des classiques de la littérature à emporter

On trouve en kiosque actuellement, un Nouvel Observateur « hors-série » portant sur Les chef-d’oeuvre de la littérature du XIXe et XXe siècle, commentés par des écrivains d’aujourd’hui. Il est intéressant de se voir introduit à ces classiques, d’autant plus que les plus anciens d’entre eux sont maintenant disponibles en format numérique gratuitement.  Ici la liste (avec liens vers la version numérique format Kindle – gratuite) – pour emporter sur la plage !

le dernier

Je ne suis pas vraiment collectionneur, plutôt un bibliophile qui s’était donné l’idée d’amasser les cent premiers titres de la collection Rivages/Noirs. C’était une façon de me donner un but dans mes pérégrinations chez les bouquinistes.

Hé bien j’y suis : il ne m’en manque qu’un seul, le numéro 19 : Drôles de frères, de Donald Westlake.

J’ai bien aimé ce que j’ai lu de cette collection, bien que je ne me sois pas cantonné aux cent premiers. Ni à cette seule collection, d’ailleurs, en matière de policiers. La collection Seuil Policiers,notamment, m’a fait connaître les Mankell, Connelly, Block, et plus récemment Dahl.

Mais pourquoi donc les auteurs de romans policiers suédois sont-ils si appréciés ? Mankell, Dahl, mais aussi, naturellement, le phénomène Stieg Larsson. Peut-être y a-t-il quelque chose de foncièrement Saxon, comme dans Anglo-Saxon, dans ces personnages de policiers-enquêteurs, défenseurs de la veuve et pisteurs de la vérité, souvent des individus aux méthodes singulières, des individualités en fait, plutôt que des porte-paroles de l’institution. En fait c’est sans doute cet équilibre qui fait la dynamique du roman policier : de l’intérieur de l’appareil le plus étatique possible, celui dont le devoir est de défendre le droit et la propriété… montrer l’humanité, les faiblesses des individus, mais aussi leur courage, leur idéalisme parfois obtus…

Il faut une société de droit pour cadre de ces romans policiers… même si cette société est pourrie, et que les policiers frayent avec ceux qu’ils sont supposer arrêter… Sans société de droit, dans une société totalitaire par exemple, il y a beaucoup de policiers mais peu de matière à romans policiers !  Enfin, ça ne répond pas vraiment à la question du Pourquoi en Suède ?

art et science

Je ne pouvais passer sous silence cet excellent petit bouquin (199 pages, avant notes et index): Proust was a neuroscientist, par Jonah Lehrer.

D’une lecture passionnante, Lehrer nous présente les oeuvres d’un écrivain (Whitman) puis d’un chef-cuisinier (Escoffier), et Proust, puis Cézanne, puis Stravinsky, puis, finalement deux autres écrivainEs (Gertrude Stein et Virginia Wolfe) où chaque fois, dans un langage clair, il nous démontre comment ces artistes ont précédé la connaissance scientifique en neurophysiologie. À chaque fois ces auteurs ont découvert ou utilisé, le plus souvent à l’encontre des canons de leur époque, des dimensions essentielles du fonctionnement du cerveau : la mémoire n’est pas un miroir mais bien un processus créatif; l’oeil aussi doit recréer, réinterpréter ce qu’il voit… le 5e goût, l’umami, n’a été reconnu scientifiquement que longtemps après que les recettes d’Escoffier en aient mis en valeur l’essence… alors que Wolfe mettait en scène la fragile et contradictoire unité du sujet… reconnue finalement par les sciences de l’humain.

Non seulement Lehrer fait-il le tour de 8 auteurs ou artistes, mais il a le talent d’inscrire ces derniers dans le contexte de leur époque, de nous faire saisir (au moins en partie) les enjeux de leur art. Il termine sur un « Coda » plus contemporain et polémique où il critique Steve Pinker (The Blank Slate),  et E.O. Wilson (Consilience). C’était bon, jusqu’à la dernière page. Vivement How We Decide.

la mer, la limite

Un court texte de Thierry Hentsch : la mer, la limite. Quatre-vingt trois petites pages, que j’ai transformé en un document audio de 2 heures, que je rend disponible ici en deux fichiers MP3. Première partie (1h11 – 65 Mo), seconde partie (49 minutes – 45 Mo). Il y parle de notre monde, de la vie, de la mort.

Ce texte est sans doute le dernier de cet auteur riche, érudit mais combien accessible. Mieux connu pour ses deux « sommes »: Raconter et mourir; Aux sources narratives de l’imaginaire occidental et Le temps aboli : l’Occident et ses grands récits (sous le lien précédent des extraits publiés par Google Books). J’ai voulu faire profiter de ce texte à une personne qui avait temporairement de la difficulté à lire. Puis je me suis dit que d’autres pourraient en profiter ! Attention : ce n’est pas un rendu « professionnel » car j’ai parfois laissé des bafouillements…

semaine des livres bannis

L’Association des libraires américains (ALA) célèbre depuis 1982 la semaine des livres bannis (ou mis à l’index – mais là je crois que c’est seulement l’Église catholique qui avait un index…) (Banned Books Week). Lisa Gold suggère pour l’occasion un bouquin relatant l’histoire des procès de censure les plus célèbres du 20e siècle. On y relate les débats entourant la parution des oeuvres suivantes :

Joyce’s Ulysses, Vladimir Nabokov’s Lolita, Radclyffe Hall’s The Well of Loneliness, Henry Miller’s Tropic of Cancer, D.H. Lawrence’s Lady Chatterley’s Lover, William Burroughs’ Naked Lunch, Allen Ginsberg’s Howl, and Theodore Dreiser’s An American Tragedy,

Une façon de rappeler périodiquement la conquête difficile du droit, de la liberté d’expression.