le privé dans la santé

Il y a un an, le 10 novembre 2007, trois directeurs de santé publique publiaient « Le privé dans la santé : un enjeu de santé publique«  en réponse à la question posée par le comité Castonguay «Quel est le message que « la santé publique » désire nous transmettre». En février dernier, les DSP publiaient un résumé de 4 pages du point de vue déposé auprès du Groupe de travail sur le financement de la santé et des services sociaux présidé par Claude Castonguay.

Lundi soir dernier, en reprenant presque le même titre « Le privé dans la santé : les discours et les faits« , un aréopage de trente-cinq experts dirigé par François Béland et al. lançait une brique de plus de 450 pages dans le débat. Le contexte électoral sera-t-il favorable à une révision des conclusions du rapport Castonguay ? C’est bien de cela qu’il s’agit… S’il n’y a pas de débat durant cette campagne et que le gouvernement Libéral se trouve réélu, même en minorité, il se sentira justifié de mettre en oeuvre les principales conclusions du rapport En avoir pour notre argent. Et ça sera pas beau…

Je ne trouve pas de résumé de ce livre sur le site des Presses de l’Université de Montréal… et sur Amazon, le livre est attribué à Lionel Robert (!) sans image ni résumé. Je cherche et si je ne trouve pas je « scannerai » la table des matières : vous verrez la mine d’or ! (correction : j’ai trouvé la table des matières et la liste des auteurs dans le Santé Pop du 5 novembre).

enfance – famille

Dans le cadre des travaux entourant le « projet clinique » enfance-famille-jeunesse, quelques documents récents :

données sur la santé

Le ministère, l’agence régionale, la santé publique (régionale et nationale), l’ISQ, Stat-Can, Santé-Canada, l’ICIS… sans compter les myriades de revues, centres et groupes de surveillance, laboratoires de recherche… Il y a beaucoup de données disponibles sur la santé. De plus en plus et c’est tant mieux. Notamment, les données administratives tirées des dizaines de milliards $ dépensés chaque année en la matière ne sont plus traitées aussi secrètement qu’avant, et peuvent ainsi soutenir l’orientation et la décision dans un système qui est loin d’être aussi centralisé et discipliné que présupposait le « secret militaire » qui entourait les données auparavant.

Ce n’était pas le secret commercial, puisque le marché de la santé est essentiellement public, qui justifiait la non diffusion des données mais plutôt le secret politique, le terrain de la santé étant un des plus actifs tant pour les gouvernements en place que pour les partis d’opposition. La disponibilité de l’information a sans doute contribué à abaisser le niveau de stress et la dramaturgie des urgences dans le débat public entourant le développement des services de santé. Sûr que le domaine compte encore parmi les plus « juteux » et soulève encore beaucoup d’intérêt en temps normal comme en campagne électorale mais la manipulation démagogique est moins facile quand quand on a pu suivre l’évolution d’un problème dans le temps, ou qu’on peut en saisir les ramifications systémiques et la dispersion géographique…

Pourtant il faut aller plus loin en matière de transparence et d’accessibilité de l’information, notamment en assurant un suivi serré de la partie privée des services de santé : cette partie quasi invisible dans notre beau système de santé… qui fait qu’on choisit de payer de sa poche tel examen (échographie, scans…) plutôt que d’attendre le service gratuit. Mais comment se fait-il que les dites listes pour examens diagnostiques (et la pression à aller vers le privé) soient plus longues dans l’est de la ville que dans l’ouest ou le centre ??

Il faut avoir les moyens de suivre l’évolution de cette dimension (mi privée mi publique) du réseau de santé.

Justement sur cette question du « privé dans la santé », paraitra lundi prochain un document annoncé l’an dernier pour le printemps : Le privé dans la santé : le discours et les faits. Document attendu, rassemblant une pléiade d’auteurs parmi lesquels : Contandriopoulos (père et fils), François Béland, Howard Bergman, Régis Blais, Paul Lamarche, Raynald Pineault… et plusieurs autres.  Je crois que le lancement se fait à l’occasion des 6e soirées annuelles des Presses de l’Université de Montréal… toujours est-il que c’est dans le hall du pavillon principal de l’Université, lundi 17h.

des parcs mieux que le Ritalin

Prendre une marche au parc : pour les enfants avec (ADHD) troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité, cela peut réduire de manière notable les symptômes. Une étude de l’Université de l’Illinois met en évidence cet effet encore inexpliqué. Suivant un article du Globe and Mail. Il semble que les enfants des milieux fortement urbanisés sont plus à risque de souffrir de ce trouble.

Une piste de solution à creuser… qui n’est pas trop risquée pour la santé des enfants, mais plus difficile à pratiquer quand le prochain parc est à des kilomètres.

Pourquoi pas des parcs linéaires, grâce à la transformation de certaines rues… comme on a peu à peu accepté de quadriller nos villes de pistes cyclables ??

indice de progrès véritable

Deux communautés de la région Atlantique ont été étudiées et comparées grâce à des questionnaires dans le but de développer des indicateurs de santé d’une collectivité.

Les rapports décrivant les communautés (Glace Bay; King’s County) et la comparaison entre les communautés.

Tout cela sur le site GPIAtlantic (GPI = genuine progress index). Une référence citée dansl’introduction du recueil de texte Des collectivités en bonne santé mentale.

formation médicale continue et pharmaceutiques

Probably 70% of the cost of continuing education initiatives is tied one way or the other to pharma funding, and no government, health authority, or academic institution could assume that financial role. If pharma decided to stop all contributions overnight, not only continuing education but many medical congresses will risk extinction. Said Silvia Bonaccorso, ex senior exec in multinational drug companies. (citée par Mark Gould in BMJ – 26 août 2008)

Comme si les profits de ces mêmes pharmaceutiques ne pouvaient pas être imposés pour financer, indépendamment, la dite formation… Mais il est possible que, une fois la motivation financière disparue ou remplacée par… la rationnalité bureaucratique ? l’intérêt public porté par la responsabilité professionnelle ? on peut se demander si les nouvelles formes d’éducation continue seraient plus porteuses de santé.

Comment faire pour que la motivation à diffuser, former les praticiens de la santé aux nouveaux résultats de la recherche et du savoir… ne soit pas simplement liée à la croissance des parts de marché d’une partie prenante sans pour autant s’éteindre dans la mare de l’indifférence d’une structure « neutre ». En liant le financement de la dite structure au succès de toutes les parties prenantes : et là, il faut avoir un peu de vision pour s’élever au dessus des seules parties « pharma » et inclure toutes les technologies de la santé. Ainsi la formation continue des médecins pourrait-elle, enfin, s’ouvrir à l’influence de ressources qui, aujourd,hui, n’ont pas les moyens de concurrencer le poids des fabricants de pilules : les psychothérapies, l’action environnementale, les groupes d’entraide…

effet de voisinage

Un article de France sur les effets de voisinage sur la santé. Ça semble intéressant, mais il faudra faire un effort : il est publié en anglais seulement ! Health status, Neighbourhood effects and Public choice: Evidence from France. Une publication de l’IRDES qui, incidemment, propose plusieurs documents de travail intéressants. Je remarque ce dernier : L’impact du système de soins de santé sur les inégalités socioéconomiques dans l’usage des services médicaux (ma traduction) Impact of health care system on socieconomic inequalities in doctor use.

paiement direct et désinstitutionnalisation

La tendance à la « personnalisation » des services, en Grande-Bretagne, prend, entre autre, la forme du paiement direct, c’est à dire de la liberté donnée à la personne aidée de choisir son fournisseur de services, ou même le type de service qu’elle souhaite avoir. Il semble que la politique, au delà du buzzword de la personnalisation, ne soit pas près d’être implantée largement : peu de personnes y ayant droit y ont eu recours, particulièremenet chez les aînés et les personnes avec problèmes de santé mentale. Voir cet article du Guardian, par un des auteurs de la recherche Direct Payments Survey: A national survey of direct payments policy and practice.

Le même auteur, Martin Knapp, publiait en collaboration une comparaison européenne des coûts et résultats des politiques de désinstitutionnalisation (Deinstitutionalisation and Community Living: Outcomes and costs – a report of a European Study). Résumé en français (pdf, 19 pages) et rapport complet (anglais, 140 pages).

santé primaire et services communautaires

La vision d’avenir en matière de santé primaire (Our vision for primary and community care) publiée par le Département de santé anglais. On y met l’accent sur

  1. la promotion de la santé, particulièrement avec un grand programme d’évaluation (assessment) de la santé cardiovasculaire des 40-74 ans déployé par les omnipraticiens mais aussi les pharmaciens et autres services;
  2. l’amélioration de la qualité, mesurée en termes d’effets sur la santé plutôt que de procédures effectuées;
  3. les choix offerts aux usagers : choix de la clinique (le financement suivant le client); choix de plans de services individualisés pour les malades chroniques; et expérimentation d’un « budget santé ».

Il est question d’une meilleure articulation entre les services de santé et sociaux (tiens tiens…); d’ici 2010 toutes les personnes souffrant d’une maladie chronique (y compris les personnes avec problèmes de santé mentale) devraient se voir offrir un plan personnalisé de services adapté à leurs choix et préférences (tailored packages of care to meet their individual requirements and wishes). Des expériences dans le domaine des services sociaux où l’on a donné plus de pouvoir aux bénéficiaires sur leur « budget de services » incitent à développer des projets pilotes semblables dans le domaine des services de santé.

Experience with direct payments and individual budgets in social care has shown the benefits of giving people greater say over how public resources are used to provide their individual care. We want to test if we could achieve the same benefits for people with complex but predictable health and social care needs. We will work with patient groups to pilot individual budgets to allow people with long-term conditions greater control over how NHS funds are used. Extrait de What it means for local governments. (pdf) (Voir section 4.30 du document principal – pdf) [voir aussi éditorial du BMJ]