côlonoscopie et « deep learning »

Comme beaucoup de personnes de mon âge, j’ai dû passer récemment une côlonoscopie, ce qui impliquait de me préparer pour l’examen en « flushant » tout le contenu de mon système digestif pour que le spécialiste puisse bien examiner les parois du côlon afin de réséquer des polypes qui s’y seraient développés et identifier d’éventuelles manifestations cancéreuses.

Quelques minutes après l’examen, lorsque l’infirmière m’a informé qu’il me faudrait reprendre l’exercice dans quelques semaines pour cause de « mauvaise préparation », je me suis demandé quel effet cela faisait sur la « flore intestinale » de reprendre à court terme un tel lavage. J’ai dû faire mes recherche par moi-même car il semble que mon spécialiste de médecin n’a pas de temps à perdre à parler à ses patients.

Je me suis tout d’abord aperçu qu’on ne parle plus de « flore intestinale » mais bien de microbiote, et que les recherches ont beaucoup progressé ces dernières années. Il y a même une revue française La revue des microbiotes que l’on peut consulter gratuitement, à condition de s’inscrire. Le dossier thématique du dernier numéro (Mars 2019) porte sur la question sur toutes les lèvres ces temps-ci : la transplantation de microbiote fécal. Le dossier thématique de mars 2018 : microbiote intestinal et traitement du cancer.

En 2014 l’ Institut national de la recherche agronomique (INRA) de France reconstituait 238 génomes de bactéries intestinales. Quelques 75 % de ces génomes bactériens intestinaux étaient encore inconnus. Les études à venir sur ce sujet seront maintenant mieux guidées, car ce métagénome (voir la métagénomique ) contient plus de 3 millions de gènes, soit 120 fois plus que le génome humain. Les analyses statistiques de ces communautés intestinales seront dorénavant beaucoup plus précises.

[Microbiote intestinal humain – Wikipedia]

Combinant les avancées du séquençage à haut débit et du big data, la métagénomique a bouleversé notre vision du monde microscopique en dévoilant l’incroyable biodiversité des écosystèmes microbiens, qu’ils résident dans les fonds marins, sous terre ou dans nos intestins… [La révolution métagénomique]

Je me demande si toute cette complexité interne à chaque intestin (millions de gènes, milliards de bactéries, et autres microbes) et ces milliers d’examens passés chaque année (pour le Québec seulement) ne rassemblent pas une masse d’information propice au « deep learning », cet « apprentissage profond » réalisé de manière plus ou moins autonome par des ordinateurs. Il semble que la bio-informatique soit en effet un champ d’application de ces nouvelles technologies.

Et c’est ce que laisse entendre cet article récent (vendredi dernier). On y prône l’utilisation de l’information comprise dans le microbiote intestinal pour prévenir, dépister et soigner le cancer du colon. Les nouvelles technologies rendent cette stratégie praticable. Voir l’article (accessible à tous) dans la revue Science : The gut microbiota and colon cancer : microbiome data should be incorporated into the prevention, diagnosis and treatment of colon cancer.

santé mentale des jeunes

Kirby, l’ex-sénateur champion de la santé mentale (rapport Kirby De l’ombre à la lumière, 2006) persiste et signe. Il propose aux provinces et au fédéral d’investir l’équivalent de la protection offerte aux employés du secteur public (et privé syndiqué) : huit sessions pour faire face à des problèmes psychologiques, comportementaux. Une intervention ciblée sur les jeunes (moins de 25 ans ?) qui permettrait d’éviter que les problèmes s’approfondissent, deviennent chroniques…

Est-ce beaucoup attendre d’interventions courtes ? Oui, sûrement. Mais investir 500 millions $ pour alléger un fardeau qui se chiffre à 50 milliards $ par an, ce n’est pas exagéré. Ce serait même minimal et signe de bonne gestion. Par ailleurs, sur cette même page du Globe and Mail, où Picard nous présente cette initiative de Michael Kirby,  un article signé Adriana Barton résume les résultats du U.K Millenium Cohort Study à propos des comportements des enfants de 3, 5 et 7 ans à l’heure du coucher.  Il semble que les capacités d’atteindre une routine et une heure régulière de coucher soient liées à plus qu’à la capacité des parents à discipliner leurs enfants. Les capacités d’auto-contrôle des enfants sont en jeu. Difficultés qui se manifestent aussi durant le jour, ce qui pourrait expliquer les comportements agressifs observés chez ces enfants. Des difficultés qui sont cependant maitrisables grâce à l’acquisition de compétences (skills) autour du rituel du coucher.

On imagine assez facilement que des psycho-thérapeutes répondent à ces demandes de parents en détresse, ou ayant simplement besoin d’un coup de main de quelques semaines… Est-ce que la « boite noire » de la consultation clinique individuelle (ou familiale) est la seule réponse possible devant ces problèmes fréquents ? Ou si l’éducation, les interventions collectives (garderies, CPE, CLSC, école…) ne devraient pas compter aussi dans la stratégie d’action pour améliorer la santé mentale des jeunes ? Cinq cents millions pour le Canada (propose Kirby) cela donnerait 125 millions au Québec… assez pour couvrir les consultations psycho-thérapeutiques des jeunes et soutenir quelques programmes publics de promotion, éducation et prévention.

la santé « down under »

the Government will reform the health system to place a greater emphasis on the importance of keeping people healthy and out of hospital, and implement its response to the report of the Preventative Health Taskforce.

Plusieurs commissions australiennes relatives à la santé ont remis leurs rapports en 2009 :

Le budget santé et vieillissement 2010-2011 (pdf de 863 pages) du gouvernement australien tente de répondre à ces constats. En mai dernier, la publication de Taking Preventative Action traçait les grandes lignes de la réponse gouvernementale au rapport du groupe de travail sur la santé préventive.

Tous les gouvernements ne sont pas à sabrer dans leurs systèmes de santé pour rééquilibrer leur budget à court terme !

neurosciences et prévention

Jusqu’où irons-nous dans l’utilisation des savoirs neurologiques pour rendre nos campagnes de promotion-prévention plus efficaces ?

Sans doute avons-nous encore beaucoup de chemin à faire seulement pour « accoter » les campagnes des promoteurs de substances et dépendances… Le Centre d’analyse stratégique français publiait une étude en mars dernier : Nouvelles approches de la prévention en santé publique – L’apport des sciences comportementales, cognitives et des neurosciences (PDF 156 pages), avec des têtes de chapitre éloquentes :

  • Dans le cerveau du fumeur : neurosciences et prévention du tabagisme (ch. 7)
  • Agir sur les comportements à différents niveaux dans la prévention des maladies chroniques (ch. 2)
  • Les neurosciences du consommateur au service de la prévention ? (ch. 4)…

Les Britanniques aussi y sont allés d’un substantiel rapport, avec MINDSPACE: Influencing behaviour through public policy. Le rapport complet fait 96 pages, et le «guide pratique», 23.

Ces références (et d’autres) tirées de cet article de Hubert Guillaud, L’étude des comportements peut-elle permettre de les changer ? (3/4) : Transformer les politiques publiques.

Paru aujourd’hui sur internetActu.net.

stimulations et simulations précoces

Les connaissances qui s’accumulent sur la nature du cerveau, sur son développement lors des premiers mois, premières années de croissance mettent en évidence l’importance de cette période pour la formation de la personnalité future. Les conclusions de la recherche sur la maturité scolaire de même que les interventions de programmes visant les mères et leurs enfants de milieux défavorisés n’ont pas d’autre base.

Les apprentissages langagiers, sociaux et expérientiels au cours des premières années sont cruciaux pour les générations à venir : creusets de vocabulaires, de personnalités, de culture. On devrait pouvoir lever une campagne de stimulations langagières, sociales, expérientielles pour les enfants de 0-3 ans DANS CHAQUE PAROISSE DE CHAQUE RELIGION, dans chaque localité de chaque structure administrative publique.

Le financement de telles initiatives devrait venir, prochainement, de cette nouvelle structure Québec enfants, dont la nature mixte (fonds publics et privés) soulève encore bien des questions. Continuer la lecture de « stimulations et simulations précoces »

à lire…

Publication récente de l’ISQ : Utilisation de services et consommation de médicaments liées aux problèmes de santé mentale chez les adultes québécois, 54 pages. Données tirées de l’ESCC 1.2, 2002.

La nutrition et le vieillissement réussi : résultats préliminaires et perspectives de l’étude longitudinale NuAge

The Health & Retirement Study Growing Older in America, 108 pages.

À partir d’une simple recherche sur le mot « community » sur la page « Publications » du Réseau sur le vieillissement

Je trouve 53 document, dont plusieurs intéressants:

hors les murs de l'hôpital

Un rapport (Teams without walls) du Royal College of Physicians souligne l’importance du travail interdisciplinaire et les effets pervers de certains modes de financement des hôpitaux en « fonction des résultats ». Une meilleure articulation des première et deuxième lignes avec les ressources dans la communauté de même que le leadership que devraient assumer les médecins sont parmi le spistes d’amélioration sugérées dans ce court rapport. Source [BMJ]

Dans un ordre d’idées similaire un projet pilote évalue que les soins palliatifs offerts à domicile à des patients en phase terminale de cancer ne sont pas plus coûteux qu’en milieu hospitalier, ouvrant la porte ainsi à un véritable choix pour le « mourir à domicile ».