Intéressant, a priori, que ce « cadre conceptuel de la santé et de ses déterminants » **. Ça se veut un outil de référence qui sera d’autant mobilisateur et utilisable qu’il est assez court (18 pages + annexes, dont un glossaire). Une description en 4 niveaux de déterminants influençant l’état de santé de la population : les caractéristiques individuelles, les milieux de vie, les systèmes et les contextes globaux. Dans chacun de ces « grands champs de déterminants » sont identifiés des catégories auxquelles pourront correspondre des données à colliger-analyser pour suivre ou influencer l’état de santé de la population… Une faiblesse, à mon avis, de ce document : l’économie de marché exclue du niveau « systèmes ». Est-ce le reflet d’une conception trop étatiste ? Il reste que si ce modèle conceptuel se veut, comme on le laisse entendre, mobiliser les acteurs des différents secteurs de la société… les systèmes économiques ne devront pas être appréhendés comme faisant seulement partie d’un « contexte global » où, par définition, notre capacité d’action et d’influence est très limitée ou encore des milieux de vie (où l’intervention se limite, par définition, au milieu local).
Pourquoi n’a-t-on pas identifié dans les systèmes la production agricole et industrielle ? De même, les systèmes de distribution et d’échanges commerciaux me semblent aussi d’importance, surtout quand on veut agir sur les déterminants des comportements que sont les campagnes de promotion et mise en marché… J’aurais même identifié, en plus, les systèmes de communication-média et de transport, alors qu’ils sont dans ce cadre amalgamés, dans le cas de ce dernier, à l’aménagement du territoire et pour le premier, au « contexte social et culturel ».
Dans le texte on décrit le niveau « système » comme suit : « Ce champ couvre les grands systèmes qui découlent des cadres politiques, des valeurs d’un pays ou d’une société dans son ensemble. Ces grands systèmes sont regroupés en cinq catégories, soit les systèmes d’éducation et de services de garde à l’enfance, le système de services sociaux et de santé, l’aide à l’emploi et la solidarité sociale, l’aménagement du territoire et les autres systèmes et services publics « . On a clairement l’impression que ces systèmes sont essentiellement des systèmes publiques. Pourtant, l’ensemble du cadre théorique est organisé suivant une logique allant du micro, de l’individu, vers le macro, le contexte global. Ce niveau des systèmes devrait correspondre au niveau « national », ou provincial, ou régional… un niveau propice à l’intervention politique, oui, mais pas uniquement sous la forme ou dans le cadre des institutions publiques… En excluant la dimension économique du niveau (champ) des systèmes ce cadre conceptuel marque encore le pas : on veut bien d’une approche de la santé qui inclut les domaines de l’éducation, les politiques sociales, le développement des communautés… mais pas encore – pas directement – qui interpelle les grandes forces économiques.
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** Le document en question est le fruit d’une réflexion collective menée par les douze membres du COMITÉ DE PILOTAGE DU PROJET D’IMPLANTATION DU CADRE D’ORIENTATION EN SURVEILLANCE (PICOS), soient des professionnels en provenance de différentes directions régionales de santé publique, de l’INSPQ ou encore du ministère de la santé et des services sociaux.