sens du travail et santé

irsst.jpgJ’ai toujours eu l’impression que de travailler dans un « quartier difficile » avait un effet positif sur la santé mentale, même si parfois le manque de moyens en regard de l’ampleur des problèmes et le peu d’impact mesurable peuvent avoir des effets décourageants. Cette recherche de l’Institut Robert-Sauvé (recherche sur la santé et la sécurité au travail) Sens du travail, santé mentale et engagement organisationnel (pdf) vient confirmer mon intuition : Un travail qui a du sens est utile pour la société ou pour les autres.

À partir d’une étude terrain dans 3 milieux de travail (dont un CSSS).

sentiment d’appartenance et santé

La dernière livraison de Rapports sur la santé, publié par Statistique Canada, comprend un article de Margot Shields sur la relation entre le sentiment d’appartenance à sa communauté locale et la perception de son état de santé (pdf) général et de santé mentale. Fortement correlée (négativement) avec le degré d’urbanisation — les régions le moins urbaines sont celles ayant le plus fort sentiment d’appartenance — des facteurs culturels entrent aussi en ligne de compte: le Québec se distingue là encore en tenant une solide dernière place (54,7 % ayant déclaré un sentiment fort ou plutôt fort d’appartenance à la communauté) la province la plus proche ayant un score 10% plus élevé. Mais lorsqu’on compare les régions du Québec, celles qui sont significativement plus basses que la moyenne ne sont pas les plus urbaines mais bien Laval et Lanaudière.

PDF à la BAnQ

La forte corrélation entre l’autoperception de sa santé mentale comme étant excellente ou très bonne et le très fort sentiment d’appartenance à la communauté me rappelle celle qu’il y a entre sentiment de contrôle sur sa vie (empowerment) et sa santé… Voir les ressources et références dans inégalités sociales de santé. Mais aussi ce « vieux » texte de 1989 par Marmot et Smith Why are the Japanese living longer?disponible en ligne ! –  cité par Marc Renaud dans son fameux article, Expliquer l’inexpliqué, de l’ancienne revue de l’ACFAS Interface (1994)malheureusement non disponible en ligne… [2022.01 – retrouvé à la BAnQ]

les antidépresseurs sont-ils efficaces ?

La question de l’efficacité des antodépresseurs, le premier remède proposé aux personnes souffrant de dépression (mais aussi d’anxiété…) fait l’objet de beaucoup de débats… depuis longtemps. Le British Medical Journal publiait en éditorial la semaine dernière un compte-rendu critique d’une méta-analyse publiée sur PLoS Medecine. L’enjeu porte sur la manière de mesurer un effet significatif : utiliser un seuil au delà duquel on considère qu’il y a un effet, et en deça duquel on dit qu’il n’y en a pas ne correspond pas à la réalité plus graduée.

C e qui n’enlève pas l’importance du constat que l’impact des médicament est grandement surévalué et qu’il se rapproche bien souvent de l’effet placebo. Une étude publiée en janvier dans le NEJM montrait à quel point les résultats des recherches étaient publiées en fonction de leur résultats positifs, introduisant un biais de perception de l’efficacité des médicaments.

Reste que, si l’efficacité des approches psychothérapeutiques s’en trouve accrue comparativement, l’accessibilité financière (et culturelle ?) de ces traitements reste encore à améliorer.

This article reviews a wide range of well-controlled studies comparing psychological and pharmacological treatments for depression. The evidence suggests that the psychological interventions, particularly cognitive behavioral therapy, are at least as effective as medication in the treatment of depression, even if severe. [PsycINFO, cité par BMJ]

Ressources complémentaires:

problèmes de santé mentale et santé physique

Disparities in appendicitis rupture rate among mentally ill patients: « Many studies have been carried out that focus on mental patients’ access to care for their mental illness, but very few pay attention on these same patients’ access to care for their physical diseases. Acute appendicitis is a common surgical emergency.  »

« These findings suggest that given the fact that the NHI program reduces financial barriers to care for mentally ill patients, they are still at a disadvantage for obtaining timely treatment for their physical diseases. Of patients with a major mental illness, schizophrenic patients may be the most vulnerable ones for obtaining timely surgical care. » (Via BMC Public Health – Latest articles.)

C’est une vérification qui pourrait être facilement faite par le CMIS, puisqu’ils ont déjà créé une banque de données croisées pour les personnes ayant consulté avec diagnostic relatif à la santé mentale. Pourquoi pas comparer les services en général que ces gens ont reçus, à ceux que la population en général a « consommés ».

Dans le même ordre d’idée…

Mental Health Patients Disadvantaged In Access To Appropriate End-of-life Care, Australia: « health professionals working in institutional mental health can face significant obstacles in their efforts to care for their dying patients. » (Via Mental Health News From Medical News Today.)

quelques rapports et données récents

L’ICIS publiait récemment un rapport sur Les soins de santé au Canada 2007 où l’on peut voir que la part des hôpitaux dans le « gâteau de la santé » est passée de 45% à 30%.

Le langage n’est pas innocent (on s’attendrait à mieux de la part d’un institut qui se veut être au dessus de la mêlée ) « Le secteur public a englouti environ 72 % de ces dépenses, et les 28 % restants ont été pris en charge par le secteur privé, principalement par des paiements directs. » C’est moi qui souligne.

D’autre part,

[E]n 2004-2005, les patients qui ont reçu un diagnostic de maladie mentale représentaient 6 % de l’ensemble des sorties (congés ou décès) enregistrées dans les hôpitaux généraux du Canada, mais 13 % de l’ensemble des jours-présence des patients hospitalisés. (…) Au cours de la même période, les chiffres combinés des hôpitaux généraux et psychiatriques démontrent que le diagnostic principal pour plus du tiers (34 %) de l’ensemble des sorties associées à la maladie mentale était lié aux troubles de l’humeur, suivis des troubles schizophréniques et psychotiques (21 %) et des troubles liés à la consommation de psychotropes (16 %). [ Services de santé mentale en milieu hospitalier au Canada 2004-2005]

Aussi, l’évolution du rôle des médecins montre que « en 2003, plus de 84 % des médecins de famille dispensaient des soins de santé mentale (p. ex. counseling et psychothérapie familiale ou de groupe) ». Une proportion n’ayant pas changé de 1994 à 2003. Mais ces chiffres sont pour le Canada. Dans l’analyse des profils provinciaux, on peut voir que ce taux se situe pour le Québec à 79%, soit 10% de moins que l’Ontario. Ce qui s’explique peut-être par la consultations deux fois plus importante des psychologues par les Québécois que les Canadiens (4% VS 2% ont consulté au cours de la dernière année, suivant l’ESCC 1.2 ); ce dernier fait s’explique (à moins qu’il n’explique… la poule ou l’oeuf ?) quand à lui par la présence de deux fois plus de psychologues au Québec qu’au Canada (cité par Fournier). Le problème c’est que les psychologues, eux, ne sont pas couverts par l’assurance publique.

travail du cerveau

La physique quantique à la rescousse des neurologues déistes (ou dualistes ou métaphysiciens). Un  texte reprenant cette théorie développée (entre autres) par Schwartz et Stapp (avec la participation de Beauregard, de l’UdeM).

Comme il m’arrive parfois lorsque je ne suis pas sûr de vouloir lire un livre… je commençai celui de Schwartz et Begley (The Mind & The Brain, Neuroplasticity ans the Power of Mental Force) par le milieu. Mais je suis graduellement revenu aux chapitres précédents car les exemples de la capacité du cerveau de se redéployer physiquement étaient d’intérêt : Taub et ses patients victimes d’AVC (et sa constraint-induced therapy), Piacentini et ses malades de la Tourette, les dyslexiques de Merzenich… et les obsessifs-compulsifs de Schwartz ont tous en commun d’avoir démontré cette plasticité neuronale à l’âge adulte, une chose jugée impossible par la très grande majorité des spécialistes il y a seulement 15 ans.

C’est en arrivant aux derniers chapitres que le petit côté New Age du « mental force » dans le titre du bouquin prit toute sa force : la conscience est affirmée, Chalmers à l’appui, comme un élément aussi fondamental et essentiel que le temps, l’espace ou la masse !  La référence à la théorie quantique tente d’expliquer un mystère (la conscience, l’indétermination, la liberté d’action) par un autre mystère. Un bel exemple de matérialisme partiel, où l’on avance de solides arguments scientifiques pour décrire des phénomènes matériels (la plasticité du cerveau adulte) qui ont même des applications thérapeutiques concrètes… mais on ne peut s’empêcher de réintroduire le bon dieu par la porte de derrière.

Je reviendrai sur ces auteurs mi-scientifiques mi-new age. La courte présentation faite de plusieurs théories sous forme d’entrevues d’une vingtaine de sommités par Suzan Blackmore dans son Conversations on Consciousness est une belle manière de s’introduire rapidement aux diverses positions qui traversent ce champ complexe des sciences et philosophies de l’esprit et du cerveau. De ma tournée récente et relativement intense des derniers mois sur ces questions (ce qui explique en grande partie mon relatif silence des derniers temps sur ce carnet), j’ai été particulièrement impressionné par le Neurophilosophy at Work de Paul Churchland, et les travaux de Edelman (Biologie de la conscience), Ledoux (Synaptic Self), Dennett (Sweet Dreams), Kandel (À la recherche de la mémoire) et Imbert (Traité du cerveau).

J’ai bien tenté au cours des derniers jours de synthétiser d’une manière ou d’une autre les acquis de cette période de boulimie littéraire… mais ça n’a pas encore donné quelque chose de présentable. J’y travaille !

6 "papiers" et un mouvement sur la santé mentale

La revue The Lancet lançait hier une série d’articles sur la santé mentale dans le monde, en même temps qu’un « nouveau mouvement pour la santé mentale« . Dans le premier de la série, No health without mental health, on mesure le poids de la santé mentale dans les affections de santé, et les liens qui existent entre santé mentale et physique; le second article (Resources for mental health) trace le portrait des ressources (insuffisantes) consacrées à la santé mentale; le troisième article fait le point sur les traitements efficaces en première ligne; le quatrième trace la situation des 153 pays à bas et moyen revenus en la matière; le cinquième identifie les barrières qui s’opposent à l’amélioration de la situation et le dernier lance un appel à l’action.

travail collaboratif en soins de première ligne

Un billet de Garon, animateur de Biotope, me piste sur le concept de travail collaboratif, sur Technorati, qui m’amène sur ce site francophone e-collaborative… Des logiciels de collaboration, c’est bien beau, mais cela ne fera pas s’ouvrir les portes corporatives et compétitions frileuses qui bloquent trop souvent les efforts en ce sens. En fait, comme le disait si bien Louise Fournier (et al.), de l’INSPQ, dans son texte fort Vers une première ligne forte en santé mentale: Messages clés de la littérature scientifique (pdf – 39 pages), en juin 2007, plusieurs obstacles s’opposent à la collaboration professionnelle, pourtant si essentielle à un travail de qualité en santé mentale de première ligne :

[P]lusieurs obstacles rendent difficile la mise en oeuvre de soins axés sur le travail en équipe et la collaboration (… entre autres) la spécialisation excessive des professionnels de la santé, parce qu’elle conduit à une plus grande fragmentation des services, la rémunération à l’acte des médecins, parce qu’elle n’encourage pas leur participation aux activités interprofessionnelles, ainsi que l’absence de soutien à long terme des mécanismes interprofessionnels et le financement inadéquat et discontinu, parce qu’ils nuisent à la pérennité des activités de collaboration.
D’autres obstacles législatifs et réglementaires nuisent également à la collaboration interprofessionnelle, dont en particulier la rigidité des cadres d’exercice des professionnels et la confusion qu’amène la considération concurrente des concepts de responsabilité et de confidentialité. La rigidité des cadres d’exercice professionnels encourage le développement de pratiques qui vont à l’encontre de l’intégration des services de santé en favorisant le cloisonnement professionnel et en imposant d’énormes contraintes pour le développement du travail interdisciplinaire. Des cadres d’exercice imprécis créent de l’ambiguïté quant aux rôles respectifs des prestataires de soins, dans un contexte où ils manquent de connaissances sur la formation, les compétences et les limites des autres prestataires, et parfois aussi sur les ressources et la nature des services sociaux offerts au niveau communautaire.

Parmi les conditions favorisant une telle approche, en plus d’un leadership clair des organisations, il faut que les gens se connaissent, se rencontrent… On ne fait pas collaborer des gens par la magie de logiciels. Après, peut-être, les outils technologiques peuvent venir.
Ces « messages clés » de la littérature scientifique ont été aussi (d’abord ?) rassemblés par une « initiative » fédérale consacrée entièrement aux soins de santé mentale axés sur la collaboration : l’ICCSM. Le document #4 (Meilleures pratiques pour des soins de santé mentale axés sur la collaboration : Une analyse des données existantes-pdf 90 pages, par Craven et Bland) publié par cette initiative (est-ce qu’on appelle cela ainsi pour souligner, rappeler le « pouvoir d’initiative et de dépenser » fédéral dans les champs de compétence provinciaux ?) proposait déjà plusieurs messages, repris par Mme Fournier.

blogueur en crise ?

À moins que ce ne soit le matériel d’une nouvelle (l’auteur de ce blogue a déjà écrit une série de nouvelles « Les temps assassins ») mais l’impression est plutôt d’une personne qui a perdu les pédales… Jusqu’au 5 juin dernier, le blogue La Bibliothèque électronique du Québec faisait, comme son nom l’indique, dans le commentaire littéraire et l’accès aux romans classiques en ligne. Mais le 6 juin dernier, et sans arrêt depuis, un thème unique : le harcellement de l’auteur par les policiers; menaces de mort; employés du Métro ou des voisins qui complotent contre lui…

En attendant, étant donné le harcèlement policier dont je fais l’objet, l’actualité littéraire de ce blogue est interrompue momentanément. (6 juin)

Je vais me faire assassiner par la police, ou par quelqu’un d’autre, à l’instigation de la police, ce qui est exactement la même chose. — L’idée prévilégiée, c’est la simulation d’agression: une femme fait semblant d’être agressée afin que le policier puisse prétendre être légitimé d’intervenir. (8 juin)

Vendredi 18 juillet – à la sortie du marché de Sainte-Adèle, deux policiers en civil bien sûr appelés qui m’attendent à l’extérieur et complottent. Un plus tard, un bonhomme, probablement le directeur du service de police de l’endroit, genre vieux monsieur avec une face de pervers, qui arrive, il avait stationné son camion près de ma voiture… Fallait voir son regard! Un pervers, je vous dis… (20 juillet)

Samedi 18 août – au Marché Métro de Saint-Jérôme, bien sûr on a appelé la police. Survient le directeur de police, qui, hypocrite, met un couteau dans les mains d’une vieille folle, en l’incitant à venir m’agresser. (19 août)

Samedi, dans le stationnement du Maxi – un criss de policier hypocrite qui a oublié son uniforme: il a le visage tout retourné, plus rien d’humain, le genre bête féroce que l’on remarque à mille lieues à la ronde. (28 août)

Et ce ne sont que morceaux choisis ! Ça m’a vraiment l’air d’un état de crise… avec une certaine progression vers un ton plus agressif. Que fait-on dans ce temps là ?? On appelle le service de santé mentale première ligne ? Dans la région de St-Jérôme ??

P.S. Il semble que l’auteur ait retiré ses billets « particuliers » de son carnet bibliographique. Mais entre temps je découvre d’autres carnets ouverts un peu partout avec le même thème.  Je ne suis pas le seul à m’inquiéter.