oralité et culture

A few years ago I was in Brasilia and gave a seminar (about community cohesion as I recall) at the Education Ministry. Afterwards I was invited to meet a senior official who proudly told me about a new adult literacy campaign they were about to launch, bringing the alphabet and all its benefits to indian people across Amazonia. I was an honoured guest in the country of Freire, but I didn’t feel I should desist from saying hesitantly, I hope you know what you’re doing. I made direct reference to Walter Ong’s remarkable Orality and literacy which explains how, once you bring literacy to an oral culture, that’s it, you can’t restore orality, not ever. Ong certainly convinced me, not that I needed convincing, that the most powerful technology humans have ever invented remains the alphabet, but we may not be very good at understanding quite how powerful it is. (Via Neighbourhoods.)

Il y a plus d’un an, je me souviens c’était mon anniversaire… j’ai enregistré un « podcast » où j’abordais la question de l’impact de la culture de l’écrit, relativement récente du point de vue de l’évolution, par rapport aux structures neurophysiologiques et au rapport au monde façonnés par la culture orale.

L’existence révélée récemment de ces tribus amazoniennes ramenait cette question à l’avant scène.

C’était il y a quelques mois… mais je n’ai retrouvé que ce matin ce vieux billet non publié.

un grand récit de Taylor

A Secular Age (Une ère laïque ). Malheureusement non encore traduit… mais une petite conférence de l’auteur lui-même présente courtement (30 minutes) et de manière élégante, comme sait toujours le faire Charles Taylor, le sujet, et en français sur le site La vie des idées. Si vous n’avez pas l’intention de lire les 848 pages.

Le débat me permet de découvrir un ensemble de carnets (blogues) animés par le Social Science Research Council, dont un porte spécifiquement sur cette parution.

En français, il y a aussi la présentation d’Antoine Robitaille, dans Le Devoir, datant de l’an dernier, moment de parution de l’ouvrage de Taylor qui était, à cette époque en pleine commission sur les « accomodements raisonnables ».

J’en suis pour le moment à la page 51… je ne sais pas si je me rendrai à la fin dans cette édition, ou si je ferai comme avec son Les Sources du moi, commencé dans la langue originale et poursuivi en français lorsque la traduction fut disponible, puis terminé lors d’un court séjour à l’abbaye de St-Benoît-du-Lac (ici le site vous reçoit avec du chant grégorien)? Je n’ai pas regretté l’effort… et si on en croit certains critiques, ce dernier ouvrage du philosophe montréalais est de la même envergure : « It is a book that no one interested in religion, philosophy, ethics, politics, and art in Western society and culture can afford to neglect. »

Addendum (08.09.19) : un autre article sur l’ouvrage de Taylor, tiré du New York Times. Une source citée par Raikhel, du blog collectif Somatosphere qui souligne aussi le court (relativement) billet de Taylor lui-même, intitulé The Porous and Buffered Selves, sur le blog du SSRC (Immanent Frame) dont je parlais.

appartenance et "départenance"

Ça fait longtemps que je n’étais pas allé du côté du blog de Dave Pollard, How to save the world. Un billet de Stephen Downes, cet autre infatiguable blogueur canadien, m’a amené là: Love, Conversation, Community Vs Nobody But Yourself. Sa vision (mais c’est secondaire dans le propos de Pollard) d’une nature primitive qui se moque de ce que pensent les autres :

In a natural world, perhaps, no one would or should care what other people thought about their wild ideas, eccentricities, authentic and unique characteristics.

m’a rappelé qu’au contraire, du point de vue de l’évolution neurophysiologique, la capacité d’interpréter et de comprendre ce que voient et pensent les autres a été une étape importante dans la construction de Sapiens sapiens (voir Comment Homo est devenu sapiens).

Ce qui n’enlève rien à la pertinence de la question : comment appartenir, converser, aimer une communauté (une personne) tout en restant libre, authentique… Comment promouvoir le changement sans s’éloigner, se mettre à dos les autres… De l’amour inconditionnel ? La promotion du changement n’est-ce pas poser des conditions ?? Mais si le changement promu l’est par un renforcement positif il peut y avoir coincidence: acceptation inconditionnelle et respect de la liberté de l’autre… tout en suggérant, proposant, soutenant des avenues qui ne sont pas des conditions.

Dans la vraie vie, cependant, il y a une réalité qui n’est pas toujours « amour » mais bien parfois (souvent) contrainte, mort, douleur.

à écouter avec ses yeux.

the future?: « watch this rather spirited delivery by Stanford’s Larry Lessig (watch minutes 2-4 in the presentation, you’ll enjoy the cadence). »(Via orgtheory.net.)

Larry Lessig, un prof de droit à Stanford donne ici une conférence (20 minutes) sur la créativité qui est étouffée par la loi… et avance des pistes, appuyées sur l’histoire, pour forcer une adaptation du contexte légal aux nouvelles possibilités et à la nouvelle culture, celle de nos fils et filles (our kids).

Brillant, lumineux.

Ce n’est pas la première fois que j’apprécie une présentation sur ce site (TED). Je devrais y retourner plus souvent !

le bonheur vu par Cyrulnik

Boris de son prénom, une entrevue de 15 minutes sur « la recette du bonheur ». Sur le site de Radio-Canada. C’est sur le blog de Mario que j’ai trouvé ça, référé par Affordance. Boris Cyrulnik est un auteur que je viens de découvrir, il y a quelques mois, après tout le monde semble-t-il ! Psychiatre, neurologue… et écrivain des mal-aimés, de la résilience et… du bonheur dans son dernier bouquin « De chair et d’âme« .

d'un blog à l'autre

Un commentaire de Enro me fait découvrir son blog, celui d’un ingénieur agronome qui s’intéresse à la sociologie des sciences… et aux rapports science-société… Une belle découverte, qui m’amène à une autre : L’ameublement du cerveau. Un blog sur les sciences, avec une attention particulière aux sciences du cerveau, mais qui ouvre aussi sur un espace créatif original… où vous découvrirez un Petit précis d’économie (document imagé sur l’utilisation des taxes par l’État français), ou bien Ecoland, une petite animation de 7min30 sur le commerce international, ou encore un « cadavre exquis » graphique

l illusion de Dieu

The God Delusion de Richard Dawkins, un réquisitoire à la fois sérieux, scientifique et plein d’humour. Enfin, je suis pas sûr que tous les lecteurs apprécieraient son humour… Mais ceux qui s’irriteraient d’un tel ouvrage seront sans doute les derniers à en ouvrir les pages.

Pendant cette lecture je me rendais compte à quel point on a pu croire, il y a quelques années, que la religion était une question définitivement « réglée » : il s’agissait d’un droit privé. La séparation de l’État et des choix religieux semblait acquise… À voir le charabia créationiste prendre autant de place dans l’espace médiatique américain, à voir à quel point il semble plus facile pour un dirigeant politique dans ce grand pays de s’avouer homosexuel que athée… les talibans ne sont pas tous où l’on pense. Et les acquis sociaux et politiques ne sont pas toujours irréversibles !

Bien que j’aie beaucoup apprécié le texte de Dawkins, et son argumentaire tentant d’expliquer l’avantage évolutionniste qu’a pu représenter la propension à la croyance religieuse (et à l’obéissance aux prescriptions des chefs religieux), ses nombreux exemples, convainquants, des effets néfastes de telles croyances aujourd’hui… je reste un peu sur ma faim.

Quelques questions montent lentement après la lecture : ce discours, s’adressant à la raison, avec de nombreux et solides arguments scientifiques… peut-il s’adresser à tous ? Peut-on vraiment faire disparaître la crédulité au profit du libre arbitre ? Si l’on voulait vraiment rejoindre tout le monde avec cette vision rationnelle, il faudrait faire des « versions légères » des vérités scientifiques… des versions accessibles pour tous. Continuer la lecture de « l illusion de Dieu »

46%

Incroyable mais vrai (à + ou – 3%) ! Près de la moitié des Américains croient que Dieu a créé les humains tels qu’il sont aujourd’hui. Sans évolution… et plus du tiers croient que l’homme a évolué, mais avec l’aide de Dieu. Comme le montrent les graphes sur la page du site de Gallup cité, ces taux sont quasiment stables depuis 25 ans. Ce qui n’a pas été stable, depuis 200 ans à tout le moins,  c’est la séparation de l’État et de la vie religieuse, dans cette belle Amérique. Ce que met en relief avec beaucoup de force et d’humour Richard Dawkins dans The GOD Delusion. Les pères fondateurs de la république américaine étaient beaucoup plus sceptiques que semblent l’être les policiciens d’aujourd’hui. Est-ce la rançon de la démocratie, que l’obligation de faire semblant de croire en ces… fables pour obtenir le vote de la majorité ?

Un article du G&M d’aujourd’hui référait à ce sondage Gallup dans un article commentant la présence de « matériaux imprécis » (inaccurate materials) dans les présentations (exhibits) d’un nouveau musée américain sur la Création.