lectures d’été

En plus des inévitables romans policiers ou noirs (les derniers Indridasson et Mankell, que j’ai déjà dévorés), j’ai fouillé pour trouver quelques livres dont j’avais amorcé ou reporté la lecture : L’histoire de Pi, de Yann Martel; Premier bilan après l’apocalypse, de Frédéric Beigbeder; et pourquoi pas de cher Harrison White, Identité et contrôle, qui mériterait encore un effort de lecture pour quelques chapitres de plus, les premiers lus l’été dernier ayant été plutôt inspirants, si je me souviens bien. J’ai l’impression que le langage énigmatique (faute d’un meilleur qualificatif) de cet auteur convient bien à la réflexion sur les changements en cours dans le réseau de la santé.

Je dois aussi passer à la librairie chercher deux De Gaujelac commandés il y a quelques semaines : Qui est « je » ? et La société malade de la gestion, ce dernier texte n’est pas jeune, mais la dernière édition comporte une nouvelle introduction qui vaut la peine, semble-t-il.

On m’a aussi suggéré, prêté même, Thinking, Fast and Slow de Daniel Kahneman. Jonah Lehrer en dit quelques mots dans un billet récent (Why smart people are stupid) de son blogue – Frontal Cortex – déménagé depuis peu sous les auspices du site The New Yorker. Tout ce qui peut permettre de restituer à sa juste mesure l’esprit rationnel… est bienvenu.

lectures

The problem with digital books is that you can always find what you are looking for but you need to go to a bookstore to find what you weren’t looking for, Paul Krugman

Sans parler du fait que tous les livres sont loin d’être disponibles en format numérique. Et c’est encore plus vrai pour les livres en français.

Ça faisait un bout de temps que je n’étais allé chez Olivieri. Et j’y ai mis la main sur deux livres qui me semblent intéressants. Le premier autour du thème Animal Thinking: Contemporary Issues in Comparative Cognition et le second, par Paul Churchland (dont j’ai déjà lu le Neurophilosophy at Work), Plato’s Camera How the Physical Brain Captures a Landscape of Abstract Universals. Si les films « animalistes » récents sont de moins en moins anthropomorphistes, c’est à dire qu’ils prêtent de moins en moins des sentiments et comportements humains à des animaux, la connaissance fine que nous avons de ces comportements (éthologie) nous fait mieux comprendre la profondeur et la complexité de l’intelligence chez les espèces non humaines. La puissance du langage humain, en particulier depuis l’invention de l’écriture, nous aura permis de, littéralement, déplacer des montagnes… mais les scories de cette entreprise associées à la courte vue et au narcissisme de notre espèce réduisent chaque jour la diversité et la beauté du monde.

P.S. La caverne de Platon… une allégorie encore pleine de sens.

lecture d’été – retour de vacances

Une nouvelle revue : Good (site web : www.good.is) où j’apprend que le Guardian a réalisé une carte corrélant la pauvreté à Londre et les émeutes récentes. Le numéro de cette revue, achetée à l’aéroport, portant sur le thème : The Data Issue. Quelques graphiques humoristiques m’ont accroché. Les thèmes des numéros précédents donnent le ton : l’énergie, Los Angeles, le travail, la Nouvelle Orléans, l’eau, le transport… Une thématique de sujets bien américains, pour soutenir le moral, le « feel good » américain, en ces périodes de reconstruction, de transformation. Me faudrait jeter un coup d’oeil sur ces contenus pour voir si ce qui est annoncé, dans les paragraphes de présentation des numéros précédents (pas d’accès aux articles), comme une approche potentiellement critique tout en étant divertissante… si elle est vraiment « livrée ».

Un autre article, trouvé cette fois-ci avec le module « GoodFinder » (composé de propositions issues de lecteurs), sur la page d’accueil de la revue : un article de la revue Salon, Income inequality isn’t great for rich people either. Cet article en suggère plusieurs autres sur le sujet, dont cette présentation par Kate Pickett, co-auteure en 2009, avec Richard Wilkinson de The Spirit Level.

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Le blogueur Lisée nous sert, en ces jours de retour de vacances, des extraits de son dernier bouquin : Imaginer l’après-crise. Extrait de ces extraits :

il s’agit en quelque sorte de couper les cordes qui le lient depuis 30 ans à des montgolfières financières gonflées artificiellement, pour la remettre sur ses fondations réelles, solides, quantifiables : la production (…)
Le ressort principal du système voulant qu’un capitaliste – individu ou compagnie – ne s’engage dans la production de biens que pour en tirer un profit, même raisonnable, entraîne nécessairement une croissance constante de la production, au-delà même de ce qu’impliquerait la satisfaction des besoins individuels et collectifs. (voir article de Margaret Atwood auquel réfère Lisée) (…)

Un beau petit billet, qui donne le goût d’aller rechercher le bouquin au fond de ma bibliothèque… mais qui, aussi, donne l’impression que le livre est un peu dépassé par l’ampleur de la crise elle-même : l’incapacité des États à reprendre le dessus, à trouver les compromis capables de mobiliser les sociétés. La paralysie récente de l’appareil politique américain, dont on n’a pas fini de ressentir les contre-coups, et la quasi paralysie de l’Europe nous disent que les structures politiques sont de plus en plus faibles et incapables de générer la confiance minimale nécessaire à l’établissement de perspectives suffisamment stables pour établir des règles à la hauteur des défis, écologiques, économiques mais aussi, au premier chef, politiques.

Qu’est-ce qui pouvait nous faire croire que la poursuite du profit à court terme (le capitalisme) puisse être compatible avec des transformations économiques majeures nécessaires devant lesquelles les ajustements budgétaires et conjoncturels des dernières années nous sembleront de piètres atermoiements…

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L’appauvrissement des classes moyennes (Can the Middle Class Be Saved?); les émeutes de Londres vues par un commentateur des quartiers londoniens. Voir aussi, sur ce thème : The Riot Psychology.

lectures d’été – 2

J’emporte Dernier tramway pour les Champs-Elysées, après avoir dévoré La nuit la plus longue, pour les moments libres… s’il en est.
Et aussi  The Rational Optimist: How Prosperity Evolves, de Matt Ridley (auteur de Genome: The Autobiography Of A Species In 23 Chapters), pour un coup d’oeil sur « l’évolution de la prospérité », décrite à travers l’histoire (et la préhistoire) des échanges, de la spécialisation du travail. S’il y a quelque chose de spécifique à l’homo sapiens, c’est bien de faire des affaires, de produire de la richesse… Mais à quel coût ?

Pour faire contrepoids à cet économisme, je voudrais bien parcourir, de Fukuyama, Origins Of Political Order. Je n’ai jamais lu le best-seller : The End of History and the Last Man. (Voir l’article ayant précédé le livre, The End of History). Ce sera l’occasion d’aborder cet auteur. Et le sujet est d’intérêt… J’aime bien ce lien qu’il fait en introduction entre les formes politiques des tribus mélanésiennes et les pratiques des congressistes américains.

Ça me reposera de Identité et contrôle.

lecture d’été

C’était mon premier J.L. Burke, et ce ne sera pas le dernier…

La Nouvelle Orléans dans ce qu’elle a de plus beau et de plus laid.

L’inspecteur Dave Robicheaux:  ex-alcoolique, avec une fille qui veut être écrivain, une femme ancienne nonne… Des passages d’une beauté à s’arrêter un moment dans la lecture.

la joie de lire

lartdelajoie.jpgJe termine, le sourire aux lèvres, ce roman de 600 pages, L’art de la joie, d’une auteure italienne que je ne connaissais pas Goliarda Sapienza. Je voulais le terminer aujourd’hui pour pouvoir le prêter : c’est le genre de roman qu’on ne veut pas laisser sur la tablette. L’histoire d’une femme au long du siècle, en Sicile, passant de la misère au cloitre, puis à la vie aristocratique… sans perdre son esprit critique, se liant aux socialistes, aux antifascistes durant la guerre. L’histoire de ses relations, avec des hommes, des femmes… de ses enfants, de leurs enfants…

Autres lectures en cours : Qui dit je en nous ? de Claude Arnaud. Sur cette question de la toute relative unité du sujet. Alors que l’époque voue à l’individualité et l’identité une dévotion quasi religieuse. Je le commence à peine mais la qualité de l’écriture m’invite à poursuivre. Ce livre a gagné le prix Fémina 2006 pour les essais.

Finalement, ce qui intéressera les gestionnaires d’associations et organisations communautaires Fonction de direction et gouvernance dans les associations d’action sociale, publié chez Dunod par Francis Batifoulier et François Noble. Jusqu’ici (rendu à la page 78) les auteurs font une belle présentation des enjeux et de l’évolution du rôle et des rapports des associations avec l’État, mais aussi avec leurs employés, leurs clientèles ou usagers… Même si les descriptions concernent la France, les similitudes avec les développements au Québec en feront une lecture stimulante pour des dirigeants (bénévoles ou salariés) d’organisations de ce côté de l’Atlantique.

imagination débridée

L’auteur, Agnès Desarthe, se rappelle le dessin animé « La Linea » où le petit bonhomme tracé d’une seule ligne suivait un chemin qui n’était que la continuation de la ligne de son corps. Et soudain, la ligne, la ligne qui le dessinait, s’arrêtait deux pas devant lui. Il s’écriait alors dans un charabia de français teinté d’accent italien : « AH mais pourquoi il n’y a pas de ligne ici ? »

Pour bien faire, il ne suffit pas de suivre la route, il faut à tout instant la bitumer du goudron onctueux de nos rêves et de nos espoirs, la tracer mentalement, en s’efforçant de prévoir les inévitables virages et les inégalités du terrain. Parfois, quand ça va bien, quand, par miracle, on a réussi à prendre un peu d’avance sur notre effroyable ouvrage d’art, on bénéficie d’un répit et là, c’est bon, tout roule. On est prêt à croire que le plus dur est fait, qu’à partir de ce moment, tout ira bien. On est si naïf, on a la mémoire si courte qu’on ne se rappelle pas que le terrain qui nous accueille est l’oeuvre de nos mains et de notre cerveau si prompt à imaginer n’importe quoi. On se la coule douce jusqu’au trou d’après sur lequel on se penche, consterné. Je n’ai plus la force, se dit-on, et je mérite mieux que ça, il serait temps que quelqu’un m’aide, il serait temps qu’une main guide la mienne. Autour de nous une armée de bras ballants. Tout le monde est fatigué. Notre mari, notre femme, nos amis, tout le monde en a marre au même moment, et c’est alors que vient — mais seulement si l’on est très chanceux, seulement si l’on n’a pas peur ou que l’on est suffisamment fou pour mordre à l’hameçon furtif — c’est alors que vient l’amour. Et là, ce n’est plus du macadam que l’on jette sur le néant, c’est un pont suspendu qui ouvre la voie jusqu’à l’infini.  [extrait de Mangez-moi]