vieillissement anticipé

Trois rapports, rédigés en trois mois, pour donner suite à l’annonce par le président François Hollande d’un projet de loi d’adaptation de la société française au vieillissement de sa population.

Pour nourrir la réflexion ici au Québec, dans l’attente du projet du ministre Hébert sur l’assurance autonomie… Et si vous avez de la difficulté à vous y retrouver entre les EHPAD, EHPA, logement-foyers… ici une petite page utile.

Un compte rendu d’une étude réalisée en 2006-2007 Classification des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle (Réjean Hébert, aujourd’hui ministre de la santé, est l’un des 4 auteurs) comparant les grilles d’évaluation de l’autonomie des personnes âgées en France (AGGIR) et au Québec (ISO-SMAF). La grille québécoise semble plus fine (14 niveaux plutôt que 6) et plus apte, semble-t-il, à éviter le sur-financement.

Pour avoir une idée de la complexité des « mécanismes d’hébergement » québécois : mécanisme régional d’accès à l’hébergement de l’Agence de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (mars 2013, 83 p.).

J’ai par ailleurs cherché sans succès une copie des formulaires d’évaluation ISO-SMAF utilisés… Il y a bien une description des grands groupes d’autonomie, en annexe du document de l’Abitibi-Témiscamingue, ou encore la liste des 29 éléments constitutifs (voir page 6 du document comparant AGGIR et ISO-SMAF) mais j’ai pas trouvé de formulaire exhaustif… J’ai trouvé quelques infos sur le site du Centre d’expertise en santé de Sherbrooke, qui se décrit comme l’organisme responsable de la formation provinciale à l’utilisation des profils Iso-SMAF©.

« Suite à une évaluation SMAF®, les usagers sont classés parmi les 14 profils Iso-SMAF selon l’intensité et le type de service requis pour le maintien de leur autonomie. » [extraits du site du CESS]

Mais c’est quoi ces ® et © ? Est-ce pour cela que je ne réussis pas à trouver les outils utilisés pour mesurer l’autonomie : aurait-on fait de ces outils essentiels à l’application de politiques publiques des marques de commerce réservées ?

Beaucoup d’efforts mis pour mesurer objectivement, scientifiquement, les facettes et degrés divers de l’autonomie… dans une perspective où l’hébergement est vu comme le dernier recours et les services à domicile une denrée qu’il faut rationner. Comment marier cette approche de gestion de la rareté avec l’idée qu’il faut développer des milieux de vie attrayant, stimulant, socialement et physiquement… pour maintenir et favoriser l’exercice de l’autonomie ?

logement, indivise et densité

La progression invisible des copropriétés indivises s’ajoute à une foule d’autres indices signalant que les modes de fonctionnement en place ne jouent plus leur rôle dans les quartiers centraux de Montréal : « Les familles continuent à se rabattre massivement vers les banlieues. la construction de logements locatifs est en panne sèche, le parc de coopératives d’habitation et de logements sociaux peine à se développer et l’itinérance fait maintenant partie de la réalité de nos quartiers », a déploré François W. Croteau, maire de l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie.

Notre étude confirme qu’il existe présentement au sein de la population montréalaise un très fort désir d’accéder à la propriété. « Il va de soi que nous souhaitons que les Montréalais deviennent propriétaires à Montréal plutôt qu’en banlieue. Le problème que notre étude a mis en lumière est que cela se fait présentement au détriment des locataires du Plateau et, sans doute, des autres quartiers centraux de Montréal », a ajouté Josée Duplessis, conseillère de ville du district de De Lorimier.

Extrait d’une Étude de Projet Montréal sur les copropriétés. Ici le Pdf. Cette situation (croissance de l’importance de la propriété indivise) ne me surprend guère : avec des prix exorbitants il devient nécessaire de se mettre à plusieurs pour rassembler la crédibilité financière…

Deux autres études sur les questions de logement, venant de la Société d’habitation du Québec cette fois. L’évolution démographique et le logement au Québec : rétrospectives 1991-2006 et perspectives 2006-2056, étude de l’institut de la statistique du Québec lancée lors des Entretiens sur l’habitat du 29 février dernier qui portaient sur le thème de La densification résidentielle : comment en favoriser l’acceptabilité sociale ? (un numéro spécial de la revue Habitation Québec, réalisé pour l’occasion). Sur une question incidente : Le vieillissement de la population et le logement : exploration en banlieue, seul numéro de la revue Habitation Québec publié en 2011.

regard canadien sur le vieillissement

Parmi les documents recensés dans le dernier SantéPop : Les soins de santé au Canada 2011 : regard sur les personnes âgées et le vieillissement, et Mapping the Gaps: Ideas for Using GIS to Enhance Local Health Department Priority Setting and Program Planning (version PDF – 4,4Mo).

Le premier document (je reviendrai sur le second document dans un prochain billet) ne risque pas de changer grand chose : à répéter qu’il faut améliorer le continuum de services, développer la prévention et utiliser les nouvelles technologies… on ne surprendra personne. Mais avec la quatrième et dernière stratégie suggérée, curieusement passée sous silence dans la présentation de SantéPop, « recueillir des renseignements de meilleure qualité pour soutenir la prise de décision », on pourrait soulever un peu plus de poussière… Parmi les (innombrables) informations faisant défaut pour soutenir la prise de décision : la population, stratifiée par âge, dans les résidences d’hébergement avec services – corrélée avec les services rendus ou accessibles. Nous n’avons actuellement aucune mesure de recension véritable des personnes de 75 ans et plus dans leurs milieux de vie, alors pour avoir une idée de leurs besoins… on repassera. Il semble que la seule approximation que nous ayons soit de moins en moins fiable : la dernière livraison de Info-hébergement refuse de faire une évaluation par groupes d’âge des personnes hébergées dans les résidences pour personnes âgées avec services (comme on l’avait fait dans les éditions précédentes) à cause de la piètre qualité des données disponibles. Et le projet de loi 16, portant sur les principes et règles de l’accréditation de ces mêmes RPAS ne semble pas sur le point d’améliorer la situation : si j’ai bien compris les débats de la commission parlementaire sur ce projet de loi, on s’apprêterait à augmenter les critères pour reconnaître les résidences – celles-ci devraient dorénavant offrir deux services ou plus avant d’être dans l’obligation de demander une accréditation. Ce qui aurait, paradoxalement, pour effet de réduire ou d’éliminer tout critère pour les résidences pour personnes âgées n’offrant qu’un service. On voit déjà les manigances de certains pour externaliser tous les services – se glissant ainsi sous le radar de surveillance de la santé de nos ainés dont nous avons un urgent besoin.

Les questions soulevées par ce Regard sur les personnes âgées vont quand même au delà des lieux communs déjà cités. On y dégonfle quelque peu le mythe du poids insupportable du vieillissement sur le système de santé.

Durant la dernière décennie, le vieillissement de la population n’a joué qu’un rôle modéré dans la hausse des dépenses de santé du secteur public, représentant chaque année une hausse de moins de 1 % de ces dépenses. Continuer la lecture de « regard canadien sur le vieillissement »