Une pensée qui surgit en lisant ce commentaire dans une critique du livre Mothers and others: The Evolutionary Origins of Mutual Understanding.
L’auteure de la critique, Claudia Casper, dans le G&M d’aujourd’hui, commence un paragraphe vers la fin de son article par « As our species embarks on the third millennium »… Ça m’a frappé sur le coup, dans le contexte d’un travail anthropologique portant sur l’évolution des primates humains : troisième millénnium ! Ne devrait-on pas compter en dizaines de millénaires notre histoire ? Bon, OK, il faudrait inclure la préhistoire mais 3 000 ans c’est court, même du point de vue de l’histoire. L’écriture date de… 6000 ans; et si on compte les formes artistiques et symboliques de l’art on remonte à plus de 30 000 ans ! « Il y a environ 32 000 ans, l’art est déjà très diversifié et abouti« .
Si on se disait, si on se pensait comme au début du 33e millénaire plutôt que du 3e, ça aurait l’avantage de nous donner de la perspective, vers le passé mais aussi, comme par un effet miroir, vers l’avenir, non ? Ça serait aussi un peu, beaucoup moins centré sur l’histoire de l’Occident. Pendant combien de dizaines de milliers d’années la culture humaine s’est-elle développée, essentiellement basée sur la tradition orale mais aussi sur la transmission de savoirs utiles inscrits dans des outils, des manières de cultiver, de chasser… qui ont accompagné, façonné l’humanité longtemps avant le langage écrit.
Nous situer dans le temps une telle échelle imposerait de porter, au quotidien, la mémoire d’une longue gestation et marquerait d’une certaine humilité la civilisation occidentale chrétienne. Ce serait bien pour la planète !