Résumé: "À propos de l’œuvre complète"
“Je ne veux pas que la neige, les ans et le froid gèlent ma mémoire”, écrivait Simonne Monet-Chartrand le 4 novembre 1978, jour de son 59e anniversaire. C’est ainsi que naît le projet de ce récit autobiographique inhabituel, collage rassemblant des extraits de journal intime, des lettres, des photos, commentés par une femme qui retourne à ses racines.
Simonne Monet-Chartrand, disparue le 18 janvier 1993, a été une femme d’exception dont la présence forte a éclairé la société québécoise. Infatigable, enthousiaste, elle a vécu mille vies et, dans ces “remous, cascades, gros bouillons”, elle a “saisi la vérité du quotidien”, l’offrant comme un “legs”.
Née au sein de ce que l’on appelait alors “l’élite canadienne-française” (son père et son grand-père étaient juge et député), elle est une enfant choyée, une couventine idéaliste. À 18 ans, atteinte de tuberculose, elle profite de ce repos forcé pour lire et réfléchir. À partir de ce moment-là, sa vie sera une lutte constante contre les privilèges et pour la justice sociale. Guérie, elle milite dans les mouvements de jeunesse où elle rencontre un jeune révolté à la personnalité colorée qui deviendra l’un des plus grands acteurs du syndicalisme québécois. Il s’appelle Michel Chartrand, il est son âme sœur, elle en est convaincue, et elle l’épousera envers et contre sa famille.
“Avec moi ce ne sera pas facile”, lui avait dit son fiancé. Sept enfants, des textes radiophoniques écrits la nuit sur la table de la cuisine, des engagements dans toutes les luttes sociopolitiques, bref, une vie “dans la ligne du risque”, loin du pouvoir, sous le signe de la solidarité et du partage, “du don de soi et de la gratuité des gestes”, de la justice et de la paix, c’est ce que ce couple peu banal partagera pendant 50 ans.
Les événements qu’a vécus le Québec se mêlent intimement aux joies et tragédies intimes dans ce récit écrit sans aucune prétention littéraire, en toute simplicité, avec honnêteté et rigueur. L’émotion et la poésie côtoient le ton énergique et les puissantes prises de position, la petite Simonne idéaliste n’étant jamais bien loin derrière la militante. Cet héritage politique et moral est un inestimable cadeau. --"Monique Roy"