Faut-il en finir avec la civilisation ?: Primitivisme et effondrement
Pierre Madelin |
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Résumé: En quoi les théories primitivistes nous aident-elles à affronter la crise écologique actuelle et à en sortir? Est-il raisonnable d’administrer le remède qu’elles prescrivent? Devant l’aggravation des perturbations environnementales qui ne cessent de prendre de l’ampleur s’est développé dans la dernière décennie un nouveau champs théorique et d’action : la collapsologie. Selon les tenant.e.s de cette lecture du monde, celui-ci – ou du moins le monde tel qu’il s’est développé depuis la révolution industrielle – serait littéralement menacé d’effondrement. Avec toutes les conséquences possibles auxquelles une telle perspective peut donner lieu. Parallèlement, un nombre croissant de chercheur.e.s et de militant.e.s imputent depuis quelques années déjà la responsabilité de la crise écologique non pas simplement au mode de production et de consommation né de la révolution industrielle, mais à la « civilisation » elle-même, dont l’émergence remonterait à la révolution néolithique. La domestication des plantes et des animaux aurait ainsi non seulement été à l’origine de la destruction de la nature qui atteint aujourd’hui son intensité maximale, mais elle aurait également signé l’apparition des premières hiérarchies au sein des sociétés humaines. C’est à l’examen de cette sensibilité, dite « primitiviste », à la lumière des connaissances archéologiques et anthropologiques les plus récentes, ainsi qu’à l’analyse de sa pertinence pour l’écologie politique, que ce livre est consacré. Mais l’on se demandera également en quoi ces théories primitivistes nous aident à affronter la crise écologique actuelle et à en sortir ? Quelle que soit leur valeur d’un point de vue diagnostique et étiologique, est-il raisonnablement envisageable d’administrer le remède qu’elles prescrivent ? Car de deux choses l’une : soit la « Chute » symbolisée par la « révolution néolithique » est irrémédiable, et les sociétés humaines, à la suite de cet événement fatidique, sont à plus ou moins long terme condamnées à s’autodétruire, soit nous pouvons encore agir sur notre destinée collective et assurer notre salut en rétablissant les conditions édéniques de la vie préhistorique. Mais dans l’un cas comme dans l’autre, les théories primitivistes ne nous condamnent-elles pas à l’impuissance politique et stratégique ? Poursuivant de façon admirable les réflexions qu’il avait développées dans Après le capitalisme, Pierre Madelin signe ici un essai percutant qui ne manquera pas de stimuler le mouvement écologiste en général, et les adeptes de l’écologie radicale en particulier. Faut-il en finir avec la civilisation ? pose frontalement la question du type de monde dans lequel nous voulons vivre et si ce monde est toujours possible.
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