Notes de lecture

de différents rapports sur l’avenir de l’autoroute de l’information


Nota bene: ce texte n’est produit qu’à titre de contribution (individuelle) à la réflexion collective, et n’engage d’autre personne que son auteur. Il ne représente en rien la position de la fédération ni d’aucun CLSC.


1. Il y aura plusieurs autoroutes d’information. Internet ne sera qu’une voie secondaire par rapport aux réseaux privés et à celui (ceux) que développera le ministère. 

2. Même si on dit s’orienter dès aujourd’hui vers une technologie intégrée, dite ATM (Asynchronous Transfer mode), qui permettra d’assurer la transmission de signaux vidéo, sonores, de données… de façon intégrée. Mais cette technologie n’est pas encore au point et beaucoup de normes et protocoles doivent encore faire l’objet de discussions et de développements. Aussi doit-il y avoir une période de transition pendant laquelle des réseaux différents seront utilisés. 

3. Les coûts d’implantation de ces technologies sont de 7 à 8 fois moindre que les coûts d’entretien. Autrement dit, s’il en coûte quelques 3 000$ d’installer un poste, ou site relié, dans le réseau, il en coûtera 7 000$ (annuellement) pour administrer ce site. Enfin, c’est ma lecture du graphique suivant, qui comme le précédent, a été tiré du document d’orientation du ministère sur les télécommunications

4. Les documents technologiques font bien peu de cas des ressources humaines, de la résistance au changement et des difficultés de mise en oeuvre de nouvelles technologies, surtout en période de compression financières et d’augmentation de la charge de travail. Tous s’entendent pour promettre des retombées en termes de réduction des coûts, après une période de 3-4 ans d’implantation… mais personne ne soulève même la question de la résistance au changement… tous décrivent l’implantation de ces technologies comme d’innocentes innovations qui rendront tout le monde plus heureux! 

Pourtant on se permet au passage de souligner la possibilité de  » réengeneering  » des processus… Là encore en faisant comme si ce n’était qu’une question technique. 

5. Si des applications utiles et finalement justifiées par une utilisation intensive par les praticiens doivent être développées et implantées, adoptées sur le terrain, ce sera parce que les praticiens auront été étroitement associés à l’élaboration – expérimentation de ces nouveaux moyens d’intervention. 

Non seulement une technologie peut être mal intégrée et rester sur les tablettes… (ex: l’audio-visuel des années ’70 dans les CEGEP), mais elle peut aussi être mal reçue, même lorsque bien conçue, et rester sur les tablettes… ou encore combattue somme une dévalorisation, une contre-indication à l’intervention socio-sanitaire. 

Pour ces raisons, il faut que les praticiens, les institutions locales s’approprient dès aujourd’hui les technologies comme elles existent… et contribuent à en façonner l’évolution de demain. 

6. Dans ce contexte, où l’ensemble du réseau socio-sanitaire est tiraillé par une restructuration qui, suivant certains, risque de mettre à mal certains objectifs du réseau des CLSC, on ne peut simplement attendre que le réseau SSS branche tout le monde… et s’occupe de cette question, éminemment technique. Au contraire, c’est aussi une question éminemment politique que celle l’autonomie du réseau des CLSC, ou des services de première ligne quelque soit l’appellation qu’on lui donnera… 

Aussi est-ce pour ces raisons que les CLSC doivent accentuer leurs efforts d’appropriation de ces nouvelles technologies, à commencer par celles plus faciles et peu coûteuses que sont le courrier électronique et les communications hypertextuelles (le Web). La poursuite de cette appropriation est d’autant plus importante que les efforts qui semblent se dessiner globalement seront sans doute d’abord orientées vers les pratiques médicales (télémédecine, gestion du paiement des médecins et des pharmaciens…). 

Il est possible de faire servir ces nouvelles technologies aux objectifs globaux des CLSC. Il faut pour cela que ceux-ci se donnent les moyens (peu coûteux, en l’occurence) d’apprendre, de naviguer, de faire servir ces techniques aux objectifs qui leur sont propres. 

Gilles Beauchamp, organisateur communautaire 
administrateur du site des CLSC, Montréal 1996

Page extraite des archives du web, le 10 février 2022