en commun » décrit par David Bollier dans Faire en commun :  un paradigme social de transformation (2015) :

Ils veulent faire reculer la privatisation généralisée et la marchandisation de leurs ressources partagées – de la terre et de l’eau aux connaissances et espaces urbains – et réaffirmer une plus grande maîtrise participative sur ces ressources et la vie communautaire. Ils souhaitent rendre certaines ressources inaliénables, les protéger de la vente sur le marché et les conserver pour les générations futures. Ce projet – qui vise à inverser les enclosures du marché et à réinventer les communs – cherche à réaliser ce que la régulation de l’État a généralement échoué à faire : un contrôle social efficace du comportement d’un marché abusif et non durable. (…)

Dans la pratique, un commun ne consiste pas seulement en une ressource, mais aussi en une communauté qui gère une ressource en élaborant ses propres règles, traditions, et valeurs. (…)

L’échec singulier de la gauche a été son incapacité à proposer des solutions de rechange fonctionnelles à échelle humaine qui peuvent favoriser activement l’initiative des citoyens, la participation et l’innovation : la « démocratie forte » qui a un sens et un impact au quotidien. [lien à faire avec Lars Hulgard – réconciliation de la réciprocité et de la redistribution – in  L’avenir de la social-démocratie, publié dans Les gauches du XXIe siècle]

Le texte de Bollier, dans sa version anglaise, est diffusé avec plusieurs autres textes d’auteurs différents sur le site The next system project. Les titres publiés (en mars, avril et août 2016) dans les trois premiers volumes de la « New Systems Series » :

 

Autre texte récent de Bollier : Transnational Republics of Commoning: Reinventing Governance Through Emergent Networking (pdf)

Aussi de Bollier : Think Like a Commonerbollier

Aussi, sur la gouvernance en réseau, l’émergence de nouvelles formes d’économies collaboratives et de gestion des communs : P2P Foundation et Commons Transition, par Michel Bauwens.

 

le « ventre » de l’économie

Respecter le « local », dans ce qu’il a d’unique, d’idiosyncrasique* et non seulement pour sa capacité à se conformer à la norme. Le local est aussi générateur de normes nouvelles, il a une capacité instituante autant que critique (ou de détournement) de la norme, confronté qu’il est aux défis et contradictions posés par des interventions et des programmes centraux toujours en retard d’une ou deux coches sur la réalité.

L’autorité centrale peut parfois aider, à certaines conditions. Et toujours elle doit « partir de ce qui existe ». Ne pas simplement faire descendre un cadre, des normes…

Par ailleurs le citoyen lambda est souvent moins préoccupé de participer aux débats et à la décision établissant de nouvelles règles que de voir ces décisions finalement prises et surtout implantées équitablement et fermement pour tous. « Qu’ils se décident et on s’adaptera, on se conformera à un nouveau contexte. »

– – – –

On a beaucoup parlé d’économie sociale et solidaire (ESS) ces derniers temps : dossier spécial dans La Presse, numéro spécial de la revue Interventions économiques, symposium international anniversaire… À plusieurs reprises on a mentionné le chiffre de 10% du PIB pour dire l’importance de ce secteur. Un secteur qui a su se développer en un écosystème d’institutions, de réseaux et de passerelles (Lévesque, 2016)((Économie sociale et solidaire et entrepreneur social : vers quels nouveaux écosystèmes ?)). Un secteur qui porte des valeurs et des objectifs qui sont plus que jamais essentiels dans le contexte de crise actuel (Favreau, 2016)((Économie coopérative et solidaire, écologie et développement des communautés : les nouveaux défis en habitation)). Mais comment le secteur se voit-il dans quelques années ? Représentant 12, 15 ou 20% du PIB ? En grugeant des parts de marché dans les secteurs qu’il occupe, ou en développant de nouveaux services ?

Mais qu’en est-il des 90% ou 85% restants ? N’y a-t-il pas une certaine urgence à changer les choses non pas à la marge, mais sur toute la page ? À défaut de transformer l’ensemble de la société en une fédération de coopératives et d’OBNL… il nous faudra bien trouver moyen d’inciter au changement, de mobiliser dans l’action le gros de l’économie… son ventre.

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Je suis toujours sidéré par les discours bien pensants qui n’hésitent pas à mettre dans le même panier toutes les entreprises privées, tout ce qui n’est pas public ni coopératif et sans but lucratif. Dans le même panier que Walmart et Exxon le restaurant du coin, le boulanger, le couvreur ou le petit entrepreneur… Quand on conflictualise ainsi l’économie, la saisissant d’un bloc, caractérisé par sa capacité d’exploitation des hommes et de la nature, une capacité de production de biens et services (que nous sommes par ailleurs les premiers à apprécier, pourvu qu’ils soient de qualité et à bon marché)… Quand on amalgame la grande entreprise et celle, artisanale, de la petite entreprise où le travail du patron est aussi essentiel à la survie de l’entreprise que celui de l’ouvrier… petite entreprise dont l’objectif est moins de croitre que de survivre, se maintenir dans la niche qu’on s’est construit à force de travail, d’expérience, de constance…

Ce ventre de l’économie n’est pas plus capitaliste qu’il ne serait socialiste dans un autre contexte…

Les entreprises sociales sont définies par leur objet (Ni État ni marché), par leur structure qu’on étudie et modélise en idéal-types (Laville et alii, 2016)((Théorie de l’entreprise sociale et pluralisme : L’entreprise sociale de type solidaire)). Mais les entreprises économiques qui se sont développées sur des terrains non investis par l’État et l’économie sociale doivent-elles se contenter de payer leurs impôts et soutenir Centraide comme seules manières de participer à l’émergence d’une nouvelle économie plurielle, plus équitable, plus durable ? Nous avons besoin d’une conception de l’économie qui fasse de la place et fasse connaitre les multiples façons qu’a et qu’aurait l’entreprise « traditionnelle » de participer à cette émergence, ce changement de régime. Par la philanthropie, l’investissement responsable; par l’inclusion, les stages ou le compagnonnage; mais aussi par des technologies et procédés éco-responsables…

Considérant l’urgence d’un changement profond, paradigmatique, on ne peut se priver de l’apport volontaire, créatif des petites (et moyennes) entreprises. La philanthropie, qu’elle soit financière ou d’expertise, peut être une alliée précieuse pour le développement d’une économie plus solidaire. Mais toute la philanthropie ne passe pas par l’économie sociale et solidaire. Et toutes les collaborations à visées sociales n’ont pas à être formalisées; elles ne seront pas toutes visibles si ce que nous cherchons à impulser n’est pas simplement une loi, ni même un programme… mais un changement de paradigme, un mouvement. Au delà des finalités sociales, dont on peut faire un critère de distinction, d’inclusion ou d’exclusion, il y a la finalité globale, qui devra inclure des fins sociales, économiques, écologiques…

Les finalités qui tisseront l’écheveau d’une société plus durable, plus durable parce que plus économe, plus équitable et plus solidaire, ces finalités seront sociales, mais aussi économiques (faire bien à juste prix) et écologiques. Comment éviter que les lois et programmes de soutien à l’économie sociale et solidaire ne deviennent des barricades et des remparts opposant les tenants de l’ESS et les autres ? Comment faire pour construire des alliances débordant largement les rangs de l’ESS pour mobiliser le « ventre de l’économie » ? Des alliances capables de mettre en œuvre un nouveau modèle de développement ?

Une alternative propre, solidaire et d’avenir. Qui sache mobiliser le gros de l’économie – rallier les petits entrepreneurs, les cadres et professionnels éclairés, mais aussi les petits épargnants…

23915835489_b2140bcd30_oPar mobiliser plus largement que les seules franges de l’ESS, j’entends reconnaitre, respecter la valeur, l’existence de ce qui ne participe pas nécessairement de la même idéologie / religion de l’ESS. Excusez la comparaison, mais en regard du poids des principes, des filières, de la vertu dans les finalités… on ne peut s’empêcher d’utiliser de tels termes.

Est-ce à dire que mon approche est simplement libérale : rassembler au delà des idéologies ? Vivre et laisser vivre ? Laisser exister les secteurs de l’économie qui n’ont pas de finalité sociale, ou plutôt qui n’ont pas d’autre finalité sociale que de produire des biens (ou services) qui soient de qualité, utiles, technologiquement innovateurs ou porteurs de traditions, de savoirs. Je ne crois pas car s’il y a une reconnaissance de secteurs à finalités autres que sociales, il y aura toujours du social dans l’économique (amitiés, camaraderies, solidarités, partages d’expertises et de savoirs) tout comme cette entreprise devra toujours s’insérer dans une société.

De même, il y aura toujours mille façons pour l’entreprise de s’inscrire dans ce mouvement pour une nouvelle économie. Une économie plus propre, plus sobre de moyens, moins axée sur le développement brut du PIB que sur la durée, la qualité, le réparable plutôt que le jetable. Cette même entreprise participant par ailleurs à d’autres mouvements, soutenant d’autres causes et solidaire de familles et collègues frappés ou dans le besoin.

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Au delà des mots

Le danger de ne pas voir, ne pas comprendre ou tenir compte de ce qui n’est pas dit. Ce qui n’est pas explicite mais plutôt tacite, passant par les actes, la pratique plutôt que les mots. Le danger de prendre les mots pour le réel – il suffirait de se prétendre généreux pour ne plus avoir à l’être. Le risque, particulièrement fort pour les intellectuels, de prendre la carte pour le territoire.

La délibération est un art qui s’apprend en le pratiquant, comme tous les arts. Aussi est-il normal que ceux qui ont passé 20 ans sur les bancs d’école à discuter et débattre auront plus de facilité à délibérer. Mais les processus collectifs de délibération conduisent-ils toujours à de meilleures décisions que les structures moins explicites, plus individuelles ? De fait, les processus moins délibératifs et plus tacites ne sont pas nécessairement individuels : les structures d’action et de décision peuvent être éminemment collectives, construites sur les actions passées, des rapports de pouvoir, des partages de compétences…

[Contribution à Nous.blogue, à paraitre le 30 mars]

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* idiosyncrasique : comportement propre à un individu résultant des interactions historiques ou actuelles avec son milieu

** paradigme : conception du monde, modèle de penser et d’agir