santé financière de qui ?

Je recevais par courriel une invitation à appuyer une pétition qui demande l’exclusion de certains régimes de l’application de la loi no 3 (Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal).

  • parce que « respecter les contrats qu’on a signé est une chose importante dans notre société »

Mais qui peut croire, honnêtement, que les contrats collectifs négociés avec des entités aussi puissantes que les policiers, les pompiers (je suis assez vieux pour me rappeller une fin de semaine infernale dans Centre-Sud)… n’ont pas été biaisés au profit de ces corporations professionnels puissantes ? Un peu comme le pouvoir des médecins, mais avec plus de muscle et moins de tête.

  • parce que « projet de loi no 3 pourrait avoir des impacts négatifs sur la situation financière des personnes retraitées et des conjoints survivants; »

Mais exclure les régimes X et Y de l’application du projet de loi n° 3 n’aura-t-il pas un impact négatif sur les autres personnes retraitées et leurs conjoints ? Tous les régimes qui ne sont actuellement pas du tout ou très mal indexés gagneront-ils en équité parce que les privilégiés le resteront ? Ou perdront-ils tout espoir d’une amélioration de leur sort parce que les régimes qui étaient indexés ne le seront plus ?

Et qu’est-ce que ça veut dire, ne pas indexer les pensions, quand l’inflation n’est qu’à 2 % ? Ça veut dire, sur 15 ans, une diminution de la valeur de la pension de… 25%, et de 32 % au bout de 20 ans. Et si l’inflation monte à 2,5 %, les diminutions respectives de pouvoir d’achat de 30 % et 38 % — pour des familles, rappelons-le, qui n’ont qu’une fraction d’un salaire moyen inférieur pour vivre.  Et si les fonds qui couvrent ces pensions se targuent d’avoir des revenus qui dépassent l’inflation trois, quatre, cinq fois… Ils pourraient bien, s’ils le voulaient, couvrir l’inflation pour les retraités.

Mais les tables actuarielles qui permettent de « couvrir » ces pensions sont-elles bien ajustées pour la prolongation de l’espérance de vie ? Ce n’est pas un nouveau phénomène et les tables ont certainement été ajustées pour en tenir compte. C’est la baisse du rendement moyen, le freinage du taux de croissance de l’ensemble de la société qui est le facteur nouveau… exerçant une pression à la baisse sur les revenus. Avec quel % moyen de croissance des placements les fonds de pension planifient-ils ?

Les rendements boursiers et financiers des dernières décennies ont été marqués par plusieurs bulles qui mobilisaient les surplus d’épargne et de liquidité (des individus, des corporations) générés à l’époque par les programmes de reconstruction et de relance, de modernisation et d’urbanisme des années 45-75. Ces bulles (immobilière, technologique, financière) ont permis de « tondre » les petits épargnants pressés ou gourmands, ou imprudents tout en renflouant les grandes bourses, créant au passage de nouveaux riches occupant de nouvelles niches économiques et technologiques. [Quand un gouvernement ou une société accepte et promeut l’indépendance financière et la responsabilité des individus face à leur avenir économique tout en réduisant la responsabilité publique, il laisse à la bourse et ses aléas émotifs le soin de préparer l’avenir, décider des investissements à faire, dessiner les contours de la société de demain ou de la société qui sera possible. Il laisse à la bourse le soin d’orienter la société avec un seul principe à la clé : le rendement financier prévisible, à court terme si possible.]

Lorsqu’un fonds est plus riche, il a plus de moyens de se payer des conseillers, d’élaborer des stratégies à long terme. Ce qui amène de meilleurs résultats. (Voir Piketty, sur les rendements des fondations universitaires p. 716 — 10,2 % VS 6,2 %)

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G. Fillion cite un rapport de l’ISQ : « la rémunération globale (salaires et régimes de retraite) de l’administration québécoise est en retard de 38 % sur celle de l’administration municipale ». Quand on ne considère que les salaires, le « retard » n’est que de 18 %. Autrement dit, la richesse des régimes de retraite accompagne, s’ajoute à la richesse (toute relative) des salaires actuels. Et si j’ai un meilleur salaire, je peux en mettre de côté une plus grande portion… surtout si pour chaque dollars que je mets de côté,  il y en a deux qui sont ajoutés par le patron !

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 Jusqu’où ces dérangements et branle-bas au nom de « l’assainissement des finances publiques » ne serviront-ils d’abord l’intérêt du parti au pouvoir, comme les conservateurs le démontreront si bien au cours de la prochaine année électorale : après des années de restrictions, de coupures dans les droits et services qui conduisent à des surplus, on peut alors se conduire en monarque, décrétant des baisses d’impôt et lançant de nouveaux programmes, plus ciblés dont on contrôle mieux les retombées politiques.

Un petit discours devant l’ONU — déjà d’y être, c’était une affirmation, par les temps qui courent — promouvant la bourse du carbone. Et nous voilà absout ! Ce serait trop facile.

Nous devons apprendre à « partager la tarte » d’une planète aux ressources finies avec les générations futures. La logique du marché a fait s’emporter les machines industrielles dans la production d’objets répondant à des besoins, eux-même stimulés par les machines promotionnelles et de vente et soutenus par les machines de l’information et de l’éducation… La richesse apparente créée par le maelstrom de l’après-guerre (conversion de la puissance industrielle militaire en industries civiles; reconstruction; capacité d’innovation et d’investissement des capitaux américains accumulés pendant la guerre) façonne le mode de vie de certains pays : étalement urbain, société de l’automobile, de la résidence familiale en banlieue…

Est-ce qu’il faut appeler ça transition, rétrogradation ou regrès, post-développement ? Il faudra toujours réduire, et rapidement, la consommation de métaux et autres ressources peu renouvelables. Il faut réduire, encore plus rapidement, la consommation énergétique carbonée. Une telle transformation impliquera de recycler des usines, des industries, des métiers. Des recyclages qui ne sont jamais faciles, rarement décrétés. Mais des recyclages qui seront facilités par une planification à moyen-long terme. Une planification valorisant les métiers et secteurs économiques moins couteux en ressources matérielles et plus axés sur les services aux personnes et aux environnements.

Le manifeste convivialiste, cette déclaration d’interdépendance, identifie des principes, ce « plus haut dénominateur commun » qui doit mobiliser les groupes politiques, sociaux, religieux.

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Un petit billet échevelé : ça fait longtemps que j’ai publié (près d’un mois) et j’essaie de dire trop de choses en même temps. En vrac, quoi !

projets de retraite – 1

Mon premier projet de retraite sera de marcher. Et tant qu’à marcher, pourquoi pas visiter les différents quartiers de Montréal, et y photographier les différentes places, institutions marquantes ?

Comme je me déplace en transport en commun, je pourrais ainsi documenter les pôles et axes de transport qui devraient ponctuer et orienter les développements actuels et futurs du Grand Montréal durable… La lecture du Plan métropolitain d’aménagement et de développement adopté par la CMM le 8 décembre, et celle du Rapport de consultation publique de la commission de l’aménagement (projet de PMAD (et aussi, sans doute, de quelques-uns des 340 mémoires présentés à la commission) me permettra certainement de contextualiser cette découverte des quartiers.

Je me demande jusqu’où le Plan de développement durable de Montréal 2010-2015 a été intégré au PMAD ?

projets de retraite ?

J’y pense de plus en plus souvent, de plus en plus sérieusement. Ce qui me retient (retenait) encore de partir, après 35 ans de services (en septembre dernier) ? L’impression d’avoir un job avec un espace de créativité, où je pouvais (prétendre) avoir une influence sur le développement et l’orientation des choses.

Mais les choses se corsent. Le contexte local devient de moins en moins favorable à l’expérimentation et l’innovation. Les contraintes liées aux processus d’optimisation et d’agrément… rétrécissent l’horizon plutôt qu’elles ne l’ouvrent. Et les collaborations régionales se résument de plus en plus à des voies de communication à sens unique où l’on consulte le local sur des produits déjà formatés, des problématiques déjà circonscrites avec bien peu d’espace pour poser des questions non déjà prévues au programme. Le dernier exemple en date étant le rapport sur les inégalités où les enjeux soulevés tournent essentiellement autour des compétences des équipes en place.

Où sont les efforts pour identifier et réduire les iniquités dont sont victimes les ainés dans leur accès aux soins et traitements ? Quelle est la portion de l’écart de longévité (entre classes de revenus) qui pourrait être corrigée pour peu que les conditions de vie en centres d’hébergement privés soient prises en compte ? Comment expliquer le silence entourant le caractère régressif du « crédit d’impôt pour maintien à domicile d’une personne âgée » qui fait qu’on soutient des deniers publics les personnes en fonction de leur portefeuille plutôt que de leurs besoins ? Continuer la lecture de « projets de retraite ? »

transfert de connaissances

Quelle proportion des personnels du réseau de la santé prendront leur retraite au cours des prochaines cinq années ? Je ne sais trop mais dans mon petit milieu, c’est une proportion importante, très. Est-ce qu’on parle pour autant de transfert de connaissances ? Pas que je sache…

En fait, le transfert des dossiers (ce qui n’est pas la même chose que le transfert de connaissances, je sais) ne se fait le plus souvent (dans nos domaines plus « mous » de l’intervention communautaire et de promotion de la santé, d’agents de développement social…) qu’après le départ des employés à la retraite… l’embauche de remplaçants n’étant en général réalisée qu’une fois le poste libéré… avec parfois plusieurs mois de retard. J’ai la désagréable impression que ce qui importe encore plus pour les décideurs d’aujourd’hui, dans ce contexte générationnel de relève de la garde, c’est l’occasion de revoir la structure et les mandats plutôt que de s’assurer de ne pas jeter la connaissance avec le départ du retraité.

C’est comme si On voulait se libérer, enfin, de cette « boîte noire » de l’expérience accumulée sur plusieurs décennies par un professionnel, qui rend de plus en plus difficile son adaptation aux changements organisationnels… Il est en effet beaucoup plus facile de donner un nouveau mandat à un nouvel employé que de négocier l’abandon de pratiques ou de clientèles traditionnelles avec un employé qui a non seulement une longue expérience, mais aussi des engagements, formels et informels, avec tout un réseau de partenaires, clients, fournisseurs, collègues… Continuer la lecture de « transfert de connaissances »