coeur de l'Amérique

auto shutdown Quelques articles suggérés dans la dernière livraison de la Lettre de PolitiquesSociales.net

An airline-style bankruptcy re-organization (Chapter 11) is not an option for U.S.-based automakers. U.S. consumers would abandon bankrupt car companies in droves, resulting in the widespread liquidation of company assets, dissipation of millions of highly skilled blue- and white-collar workers, and the relinquishing of the U.S. market to foreign-based car companies. Such foreign multinationals have eliminated four million U.S. jobs in the past 15 years and are directly responsible for more than one-third of the U.S. trade deficit.

Le rapport de 7 pages sur l’impact d’une contraction majeure du secteur de l’automonbile américain.

trop tard ?

Joanna Macy | The Great Turning: « The Great Turning is a name for the essential adventure of our time: the shift from the industrial growth society to a life-sustaining civilization. » (Via Dave Pollard.)

It may be too late. But without radical action, we will be the generation that saved the banks and let the biosphere collapse. (…) Is it too late? To say so is to make it true. To suggest there is nothing that can be done is to ensure that nothing is done. George Monbiot, The Guardian.

Peut-on encore guérir l’Occident de sa dépendance au développement sans fin, de sa soif inextinguible de pétrole et de matières premières ? Comment imaginer que les collectivités humaines soient capables de changement importants, radicaux même, sans y être forcées par la guerre, la famine ou une obligation extérieure immédiate ? Sommes-nous capables, collectivement, d’un agir rationnel ? C’est déjà tellement difficile pour une personne !

Le développement des générations récentes a pu s’appuyer sur des « tendances naturelles » : à l’accumulation de biens, l’enrichissement personnel, l’accroissement de son pouvoir, de sa liberté personnelle… Y-a-t-il des « tendances naturelles » sur lesquelles nous pourrions nous appuyer pour réaliser les changements nécessaires ? Le besoin de sécurité ? le besoin de se conformer ?

crise

J’ai eu le plaisir de constater que Jean Trudeau, animateur du carnet Bloguevision, citait un billet de Gilles en vrac pour illustrer son propos :  Comment la crise me touche personnellement. Plaisir et honneur que de côtoyer ainsi les plumes de Pollard et de Foglia, auteurs que j’estime beaucoup. Le premier faisant un tableau de ce qui peut advenir dans la prochaine période, et de ce que chacun pourrait faire. Alors que Foglia fait une belle réflexion sur la mort. Qui de manière surprenante prend un sens encore plus profond dans le contexte actuel. En effet inclure cette dimension de la finitude dans notre recherche de solutions… ça donne un peu de poids, de texture aux idées.

Incidemment, plusieurs textes de David Pollard sont à donner froid dans le dos, en termes de perspectives collectives.

Comme le souligne Jean, je constate aussi que les commentaires n’ont pas été nombreux dans les blogues et carnets sur la crise, les enjeux… Comme si la gravité de la situation avait empêché les gens de se prononcer rapidement… et peut-être aussi le contexte des célébrations de fin d’année, où on ne se presse pas d’aborder les questions sans réponse, les situations sans issue… ou que l’on craint telles.

Parmi les pistes de solution avancées, autres que celles qui consistent à « sauver les banques » (ou les canards boiteux), certains européens de gauche font la promotion du retour du protectionnisme… Une entrevue avec Emmanuel Todd.  Je ne suis pas certain de suivre cette piste du protectionnisme. Même si le libéralisme (voir la dernière partie du billet de Jean Trudeau) a effectivement été l’étendard sous lequel l’accélération et l’approfondissement des conditions de la crise actuelle se sont produits, quelle serait la situation, en particulier dans les pays en développement, si le protectionnisme avait continué de prévaloir ? Seraient-ils encore simplement fournisseurs de matières premières ? Le mur de Berlin serait-il tombé, s’il n’y avait pas eu la pression du libéralisme et des échanges ? On ne refait pas l’histoire, heureusement. Aussi le protectionnisme dont on parle aujourd’hui pourra peut-être être encadré, planifié de sorte à mieux servir des intérêts sociaux et non seulement préserver des corporatismes rétrogrades.

quelles infrastructures ?

Extraits d’un article Paul Krugman, The New York Review of Books, Vol. 55, no. 20. « What to do »

Reform of the weaknesses that made this crisis possible is essential, but it can wait a little while. First, we need to deal with the clear and present danger. To do this, policymakers around the world need to do two things: get credit flowing again and prop up spending. (… ) focus on sustaining and expanding government spending—sustaining it by providing aid to state and local governments, expanding it with spending on roads, bridges, and other forms of infrastructure.

(…) The point in all of this is to approach the current crisis in the spirit that we’ll do whatever it takes to turn things around; if what has been done so far isn’t enough, do more and do something different, until credit starts to flow and the real economy starts to recover.

And once the recovery effort is well underway, it will be time to turn to prophylactic measures: reforming the system so that the crisis doesn’t happen again.

J’ai peine à avaler ces solutions qui nous incitent à agir vite, maintenant, en jetant des milliers de milliards dans la machine… pour éviter qu’elle ne se bloque… remettant à plus tard les transformations structurelles qu’il faudrait faire ! Pourtant, n’est-ce pas maintenant, alors qu’on est prêt à injecter de telles sommes (qui auraient fait s’étouffer tous les capitalistes il y a quelques mois), qu’il faut en profiter pour amorcer les changements qui étaient, même avant la crise financière, devenus urgents : modes de transport, d’urbanisation, de consommation… Quelle folie ce serait que d’investir le principal de notre marge de manœuvre dans une structure de production désuète…

Investir dans des infrastructures, oui, mais pas celles d’hier !! Investir dans le transport collectif, la densification urbaine, la formation, les infrastructures de communication et de production énergétique propres… pas dans le pavage des autoroutes et la construction de ponts qui sont des supports à l’étalement urbain et à des comportements dont nous devrions consciemment soutenir la rétraction.

Autres textes suggérés par la Lettre de Politiques sociales.net

le médium ou le message ?

Une vieille (et belle) édition de message et massage… me semble en résonance avec ces quelques billets.

Comment être un blogueur « hyperlocal », présenté chez Jean; une revue hebdomadaire des meilleures nouvelles du Net : Vendredi, lancée par le créateur de Courrier International, cité par Olivier ;

 » La seconde erreur importante est de croire que le Web produit une rupture radicale par rapport à la situation antérieure. Il existait déjà des industries de contenu accessibles gratuitement aux documents facilement copiables, et pas des moindres : la radio et la télévision. Il existait aussi des institutions où les documents étaient partagés : les bibliothèques.  » Un billet critique de Jean-Michel Salaun en réponse à un article de Paul Krugman, présenté dans le magazine en ligne Numerama. Krugman prédisait le remplacement des revenus de la vente de livres par les « produits dérivés »…

À continuer… : atelier 10 du colloque du NPS

évaluations d'impact et de coût

L’évaluation des coûts associés à la santé doit dépasser les seuls frais de l’intervention immédiate, les seuls frais du réseau de la santé et inclure les retombées sur les autres « systèmes » : chômage; criminalité; éducation… Une question soulevée dans le British Medical Journal cette semaine. L’article de Drummond et al. (cet article n’étant pas un résultat de recherche mais plutôt un éditorial, n’est accessible – au delà des 150 premiers mots – qu’aux abonnés) fait référence au Commissionning framework for health and well-being qui met de l’avant la concertation des autorités locales (principalement municipalités et réseau de santé) autour des enjeux de santé et bien-être. Une concertation bien concrète, axée sur des solutions, sur le financement de façons de faire.

Une approche globale intersectorielle qui commence à être reconnue dans le domaine de la santé publique, mais qui devrait être reprise même lorsqu’on évalue les interventions plus spécifiques : l’utilisation de telle médication (ou thérapie) pour traiter telle affection est-elle plus ou moins coûteuse que telle autre ? Une solution peut sembler efficace si l’on ne tient compte que des coûts immédiats imputés au réseau de la santé. Mais si on tient compte des coûts à venir, ou des conséquences sur les autres « systèmes » (retour au travail ou chômage à long terme; soutien à la famille ou décrochage scolaire…) certaines interventions apparaissant plus onéreuses dans l’immédiat peuvent se révéler économiques d’un point de vue global.

Technology appraisals normally consider only costs falling on the NHS and personal social services budgets in the primary analysis (1). Public health appraisals, however—once the responsibility of the Health Development Agency, which operated under different statutes on public health—can also consider effects on other government budgets. (2) Therefore, an evaluation of a public health intervention to reduce substance abuse would consider the potential advantage gained from a reduction in criminal justice costs, but an evaluation of a drug to treat heroin addiction would not. (BMJ, Economic evaluation of health interventions)

(1) Guide to the methods of technology appraisal. 2008. www.nice.org.uk/niceMedia/pdf/TAP_Methods.pdf.
(2) Methods for development of NICE public health guidance. 2006. www.nice.org.uk/nicemedia/pdf/CPHEMethodsManual.pdf.