une autre version du progrès

J’ai déjà parlé de ce Daniel Schmachtenberger. Il publiait récemment un texte consistant (98 pages) sur une autre définition du progrès. J’en tire deux paragraphes de l’introduction : 

S’appuyant sur un éventail de sources, l’article adopte une approche interdisciplinaire pour explorer la réalité de la trajectoire actuelle de l’humanité. Plusieurs mythes répandus sur le progrès sont réexaminés, notamment les améliorations apparentes de l’espérance de vie, de l’éducation, de la pauvreté et de la violence. Les racines de ces inexactitudes sont mises en évidence en élargissant notre champ de vision. Même si nous vivons plus longtemps, de nombreuses mesures de la qualité de vie que nous menons sont en déclin. Nos résultats en matière d’éducation se détériorent à bien des égards, même si l’accès à l’éducation s’améliore. Au niveau mondial, malgré le discours commun, il n’est pas du tout évident que la pauvreté diminue réellement. Les outils de la violence ont vu leur impact augmenter considérablement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; nous créons aujourd’hui couramment le type d’armement qui était auparavant réservé à la science-fiction dystopique.
 
Pour donner une idée de l’ampleur des conséquences involontaires qui peuvent résulter d’une seule innovation, l’étude de cas principale explore l’invention des engrais artificiels. Ce développement a permis d’augmenter considérablement la quantité de nourriture (et donc de personnes) pouvant être produite. Les effets externes de cette innovation ont eu des conséquences considérables sur la santé humaine et la biosphère au sens large. L’évaluation de ces effets secondaires nous aide à ouvrir les yeux un peu plus largement, afin d’entrevoir une fraction supplémentaire de la réalité complexe qui est généralement omise dans le récit simplifié du progrès.

Je me suis permis de traduire le texte original en anglais avec DeepL à la fois pour rendre le document plus accessible mais aussi pour tester la qualité de la traduction fournie par ce moteur auquel je pense m’abonner.  Que pensez-vous de la qualité de la traduction ? (À noter que ma principale contribution a été au niveau de la mise en page : les titrages et les paragraphes mis en exergue n’étaient pas formatés dans la traduction) 

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grosse tête, petit coeur

Une expérience avec des poissons de l’espèce Guppy (Poecilia reticulata) met en lumière le prix à payer pour avoir la grosse tête : de plus petits intestins (et une moins grande capacité reproductive). Ce qui pourrait donner du poids à l’hypothèse de la maitrise du feu comme moment clé de l’émergence de homo sapiens : cuire la nourriture augmente sensiblement l’apport nutritionnel pour un même « travail intestinal ».

Parlant d’évolution, il semble que l’homme avait une aussi « grosse tête » il y a 200 000 ans qu’aujourd’hui. Il était seulement confronté à d’autres défis.

Reste à voir ce qu’il fera pour affronter les défis d’aujourd’hui : diffuser de l’acide sulfurique dans la stratosphère ou soigner notre dépendance à la croissance ?

humanité : génétique ou culturelle ?

Au Bar des sciences de l’UQAM, le 6 octobre : un philosophe, un historien, un psychologue et un biologiste confronteront leurs points de vue en répondant à la question : l’homme est-il une exception dans le processus de l’évolution ?

Je ne comprend pas la manière dont on introduit le sujet sur le site : L’humain est-il un animal strictement culturel ou son comportement est-il en partie inscrit dans ses gènes? Comment peut-on douter de l’influence des gènes sur le comportement humain ? La bonne question ne serait-elle pas plutôt : la part culturelle dans l’évolution humaine n’est-elle qu’un habillage des instincts-gènes ou si elle a pu se traduire, s’inscrire dans le génome… et jusqu’à quel point ? Notamment, des avancées aussi récentes que l’écriture (par rapport à la culture orale) ont-elles une part génétique ? Une écriture qui a permis le stockage et l’accumulation, l’accélération de la culture (et de la science) au delà des limites précédemment imposées par la culture orale… Mais évitons de mystifier plus qu’il n’est déjà le pouvoir de l’écriture et n’oublions pas le rôle des outils, et de certaines technologies et savoirs qui ont pu s’accumuler et se transmettre sans le support de l’écriture mais tout de même dans des sociétés relativement complexes où les sciences naissantes étaient consignées dans des pratiques de plus en plus spécialisées, transmises de pères en fils, de mères en filles ou par des sociétés-fraternités plus ou moins secrètes : agriculture, chasse, fonderie, architecture, médecine… des techniques et savoirs qui n’ont pas attendues l’arrivée de l’écriture pour se développer.

La culture orale, développée et transmise pendant plusieurs centaines de milliers d’années (les premiers outils en os datant de 1,7M d’années; la maîtrise du feu de 0,5M), puis la culture accélérée et accumulée par l’écriture – depuis quelques milliers d’années à peine… quelques petites dizaines, si on met au compte des premières formes d’écriture les contes picturaux de l’ère magdalénienne et ces tablettes-calendriers.