La fatigue d'être soi
Alain Ehrenberg |
|||||||||||||||||||||
Additional Images |
Résumé: On apprend beaucoup sur les gens sains en étudiant les mal-portants. Les médecins le savent depuis longtemps, la sociologie le découvre. Il y a ainsi beaucoup à découvrir sur l'homme moderne par l'analyse de sa grande pathologie : la dépression. Nouvelle maladie ? Plutôt un mal-être diffus qui dépasse de loin les lumières de la médecine. Aucun psychiatre ne peut l'expliquer, ni même la définir. On sait seulement la "traiter" aujourd'hui à coup de Prozac.
Troisième volet d'une enquête visant à cerner les contours de l'individu contemporain, l'essai d'Alain Ehrenberg propose d'envisager le phénomène dépressif comme l'expression d'une nouvelle figure de la subjectivité. Dans une société démocratique, libérée des modèles autoritaires reproduisant des antagonismes de classe ou de sexe, l'individu n'a plus d'autre objectif que de se promouvoir lui-même. Initiative, projet, motivation, responsabilité...: le catéchisme d'aujourd'hui n'engendre plus le sentiment de la faute mais celui de l'insuffisance. Le déprimé se sent incapable, impuissant, comme fatigué d'avoir à n'être que lui-même. L'analyse est séduisante. Il reviendrait au psychologue ou au psychanalyste de la confirmer pour la rendre pleinement convaincante. "--Émilio Balturi" |