la bataille du siècle

lectures récentes (3)

« Les très bons objectifs sont ceux qui, au moment où on les lance, sont hors de portée de nos moyens de départ, mais qui nous permettent de créer des dynamiques d’accumulation de forces en cours de route, qui nous donnent la capacité de les atteindre finalement. »

La bataille… page 71

Jon Palais, militant de la question climatique

Il s’est engagé sur la question climatique avec l’association basque Bizi ! après avoir commencé à militer à Greenpeace. Co-fondateur des mouvements climat Alternatiba en 2013 et Action Non-Violente COP21 en 2015, il a participé au lancement des Camps climat en France, et à l’animation de nombreuses mobilisations et campagnes d’actions non-violentes depuis une dizaine d’années.

Quatrième de couverture

À partir de ses expériences l’auteur identifie les principes qui l’ont guidé ou les leçons qu’il a tirées afin de porter un mouvement, qui s’est développé rapidement dans des dizaines de localités, et s’est exercé à des actions à l’échelle nationale, vers une échelle plus grande, un rapport de force capable d’obtenir des changements plus rapides et significatifs.

Palais nous fait vivre la mobilisation pour bloquer ou déranger la tenue d’une conférence internationale des pétrolières qui allait se tenir quelques mois à peine après l’accord de Paris 2015… Il nous introduit au réseau Alternatiba.

« [Nous devons] nous organiser sous la forme d’un réseau décentralisé de groupes, à la fois autonomes et connectés les uns aux autres.

Trois grands axes complémentaires peuvent guider le développement d’un tel réseau de groupes, qui correspondent à trois valeurs déjà bien développées dans les mouvements écologistes : la résilience, la résistance, et la solidarité.

la résilience correspond au développement des alternatives. Les alternatives seront toujours le cœur de notre capacité d’adaptation aux changements de contextes : il s’agit des moyens concrets permettant de vivre autrement;
L’axe de la résistance correspond à notre capacité à nous opposer, nous interposer, et à empêcher les projets et les activités qui aggravent le dérèglement climatique et la destruction écologique. (…) [T]out projet climaticide que nous empêcherons sera une victoire partielle mais très concrète dans la limitation du dérèglement climatique.
Le troisième axe est celui de la solidarité, qu’il faudra défendre face aux réactions de repli identitaire, aux logiques de clan, de compétition et d’individualisme, d’intolérance, qui peuvent facilement être exacerbées en cas de perturbation du système actuel, tant par le libéralisme autoritaire que par l’extrême droite. (p. 249-50)

Après avoir mené des actions dans des dizaines de territoires différents en même temps, (…) nous devons désormais nous projeter dans des actions décentralisées sur des centaines de territoires simultanément. Tout en inscrivant cette action dans une mouvance internationale. »

Les principes d’action mis en pratique par ce mouvement sont liés à l’approche non-violente qui permet d’accueillir des publics plus largement, et facilite l’intégration des nouveaux. Une formation politique à partir de la pratique plutôt qu’à partir des livres et théories. Une grande attention est portée aux processus démocratiques afin que les intellectuels, les « grandes gueules » ne prennent trop de place… afin que tous s’expriment et contribuent. Des principes de rigueur, de ponctualité… qui sont parfois difficiles à accepter pour certains, mais qui permettent une efficacité nécessaire. La rigueur n’exclut pas les moments festifs!

Il faut porter une attention fine à l’accueil et l’inclusion des nouveaux, jeunes ou vieux, au sein du mouvement, une attention qui doit être continue, soutenue car il y a une tendance spontanée à faire évoluer l’organisation vers un cercle militant, exigeant, certains diraient woke. Un cercle où il devient difficile d’entrer à moins de satisfaire à une liste de critères.

Radicalo-pragmatisme, pour un mouvement à la fois radical et populaire.
L’exemple de la monnaie locale1Une monnaie complémentaire qui ne peut être utilisée que sur un territoire donné Eusko (monnaie locale du Pays Basque), comme outil de relocation de l’économie, mais aussi comme levier pour « flécher le type d’activités économiques où elle peut être dépensée, sur la base d’un cahier des charges qualitatif. » Ce cahier de charges aurait pu être maximal, ce qui aurait réduit les utilisateurs à ceux qui ont déjà des pratiques « vertueuses ». Il pourrait aussi être minimal, et laxiste ce qui toucherait plus de monde mais ne changerait pas les pratiques. Un cahier de charge progressif a plutôt été élaboré où le nombre de critères à l’entrée a été réduit à 2, à partir d’une longue liste, la démarche collective devant par la suite faire progresser le commerçant participant vers plus de qualités.

« Ce système de monnaie locale complémentaire permet de doubler la monnaie : quand vous avez échangé 100 euros contre 100 euskos, vous n’avez perdu aucun pouvoir d’achat, car vous pouvez acheter les mêmes quantités de pain, de bière, de légumes, que si vous aviez utilisé vos 100 euros. Mais les 100 euros que vous avez échangés contre vos 100 euskos n’ont pas disparu, ils existent toujours quelque part : ils sont placés dans un fonds à la Nef, une banque éthique qui ne finance que des projets répondant à des critères écologiques et sociaux.

La bataille du siècle, page 75

Des logiques d’alliances. Palais décrit deux luttes menées en 2012 contre des projets imposés par le groupe Vinci qui se mènent simultanément : contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et contre le projet de Ligne à Grande Vitesse (LGV) au Pays Basque.

Les expériences d’alliance avec des maires du PS alors que la politique du Parti était conspuée, dans la bataille du LGV; ou d’alliance avec des maires de droite dans le premier cas… lui permettent de critiquer les positions « puristes » et d’affirmer l’indépendance politique de la démarche.

La mobilisation citoyenne. La description minutieuse de la campagne des Faucheurs de chaises, qui visait à dénoncer l’évasion fiscale soutenue par les grandes banques, met en lumière la tactique de l’action dilemmatique qui consiste à mettre l’adversaire devant des choix qui lui sont tous défavorables. À 34 reprises des militants sont entrés dans des succursales bancaires pour y faire des « réquisitions citoyennes » de chaises. Près de 200 chaises ont été ainsi « réquisitionnées ». Elles seraient remises à leurs propriétaires quand ceux-ci rembourseront l’impôt dû ! Les banques ont riposté en poursuivant des leaders, mais se sont rétractées, finalement, n’osant pas se présenter au tribunal devant le ridicule de leur situation. Dans un autre coup publicitaire, elles ont été finalement déposées devant le siège social de la BNP, et laissées aux bons soins des policiers qui avaient établi un cordon de sécurité.

Village des alternatives Alternatiba Dans le creux de la vague du mouvement pour le climat, en 2011-12 les militants de Bizi! décident d’organiser un « village des alternatives » qui occupera tout le centre-cille de Bayonne où des dizaines de kiosques, des activités culturelles, des banquets sont organisés, après un an de préparation, pour rendre plus concrète la problématique du climat : « plutôt qu’un sujet flou et inaccessible, les alternatives qu’on souhaite mettre en avant sont au contraire très concrètes, tangibles, et liées à notre vie de tous les jours. Elles sont déjà présentes sur nos territoires au niveau local, on peut les voir, les toucher, les goûter, les expérimenter concrètement. » Une initiative qui fera florès : dans les deux années qui suivent, on voit éclore cent « villages des alternatives » « principalement en France mais aussi dans d’autres pays, en Autriche, en Allemagne, en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni, en Haïti et au Sénégal, où s’organisent également des Villages des alternatives  » Alternatiba « ».

La mobilisation autour de ces Villages favorise l’implication de gens qui ne s’étaient jamais engagés auparavant. Et ce travail ne se fait pas que par Twitter, Facebook ou TikTok ! Ce sont les réseaux sociaux réels, les paroisses, les marchés publics, les boulangeries qui sont parcourus, sollicités…

Avoir des chorales un peu partout dans le Village le jour J crée ainsi une ambiance festive et conviviale, tout en donnant à voir concrètement comment la philosophie « moins de biens, plus de liens » peut contribuer à inventer une société bas-carbone joyeuse, épanouie et enrichissante. Les chorales, qui ne s’étaient pas mobilisées pour le climat jusqu’ici, se retrouvent à jouer un rôle important dans l’atmosphère et le message politique de l’événement. (…) Pendant des mois, des centaines d’associations et d’acteurs divers qui n’ont a priori aucun lien avec la lutte pour le climat mettent ainsi à l’ordre du jour de leurs réunions la possibilité de participer au Village.

La méthode de mobilisation d’Alternatiba montre ainsi comment une approche par la pratique et un travail autour des réseaux sociaux physiques entraînent des dynamiques de mobilisation populaires intégrant des publics diversifiés. Cette méthode a contribué à construire des strates du mouvement climat en intégrant des personnes au-delà des cercles purement militants et politisés.

La bataille… p. 127 et 141

Des stratégies de mobilisation qui se sont appliquées pour s’opposer à la transformation de logements en AirBnB… ou encore pour « décrocher Macron » en l’interpelant Climat, justice sociale : où est Macron ?

Jeudi 21 février 2019, des militants d’ANV-COP21 entrent simultanément dans quatre mairies à Lyon, Paris, Biarritz et Ustaritz, y décrochent le portrait officiel du président Macron et repartent avec. (p. 163)

La bataille devra se mener à la fois contre le capitalisme prêt à tout pour continuer ses pratiques prédatrices et contre une droite qui se durcit, une extrême-droite qui s’organise. Une bataille qui sera longue, malgré l’urgence qui s’accroit. La seule certitude, c’est que rien n’est certain… et qu’il faut être prêt à pallier aux effets néfastes qui se multiplient, par résilience et solidarité, tout en étant préparé à saisir les opportunités qui s’offriront de faire avancer le message, grandir les réseaux et capacités de résistance, faire des gains qui amélioreront notre rapport de forces.

Ce livre est un manifeste contre le défaitisme et en ce sens on pourrait le rapprocher de celui que je commentais précédemment : How to be a climate optimist ? Mais c’est un optimisme bien différent car il se base d’abord sur une compréhension fine de l’engagement social et de la lutte politique. Palais ne fait que très peu, ou pas du tout de référence aux nouvelles sources d’énergie ou aux enjeux liés à la transformation des procédés industriels… La promotion de l’agriculture paysanne et biologique ou encore la critique de l’hyper mobilité ancrent son récit dans une approche de la décroissance matérielle permettant une sobriété heureuse.

Partir du terrain, de la pratique pour mobiliser largement, sortir des cercles militants et faire des alliances stratégiques pour développer une « écologie populaire », ce sont des principes que Jon Palais articule de manière convaincante dans son livre. Si j’avais à identifier une faiblesse, c’est dans la dimension internationale du mouvement qui devra être développée. Il le dit lui-même :

Comme beaucoup d’autres phénomènes en France, les mouvements militants de l’hexagone sont assez autocentrés sur la France métropolitaine. Là aussi, il y a un changement d’échelle à penser. Même si nous avons énormément de chantiers à réaliser à l’échelle française, le développement de la dimension internationale du mouvement climat global doit faire partie des priorités. (p. 275)

La question qui se pose en terminant ce « guide » est celle, politique : le changement d’échelle sera-t-il suffisant pour forcer les formations politiques en place à se réformer, se métamorphoser (pour reprendre un terme cher à Bizi!) ? Ce qui me semble une belle introduction au prochain billet portant sur le livre L’esprit démocratique du populisme, par Frederico Tarragoni.

Notes

  • 1
    Une monnaie complémentaire qui ne peut être utilisée que sur un territoire donné

urgences, hôpitaux et CSSS

Le rapport Ross, The Patient Journey Through Emergency Care in Nova Scotia (pdf – 104 pages), sur les services d’urgence en Nouvelle-Écosse, résumé ici par André Picard du Globe and Mail, soulève des questions (et suggère des réponses) qui, même si elles s’inspirent de la situation dans cette province pourraient bien s’appliquer au Québec et ailleurs au Canada.

Plusieurs des recommandations sont connues et ont déjà fait l’objet de multiples rapports ici et ailleurs : de meilleurs services à domicile, des suivis plus adéquats pour les malades chroniques et les personnes avec problèmes de santé mentale… Mais l’une d’entre elles mérite d’être soulignée : salarier les médecins de l’urgence. Ici j’avoue mon ignorance : est-ce que les médecins à l’urgence d’un hôpital comme Maisonneuve-Rosemont sont encore rémunérés « à l’acte » ? Si c’est le cas (comme ça l’est en Nouvelle-Écosse) on peut comprendre qu’ils n’aient pas beaucoup de motivation à ce que les urgences soient libérées des cas bénins car ce sont ces cas qui sont la principale source de leurs revenus.

On peut consulter sur le site de la Régie de l’assurance-maladie du Québec le manuel de facturation des omnipraticiens (464 pages), les lettres d’entente et accords particuliers (996 pages) pour avoir une idée des mécanismes (complexes) de rémunération à l’acte ou mixtes qui sont actuellement appliqués. Il y a aussi un autre manuel de facturation (725 pages) et un ensemble de lettres d’ententes et accords particuliers (417 pages) pour les médecins spécialistes.

Pour avoir fréquenté ces dernières années l’urgence de cet hôpital plus souvent que je ne l’aurais souhaité, en l’occurrence pour y retrouver ou accompagner ma mère, je suis encore surpris, à chaque fois, du nombre effarant de personnes qu’on entasse dans les corridors. Car c’est cela l’urgence : des dizaines de patients couchés sur des civières le long des corridors. Continuer la lecture de « urgences, hôpitaux et CSSS »

10 tactiques pour transformer l’information en action

 

Voir ce site www.informationactivism.org pour y découvrir ces 10 tactiques, expliquées avec exemples à l’appui. En anglais, mais parfois avec des sous-titres… Quelles sont ces tactiques ?

  • mobiliser les gens
  • recueillir et soutenir l’enregistrement de témoignages
  • être créatifs dans l’illustration, la visualisation du message
  • utiliser des messages personnels
  • utiliser l’humour
  • développer son réseau de contacts
  • utiliser les données disponibles, en provenance parfois des gouvernements, pour illustrer, avec des cartes le propos, des situations parfois complexes
  • les technologies permettent de relier, en temps réel, les acteurs ou témoins de situations et de diffuser cette information autour du monde
  • utiliser des technologies qui « écoutent » les gens, et leur répondre; l’utilisation du téléphone dans les pays en développement est très poussée
  • documenter et dénoncer

Des exemples inspirant, même pour ici alors que la plupart des exemples viennent de pays en développement, avec des outils (affichettes, vidéos…) à réutiliser…

<2017> de nouvelles tactiques, plus audacieuses ou offensives (?) ont été développées sur le Information Activism</>.

un petit guide pratique

BAREFOOTThe Barefoot Guide (le guide nu-pieds !) to Working with Organisation and Social Change.

Un petit [pas si petit que ça (174 pages)] guide drôle, plein de caricatures, de « recettes » qui ont une odeur « années ’70 » mais aussi un côté terre-à-terre très efficace.

{Une version française de ces guides est offerte}
Je dépose une version des quatre guides « Barefoot »
ici, sur Gilles en vrac…

Un guide pour soutenir le développement d’organisations locales souveraines. Comprendre ce qui motive les individus; comment fonctionnent les organisations; comment les relations fonctionnent, le pouvoir; les phases du développement des organisations; faciliter le changement dans les organisations; rendre ce changement viable, soutenable; rendre nos organisations apprenantes…

UN BEAU PROGRAMME ! Une référence pigée à partir d’un lien dans le dernier Bulletin des politiques publiques et santé (à ne pas confondre avec le dernier Bulletin Santé pop !) : la référence portait sur le Outcome mapping (traduit par le Bulletin par la Cartographie des résultats, mais je préfère la Cartographie des incidences, tel que suggéré par le site Outcome Mapping dans ses quelques documents français). C’est dans la dernière livraison de ce bulletin Background Notes de l’organisation britannique Overseas Development Institute que l’on présentait cette méthode (cartographie des incidences ou Outcome Mapping) comme une « alternative réaliste aux pratiques de planification, monitorage et d’évaluation» (Outcome Mapping: a realistic alternative for planning, monitoring and evaluation).

économie des organisations

Ce billet du carnet orgtheory.net donne une liste de textes, dont plusieurs classiques de théorie des organisations. J’ai trouvé certains de ces textes in extenso, en ligne.

Cette page présente un résumé (en anglais) de certains de ces textes).

Des textes courts mais qui ont marqué les dernières décennies de débat sur l’économie et les organisations.

un rapport annuel qui sera lu !

Les rapports annuels ne sont pas toujours lus d’une couverture à l’autre… Celui-ci l’a été, deux fois plutôt qu’une !

Une idée à reprendre… Qui n’est pas nouvelle en soi, je me souviens de brochures sur la question du logement qui avaient la forme de photo-romans. Je crois même en avoir encore une copie dans mes archives…

Une référence de Facilitating Change.

outils et guides

Cette ressource est toujours aussi intéressante : le Community Toolbox, de l’Université du Kentucky. Ici la Table des matières de cette boîte à outils : 46 chapitres, allant des modèles de promotion de la santé aux méthodes de mobilisation des acteurs, aux outils d’évaluation de l’état de santé ou de l’impact de l’action… des guides pour une action critique (advocacy) efficace, ou pour assurer l’institutionnalisation d’une initiative.

Quarante-six chapitre comprenant plus de 300 sections, chacune avec ses documents utiles (listes à ne pas oublier, présentations powerpoint…).

Contribuer à la traduction ?

Community Toolbox – Bringing Solutions to Light. People around the world are volunteering to translate and culturally adapt community capacity-building tools into Spanish, Arabic and Portuguese. Over one-third of one million plus visitor sessions per year come from countries outside of the U.S., but our vision is to reach even more people around the globe. We are relying on people like you who want to make a difference by helping translate and culturally adapt these tools.

Je suis surpris de ne pas voir de traduction française en cours…

santé primaire et services communautaires

La vision d’avenir en matière de santé primaire (Our vision for primary and community care) publiée par le Département de santé anglais. On y met l’accent sur

  1. la promotion de la santé, particulièrement avec un grand programme d’évaluation (assessment) de la santé cardiovasculaire des 40-74 ans déployé par les omnipraticiens mais aussi les pharmaciens et autres services;
  2. l’amélioration de la qualité, mesurée en termes d’effets sur la santé plutôt que de procédures effectuées;
  3. les choix offerts aux usagers : choix de la clinique (le financement suivant le client); choix de plans de services individualisés pour les malades chroniques; et expérimentation d’un « budget santé ».

Il est question d’une meilleure articulation entre les services de santé et sociaux (tiens tiens…); d’ici 2010 toutes les personnes souffrant d’une maladie chronique (y compris les personnes avec problèmes de santé mentale) devraient se voir offrir un plan personnalisé de services adapté à leurs choix et préférences (tailored packages of care to meet their individual requirements and wishes). Des expériences dans le domaine des services sociaux où l’on a donné plus de pouvoir aux bénéficiaires sur leur « budget de services » incitent à développer des projets pilotes semblables dans le domaine des services de santé.

Experience with direct payments and individual budgets in social care has shown the benefits of giving people greater say over how public resources are used to provide their individual care. We want to test if we could achieve the same benefits for people with complex but predictable health and social care needs. We will work with patient groups to pilot individual budgets to allow people with long-term conditions greater control over how NHS funds are used. Extrait de What it means for local governments. (pdf) (Voir section 4.30 du document principal – pdf) [voir aussi éditorial du BMJ]

illusoire productivité

A sustainable company is not a collection of « human resources. » It is a community of human beings. Its strength resides in its people, its culture, and the goodwill it has built up among its customers and suppliers. So, as workers and middle managers have been departing these companies, they have taken with them not only much critical information, but often also the hearts and souls of their enterprises.

Henry Mintzberg, The Globe and Mail

Pendant des décennies les entreprises, américaines dans le cas de cet article de Mintzberg, ont pu accroître leur productivité (à court terme) en pressant leurs ressources humaines… L’image utilisée par l’auteur : la compagnie qui mettrait à pied la totalité de son personnel sauf les services de l’expédition et de l’entrepôt, aurait, tant qu’il y aurait des stocks, une productivité remarquable !

Je ne sais trop pourquoi (mon obsession sans doute) ça m’a fait penser à l’évolution récente des CSSS-CLSC : des structures réputées plus productives, mais ne risque-t-on pas de perdre l’âme des CLSC ? C’est ce que prétendent les opposants à cette réforme depuis les débuts… mais je ne crois pas que ce soit la structure en soi. Les « vieux » CLSC étaient déjà lourds et n’étaient pas mieux placés que les actuels CSSS pour éviter, notamment, la perte de leur « âme » avec les départs à la retraite… Et ils n’étaient pas, non plus, très bien placés pour relever les défis d’une première ligne vraiment intégrée (avec des services médicaux) et connectée avec les deuxième et troisième lignes. Ce qui faisait l’âme des CLSC ? Une certaine proximité, accessibilité, ouverture à l’endroit des citoyens, des ressources et réseaux non professionnels… Cette ouverture qui était sans doute plus facile, allant de soi, dans les débuts de ce réseau – où il fallait tout inventer – mais qui relevait aussi d’une philosophie mettant en jeu, donnant une place au pouvoir du citoyen sur sa santé.

Continuer la lecture de « illusoire productivité »